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Peut-être comme vous, j’ai essayé de suivre un peu le feuilleton du procès en diffamation de Johnny Depp et d’Amber Heard. J’en ai un sentiment de nausée et de tristesse immense.
Les problèmes relationnels, les échanges maladroits et émotionnels du couple, devraient être dévoilés à un ami de confiance, ou dans un cabinet de psychothérapie – en confidentialité, en sécurité, hors du jugement. Avec un soutien bienveillant, parfois confrontant, dans le but d’apprendre, de grandir, de passer à autre chose.
Hélas, dans cette affaire surmédiatisée, les deux ex-tourtereaux sont surexposés dans un tribunal avec caméras, en direct pour la planète entière. Puis chacune et chacun y va de sa petite opinion, prend parti pour elle ou lui, on se forme des clubs pour l’un ou l’autre, des campagnes sur les réseaux sociaux pour un éventuel lynchage. Et lorsqu’il y aura un jugement à la fin, les consommateurs-voyeurs voudront un coupable et une victime ; un perdant et un gagnant.
Dans cette situation, d’une certaine manière, nous sommes tous perdants.
Johnny et Amber ont vécu ce que beaucoup de couples vivent : des moments de régression, des moments tellement émotionnels que le pire de nous-mêmes émerge et prend toute la place. Après les lumières du début, l’ombre vient se glisser dans les échanges du couple, en relation avec nos traumas, nos manques, nos manies.
Le couple est un lieu d’amour et d’un développement personnel si riche.
Il est aussi le lieu de la révélation et le déclenchement de toutes nos tares, nos blessures et nos insécurités enfantines.
Dans chaque adulte, il y a un enfant blessé et
lorsque celui-ci est activé, il peut prendre toute la place ;
la place de l’amour en particulier.
Amber et Johnny méritent toute notre compassion. Ainsi que tous les couples qui traversent ces tempêtes émotionnelles.
D’ailleurs, c’est même annoncé dans la cérémonie du mariage :
Unis pour le meilleur comme le pire :
le meilleur et le pire dans les épreuves du monde dans lequel nous vivons ;
et dans le monde intérieur vulnérable et immature dans lequel nous existons.
Et la violence ?
Le corolaire de la violence, c’est l’impuissance. C’est le dernier langage qui nous reste.
Alors, dans ce dernier recours, nous usons et abusons de violences diverses.
Toute violence physique doit être sanctionnée. Quelle qu’elle soit.
Et qu’en est-il de la violence passive-agressive, cette violence indirecte, froide et subtile que nous pratiquons abondamment sous nos latitudes ? Elle est grave et elle doit être débusquée, nommée, et comprise comme destructrice. Même si dans le juridique nous sommes couverts, dans le travail relationnel, elle compte autant que la violence physique. Pourquoi ?
Parce que cette force de destruction ciblée ou massive peut faire beaucoup de dégâts, on ne la voit pas venir, donc elle est difficile à s’en protéger, et elle peut engendrer souvent une violence plus intense ou hélas, physique.
En résumé :
Johnny Depp est blessé et accuse Amber de violence physique, verbale, hystérique, d’harcèlement et de déborder émotionnellement : blessure d’envahissement.
Amber Heard est blessée et accuse Johnny de violence physique, de fuir tout le temps, de lui faire des crises de jalousie et de couper avec elle, de la rejeter. (il s’est promis de ne plus jamais lui permettre de voir ses yeux…) : blessure d’abandon.
Et comme dans tous les couples… il y a hélas compétition de blessure. Il n’y a pas de résolution ni d’apaisement si chacune et chacun ne trouve pas sa place pour exprimer sa blessure et qu’elle soit entendue ou prise en compte. Les blessures sont subjectives et rarement objectives, elles sont symboliques aussi – et dans les codes du couple, dans le contexte historique personnel et relationnel, ces blessures deviennent emblématiques.
Là, nous sommes dans du lourd !
Ce procès est concerné avec raison par la violence physique. Cependant, il a l’air de cautionner ou de pardonner toute cette violence froide et passive. Dans les faits relatés ou même dans la salle d’audience.
Comprenez bien ces deux violences :
- Tu as fait ça ! Tu m’as dit ça (violence visible, verbale et sonore, gestuelle, physique). L’intensité émotionnelle d’Amber est mise en avant et terrorise Johnny.
- Oui, heu…, et bien toi, tu n’as pas fait ça, tu n’as rien dit, tu n’es pas présent, tu disparais… tu deviens arrogant, ou tu tapes ou casse des objets autour de moi, (violence passive agressive). Un classique dans un couple, c’est de jouer avec le lien, faire semblant que l’autre n’existe plus, menacer de terminer la relation etc… Cette violence devient perverse et horrible à gérer, car elle peut nous mettre dans des angoisses archaïques. Elle est grave. Amber devient folle lorsque Johnny fuit dans une autre chambre d’hôtel (déjà louée et prévue !?!).
- Dans un couple, en général, nous nous polarisons et adoptons davantage un mode de violence en face de celui de l’autre.
En thérapie de couple, nous recevons le peuple, nous voyons des Johnny et des Amber, des gens importants ou haut dans les hiérarchies fantasques de notre société.
Rassurez-vous, nous sommes tous concernés, par ces moments si moches, ces batailles de gamins blessés, ces délires émotionnels incontrôlables, ces prises de pouvoir désespérées. Même pour nous les psys !
Le chemin vers notre maturité d’adulte est long, semé d’embuches, mais tellement passionnant.
Dans nos couples, nous sommes des humains très humains, invités à apprendre. Vive l’amour !
PS : voir mes autres blogs qui humblement, proposent des approches pour sortir du marasme, être plus efficace dans les conflits, restaurer plus rapidement le lien :
L’Art de Demander, Dans le Couple
Les Femmes Demandent Pardon aux Hommes
La dispute de couple – un sport comme un autre?
Bouder, une misère ordinaire
Avant De Se Séparer
Réussir sa séparation…
Stephen
Merci de revenir ! J aime bien lire votre blog !
Thérapeute du couple animant un stage de couples par an à Rivoire, j’apprécierais que nous nous rencontrions un jour…
#TeamAmber
Une femme qui dénonce des violences ne ment pas, jamais !
Si, cela existe, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut douter d’entrée de la parole des femmes qui témoignent. Pour un récit inventé, il y en a certainement d’autres jamais donnés. Et autre chose encore : les agressions psychiques subies sont des souffrances difficiles à exposer et démontrer, les marques ne sont pas visibles, et cela peut continuer à faire mal longtemps. Ce sont des violences que l’on peine à prende en compte en justice, on entend souvent : “Il faut des faits…”
Je pense que ce qui se passe est une émission de télé-réalité qui a été réalisée avec distinction!
L’image de la femme (photo de l’article du Matin); dans 20 ans, elles regretteront la montée du conservatisme importée de l’étranger…
https://www.lematin.ch/story/premier-vol-avec-un-equipage-entierement-feminin-878606771524
Il y a un couple que j’ai beaucoup aimé voir vivre, qui offrait des mises en scène d’amour, d’attachement, d’humour, parfois aussi des photos de famille choisies avec ses enfants. Mais où étaient la mise en scène et la vraie scène tant cela paraissait vrai ?
Ils ne vivaient ensuite plus ensemble, et je ne me souviens pas d’une seule interview où l’un aurait accablé l’autre, au contraire les souvenirs de complicité heureuse ressurgissaient. Le public a aimé le couple, la femme, l’homme… Lui est décédé il y a une trentaine d’années, elle confie parfois sa nostalgie. Il est bien sûr possible qu’ils seront oubliés dans dix, vingt, ou cinquante ans, et on ne leur aura pas même dit adieu ? Apparus pour inciter au bonheur, ils nous ont fait entendre aussi le chagrin, quantité d’émotions pour rire, aimer, pleurer, craindre un jour l’éternité sans l’autre… Ce n’était vraiment pas pour se prendre au sérieux, tout ce qu’ils abordaient en chansons parlées ou mélodieuses était pourtant si sérieux ! Il roulait dans sa Rolls un soir de pluie, distinguant à peine la route au travers des essuie-glaces. Puis vit un vélo et subitement…