Comment inventer d’autres modèles économiques ?

Compétitivité, rationnalité, hyperspécialisation. Depuis des décennies, notre système économique, nos administrations, nos entreprises fonctionnent sur cette organisation.

Son but ? Réduire les coûts, réduire les délais, réduire les distances. Rendre les produits et services accessibles partout au moindre prix.

Ce modèle basé sur une pensée technicienne, hyper-rationnelle a depuis longtemps montré ses limites. « Aujourd’hui, deux chercheurs travaillant sur le cerveau peuvent en arriver à ne plus se comprendre tellement leur spécialité est poussée ! » témoignait l’autrice Siri Hustvedt, qui a reçu à Lausanne le Prix européen de l’essai en 2019 pour sa critique fine de cette volonté absolue de « certitude » qui nous gouverne.

Ce modèle de rationnalité à tous crins est critiqué sur le plan philosophique. Il est chancelant sur le plan économique. Il ne tient plus la route sur le plan écologique.

De nombreuses études montrent en effet l’aberration des indicateurs économiques actuels, PIB en tête, purement axée sur la croissance de revenus qui ne tiennent en aucun cas compte des impacts d’une activité économique sur la santé, l’environnement ou le bien-être. L’idée d’un indicateur incluant le « bonheur » fait son chemin, notamment par une proposition émise cette semaine au Grand Conseil vaudois.

Que faire ? Changer de modèle. Pour construire la durabilité nous avons besoin d’une autre manière d’être et de penser. Une économie vraiment durable doit pouvoir faire face à des enjeux systémiques. Il faudra produire mieux mais moins, tout en créant de nouveaux emplois, innover dans les technologies agricoles, protéger coûte que coûte notre biodiversité, trouver massivement de nouvelles sources énergétiques, mais aussi changer radicalement chacun et chacune notre manière de manger, de nous déplacer et de travailler. Voilà pour les objectifs.

Penser autrement c’est faire place à la créativité, à l’intuition, aux personnalités des porteuses et porteurs de projet. Faire confiance à l’humain, aux personnes de terrain. Valoriser les savoir-faires ancestraux, qui ne sont pas toujours validés par la science. Reconnaitre des droits à la nature. S’inspirer de la nature et de ses solutions. Il nous faut réfléchir collectivement, prendre du temps pour s’écouter, élaborer des solutions locales, co-construire, sans généraliser. Voilà pour la méthode concrète.

Cette pensée nouvelle ne veut pas dire opposer science et intuition, ni humain et nature, croissance et bien-être. Au contraire, il s’agit de combiner le meilleur des deux. Embrasser, dépasser, englober les antagonismes et réunir, relier différents univers jusque-là séparés. Mettre en symbiose les humains et le vivant, par exemple. Et viser un bien-être qui bénéficie à toutes et tous, sur tous les plans. C’est ce que théorise par exemple Isabelle Delannoy dans son livre L’économie symbiotique (Actes Sud, 2017, Préface : Dominique Bourg).

Ces concepts théoriques vous semblent très abstraits ? Des tas d’alternatives concrètes existent déjà. On les trouve dans tous les domaines. Dans l’agriculture, par exemple, certains projets tissent concrètement ces liens et ces symbioses, à coup d’innovations petites ou grandes. C’est le cas, par exemple, d’Esther Mottier et de son projet de ferme durable à Château-d’Oex, raconté dans Le Pari d’Esther documentaire à voir dans les salles romandes en décembre. Son bâtiment, à la fois ferme, hôtel, spa, jardin, école, restaurant et centrale énergétique est conçu pour tout recycler, comme le fait la nature. Tout part des vaches: leur chaleur chauffe la construction, leur lait permet de fabriquer du fromage avec les visiteurs, leur fumier alimente le biogaz utilisé dans les fourneaux… Vous avez dit innovation?

Le biomimétisme n’en n’est qu’à ses débuts !

La transition agricole: un enjeu systémique

Je remercie Joëlle Loretan, journaliste indépendante, qui a su transmettre à travers cet article l’essentiel de mes propos.

 

Pas de réponses binaires à des questions complexes

 

Le 13 juin prochain, nous serons appelés à voter «pour une eau potable propre et une alimentation saine» et «pour une Suisse libre de pesticides de synthèse». Ces deux initiatives populaires posent incontestablement des questions importantes et urgentes. Elles soulèvent des problématiques liées à la pollution de l’eau, des sols et par conséquent de notre propre corps. De quoi nous sentir fortement impactés et concernés.

 

Et pourtant…

 

La plupart d’entre nous voteront avec une méconnaissance de ce qu’est l’agriculture, de ses impacts sur l’environnement et des conséquences pour ceux qui devront entamer leur transition. Les réponses que nous glisserons dans l’urne risquent alors d’être plus motivées par la peur et l’inquiétude, que par la réalité. Ainsi, le lien avec l’agriculture n’y est plus.

 

Notre démocratie commence à nous dépasser. Les actions politiques tardent et elles manquent d’anticipation sur les grands enjeux écologiques. Les initiatives citoyennes prennent le relai. Elles mettent l’accent sur des problématiques que nous ressentons tous et démontrent à leur tour le manque d’agilité et d’anticipation au niveau politique.

 

Mais comment voter sur un modèle économique systémique, pour lequel nous sommes bien ignorants ? On pointe du doigt le monde agricole, on pose des attentes à leurs pratiques. Mais sommes-nous suffisamment éclairés sur les enjeux pour le faire ?

 

Oui ou Non… et l’espace de transition où est-il ? 

Je reste consciente de la nécessité d’agir mais n’adhère pas (plus) à cette dualité, ce choix du « oui ou non », qui n’intègre pas les sensibilités et le quotidien de nos paysans et de toute la chaîne de valeurS (le S en majuscule n’est pas une faute de frappe car il s’agit bien d’allier à la valeur financière, la valeur humaine et environnementale). Les questions posées sont trop complexes pour adopter une posture binaire. Nous passons alors un temps précieux, au vu de l’urgence climatique, à défendre le “oui” ou le “non” alors que nous devrions investir ce temps pour développer de réelles propositions systémiques, tout comme des notions d’intelligence collective, où chacun d’entre nous à son rôle à jouer.

 

Que ce soit le “oui” ou le “non” qui l’emporte, que va-t-on mettre en place pour accompagner nos producteurs ? Combien de temps prendra l’évolution du cadre légal, des processus administratifs ou encore des conditions d’obtention des subventions pour une transition agricole? Vraisemblablement plusieurs années, où il sera nécessaire de contenir les frustrations de citoyens qui penseront que le monde agricole pollue (et continue à le faire). Les attentes et la pression sur les agriculteurs sont fortes, eux qui subissent aujourd’hui déjà des contraintes liées au calibrage, au prix ou encore au changement climatique (les abricots valaisans peuvent en témoigner), pour ne citer qu’elles.

 

Gardons-nous de pointer du doigt le monde agricole, alors que nous faisons tous partie du problème… mais aussi de la solution. Car notre pouvoir est réel en matière de transition écologique. A condition d’être correctement informés et de se poser les bonnes questions. Sommes-nous prêts à payer le prix juste pour une agriculture de proximité, à demander une totale transparence sur la répartition de la marge ? Lorsque nous achetons une pomme bio au double du prix, où va notre argent ?

 

Faites-nous confiance !

Au fil du temps et par le biais de rencontres au travers de mes projets, j’ai réalisé que le grand enjeu de l’agriculture n’était pas vraiment l’obtention (ou non) d’une certification bio. Les paysans avec qui nous travaillons ne souhaitent d’ailleurs pas tous payer pour une certification, voir leurs produits vendus plus chers, sans pour autant bénéficier de la plus-value payée par le consommateur. En revanche, ils demandent la confiance de la population dans leur manière de travailler et surtout d’adresser la transition qu’il leur est demandée.

 

Des doutes sont évoqués par les producteurs bio eux-mêmes. Ainsi, « Bio Suisse » recommande de voter non à l’initiative sur l’eau potable. La fédération faîtière des organisations bio reconnaît « des problèmes incontestables et incontestés », mais critique des mesures qui « ne peuvent pas les résoudre en les mettant seulement sur les épaules des paysans ». Certains craignent également une augmentation des coûts, alors que d’autres évoquent une diminution des exportations. Et une autre question se fait entendre : comment se positionner et se différencier – en termes de qualité – si tous les producteurs passent au bio ?

 

Il faut le voir pour savoir

Les femmes et les hommes qui travaillent la terre devront assumer les conséquences d’un « oui » ou d’un “non”. Pour autant, qui leur demande leur avis ? Combien de citoyens prennent le temps de rencontrer – physiquement – les agriculteurs, de se rendre sur leurs exploitations ? Il est pourtant essentiel d’échanger avec ceux qui font, qui changent, qui transitent, tout en leur proposant un accompagnement où ils conservent le rôle principal. Être à leur écoute n’est pas uniquement souhaitable, c’est essentiel. Les métiers de la terre sont indissociables d’une transition écologique réussie.

 

Entamer un débat sur le bio ou le non bio, en pointant du doigt le monde agricole, c’est amener une couche supplémentaire de division, alors que nous devrions au contraire chercher à nous rassembler. Le modèle économique de demain doit être inclusif et faire partie d’un écosystème vivant, où le paysan joue un rôle essentiel.

 

Prendre le temps de la rencontre, c’est également garder une certaine humilité en découvrant l’abondance des savoir-faire et la diversité de la résilience qui touche le monde agricole. Des richesses si vastes, qu’elles ne méritent certainement pas d’être catégorisées de manière binaire, en « bio » ou « non bio ».

 

Intelligence collective et écoute active

Nous avons un réel besoin d’intelligence collective et de nouveaux modèles. Où sont les notions de bienveillance et d’écoute dans nos méthodes de fonctionnement ? Nous avons fait le choix de la performance et lorsque les buts visés sont à atteindre de manière individuelle, alors nous sommes et nous restons dans un esprit de dominance. Les propos de l’autre ne nous servent qu’à atteindre nos propres objectifs. Nous vivons en silos. Or, la nature nous montre que l’interdépendance, d’humain à humain et d’humain au vivant, est essentiel à l’équilibre de nos sociétés. L’écoute active des besoins des uns et des autres est une des clés selon moi.

 

Et puis, la notion de droit doit absolument être complétée par un engagement citoyen. Nous avons notre part de responsabilité et pouvons faire la différence. Mais si nous voulons une agriculture propre, alors demandons-nous ce que NOUS sommes prêts à faire ?

 

Restons dans un mouvement positif et ne glissons pas vers une écologie punitive. Dirigeons-nous vers des liens humains authentiques et choisissons en pleine conscience, en nous tournant vers la production locale et en communiquant avec celles et ceux qui produisent notre nourriture.

 

Le bio déjà dépassé ?

Sans doute que les questions qui nous seront posées le 13 juin sont déjà dépassées… Se focaliser aujourd’hui exclusivement sur le biologique, c’est avoir 20 ans de retard sur la régénération des sols et de la biodiversité, et de nos liens avec le monde agricole. Supprimer tous produits de synthèse permettra effectivement de moins polluer, autant notre corps que la nature, mais pas de régénérer les écosystèmes. Et c’est bien de régénération dont nous avons besoin.

 

Le bio est présenté comme la solution miracle, celle qui conforte tout le monde. Mais si la volonté est d’impliquer le monde agricole dans la transition économique vers des modèles de régénération, alors autant le faire de manière visionnaire et de le faire maintenant: initier un mouvement collectif et solidaire, de la terre au consommateur, s’accorder des espaces de dialogue et de projets qui nous unissent et qui nous permettent à tous de contribuer à la régénération des sols, de la biodiversité et bien entendu de nos liens à la terre et à celles et ceux qui la cultivent au quotidien. Car c’est bien ensemble que nous pourrons y parvenir.

 

Les paysans sont les gardiens de nos terres et de nos écosystèmes. Ils sont les partenaires principaux de la régénération. Ils sont à la source de ce que nous mangeons et buvons. Il me semble qu’il est temps non de les « étiqueter » comme on mettrait un label sur une commodité mais d’intégrer leurs connaissances, voir leurs engagements, au cœur de nos transitions.

 

Le grand rendez-vous

Le 29 novembre prochain, la Suisse a rendez-vous. Elle a rendez-vous avec l’humanité et la planète.  Car nous voterons oui ou non à l’initiative pour des multinationales responsables.

Cette initiative a été lancée en 2015 par des acteurs de la société civile, aujourd’hui plus de 130 ONG et associations indépendantes. C’est la première fois que les ONG de développement, de droits humains ou encore de défense de l’environnement lancent une initiative populaire. La démarche est inédite.

Pourquoi l’ont-elles fait ?

Après des années d’activités de coopération au développement, elles partagent un constat : certaines entreprises multinationales commettent, sur le terrain, des abus graves de droits humains et de standards environnementaux. Des enfants empoisonnés au plomb ou à l’arsenic parce que les sources d’eau sont polluées, des paysans qui sont chassés de leur terre avec violence, des familles dont les poumons sont abîmés par des poussières fines et toxiques qu’elles inhalent en raison de leur proximité aux usines qui ne respectent pas les standards en vigueur.

Aujourd’hui plus de 350 entrepreneurs, les églises, des membres de partis politiques de tout profil (même l’UDC du Valais Romand) et des milliers de citoyennes et citoyens engagés bénévolement soutiennent cette initiative.

Au-delà des arguments, l’essentiel

Nous avons pu entendre et lire les arguments pour et contre, animés de faits et de revendications, d’espoir et de peur.

Au cœur de ces échanges surgissent deux questions essentielles :

  1. Quelles valeurs fondamentales souhaitons-nous incarner tant individuellement que collectivement ?
  2. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour les défendre ?

Que nous soyons politiciens, juges, dirigeants, étudiants, actifs, retraités, artistes, parents…. Nous sommes tous concernés par ces questions tant ces valeurs raisonnent en nous et impactent notre quotidien.

Nous nous trouvons face à un carrefour. La pandémie du Covid, les inégalités sociales, la vulnérabilité de nos systèmes, l’état de notre planète. Ce tout nous rappelle systématiquement que nos modèles ont atteint une limite, qu’ils doivent évoluer et que nous avons un rôle à prendre dans cette évolution.

Il est temps de changer de regards, de lignes et de cadres.

Il est temps de changer de discours.

Il est temps de prendre conscience de la portée de nos pensées, puis de nos paroles et d’y joindre celle de nos actes.

Il est temps de se demander si nous sommes prêts à donner une place à la bienveillance et l’altruisme dans notre économie mondialisée. Une vraie et juste place. Une place vivante loin des slogans qui font rêver.

Il est temps de se demander si nous pouvons sincèrement défendre le sens d’une économie dont la performance dépend de l’exploitation de femmes, d’hommes et d’enfants, et de la destruction d’écosystèmes entiers dont nous dépendons.

Il est temps de se demander si la responsabilité a une frontière lorsqu’elle touche à si grande échelle à la santé d’êtres humains et de la nature à travers le monde.

Il est temps de se demander si nous pouvons laisser le pouvoir et l’influence de certains acteurs économiques se développer sans qu’il soit associé à un devoir de responsabilité sociale et environnementale.

Il est temps de se demander si la quête du profit peut prendre autant de place dans nos vies alors que nous vivons une période de grande anxiété et qu’il n’aura pas servi à nous en épargner.

Il est temps de changer de regard sur la valeur accordée à la vie par les entreprises qui, au final, ne sont que le reflet de nos sociétés.

Il est temps de prendre conscience que le pouvoir n’a pas de sens s’il s’exerce au détriment des autres, mais qu’il en a beaucoup plus s’il sert à prendre soin des autres et de la planète.

Prendrons-nous ce temps ?

A chacun de nous de le décider. Aujourd’hui. Le 29 novembre prochain. Et chaque jour qui suivra.

5 éveils pour une économie régénératrice

Tenter de donner un sens à cette période particulière a été la source de cet essai engagé que j’ai rédigé ces dernières semaines.

Cet essai est une pierre à l’édifice qui nourrit une remise en question « A notre portée » – et nous en avons grandement besoin –  pour adresser une mission collective qui nous réunit tous, celle de la problématique des enjeux climatiques et de la transformation de nos modes de vie, des inégalités sociales et de la responsabilité collective.

Le COVID-19 nous a convoqué brutalement à cette prise de conscience. Il nous oblige à prendre soin de nous et de ceux qui nous entourent, à considérer ces derniers de manière certaine dans notre existence, à regarder les liens communs qui font notre condition humaine. Il nous a obligé de prendre soin de la nature et à retrouver dans la forêt du coin la magie du rêve exotique de l’autre bout du monde.

Cet essai est un cri d’espoir et propose 5 éveils fondamentaux, 5 liens qui nous invitent à nous interroger sur un nombre de pratiques considérables : d’une mission de vie, à l’importance des circuits courts, en passant par des notions d’équité sociale et de la reconnaissance de valeurs sociales et des limites écologiques dans l’analyse de notre performance.

Sa lecture s’adresse à tous : parents, étudiants, actifs, retraités, dirigeants, enseignants, politiciens, artistes… tant ces éveils peuvent trouver un écho dans tous les écosystèmes dans lesquels nous gravitons.

Certains diront que ce n’est pas assez et ils auront certainement raison.

Mais c’est un début et avec un début vient généralement une invitation.

En voici 1 en complément à celles que vous trouverez dans cet essai.

Une invitation à lire, réagir et nourrir chacun de ces éveils de vos pratiques et de vos expériences. Parce que c’est en s’inspirant les uns les autres, dans le respect de nos différences et la complémentarité de nos intelligences, que nous pourrons avancer.

Lire l’essai ici.

S’inscrire ici au live chat du Temps prévu le mercredi 13 mai de 11h à 12h pour poser vos questions et/ou partager vos expériences.

Le grand réveil

Vendredi 13 mars 2020, suivi du lundi 16 mars 2020

Deux jours qui ne s’oublieront pas. Des mesures attendues, cette fois-ci concrètes. Le temps s’arrête. Le temps tel que nous le connaissions s’arrête.

Nos familles, ces nouveaux QGs de la transition

Vendredi, à l’aube de ce premier lundi où les écoles sont fermées, nous sommes invités à redéfinir le temps et à s’organiser en famille… en l’espace de 48 heures. 48 heures. Pour changer le rythme de tout.
Nos familles, ces micro-systèmes qui deviennent un des piliers de gestion de crise. Faire avec ce que nous avons, retrouver un sens d’appartenance à nous et à notre communauté, pour prendre soin de nous et des autres. Un appel à la solidarité, à la réciprocité, à la conscience individuelle et collective.
Des cellules de vie confinées mais solidaires (avez-vous entendu l’élan de chants, les fenêtres ouvertes, en Italie? Cette magie du lien et de la résonance sans avoir à se toucher me fait penser à la “murmuration” chez les étourneaux). On s’organise pour adresser le vital: la présence auprès de nos enfants qui cherchent le réconfort, s’alimenter en conscience, et adresser l’éducation. En conscience ou pas, nous adressons dans cet élan trois piliers clés de notre éveil: la présence et le lien, la consommation et l’éducation.
48 heures. Et on a déjà fait tout ça! Sacré QG, incroyable performance au nom du collectif.

Et l’économie dans tout cela ?

L’économie fait naufrage. Nous sommes toutes et tous à l’eau. Nous nous efforçons de trouver les bouts de bois, les radeaux et tout autre outil qui nous permettront de tendre le bras. Nous nous efforçons de les trouver assez grands pour que nous y soyons tous. Et nous les trouverons.
En attendant, prenons celui, aussi petit soit-il, qui est à notre portée. Voici celui que j’ai trouvé: un souvenir. Satish Kumar m’avait rappelé que l’économie, dans son étymologie grecque (oikos = maison, nomos = gérér) signifie la gestion de notre maison. Notre maison, oui, celle que nous allons nourrir d’énergies protectrices et positives sur ces six, voir plus, prochaines semaines. Et puis notre maison, la communauté et la terre. Celle que nous allons, par la force des choses, apprécier pleinement. Comment ? Exactement comme nous sommes aujourd’hui invités à le faire: faire avec ce que l’on a, protéger nos aînés et les plus vulnérables, apprécier ce que nous mangeons et ce que nous avons, être et vivre local, apprécier le plein air sur un bout de balcon ou, pour les plus chanceux, dans le jardin et réaliser que tout cela finit par être plus en harmonie avec l’écologie, naturellement. Le retour à l’essentiel de ce TOUT nous amène indéniablement à vivre plus harmonieusement avec nous-même, les autres et la nature.
Avec cette pensée, je ne peux m’empêcher de croire que c’est une opportunité de réinventer l’économie. Plus même qu’une opportunité, c’est l’économie qui se réinvente sous nos yeux. Imaginons un instant que l’après-crise nous permettrait de garder ces valeurs en nous pour les semer dans les écoles et dans nos entreprises. Une image qui m’amène une certaine sérénité, et beaucoup d’espoir, pendant cette période tumultueuse.

L’économie sociale et solidaire en pleine action

Vendredi à 15h, comme beaucoup d’entre vous, nous avons pris nos ordinateurs pour travailler à distance, nous avons appelé nos partenaires qui livrent des produits à domicile pour leur offrir de l’aide et nous avons revu nos emplois du temps pour assurer l’école à la maison. Dès lundi prochain, nous mettrons notre temps à disposition pour aider les petites entreprises, les indépendants et les artisans qui en ont besoin. Partager notre gestion de crise, les 5 étapes que nous avons établies et comment nous les pilotons. Pour travailler ensemble, à livre (et coeur) ouvert. Nous avons fait la liste de l’essentiel pour être là où nous devions, et pouvions, être. Le peu que l’on peut faire, le très peu que l’on peut faire, il faut le faire. Non ?
48 heures. Et nous l’avons fait. Tout un pays. Des familles et des entreprises. Des éco-systèmes bien vivants. Nous avons été à la hauteur de ce grand réveil. Depuis, une multitude d’initiatives se déploient tous les jours pour amener le geste, le simple geste, de la solidarité. Nous sommes en train d’ancrer nos valeurs humaines plus fort que jamais. Des entreprises qui accordent aux parents l’espace pour s’occuper de leurs proches tout en adressant les besoins vitaux de l’éco-système dont elles font partie…. Ne sont-elles pas précisément sociales et solidaires ? Ne sont-elles pas profondément agiles, au coeur d’une innovation sociale ?
Nous contribuons, c’est une évidence, à contenir la pandémie. Mais, en même temps, nous nourrissons un lien d’appartenance à la Vie. Dans nos moments d’anxiété ou de solitude, essayons de ne pas l’oublier.
Comme plus de 500 autres entreprises, Opaline vise le zéro carbone d'ici à 2030.

Comme 500 autres entreprises, Opaline vise le zéro émission carbone d’ici à 2030

Mercredi, l’écologie n’est pas entrée en tant que parti au Conseil Fédéral mais une annonce de taille a quand même était faite durant cette journée:

Plus de 500 entreprises à travers le monde s’engagent publiquement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre à NET ZÉRO d’ici à 2030, soit 20 ans plus tôt que les objectifs de 2050 fixés par l’Accord de Paris.

 

Et Opaline en fait partie! Comme 15 autres entreprises suisses dont voici la liste:

 

Les 15 entreprises suisses qui se sont fixées comme objectif d'atteindre le zéro émission de carbone d'ici 2030.
Les 15 entreprises suisses qui se sont fixées comme objectif d’atteindre le zéro émission de carbone d’ici à 2030.

 

Des entreprises toutes certifiées BCorp.

 

Cet engagement est l’une des actions pour le climat les plus transformatives menée par un groupe d’entreprises au niveau national et international.

 

Concrètement, pour Opaline, ça veut dire quoi

D’abord, mieux informer le consommateur. 

 

  • Quel est l’impact CO2 du produit que j’achète?

Chaque citoyen suisse émet plusieurs tonnes de CO2 par année dont une majorité provient de la consommation de produits importés. Consommer plus de produits locaux permettrait donc de réduire considérablement nos émissions de CO2. Mais, pour cela, encore faut-il connaître l’impact environnemental de chaque article que nous choisissons d’acheter. Pour faciliter la vie du consommateurs, nous travaillons avec la start-up lausannoise Beelong afin d’établir un éco-rating. Une lettre sera inscrite sur chaque étiquette sur le même modèle que le NutriScore: A pour des produits avec un impact CO2 réduit et E pour un impact CO2 maxi.

Notre engagement: changer toutes les étiquettes de nos boissons d’ici fin mars pour faire apparaître notre éco-rating.

 

  • La consigne est-elle “mieux” que le recyclage?

Autre point, le recyclage. Beaucoup de buveurs de nos jus et limonades nous ont fait savoir qu’ils souhaiteraient un système de consigne pour les bouteilles en verre dans lesquelles nous vendons nos boissons. Avant de répondre à cette demande, nous aimerions nous assurer que le système de consigne est une alternative plus écologique que le recyclage. Aujourd’hui, nous n’en sommes pas certains. C’est pour cela que nous avons mandaté la société Quantis afin de mener une étude indépendante sur ce sujet.

Notre engagement: nous positionner clairement sur le sujet consigne vs recyclage et donner une explication claire aux consommateurs.

 

Nous allons ensuite analyser, concevoir et développer des solutions écologiques pour le transport avec nos partenaires logisticiens. Pour une entreprise comme Opaline, le transport routier est en effet un aspect qui est fort impactant.

 

Un tel chemin est une aventure dont nous ne connaissons de loin pas tous les contours. Une chose est sûre, nous nous engageons à communiquer de manière totalement transparente à chaque étape de notre parcours en vue de notre engagement Net Zero 2030. Et de travailler collectivement avec toutes les autres entreprises engagées pour mutualiser nos ressources.

L’économie de demain sera celle de la collaboration, de l’intelligence collective, au service de l’Humain et de la Nature. Au service des écosystèmes qui nous font vivre, tout simplement.

Ce que Simon Sinek a oublié avec sa théorie du WHY

Ce que Simon Sinek pourrait ajouter à sa théorie du WHY

En septembre 2009, Simon Sinek révolutionnait le monde de l’entreprise avec sa conférence TEDx intitulée “Comment les grands leaders inspirent l’action”, qui comptabilise à ce jour plus de 45 millions de vues.

Durant 17 minutes 50, ce spécialiste du management et de la motivation explique, dans les très grandes lignes, que si un chef d’entreprise veut être inspirant et inciter ses collaborateurs et les consommateurs à le suivre dans son aventure, il doit avant tout mettre en avant son WHY (pourquoi il fait ce qu’il fait, ce qui le motive) plutôt que le WHAT (ce que l’entreprise fait) ou le HOW (comment l’entreprise fait ce qu’elle fait).

Il appelle cela le Golden Circle.

 

Selon Simon Sinek, si un chef d’entreprise veut être inspirant, il doit avant tout parler de son WHY. C’est le Golden Circle.

 

On ne compte plus le nombre de personnes qui ont travaillé leur WHY depuis la parution de cette vidéo.

Si cette étape est essentielle, elle ne me semble à mon avis plus suffisante aujourd’hui, dans un monde où une prise de conscience spirituelle et culturelle est nécessaire si on veut adresser les grands enjeux qui nous attendent et aborder cette fameuse transition écologique et sociale.

 

Il y a quelques mois, j’ai assisté à un spectacle donné par le Ballet Béjart. Quelques semaines plus tard, je me suis souvenue de cette citation de Sénèque que j’apprécie beaucoup:

 

La vie ce n’est pas d’attendre que l’orage passe mais c’est d’apprendre à danser sous la pluie.

 

Tout un art.

Au niveau individuel, celui de prendre soin de sa musculation pour s’offrir la grâce par tous les temps. Sans la musculation, il ne peut y avoir de grâce. Sans le travail sur soi, sa conscience et son esprit, il ne peut y avoir de valeurs sincères. Sans un flux financier stable, il ne peut y avoir de quête au service de soi et des autres. Là est pour moi l’essence même de l’être: prendre conscience de son corps et de son esprit, de sa force et de ses besoins, pour pouvoir ensuite le guider dans le mouvement, la beauté du geste, le don du partage.

Quant au ballet, admirer la puissance du mouvement collectif, un ensemble de grâces individuelles pour créer 1 seul mouvement. Là est bien à mes yeux l’énorme enjeu de notre société.

Simon Sinek adresse le côté musculation – le golden circle, le coeur de la stratégie rationnelle d’une entreprise –  j’aimerais alors y ajouter cette dose essentielle de grâce, un cercle du lien, la source d’une intelligence émotionnelle.

Pour cela, il me paraît essentiel, au sein de chaque entreprise, de retrouver un sens profond à nos activités dans le cadre des enjeux sociétaux d’aujourd’hui. Cela demande beaucoup de courage et énormément de bienveillance, mais on peut y arriver en passant par ces 3 étapes:

 

1. Moi

Commençons par penser à notre mission individuelle de vie. Au sein d’Opaline, chacun a travaillé sa mission de vie personnelle en utilisant un outil qui permet de la définir en 30 mots. Ensuite, chacun a également rempli un questionnaire en ligne qui permet de déterminer ses talents afin de s’assurer qu’il a, à sa portée, les talents dont il a besoin pour accomplir sa mission de vie. Ce simple exercice permet de prendre conscience de son sens personnel de l’engagement et de trouver sa place au sein d’une entreprise.

Chacune des missions de vie peut être ensuite partagée en équipe. Cela permet à chacun de mieux connaître et comprendre les personnes avec qui il est amené à collaborer au quotidien. Un moment de partage en dehors du quotidien, des objectifs et enjeux commerciaux.

2. Moi et les autres

A ce niveau, il s’agit d’aborder la question du lien aux autres. Une fois que j’ai pris conscience de ma mission de vie et de mes talents, je dois pouvoir la partager avec les autres et être entendu de manière à ce qu’elle puisse être aussi mise au service de l’entreprise.

A l’interne, ce point relève de questions de gouvernance. Comment chacun va s’intégrer dans l’écosystème qu’est l’entreprise. Beaucoup font référence “aux entreprises libérées”. A mon sens, il serait plus juste de parler d'”entreprises libérantes” du potentiel de chaque membre de l’équipe. Et ce potentiel ne peut être libéré sans que chacun n’ait pu travailler sur son “moi”. Dès lors, des systèmes de gouvernance plus transparents, autonomes, flexibles peuvent être mis en place de manière particulièrement efficace et performante. Il en ressort une motivation saine, liée à la culture plus que l’objectif financier.

A l’externe, cela permet une véritable transformation au niveau du “marketing”. Il s’agira ici bien plus d’un partage et d’une écoute de sa communauté, que d’une “simple” communication à sens unique. Chaque membre de l’équipe ne va plus faire la communication du produit qu’il vend ou qu’il produit mais partagera les valeurs qu’il défend et incitera naturellement chaque membre de cette communauté à vivre ses propres valeurs au sein d’un collectif.

3. Nous et…

La planète, la terre, l’univers. Chacun est libre d’utiliser le terme qu’il souhaite. Une fois que le collectif est engagé sur des valeurs partagées, alors ce “nous” peut commencer à imaginer l’impact positif social et écologique qu’il peut avoir ensemble. Aujourd’hui, une chose est bien claire. C’est ensemble qu’il nous appartient d’adresser les enjeux sociétaux. Il s’agit donc, à ce niveau, de défendre une vision collective au sens large, concrétisée par des actes concrets. Il s’agit d’inscrire une entreprise dans une notion de sens commun, au-delà de sa marque. Il s’agit de tisser des liens pour cultiver la collaboration, et s’inscrire dans une participation active, solidaire et engagée, au nom de la Vie.

 

Pour conclure, j’aime particulièrement ce texte de cet avocat spécialiste de l’environnement. Il dit qu’il a longtemps cru au pouvoir de la science pour adresser les enjeux de ce monde mais qu’il a compris aujourd’hui qu’une transformation spirituelle et culturelle était nécessaire. En travaillant sur ces 3 niveaux (en complément bien sûr à une stratégie commerciale forte et claire), la vision d’une entreprise n’est plus dans les mains d’une seule personne mais entre les mains de chacun. L’entreprise peut engager un collectif et sa stratégie commerciale peut alors être mise au service de ce collectif. C’est ainsi que nous pouvons nous éloigner d’une économie basée sur la performance individuelle et la compétition aux coûts de “burn-out” et d’épuisement de nos ressources naturelles.

 

Une révolution spirituelle et culturelle est nécessaire, selon Gus Speth

 

 

 

 

La crise écologique: mettons-nous en marche!

Ce texte s’inspire de mon discours lors du Forum des 100, qui a eu lieu à Lausanne le 9 mai dernier.

Nous vivons un profond paradoxe.

D’une part, une multitude d’alertes sonnent partout depuis des décennies. On déplore l’exploitation de toutes les ressources, humaines et naturelles, misent au service d’une profitabilité économique hors-sol, sans lien avec la terre, les espèces vivantes et les ressources. La répartition des richesses est plus inégale chaque jour, au coût de la vie humaine et d’écologie.

Et de l’autre, nous avons autour de nous des connaissances et des compétences extraordinaires, des intelligences entraînées à résoudre les plus complexes des problèmes et à mener une multitude d’initiatives dont certaines sont déjà en marche.

Et pourtant… La problématique demeure et se dégrade à une vitesse terrifiante. L’urgence climatique et écologique est là.

Comment inciter une action qui soit à la hauteur de ces enjeux?

Partager un modèle éco-responsable, aujourd’hui viable et inclusif

Depuis 10 ans, j’accompagne l’entreprise Opaline. Opaline propose des jus et limonades naturelles, issus de fruits locaux. Son modèle a été, dès le début, centré sur une économie régénératrice: plus digne de l’Humain et de son lien à la Nature. Une économie non faite de concurrence et de prise de pouvoir, mais de collaboration, de compréhension, de partage.

Des mots que nous aimons tous entendre mais qui peuvent éveiller en chacun d’entre nous une bonne dose de scepticisme. Je le comprends. Parce que cela demande un engagement qu’on pourrait qualifier d’héroïque tant il est à contre-courant.

Une boisson qui se veut tisseuse de liens humains et respectueuse de l’environnement se doit d’être locale. Élaborée à base de fruits et légumes locaux. Produite en Suisse pour une distribution suisse. Elle arrive donc sur le marché à un prix plus élevé et un potentiel de croissance limité. Alors que l’économie d’aujourd’hui repose sur une guerre des prix, et une ambition d’économie d’échelle. Elle ne permet pas la collaboration et ne reflète pas l’impact écologique.

Qui dit dignité, dit répartition de marge équitable entre tous les acteurs du système. Or, ce que j’entends encore trop souvent, c’est l’optimisation de marges. Une décision stratégique d’un conseil d’administration qui au final est financée par le producteur.

Au sein d’Opaline, nous pratiquons, entre autres, le salaire linéaire dans le sens d’un revenu conditionnel de base lié à un engagement social et écologique. Cela nous demande de repenser notre lien à l’argent et d’avoir des discussions difficiles pour aligner nos ambitions personnelles aux enjeux du collectif.

Agir pour la transition écologique repose sur un engagement collectif. Agir nous demande d’aller à la rencontre et à l’écoute de la communauté. Tous les jours. Financièrement, c’est n’est pas optimal. Mais collaborer au service de la Nature n’est pas une opération financière. Elle est humaine. Comment intégrer cette notion dans un budget marketing ?

Avec ces quelques exemples concrets, parmi tant d’autres, une question se pose.

Combien d’entre vous aurait financé cette vision si je vous l’avais présentée il y a 10 ans ?

Je vous la pose parce qu’elle est essentielle à la transition écologique. Êtes-vous prêt à prendre ce risque ? Êtes-vous prêt à nager à contre-courant jusqu’à ce que le courant tourne sans vraiment savoir si il va tourner ? Ou si vous allez être un jour rentable ?

Il y a 10 ans peut-être pas. Mais aujourd’hui ?

Aujourd’hui, Opaline est soutenue par une équipe de 12 personnes et plus de 2’000 boulangers, cafetiers, restaurateurs et hôteliers. Grâce à eux, et nos agriculteurs partenaires, nous avons atteint l’année passée le seuil du million de bouteilles vendues et l’équilibre financier.

Depuis 2018, par le biais de notre Fondation, un premier verger participatif a pu voir le jour. Permettre, par un parrainage, aux agriculteurs de produire des fruits en percevant une rémunération juste et pérenne dans un esprit de préservation de la terre et de la biodiversité. Cette initiative se veut elle aussi d’être locale pour renforcer le lien fondamental qui unit notre communauté à la terre. Nous proposons donc également aux écoles, aux parrains, aux entreprises et à notre communauté, de participer à des ateliers. De la taille à la récolte, des abeilles aux oiseaux, chacun peut y retisser son lien. A ce jour, 900 arbres ont été plantés, 2 pierriers à hermines et plus de 15 nichoirs ont été installés. Depuis le premier janvier de cette année, 5ct par jus et limonade Opaline achetés sont reversés à la Fondation. Une demande d’étude d’impact social et environnemental a également été soumise à l’Office Fédéral de l’Agriculture, pour accompagner la politique dans la transition.

Alors, oui, Opaline est un exemple concret d’une viabilité économique mise en service de la transition écologique. Et elle permet dès aujourd’hui à tout un chacun de rejoindre ce mouvement: proposer de l’Opaline dans son entreprise, boire de l’Opaline, ou soutenir sa Fondation, c’est contribuer au cercle vertueux de la régénération.

Partager sa vision au sens large

Mais aujourd’hui, au-delà d’une marque, nous avons aussi besoin d’aller plus loin.

Aujourd’hui, nous avons besoin de répliquer ces modèles. C’est pourquoi Opaline s’engage à collaborer avec le monde académique pour une modélisation de son expérience et de ses pratiques. La modélisation permettra de mieux accompagner les acteurs de la transition et d’informer les acteurs de la politique économique en matière de durabilité.

Nous avons aussi besoin de plus d’héroïsme, non pas pour survivre dans un système économique dépassé, mais pour changer le courant. Nous devons nous démettre. Pas nécessairement de notre poste, mais des pratiques et œillères acquises. Changer notre regard, casser les codes obsolètes et mettre nos compétences et nos moyens au service du collectif.

Nous avons besoin de résister à une économie de la performance individuelle qui est somme toute un énorme territoire de guerre. Guerre des prix, optimisation des marges, cible de marché, loi du plus fort, exploitation des ressources. Ces pratiques nous déconnectent de qui nous sommes, du lien d’appartenance à une communauté et à la Terre avec lequel nous sommes nés mais que nous avons perdu.

En temps de guerre, les émotions dominantes sont la peur, la haine et la cruauté. Si nous restons dans cette énergie, en quête de performance individuelle et dominante, nous ne pourrons pas adresser la transition écologique. Nous resterons témoins, ou acteurs, de grands abus de droits humains justifié par une profitabilité financière à outrance. Et si nous ne pouvons pas respecter la dignité humaine, comment voulons-nous respecter celle du Vivant, de la Terre ?

C’est impossible.

Il nous appartient d’aller au-delà du développement durable, de nous engager pour un développement pacifiste, pour la paix. L’urgence climatique et écologique nous demande un cessez-le-feu collectif, afin de laisser une chance à la solidarité et la collaboration de triompher sur la domination et l’exploitation. Il est temps non pas d’être les meilleurs, ni les plus forts, mais d’être tout simplement, tous ensemble, au service de la transition.

Les intermédiaires, le nerf de la guerre...

Les intermédiaires, le nerf de ma “guerre”

Je crois que l’économie peut être un acteur clé de la transition écologique. C’est d’ailleurs pour cela que je m’engage au quotidien. Mais pas n’importe quelle économie. L’économie qui contribue positivement à la transition repose sur l’inclusion, le pouvoir du collectif et une bonne dose de solidarité pour que nous puissions mettre nos compétences au service des enjeux sociaux et environnementaux.

Il nous faut porter des valeurs fortes, savoir les partager positivement, et surtout pouvoir reposer sur des partenaires qui les vivent à leur tour. C’est une condition fondamentale.

Hors, dans l’économie actuelle, il y a toujours un moment où on se trouve confronté à un élément de la chaîne qui ne fonctionne pas sur les mêmes principes et qui semble tout à fait à l’aise avec le système économique actuel.

En ce qui nous concerne, nous sommes plutôt contents de ce que nous produisons et de la manière dont nous le produisons. Nous sommes aussi ravis de la communauté de cafetiers, hôteliers, épiciers, boulangers qui vendent nos produits et permettent donc à un nombre toujours plus nombreux de consommateurs d’avoir accès à nos produits et de contribuer ainsi à une économie “de conscience”.

Le gros hic, c’est entre les deux: entre nous et les revendeurs.

Les fameux intermédiaires!

Dans un monde idéal, on adorerait que nos produits soient acheminés par des partenaires qui partagent les mêmes valeurs que nous dans des points de vente qui partagent les mêmes valeurs que nous afin d’atteindre des consommateurs qui partagent les mêmes valeurs que nous.

Sauf qu’on n’y est pas encore.

L’idée de “centraliser les achats”, à la base, est bonne: optimiser les transports (ce qui minimise l’impact environnemental); proposer un service et une facture groupée pour les points de vente afin qu’ils puissent commander nos jus et limonades tout comme une quantité d’autres produits en même temps.

Mais alors où est le problème?

Le problème est que certaines de ces centrales fonctionnent aux fichiers excel et à la marge, avec peu d’ouverture pour le partage de valeurs. Et ce sont souvent celles qui permettent de couvrir la plus grand zone géographique, soit de partager nos valeurs avec le plus grand nombre.

La marge s’applique sous forme de rétrocession sur le prix de nos produits et sert avant tout à financer leurs services logistiques. Et cela est bien normal. Le problème est le “vouloir gagner plus” au détriment du collectif.

Pour générer plus de bénéfices, elles nous obligent régulièrement à financer – en plus de la marge déjà allouée – des “services” supplémentaires, comme des campagnes promotionnelles ou de la visibilité (qu’elles maitrisent) sur leurs supports de communication. Hors, depuis des années, nous avons décidé de ne pas entrer dans le système des promotions et “communication froide” pour investir cet argent là où nous avons nos valeurs: partir à la rencontre de nos points de vente et de notre communauté. Tisser des liens humains, inciter l’achat de conscience (au juste prix) dans un but collectif, social et environnemental.

Il y a aussi la “guerre de prix” que ces centrales ont déclarée entre elles, mais que les producteurs subissent. Le résultat est clair: plus je (le point de vente) commande (et donc plus je suis “grand” et “fort”), moins je paie pour les produits. D’un point de vue économique, bien sûr que cela a du sens (les fameuses économies d’échelle). Mais d’un point de vue social… c’est un non sens. Il nous suffit d’imaginer un épicier de quartier, dont l’impact social est important, qui devra toujours payer plus cher que les plus grands. Quant au producteur, il se retrouve confronté à une vente de ses produits à un prix qui ne représente plus le fruit de son travail et/ou les valeurs qu’il porte.

Et le rapport de force est de mise: “Vous voulez que vos produits soient à la portée du plus grand nombre? Vous rentrez dans le (notre) système”.

Mais alors pourquoi ne pas simplement faire sans?

Parce que ça voudrait dire demander un effort supplémentaire – souvent trop important – à nos partenaires revendeurs pour proposer nos produits à leurs clients.

A l’heure actuelle, nous avons 2 choix:

  1. Faire AVEC EUX et financer un système dans lequel on ne croit pas pour atteindre un maximum de consommateurs et renforcer l’impact positif de notre modèle.
  2. Faire SANS EUX, être moins bien représenté dans les commerces et laisser toute la place aux marques industrielles qui fonctionnent sur le même système que ces centrales et qui, il faut le dire, ont les budgets adéquats à force d’optimiser leurs marges au détriment du social et de l’écologie.
L’un ou l’autre nourrit un cercle vicieux. Un cercle qui empêche le cercle vertueux d’une économie collaborative et inclusive de s’épanouir, et de contribuer ainsi à la transition écologique.

Collaborer sera la clé

Imaginons maintenant que le collectif peut amener un changement. Que les entreprises éco-responsables, sociales et locales peuvent avoir une place dans ces réseaux de distribution à la mesure de leurs valeurs. Qu’elles puissent proposer leurs produits comme elles le souhaitent, sans promotion, sans communication “froide”, sans guerre de prix.
Il y a l’artisanat et l’industrie. Faisons la différence au delà de la comm’ “produits locaux” alors qu’ils sont considérés à l’heure actuelle comme des machines à produire de la marge.
La centrale a tout à y gagner car elle entre dans un cercle vertueux et contribue à la quête de sens. Elle peut se positionner dans cette nouvelle économie et transiter vers un nouveau modèle. Et le collectif peut avoir le choix pour son engagement au niveau de l’achat.
Certaines centrales y sont déjà, merci à elles! Mais il nous faut pouvoir en inclure d’autres, les inclure toutes!
Il faut pouvoir y arriver, sinon l’impact de ces entreprises et du pouvoir du collectif restera sujet au bon vouloir économique de la performance des plus grands. Il restera “utopique” alors que l’envie, l’engagement y est. Et de toute part: du producteur, de l’épicier, cafetier, hôtelier au consommateur.
Engageons-nous pour une autre “guerre”, celle qui nous demande de mettre l’humain et la nature, la collaboration et la solidarité, au coeur de nos priorités.
Mes 4 conseils pour les grévistes du climat

Mes 4 conseils pour les jeunes grévistes du climat

Cher.ère.s grévistes du climat,

Si je me permets de vous écrire ce billet, c’est pour vous apporter ma modeste contribution.

Je vous ai vu défiler dans les rues de Lausanne par milliers il y a deux semaines et je serai des vôtres demain pour la nouvelle manifestation qui s’annonce.

Votre mouvement m’enthousiasme!

J’admire le courage que vous avez de prendre la parole.

Je me retrouve en vous.

Depuis que j’ai lancé les jus Opaline il y a maintenant 10 ans, j’ai moi aussi souhaité me battre pour un monde meilleur et, je peux vous l’affirmer, le “combat” est long et rude!

En 10 ans, j’ai eu l’occasion de passer par toutes les phases.

Si je vous écris aujourd’hui, c’est parce que, vous aussi, vous allez certainement passer par toutes ces phases: de l’enthousiasme flamboyant à de grandes périodes de découragement; de périodes où vous aurez le sentiment que tout est possible à des périodes où vous aurez l’impression que rien n’avance, voire même que tout recule…

En réfléchissant à mon parcours et à ce que j’ai traversé – et que je traverse encore -, je me suis dit que ces 4 conseils pourraient peut-être vous aider à avancer et vous permettre de traverser les moments difficiles sans trop de désespoir.

En espérant que vous serez ouvert.e.s aux conseils d’une “vieille”! 😉

 

Voici donc MON PETIT MANUEL À L’USAGE DES JEUNES GRÉVISTES DU CLIMAT

 

1. Visez des petites victoires!

Je sais, ça ne fait pas rêver au moment où on aimerait que tout change rapidement mais l’écologie est une mission très large. Vouloir sauver le monde n’est pas une mince affaire! Chez Opaline aussi, nous rêvons tous les jours de changer le monde et c’est ce qui nous donne l’énergie de nous engager au quotidien mais cette grande mission doit se traduire dans de petites actions concrètes que vous pouvez gagner:

  • obtenir un rendez-vous avec un.e politique
  • créer un groupe de travail à l’école
  • tisser des liens de quartier autour d’un projet éco
  • s’engager dans des actions locales

Puis, chaque fois que vous remportez une petite victoire, célébrez!

Il est primordial de ne pas s’épuiser et de garder l’énergie pour poursuivre sur le long terme.

Les rabats-joie n’attendent que la confirmation que votre mouvement n’est qu’un feu de paille, prouvez-leur le contraire!

 

2. Soyez ouvert.e.s au dialogue!

Lorsque vous descendez dans la rue, vous prenez la parole et c’est une belle première étape mais les choses ne changeront pas sans dialogue. Et, si vous voulez être entendus, il faut aussi accepter d’entendre. Il ne s’agit pas de voir un.e politique une fois deux heures dans son bureau. Le dialogue doit être nourri sur le long terme.

  • Créer un groupe de travail régulier avec un.e politicien.ne, un engagement mutuel pour une collaboration
  • Organiser l’après-midi de l’écologie des jeunes une fois par mois

Et si vous ne voulez pas vous frotter aux politiques parce que vous pensez qu’ils ne valent rien, dites-vous que tout être humain a une partie lumineuse. A vous de la trouver et la mettre en lumière et, pour cela, l’écoute est un bon départ.

Chez Opaline, il nous a fallu deux ans de dialogue pour faire entrer nos jus et nos limonades dans un grand groupe. Grand groupe que nous voyions comme les grands méchants il y a encore quelques années. Maintenant que nous y sommes, nous continuons à entretenir le dialogue pour que la collaboration nourrisse équitablement les deux parties.

 

3. Organisez-vous!

Vous êtes tous bons à quelque chose. Alors unissez différentes compétences au sein de groupes de 5 à 10 personnes en fonction de projets particuliers.

  • Organiser une journée 0 déchets
  • Créer et modérer un groupe Facebook

Regardez vos ami.e.s autour de vous: Qui parle bien en public? Qui utilise bien les réseaux sociaux? Qui sait faire un logo? Qui a déjà une expérience politique?…

Ensuite, en fonction de chaque projet, choisissez la personne qui va prendre le lead (la source globale) qui pourra s’entourer d’autres talents dont elle a besoin (les sources spécifiques). C’est ça l’intelligence collective!

Cette façon de fonctionner permet d’être plus créatif, de s’entraider et de ne pas s’épuiser sur le long terme.

Et surtout partagez tout ce que vous faites sur les réseaux sociaux. Relayez les initiatives! Montrez que ça bouge! Vous faites une séance sur un projet? Photographiez-vous et partagez sur les réseaux! Montrez au monde que vous êtes dans l’action, et pas seulement dans la rue à l’occasion des grèves du climat.

 

4. Acceptez de ne pas être parfait.e.s!

Être un.e bon.ne militant.e, ce n’est pas être parfait.e mais c’est reconnaître ses faiblesses.

Vous descendez dans la rue pour manifester pour le climat mais vous portez des Nike et prenez régulièrement des vols Easyjet? Et alors?!

Vous prenez la parole sans amener de solutions concrètes là maintenant tout de suite? Et alors?!

Ce n’est pas de votre faute. Ça prouve seulement l’énormité du système dans lequel on s’est tou.te.s fait prendre et l’énergie dont il va falloir faire preuve pour reconnaître les incohérences et faire changer les choses.

N’oubliez pas que vous êtes tou.te.s des entrepreneur.euse.s. Dès que vous avez un peu d’argent dans votre porte-monnaie, vous pouvez décider comment vous voulez dépenser cette somme.

Existe-t-il une alternative à ce soda, à l’eau en bouteille, à ce croissant acheté dans une grande surface, à ce sandwich de midi.

Tous les jours, vous avez la possibilité de faire un geste pour aller dans la bonne direction.

Et, si vous êtes majeurs, votez! C’est encore le meilleur moyen de s’engager et de faire entendre sa voix.