La faillite programmée de la politique économique européenne

Toute personne capable de discernement et n’ayant pas subi le lavage de cerveau des programmes d’enseignement de l’économie dominante a désormais compris que la politique économique mise en œuvre dans le cadre de l’Union européenne ne pourra jamais atteindre les résultats auxquels ses partisans prétendent aboutir coûte que coûte.

En ce qui concerne la politique budgétaire, les mesures d’austérité que bien des pays ont dû ou voulu adopter, suite à la crise de la zone euro, ont aggravé les problèmes d’ordre macroéconomique et de là le climat de confiance des acteurs dans l’économie privée (ménages et firmes de toute sorte). Lorsque, par un sursaut de la démocratie, ces mesures seront abandonnées, il faudra de nombreuses années afin de retrouver le niveau de bien-être économique observé avant l’éclatement de cette crise, induite par le régime néolibéral dont seule la classe supérieure a profité, comme le reconnaît désormais également le Fonds monétaire international dans une publication récente.

Pour sa part, la politique d’«assouplissement monétaire» de la Banque centrale européenne a réduit à zéro le taux d’intérêt directeur sans que cela ait pu contribuer à relancer la croissance économique de la zone euro. Il est évident, en effet, que ni les banques ni les entreprises ne sont prêtes à augmenter le volume des crédits pour financer les activités de production, si la demande sur le marché des produits est visiblement insuffisante pour éponger l’offre déjà disponible. À l’instar des mesures d’austérité, la politique des taux zéro ne peut que bénéficier à la classe supérieure dont la richesse financière augmente au détriment du bien commun.

À cet égard, on ne peut que conclure de deux choses l’une: ou bien les responsables de la politique économique ignorent tout bêtement que le «policy-mix» actuel est un poison pour l’Union européenne, ou alors ils le savent et persévèrent mordicus avec cette politique, afin de montrer que l’intervention de l’État et de la banque centrale dans l’économie ne fait que nuire à l’ensemble du système économique. Tertium non datur.

Sergio Rossi

Sergio Rossi est professeur ordinaire à l’Université de Fribourg, où il dirige la Chaire de macroéconomie et d’économie monétaire, et Senior Research Associate à l’International Economic Policy Institute de la Laurentian University au Canada.