Une réforme structurelle est nécessaire pour éviter la prochaine crise bancaire

Il ne faut pas croire qu’un niveau de fonds propres supérieur aux règles actuellement en vigueur pour les banques d’importance systémique («too big to fail») aurait rendu moins probable une ruée sur Credit Suisse, compte tenu des graves problèmes que cette banque a connus au cours des années qui ont précédé son rachat forcé par sa rivale historique, UBS. Cette ruée bancaire est en fait le résultat d’une série de graves problèmes affichés par Credit Suisse, notamment les pertes milliardaires annoncées pour l’année 2022. Une augmentation des fonds propres de Credit Suisse n’aurait pu éviter une ruée sur cette banque qu’à condition que sa direction générale eût préalablement adopté une stratégie beaucoup moins risquée, réduisant ses activités de banque d’investissement après l’éclatement de la crise financière mondiale à l’automne 2008. C’est d’ailleurs le virage qu’UBS avait été contraint de prendre, l’amenant ainsi à abandonner largement ce type d’activités pour se concentrer sur la banque commerciale et la gestion de fortune, réduisant par conséquent son exposition au risque avec des résultats positifs pour ses actionnaires, et rassurant finalement aussi ses déposants, contrairement à ce qui s’est passé pour Credit Suisse.

Il n’en reste pas moins que l’augmentation des ratios de fonds propres pourrait réduire la complexité de la réglementation bancaire, qui est, en réalité, le fruit de l’imagination des différentes autorités de contrôle: il est en fait impossible d’évaluer correctement les risques associés aux différentes catégories d’actifs financiers. Ceci est d’autant plus vrai qu’une part importante des activités financières des banques est très opaque et complexe. En effet, risque et incertitude ne doivent nullement être considérés comme synonymes, car le premier ne peut être mesuré que s’il existe un nombre fini de scénarios possibles (comme au poker), alors que l’incertitude est liée à l’existence d’un nombre infini de scénarios futurs, rendant alors ledit futur inconnaissable et donc imprévisible. Par conséquent, l’adoption de ratios de fonds propres beaucoup plus élevés que ceux qui existent en l’état pourrait réduire la complexité de la réglementation financière, quand bien même ces exigences demeureraient largement insuffisantes pour empêcher une autre crise financière systémique similaire à celle qui a résulté de la faillite de Lehman Brothers le 15 septembre 2008.

Or, deux critiques récurrentes concernant l’introduction de ratios de fonds propres plus élevés doivent être renvoyées à leur expéditeur (dont les intérêts coïncident généralement avec ceux des institutions financières). La première critique consiste à affirmer que le relèvement des exigences minimales de fonds propres pour les banques entraîne des coûts plus élevés pour celles-ci, donc une diminution de leurs profits. Il n’en est rien dans les faits, puisque les banques sont généralement en capacité de répercuter ces coûts sur les clients auxquels elles accordent des prêts. D’ailleurs, comme l’a noté James Tobin, les banques sont en mesure d’ouvrir des lignes de crédit même si elles ne disposent pas des dépôts préalables. Joseph Schumpeter, peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale, expliquait à ce propos que, dans le cas des banques, ce sont les prêts qu’elles accordent qui créent les dépôts, tandis que c’est logiquement l’inverse pour les institutions financières non-bancaires, telles que les fonds spéculatifs et les compagnies d’assurance. Ces institutions doivent d’abord obtenir le montant d’épargne qu’elles veulent prêter, car elles ont une contrainte budgétaire – que les banques n’ont logiquement pas.

À cet égard, la deuxième critique fallacieuse des milieux financiers est l’affirmation selon laquelle toute augmentation des exigences minimales de fonds propres pour les banques les amènerait à réduire le volume des prêts qu’elles accordent, réduisant ainsi à la fois la croissance et le niveau d’emploi dans l’ensemble de l’économie. Il s’agit également d’un argument facile à réfuter en réalité, puisque les banques peuvent prêter tout montant qu’elles considèrent profitable pour elles, sans qu’aucune limite ne leur soit imposée par un quelconque niveau d’exigences en matière de fonds propres. Ce niveau ne doit être atteint qu’après que la banque ait prêté un montant quelconque: la banque, en fait, ouvre d’abord toute ligne de crédit qui lui semble profitable, et seulement ensuite cherche les dépôts nécessaires pour la financer et satisfaire ainsi aux exigences de fonds propres. Le volume de crédits accordés par les banques résulte donc toujours des choix de comportement de ces dernières, et ce quel que soit le niveau minimum des ratios de fonds propres.

C’est pourquoi la réglementation bancaire se doit d’être entièrement revue, exigeant que les banques qui acceptent de prêter pour réaliser des opérations improductives, c’est-à-dire des opérations purement financières, disposent d’abord de tous les fonds nécessaires pour financer ces opérations. En d’autres termes, il doit y avoir une réserve de liquidité de 100% pour les transactions que les banques décident de financer par des prêts, quand ces transactions ne génèrent aucun revenu dans l’ensemble de l’économie. Ce régime de réserve intégrale ne devrait cependant jamais être appliqué aux prêts bancaires pour les transactions formant un revenu dans l’économie, entendez les transactions à l’origine du produit intérieur brut, suite au paiement des salaires par les entreprises sur le marché du travail – qui est, en fait, le seul véritable facteur de production, à savoir, la seule source logique du revenu national.

Seule une telle réforme structurelle de l’activité bancaire peut empêcher les banques, notamment celles d’importance systémique, de continuer à jouer au grand casino de la finance globale. D’autant plus qu’elles savent désormais pouvoir compter sur l’intervention de l’État en cas d’insolvabilité, faisant ainsi d’elles des institutions financières qui, non seulement dictent les choix aux entreprises de toutes sortes, mais dictent aussi les lois aux autorités politiques et influencent l’élaboration des réglementations financières, de sorte que les intérêts des élites, notamment de la finance globale, sont préservés au détriment du bien commun.

Sergio Rossi

Sergio Rossi est professeur ordinaire à l’Université de Fribourg, où il dirige la Chaire de macroéconomie et d’économie monétaire, et Senior Research Associate à l’International Economic Policy Institute de la Laurentian University au Canada.

53 réponses à “Une réforme structurelle est nécessaire pour éviter la prochaine crise bancaire

  1. “Seule une telle réforme structurelle de l’activité bancaire peut empêcher les banques, notamment celles d’importance systémique, de continuer à jouer au grand casino de la finance globale. D’autant plus qu’elles savent désormais pouvoir compter sur l’intervention de l’État en cas d’insolvabilité…”
    Entièrement d’accord!
    Mais peut-on encore réformer un tel monstre? Telle est la question!

    1. Bonjour SAMY,

      L’ampleur des problèmes qui se posent aujourd’hui dépasse et de loin le cadre financier “réglementé”.

      Par exemple, plus de la moitié des prêts hypothécaires aux Etats-Unis sont financés en dehors du système bancaire et en dehors de tout contrôle comme l’ont déjà démontrés les études de Pinto et Oliner (2015) et Wallace. En Chine, l’économie souterraine est un véritable fléau, tandis que la mise en place de Bâle III (dont les USA se conforment que peu aux règles) est fondamentalement un échec. Ce qui a mécaniquement poussé le “shadow banking” à se développer de façon inconsidérée. En 2016/17, il pesait déjà 150% du PIB mondial, avec 92 000 milliards de dollars. Comment réguler de tels montants? Le problème provient d’une part de l’autisme (ou le copinage?) pathologique de nos gouvernances depuis des décennies (le cas du “CS Gate” en demeure une parfaite illustration) et de l’autre nos économies sont littéralement sous perfusions de dettes. Par ailleurs, face à la chute inéluctable du dollar US et progressivement de l’empire américain, comme nous le constatons à chaque jour qui passe, l’économie de ce dernier reste engagée dans une fuite en avant très inquiétante avec un niveau d’endettement de son économie bien plus important qu’avant la crise de 2008. Le shadow banking n’est donc que la pointe immergée de l’iceberg et la montée en puissance de l’argent virtuel [qui n’attend que la véritable grande correction] une conséquence de la baisse drastique des liquidités. Sans compter le poids stratosphérique du marché des dérivés – hors bilan bancaire et non régulé – des grandes banques internationales. Mais “le club des petits copains d’abord” doit s’en réjouir à présent, puisque nous avons maintenant – au sein de notre petit pays – un plus gros colosse encore et dont les pieds demeurent – quoique l’on en dise – toujours en argile.

      Bien à vous

      1. Il faudrait commencer par supprimer les grandes banques. Les banques trop grandes sont par nature irresponsables.

        1. Il faut commencer par (identifier et) supprimer les causes avant de penser à éradiquer les conséquences, SAMY. C’est-à-dire que le phénomène de l’émergence des grandes banques irresponsables n’est pas le fruit d’une force divine, mais d’une volonté politicienne tout aussi irresponsable. L’adage ne dit-il pas “on ne mord pas la main qui nourrit” (un adage particulièrement frappant aux USA et en Suisse) . Une partie non négligeable des réponses se trouve déjà dans la théorie du “Public Choice”, suffit-t-il à vouloir regarder la vérité en face.

          Bien à vous

          1. Dans l’idéal, vous avez raison.
            Mais lorsqu’une maladie est trop avancée, on est souvent obligée de commencer par traiter le(s) symptôme le(s) plus grave(s) – p.ex. enlever la tumeur – qui risquerait de provoquer la mort, avant de penser aux causes (tabac, amiante, pollution, etc.).
            Dans notre cas, la maladie n’est-elle pas bien trop avancée?

          2. Certes SAMY, mais aujourd’hui le phénomène “too politically connected to fail” a dépassé le concept “too big to fail”. Aussi en Suisse désormais!

            C’est-à-dire que les relations incestueuses entre les politiques et les officionados de la haute finance ont précisément réussi à enfanter ce genre de nouvelle tare que l’on croyait uniquement cantonnée aux États-Unis.

          3. Je suis d’accord avec votre analyse.
            Il reste pourtant une soupape de sécurité dans l’équation – c’est que sans confiance et l’absence de choix des clients, les banques ne valent plus grand’ chose, ni les politiciens d’ailleurs.
            Et les gros acteurs, le savent très bien.
            A un certain moment, la perte de confiance se paie – et contre cela, aucun politicien ni magicien verbal ne peut rien.
            Donc: soit ceux qui en ont encore le pouvoir préparent un atterrissage en douceur à leur folie (et ce serait un moindre mal pour nous et pour eux), soit ils tomberont eux-mêmes dans le trou qu’ils ont creusés (et ce sera très pénible pour nous tous, mais encore bien plus pour eux, qui vont subir la vindicte populaire).
            A choisir, je préfère la première solution.

          4. Nous sommes d’accord SAMY,
            L’espoir fait vivre, faute de quoi j’aurai déjà stoppé mes analyses depuis 15 ans.

            Bien à vous

          5. Selon mes impressions (qui ne valent pas grand chose): il y a aura forcément des adaptations de dernière minute pour éviter le pire, mais cela dépendra sans doute de la politique des différents pays.
            La Suisse sera peut-être un peu plus prudente que d’autres, car son système politique est, malgré tout, un peu moins déconnecté des citoyens.

  2. Une réforme structurelle est nécessaire pour éviter la prochaine crise bancaire? Sans conteste possible mon très cher et estimé Ami Sergio. D’ailleurs, je souscris pleinement à ce billet.

    Mais dans cette ère où le “capitalisme de copinage” (Crony capitalism) a prit le pouvoir, malheureusement la cause me semble perdue tout à l’instar de homo-politicus & Co qui ne retrouvent plus le chemin de la rédemption. Néanmoins, il est désormais vital que le “citoyen lambda” puisse appréhender au mieux la dangerosité des mots (maux). En commençant aussi par “le mythe du capital bancaire” vu sous l’angle des Bonus et de la dépréciation des “actifs”…Une méthode digne des mafias.

    https://www.finance-watch.org/leblog/guide-capital-bancaire-la-resurrection-dun-mythe/

    POURQUOI LA PLUPART DES BANQUES PRÉFÈRENT-ELLES DÉTENIR LE MOINS DE CAPITAUX PROPRES POSSIBLES ?

    “Les banques préfèrent utiliser un fort effet de levier d’endettement afin de maintenir leurs fonds propres au minimum pour plusieurs raisons:

    La première d’entre elles est liée à la façon dont la rémunération des dirigeants bancaires est calculée. La manière la plus usuelle de déterminer la profitabilité d’une banque, c’est par la rentabilité de ses capitaux propres, un ratio communément utilisé pour établir la rémunération des banquiers. C’est le rapport entre deux chiffres : les bénéfices générés par la banque (au numérateur) sur ses fonds propres (au dénominateur). Les banquiers peuvent donc augmenter la rentabilité de leur banque soit en augmentant le bénéfice soit en réduisant les capitaux propres, ou les deux en même temps. La réduction de leurs fonds propres est une source mécanique d’amélioration du retour sur capitaux propres, même en cas de stagnation des profits. Les dirigeants bancaires sont donc intrinsèquement incités à diminuer le montant de fonds propres mobilisés dans leur banque dès qu’ils le peuvent.

    Ces incitations peuvent devenir irrésistibles (voir les graph’s au sein du lien). Le premier graph (en rapport au sujet)montre comment l’effet de levier de l’endettement utilisé par les banques a augmenté rapidement pendant les quatre années précédant la crise (commençant en 2004, l’année où les accords de Bâle II ont étendu les règles de pondération des risques, dont il sera question plus loin). L’autre graph montre les bonus versés aux salariés du secteur financier au Royaume-Uni durant la même période. Nous voyons que les deux courbes ont subi une hausse fulgurante dans les années précédant la crise (on aperçoit également une chute tout aussi rapide des bonus suite à l’apparition de la crise).

    La deuxième raison qui incite à privilégier l’endettement aux fonds propres tient au fait que les investisseurs qui achètent de la dette bancaire, sous forme d’obligations par exemple, sont convaincus que les plus grosses banques seront, quoi qu’il arrive, renflouées par les gouvernements. Cette « garantie implicite » agit comme une subvention indirecte et rend le financement par endettement de ces très grosses banques moins coûteux qu’il ne devrait. Cela encourage donc ces dernières à profiter au maximum de ce biais, au détriment des fonds propres plus onéreux.

    La troisième raison est l’avantage fiscal que procure le financement par endettement : l’intérêt payé sur la dette est déductible de l’impôt sur les bénéfices alors que les dividendes sur les fonds propres ne le sont pas. Cette mesure fiscale fait donc aussi office de subvention.

    Toutes ces raisons créent un environnement favorable pour inciter le lobby bancaire à lutter contre un renforcement des exigences concernant les fonds propres des banques et un ratio d’endettement plus contraignant, tout en minimisant les externalités négatives des coûts sociétaux que la sous-capitalisation bancaire entraîne”.

    À cet égard, le courage de l’éminent Professeur Sergio Rossi ne peut être que salué lorsqu’il balance ce formidable coup de pied dans la fourmilière:

    👏”…C’est pourquoi la réglementation bancaire se doit d’être entièrement revue, exigeant que les banques qui acceptent de prêter pour réaliser des opérations improductives, c’est-à-dire des opérations purement financières, disposent d’abord de tous les fonds nécessaires pour financer ces opérations. En d’autres termes, il doit y avoir une réserve de liquidité de 100% pour les transactions que les banques décident de financer par des prêts, quand ces transactions ne génèrent aucun revenu dans l’ensemble de l’économie.

    👏Ce régime de réserve intégrale ne devrait cependant jamais être appliqué aux prêts bancaires pour les transactions formant un revenu dans l’économie, entendez les transactions à l’origine du produit intérieur brut, suite au paiement des salaires par les entreprises sur le marché du travail – qui est, en fait, le seul véritable facteur de production, à savoir, la seule source logique du revenu national.” (Dixit S.R.)

    1. 24 au soir. Voilà, voilà…on y vient tout doucement dans les médias étrangers: “La ruine de la dette subordonnée “AT1” du “CS Gate” aura fournit une nouvelle richesse au “ratio de capital” – respectivement le ratio de solvabilité Common Equity Tier1 – basculant de 14,3% à 20,3 % 😉

  3. Matière à penser en partage =>

    1) “La Suisse n’a pas besoin de 2 grandes banques.
    (…) On peut aussi se demander si elle a besoin de 24 banques cantonales. Je ne pense pas.”
    Sergio Ermotti, président de Swiss Re, ancien CEO de UBS, cité dans la NZZ am Sonntag (PME magazine, octobre 22, page 6)

    2) LA SUISSE MANIPULÉE PAR UBS (…) Les gens de l’UBS avaient ad­mi­ra­ble­ment pré­pa­ré le ter­rain… Acker­mann prêche peut-être pour sa pa­roisse mais on com­prend qu’il s’étonne qu’au­cune consul­ta­tion plus large n’ait eu lieu les jours pré­cé­dents ce choc im­mense. Il va jus­qu’à dire que les dé­ci­deurs se sont trou­vés «pri­son­niers». De qui? Il ne le dit pas. Mais c’est clair. A l’ap­pui de sa thèse tombe une ré­cente in­for­ma­tion de Bloom­berg. Dès le début de l’an­née, le patron d’UBS a consti­tué un pe­tit groupe d’ex­perts, avec ceux de son «alma ma­ter» (sic) Mor­gan Stan­ley, pour pré­pa­rer le scé­na­rio de la re­prise du CS en voie d’ef­fon­dre­ment. Sous un ri­gou­reux «top se­cret» et à l’insu des cadres.”

    https://bonpourlatete.com/actuel/la-suisse-manipulee-par-l-ubs

    3) “CS: l’intervention de la Confédération était illégale”

    Prof. Carlo Lombardini, avocat, qui prépare une plainte pénale

    http://www.rts.ch/play/tv/forum/video/la-confederation-pourrait-devoir-dedommager-les-detenteurs-dobligations-leses-par-le-rachat-de-credit-suisse-interview-de-carlo-lombardini?urn=urn:rts:video:13948987

    4) “Jacques de Larosière a passé toute sa carrière à la tête de grandes institutions financières : il a été notamment directeur général du FMI, et gouverneur de la Banque de France. Son expérience au coeur du système lui offre une connaissance rare des rouages de nos économies modernes. Il porte un regard extrêmement critique sur la gestion de la monnaie par les banques centrales, et dénonce avec vigueur les dérives de la finance. Son témoignage est rare : Jacques de Larosière fait partie de ces rares voix dissidentes qui parlent en connaissance de cause, en remettant en question la gestion calamiteuse de notre système économique, favorisant 10% de la population au détriment de 90% d’entre elle.”

    http://www.youtube.com/watch?v=KX5ZYMPd56E

    5) PLANÈTE FINANCE, avec notamment sur le CAT BOND-L’OBLIGATION CATASTROPHES

    http://www.arte.tv/fr/videos/RC-023746/planete-finance/
    http://www.arte.tv/fr/videos/098822-000-A/planete-finance/

    6) “THE RISE OF CENTRAL BANKS. STATE POWER IN FINANCIAL CAPITALISM.
    A bold history of the rise of central banks, showing how institutions designed to steady the ship of global finance have instead become as destabilizing as they are dominant.”

    http://www.hup.harvard.edu/catalog.php?isbn=9780674270510

  4. Merci pour ce blog et les commentaires bien informés.
    Il ne reste plus qu’à rédiger un article constitutionnel et à le déposer sous forme d’initiative fédérale.
    Quel parti va se lancer? Une initiative permettra de débusquer les hypocrites. Vu que les élections fédérales c’est bientôt, le peuple saura pour qui voter.
    Cela fera d’une pierre deux coups.
    Amitié

  5. Commencer par réintroduire les accords de Glass-Steagall… ça ne résoud pas tous les maux mais au moins on peut espérer que le “too big to fail” se dissipe un peu et que les banques réapprennent à considérer leur risque sans compter sur une aide financière de la collectivité en cas de pépins…

  6. 😉Extraits choisis comme une piqûre de rappel😉
    ———-
    RAYMOND
    13 décembre 2022 à 16 h 57 min

    “Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison (35): La planète des singes

    À quoi fais-je référence; les “3 Singes” au sein d’”Analectes”, l’ouvrage de Confucius, ou la réinterprétation de sa maxime par le philosophe allemand Nietzsche? “Quand ton regard pénètre longtemps au fond d’un abîme, l’abîme lui aussi pénètre en toi”, sous-entendu lorsque l’on est confronté au mal, le mal peut aussi s’emparer de nous”. Certes, la deuxième version pourrait se calquer à merveille à l’homo-politicus! Pourquoi dès lors ne pas pousser le bouchon jusqu’à l’allusion à cette série télévisée américaine – “Planet of the Apes” – créée par Anthony Wilson et diffusée en 1974 sur CBS? Deux astronautes, Virdon et Burke, dont le vaisseau s’est écrasé sur une planète inconnue découvrent rapidement qu’ils sont retournés sur Terre, mais dans un futur lointain où les singes intelligents dominent les humains. En conséquence, je suis tenté de choisir cette version pour qualifier nos créatures particulièrement résilientes et toujours prêtent à s’attaquer aux risques pesant sur notre planète.

    Ironie – aujourd’hui 13 décembre 2022 – la Banque centrale d’Angleterre (BoE) nous dit qu’elle va tester la résistance des instituts financiers non bancaires, cette “finance de l’ombre” (Shadow banking) responsable notamment du choc sur le marché de la dette britannique en septembre dernier. La Banque centrale d’Angleterre va exécuter un exercice de scénario focalisé sur les risques venus d’instituts financiers non bancaires, comme les fonds d’investissements actifs sur le marché de la dette britannique comme l’a affirmé le gouverneur de la BoE, Andrew Bailey, dans un courrier adressé au ministre des Finances…Ceci n’est pas sans me rappeler quelques souvenirs, notamment cet échange avec l’ancien conseiller de Banques centrales et macroéconomiste hétérodoxe – Michel Santi, le 03 septembre 2012 (oui, 2012)
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    Raymond:
    Si « les flambées boursières sont construites sur du vent et sur de la pure spéculation », la finance de l’ombre (Shadow banking) semble pas plus inquiéter que ça, et pourtant il y a de quoi attraper des sueurs froides. Le Produit National Brut planétaire avoisine 50’000 milliards de USD. Et 800’000 milliards USD de produits dérivés circuleraient dans le monde par le truchement du “shadow financial system”, dont 16’000 milliards aux USA…
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    Michel Santi:
    Quels sont les fondamentaux justifiant un Dow Jones au plus haut depuis plus de 3 ans et un NASDAQ au plus haut depuis 10 ans? Aucun, si ce n’est que cette finance de l’ombre poursuit – et se complaît – dans sa fuite en avant (…)
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    Où en est-on à présent, en 2022, c’est-à-dire une décennie plus tard, de la régulation ambitieuse du “shadow financial system”? D’autre part, beaucoup ont sans doute déjà oublié l’an 2014➡️ marqué par l’autopsie d’un échec, celui des nouveaux accords de Bâle III. Il y fut supprimé sur la version 2010 de la clause initiale de Bâle III (version 2009) prévoyant d’inclure une majoration spécifique du notionnel pour les produits dérivés de crédit ; un alignement des normes bancaires européennes IFRS – plus strictes et prudentielles qui obligeaient les banques européennes à comptabiliser leurs positions en brut − sur les normes comptables des banques américaines comptabilisant en net. Assouplissement des critères de liquidité auxquelles elles furent désormais soumises à partir du 1er janvier 2015 et qui répondait aux demandes pressantes des acteurs du secteur financier, mais se révèle de facto très insuffisant. La base des actifs comptabilisés comprenant les liquidités, inclut désormais des obligations, des actions et 👉certains types d’emprunts hypothécaires (volatils*) ce qui ne correspond plus aux règles prudentielles élémentaires👈 Cependant les banques devront provisionner à hauteur de 60% cette même année, puis 70% en 2016 et ainsi de suite pour atteindre 100% en 2019. Où en est-on à présent, en 2022, de cette “impossible” régulation des produits dérivés? Les chefs de clans vont peut-être pouvoir nous éclairer
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    ♟ 25.04.2023: Si UBS a fait état d’une baisse de 52% de son bénéfice au premier trimestre 2023 (T1) – la raison est avant toute occasionnée par une augmentation des provisions liées à ➡️ un cadavre vieux de 15 ans portant sur les titres adossés à des créances hypothécaires résidentielles (RMBS) aux Etats-Unis⬅️Eh oui, le temps qui passe est une véritable richesse parce qu’il permet d’effacer les consciences: “- Imaginez aujourd’hui le jeune banquier d’UBS aux dents affûtées âgé de 30 ans, draguer les minettes avec son boguet alors qu’il n’avait que 15 ans en 2008. Il est évident qu’à cette époque, un “RMBS” était du charabia pour lui; peut-être encore à présent d’ailleurs”.

    Par contre, l’on ne peut pas en dire autant du “George Clooney de la haute finance internationale” – Sergio Ermotti – entré chez Merrill Lynch, une banque d’investissement américaine, à Zurich en qualité de vice-président. Il y est amené par Marcel Ospel (l’ancien gangster de la banque aux Trois-Clés) qui lui-même retournera peu après chez la Société de Banque Suisse (ancêtre d’UBS) dont il deviendra le président en 1996. Chez Merrill Lynch, Sergio Ermotti prend part tout d’abord aux dérivés sur actions et activités sur les marchés des capitaux et il développe les marchés financiers en Suisse romande. En 1993 il est nommé Managing Director et il s’installe à Londres en tant que responsable de la division des dérivés sur actions européennes. En 1996 il s’installe à New York pour un an en tant que responsable du global equity derivatives. Ensuite, il gravit les échelons en assumant des responsabilités toujours plus importantes dans la division de l’Investment Banking. De 2001 à 2003, il travaille en tant que Senior Vice President, coresponsable de l’unité marché global des actions. Il devient par ailleurs membre de l’Executive Management Comittee for Global Markets & Investment Banking de Merrill Lynch.

    En 2005, sentant sans doute déjà le vent tourner, il quitte Londres pour Milan où il rejoint UniCredit Group en qualité de Deputy General Manager, responsable de la division Markets & Investment Banking. En 2007 il est nommé Group Deputy CEO d’UniCredit, responsable de la Zone Markets & Investment Banking, Corporate et Private Banking; position qu’il occupe jusqu’à la fin de l’année 2010. En avril 2011 il revient en Suisse et entre chez UBS en qualité de Chairman et CEO pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique et de membre de la Direction Générale du Groupe. Le 24 septembre 2011, il est nommé Group CEO ad interim d’UBS à la place du démissionnaire Oswald Grübel, position qui lui a été confirmée définitivement par le Conseil d’Administration en novembre 2011. En avril 2011 il revient en Suisse et entre chez UBS en qualité de Chairman et CEO pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique et de membre de la Direction Générale du Groupe. Le 24 septembre 2011, il est nommé Group CEO ad interim d’UBS à la place du démissionnaire Oswald Grübel, position qui lui a été confirmée définitivement par le Conseil d’Administration en novembre 2011.

    Pour le reste du jeu des chaises musicales, on connaît la musique et l’UBS (avec le deal du CS Gate) est en de bonnes mains avec le “boss de l’investissement banking international” 🙈🙊🙉

    * L’anecdote des alchimistes : Un “Residential Mortgage Backed Security” (RMBS) n’est autre qu’un produit financier issu de la titrisation (ingénierie bancaire) de crédits hypothécaires résidentiels. Il permet aux établissements financiers de s’en décharger (en transformant un crédit en actif pseudo liquide) auprès d’autres établissements, éliminant ainsi le risque de non remboursement adossé à ces prêts.

  7. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 – Master class – La félonie a offert les clés du château (de cartes).

    Le concept de félonie a longtemps été un concept de base de la justice anglaise et aujourd’hui de la justice des États-Unis d’Amérique ou de la Suisse. L’acte de félonie correspond sensiblement à un “crime sérieux”. Pouvait être accusée de félonie toute personne commettant un trouble significatif à l’ordre public ou comme en Suisse, avec “une violation” de la Loi fédérale sur les banques et les caisses d’épargne”, même si cette action reste d’utilité publique: C’est-à-dire vue sous l’angle de l’Intérêt général et du bien commun.

    Or, si l’on maîtrise parfaitement qu’un acte de félonie est une offense d’un vassal envers son seigneur, l’on omet fâcheusement la réciprocité du seigneur envers son vassal. D’ailleurs, l’allégeance répétées de nos gouvernances à l’idéologie néo-libérale depuis des décennies est à marquer au fer rouge. Et ce n’est plus en se cachant derrière un masque de fer qu’ils peuvent ignorer leur haute trahison envers le Libéralisme de nos pères fondateurs. Ces deux dernières décennies sont emblématiques du sujet et pourtant la roue nous ramène toujours au point de départ. Prenons également le sujet au programme avec l’instabilité financière et l’importance de la destruction du capital dans la lutte contre l’inflation, qui est souvent ignorée.

    Les économistes “maintream” ont tendance à croire qu’il y a peu de corrélation entre les prix des biens et services de tous les jours et la valorisation des actifs financiers, car beaucoup rejettent volontiers la cause monétaire de l’inflation, et la hausse des valorisations est également un phénomène monétaire. De la même manière que l’inflation des actifs financiers précède l’augmentation des prix à la consommation en période d’expansion monétaire; la destruction de capital apparaît plus tôt que la baisse de l’inflation de l’IPC en période de contraction monétaire. Sans dépréciations importantes des actifs financiers, il est extrêmement difficile d’envisager un véritable processus de désinflation. Pourquoi? Étant donné que les valorisations élevées des actifs financiers conduisent à des normes de prêt plus souples, à des niveaux de croissance du crédit complaisants et à une hausse des prix à la consommation. Lorsque les banques centrales deviennent le prêteur en premier ressort au lieu du prêteur en dernier ressort et passent de l’inflation à la “stabilité financière” sous la forme d’un maintien des prix des actifs élevés (actions, obligations et immobiliers), elles abandonnent également la réduction des prix à la consommation comme objectif. Le dilemme de la stabilité financière et économique. Le rôle des banques centrales n’est pas de maintenir la hausse des prix des actions, des obligations (bons du Trésor) et de l’immobilier, encore moins d’empêcher une correction naturelle et même saine. Nous pouvons penser que les banques centrales ne visent pas une hausse des prix des actifs financiers, mais les preuves étayent l’argument inverse. Les banques centrales se soucient des marchés parce qu’elles croient en l’impact de l’effet de richesse sur l’économie réelle (et du mythe erroné de la théorie du ruissellement). Lorsque les gens sentent que leurs maisons ont plus de valeur et que leurs actions valent plus, ils sont enclins à dépenser plus et à prendre plus de crédit. Cet effet de richesse (une illusion) est aussi la preuve avancée précédemment : les prix des actifs financiers mènent la poussée inflationniste, et seule la destruction de capital dans ces mêmes prix d’actifs peut réellement faire baisser les prix des biens et services.

    Le problème se pose lorsque les banques centrales ignorent les valorisations excessives sur les marchés financiers pendant une période trop prolongée. Une fois que cette situation se présente et que nous vivons, comme nous l’avons fait depuis 2020, dans la « bulle de tout » qui se révéla enfin au grand jour (grâce ou à cause des chocs pandémique et géopolitique) il devient de plus en plus difficile de lutter contre l’inflation sans effrayer (voir effondrer très sérieusement) les marchés financiers. L’effondrement de certaines banques régionales aux États-Unis est la preuve d’une destruction de capital. Tout comme à sa manière la ruine organisée de la dette subordonnée “AT1” du “CS Gate”. L’effet “bank run” (crise de confiance dans un multi contexte d’une troisième guerre économique mondiale) amplifie le processus puisque la base d’actifs diminue rapidement, les dépôts partent et la moins-value non réalisée est supérieure à la capitalisation boursière cotée.

    Une augmentation massive de la quantité de monnaie a conduit à la poussée d’inflation de 2021-2022. Les découvertes récentes de Borio (2023, BRI), Hanke (2020) ou Congdon et Shaw (2023) montrent l’effet de causalité indéniable sur l’inflation de l’augmentation substantielle de la croissance monétaire bien au-dessus du PIB réel. Nous subissons maintenant l’effet inverse renforcé par la perte progressive du “dollar smile US”. La croissance monétaire s’effondre, l’impulsion du crédit s’estompe et la destruction de capital manifestée par la baisse des prix de la plupart des actifs commence à être un indicateur avancé significatif d’un ralentissement plus agressif de l’économie. Les banques centrales ne peuvent plus organiser un atterrissage en douceur (soft landing) de l’économie lorsqu’elles ont créé une grosse bulle qui nécessite des dépréciations importantes (hard landing) dans la plupart des entités financières et un resserrement du crédit avec elle (augmentation des taux et renforcement des règles prudentielles en matière d’octroi de crédit, notamment commerciaux).

    À présent que le diable est sorti de sa boîte sous les applaudissements de la société des marchands – dès les années 70/80 – qu’il n’aura que le début des années 2000 pour se mordre la queue dans une fuite en avant généralisée, pourquoi doit-on s’étonner encore aujourd’hui, alors que les félons sont devenus démocratiquement nos seigneurs avec les clés du château de cartes? Notre voisin français, pas si éloigné de la Suisse, l’a expérimenté bien avant nous pourtant. Eh oui, dès lors un champ de ruines, peu se souviennent que la France devait franchir en 1973 une étape historique sur le chemin de la libéralisation financière internationale, “en s’interdisant de recourir à la planche à billets de sa banque centrale. C’est en effet à cette aune qu’il faut interpréter les nouveaux statuts de la Banque de France, adoptés le 3 janvier 1973 – et particulièrement leur article 25 – indiquant que le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France”. Le trousseau ainsi remis définitivement à cause du lead français en Europe, les États sont ensuite devenus à la merci du système bancaire puisque leur Trésorerie n’était de facto plus en droit d’emprunter auprès de sa banque centrale. “Tournant crucial dans la gestion des finances publiques des nations occidentales, et même mondiales, qui emboîtèrent dès lors le pas à la France, ne devant du reste rien au hasard à une époque où elle était présidée par un ancien banquier, Georges Pompidou”.

    Inutile à revenir à nouveau sur la “féodalité” reprise en 1979 par l’arrivée au pouvoir de Thatcher en Grande Bretagne (Big Bang des marchés financiers en 1986) et de Reagan en 1981aux Etats-Unis (Reaganomics). La continuité n’étant qu’une suite logique: La réciprocité de la félonie du seigneur envers son vassal, classant l’Intérêt général et le bien commun au rang des mythes mais avec une absolution totale et des privilèges de toutes sortes. Nous sommes malheureusement, avec cette nouvelle forme de féodalité, à des années lumières du qualificatif “de crime sérieux”.

  8. Bonjour SAMY,

    Lorsque vous écrivez en 2023 : “La Suisse sera peut-être un peu plus prudente que d’autres, car son système politique est, malgré tout, un peu moins déconnecté des citoyens”. Personnellement et sans vouloir blesser personne, j’aurai plutôt tendance le formuler différemment: “Le citoyen helvétique est plutôt déconnecté du système politique parce qu’il a pour habitude de lui accorder une confiance traditionnelle”

    Il paraît pourtant évident que depuis la débâcle de Swissair pilotée par “le parti des banques”, à une époque où les grandes banques helvétiques voulaient jouer dans la cour des grands (modèle de banque universelle/invesment banking)…

    https://www.swissinfo.ch/fre/d%C3%A9b%C3%A2cle-de-swissair–il-y-avait-pourtant-eu-des-avertissements/2305292

    …la Suisse n’a eu de cesse à perdre des plumes sur l’échiquier mondial. Ne parlons même pas de l’Intérêt général. Mais le bon partisan reste encore confiant envers ce parti (un groupe d’intérêts pour petits copains d’abord) qui creusa la tombe du Libéralisme des pères fondateurs, au profit du Néolibéralisme de prédation. Cherchez les erreurs, alors que leurs enfants de chœur sont à présent les premiers de cordée à s’offusquer sur les derniers errements…

    https://amp-rts-ch.cdn.ampproject.org/v/s/amp.rts.ch/info/economie/13908861-myret-zaki-la-suisse-nest-pas-assez-puissante-pour-avoir-des-megabanques.html?amp_gsa=1&amp_js_v=a9&usqp=mq331AQIUAKwASCAAgM%3D#amp_tf=Source%C2%A0%3A%20%251%24s&aoh=16825019691052&referrer=https%3A%2F%2Fwww.google.com&ampshare=https%3A%2F%2Fwww.rts.ch%2Finfo%2Feconomie%2F13908861-myret-zaki-la-suisse-n-est-pas-assez-puissante-pour-avoir-des-mega-banques-.html

    https://michelsanti-fr.cdn.ampproject.org/v/s/michelsanti.fr/bns-rien-ne-va-plus?amp=&amp_gsa=1&amp_js_v=a9&usqp=mq331AQIUAKwASCAAgM%3D#amp_tf=Source%C2%A0%3A%20%251%24s&aoh=16825004438480&csi=1&referrer=https%3A%2F%2Fwww.google.com&ampshare=https%3A%2F%2Fmichelsanti.fr%2Fbns-rien-ne-va-plus
    —-
    https://www.illustre.ch/magazine/bns-aspire-lepargne-suisses

    …Vaudevillesque ou totalement schizophrénique. Continuons ainsi, la Suisse reste en de “bonne mains” (un vrai paradoxe).

    Ensuite, lorsque vous nous faites partager votre espoir, que je respecte néanmoins, en soulignant “qu’il y a aura forcément des adaptations de dernière minute pour éviter le pire, mais cela dépendra sans doute de la politique des différents pays”, alors j’ai une question. Tout d’abord, tous les ingrédients, aujourd’hui, quinze ans après 2008, tendent vers une conflagration économico-financière bien pire qu’elle ne l’a été auparavant. Alors, pouvez-vous nous dire qu’elles ont été les véritables et SÉRIEUSES mesures prises depuis (seulement au niveau monétaire et sur le plan de la régulation financière – hormis celles visant à gagner du temps en aggravant l’état du patient)? Ça m’intéresse.

    Bien à vous

    1. Mon impression n’est pas liée au citoyen suisse, mais au politicien suisse. Je considère que les politiciens suisses sont, malgré tout, un peu plus proches des citoyens ordinaires qu’ils ne le sont dans les autres pays de la région.
      Dès lors, ils ne seront pas capables d’être complètement déconnectés de la population lorsque la crise deviendra brutale, et voudront éviter le pire, en amortissant le choc autant que possible.
      Pour le reste, les conditions sont bien plus graves qu’en 2008, car la financiarisation de la vie humaine a encore largement augmenté depuis 2008.
      Les mesures à prendre sont d’abord individuelles – réduire si possible son endettement, conserver un peu de cash en réserve. Disposer de réserves d’eau potable, d’un peu de nourriture et de bien de première nécessité. Nouer des relations de solidarité avec les voisins, au niveau commercial, etc.
      Le système économique est ainsi fait que tout ce qui pourrait alarmer est devenu tabou. Dès lors, il n’y aura pas d’adaptation systémique. C’est une fuite en avant.
      Vu l’état de d’endettement actuel et la logique qui est à l’œuvre (concentration toujours plus malsaine du pouvoir), je ne crois pas une seconde qu’il soit possible de sauver ce système financier.
      Mais il reste possible d’atténuer le choc de sa chute – pour la population. C’est ce qui m’intéresse.
      Des adaptations sont et seront toujours possibles. L’intelligence est la capacité à s’adapter à une situation. L’être humain est capable de s’adapter, même lorsque cela s’avère difficile.
      En revanche, les structures abstraites qui ne sont basées que sur le profit immédiat ou le paraître seront réduites à pas grand’ chose.

      1. Pour effectuer un “baiser de la mort” (aux d’échecs), certes, il faut être proche (j’ironise bien évidemment). La démocratie directe reste en effet un outil fantastique, encore faut-il que le bon peuple puisse s’affranchir d’une “éducation conditionnée à l’ignorance”. Comprenons bien, comme l’a d’ailleurs très bien souligné notre hôte dans un billet de 2016, “l’approche néolibérale n’a pas réduit l’intervention de l’État dans le système économique, mais a permis aux pouvoirs forts dans ce système de contrôler les institutions publiques afin d’utiliser le rôle de l’État pour atteindre l’objectif final du néolibéralisme, qui consiste à mettre le plus grand nombre possible de personnes dans une situation de besoin – donc dans une position de faiblesse et de servitude face à ces pouvoirs forts, leur permettant ainsi de faire leurs propres intérêts sans aucun type de contrainte”. Encore un paradoxe que beaucoup devraient commencer à comprendre!

        PS: SAMY, j’ai très bien saisi que votre impression n’est pas liée au citoyen suisse, mais au politicien suisse. C’est pourquoi j’ai rajouté: “le citoyen helvétique est plutôt déconnecté du système politique parce qu’il a pour habitude de lui accorder une confiance traditionnelle”. Mais j’aurais pu tout aussi bien qualifier cette confiance par “irrationnelle”.

        1. Cher Raymond,
          La confiance n’est pas irrationnelle – elle est une forme de dette implicite pour celui qui la reçoit. Bien évidemment, en ces temps d’endettement irrationnel, les politiciens imaginent qu’ils n’auront pas à la rembourser.
          C’est une erreur. On finit toujours par se retrouver face à ses débiteurs.
          D’autre part, bien avant le système néo-libéral, en Suisse, la collusion entre les Banques cantonales et les dirigeants des Cantons était complètement présente.
          C’est une collusion qui est ancienne.
          Ce qui est nouveau, c’est la délégation et la privatisation progressive de l’Etat, afin de poursuivre la financiarisation de ce qui a de la valeur. Idem pour la santé, les communications, etc.
          Le capitalisme est ainsi fait qu’il cherche toujours à augmenter la taille de ses marchés.
          Donc la seule solution serait de le limiter volontairement à certaines sphères et de l’interdire à d’autres sphères.
          Mais quel politicien aurait la force politique en ce moment de revenir en arrière?
          Seul la population pourrait le faire – par le boycott, l’adaptation, etc.

          1. Cher SAMY,
            Votre sagesse philosophique vous honore. Merci également pour votre maxime sur la confiance, une perle que je m’en vais garder précieusement.

            Cordialement

  9. N’ai-je pas écris Vaudevillesque?

    “Il est clair qu’il y a des leçons importantes à tirer de la crise du Credit Suisse pour les futurs préparatifs de crise”, a déclaré Urban Angehrn, chef de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA), dans un communiqué”

    https://www.thelocal.ch/20230426/swiss-regulator-aims-to-draw-lessons-from-credit-suisse-debacle

    Il était où “le théâtre des guignols en 2008 et post 2008? En mode pause🤡

    N’ai-je pas écris schizophrénie?

    “(…) En ce qui concerne la BNS, ses pertes de 132 milliards ont fait fondre ses fonds propres de 20% du bilan à 7%. Elle aussi a vu sa vigilance s’endormir lorsqu’elle s’est exposée massivement aux obligations en euros, dont la valeur a chuté avec la hausse des taux, et pour près de 200 milliards de dollars à des actions américaines surévaluées (…)”

    Une de mes connaissances, le macroéconomiste Michel Santi [auteur et par lequel j’ai décliné sa demande de collaboration pour cet ouvrage] Michel Santi s’interpelle [et il n’est pas le seul]: “Comment les citoyens de ce pays tolèrent-ils sans broncher un tel retournement de fortune de leur banque centrale ayant basculé d’un bénéfice de 26 milliards en 2021 à une perte de 132 milliards en 2022?”

    https://www.blick.ch/fr/news/opinion/chronique-de-myret-zaki-bns-credit-suisse-leurs-debacles-ont-le-meme-coupable-id18515380.html

    Michel Santi s’étonne [et il n’est pas le seul, loin s’en faut, suffit-t-il de reprendre également la nature de l’ensemble des analyses et billets postés sur ce blog depuis des lustres] de voir comment “un établissement de l’envergure de la BNS n’a pas intégré l’incertitude au sein de son processus de prise de décision dans le cadre de sa création monétaire et de ses investissements financiers (…)”

    “(…) la BNS, en tant qu’acteur souverain, a moins d’excuses pour les pertes qu’elle a générées, estime l’auteur de “BNS, rien ne va plus” : “Un établissement de l’envergure de la BNS aurait dû se comporter autrement, car il ne pouvait ignorer que l’instabilité est au cœur même du monde de la finance (…)”

    “(…).Quant à la BNS, elle ne distribuera plus de bénéfices aux Suisses au moins jusqu’en 2027, ce qui achèvera d’anihiler la crédibilité des arguments en faveur d’investissements aussi spéculatifs (…)
    —-

    Voilà de quoi fournir à présent un bon alibi pour finir le chantier. Détricotement de l’AVS par exemple, ou remise aux calendes grecques d’une réforme ambitieuse (et coûteuse) de la LAMal. L’orthodoxie à marche forcée et en pilotage néolibéral 🙈🙊🙉

  10. Lorsque l'”imprévisible” devient tellement prévisible, c’est malaisan🤔

    *****
    RAYMOND
    👉29 septembre 2022 à 12 h 41 min

    Afin de préserver l’hégémonie du Dollar, Jerome Powell se serait-il perdu à trop vouloir jouer avec les bulles?

    Comme on le sait, si les bulles ont de larges répercussions sur l’économie réelle car elles génèrent des effets de richesse qui stimulent alors, par exemple, la dépense des ménages, inversement, l’éclatement des bulles détériore le bilan des agents économiques et entraîne un ralentissement parfois dramatique de l’activité réelle. Les déséquilibres qui mènent finalement à une crise financière peuvent être également difficilement identifiables ex ante, en particulier s’ils sont consécutifs à une quelconque forme d’innovation. Ce qui n’est point le cas, par exemple, lorsqu’un garant (BC) de la politique monétaire emprunte la voie sinueuse des mesures non conventionnelles (relance monétaire), en l’absence de da courroie de transmission budgétaire (relance budgétaire) – du ressort des seuls gouvernements. C’est à dire conduire une politique contracyclique qui ne doit pas profiter à l’exubérance irrationnelles de quelques marchés financiers, mais plutôt aux retombées positives sur l’économie réelle. Les modèles de bulles s’inspirent en l’occurrence activement de la relecture des travaux de Hyman Minsky pour considérer que, dans la phase initiale du cycle d’une bulle, un gain de productivité, une nouvelle technologie, une disruption, ou une innovation financière relève les anticipations de profits et de croissance économique. Le boom qui voit alors le jour se caractérise par une faible volatilité, une hausse du crédit et une expansion de l’investissement.

    https://ses.ens-lyon.fr/images/actualites-rapports-etudes-et-4-pages/2016-09-28-bdf-mot-actu-bulle-speculative.jpg

    À contrario, une bulle qui débouche systématiquement sur l’instabilité financière est foncièrement nocive, à condition toutefois que l’on soit dans une conjoncture proche du plein emploi. En 2009, nous sommes plusieurs à avoir constaté la bulle des Bons du Trésor Américains, conséquence directe des bulles l’ayant précédé, à savoir les bulles immobilière, boursière, pétrolière et des matières premières. Ne sachant plus où placer leurs liquidités suite à la crise du crédit (subprime), les investisseurs du monde entier se sont rués sur les Bons du Trésor Américains, ceux à 3 mois ayant d’abord offert une rentabilité négative en décembre 2009 – pour la première fois depuis 1929. Rien qu’au 9 décembre 2009, la Trésorerie US a vendu 30 milliards de Dollars d’obligations ayant une durée de vie de 4 semaines à un taux de 0% et le 24 décembre de cette même année, les Bons du Trésor US à 10 ans offraient un rendement de 2.18% comparé au taux de 4.08% offert dans les six mois précédents. Cette ruée apocalyptique vers les obligations d’Etat Américaines reflétait parfaitement la panique de l’investisseur global à la recherche d’un placement sûr suite à l’effondrement des bourses, à la dégringolade du marché immobilier et aux multiples plans de sauvetage de banques ayant déjà perdu plus de 1’000 milliards de dollars US. Cependant, cette ferveur de placement vers le papier valeur US semblait présider à la création d’une nouvelle bulle d’autant plus pernicieuse que ces investissements offraient des rendements nuls. En effet, tout rendement sur investissement se doit d’être jaugé à l’aune du risque sous jacent à cet investissement : A risque élevé, rentabilité élevée! Or l’investisseur planétaire acceptait dès lors une rentabilité nulle pour des obligations Américaines dont la valeur intrinsèque risquait de s’effondrer à tout moment dès lors que le marché se rendra compte – le jour venu! – que l’Etat Fédéral US ne peut indéfiniment faire fonctionner sa planche à billets en inondant banques, le secteur automobile et l’économie en général. Plus prosaïquement, ces obligations pourraient se dévaloriser d’une part en cas d’un prévisible retour de l’inflation entraînée par les flots de liquidités qui se sont déversés durant des lustres sur les marchés ou d’autre part, si des chocs exogènes e-o endogènes venaient à se réaliser. De fait, l’implosion d’une bulle au sein même du marché des Bons du Trésor Américains aurait en soi un évènement spectaculaire et dramatique qui affecterait des millions d’investisseurs, les plus fragiles étant bien-sûr les retraités ayant jusqu’à présent considéré le placement en Bons du Trésor Américains comme l’investissement sécuritaire par excellence. Une implosion de ce marché aurait nuit de surcroît irrémédiablement à une crédibilité US déjà fort entamée, principalement auprès des investisseurs étrangers – propriétaires de la moitié de ces Bons du Trésor – qui continuent toujours à financer les déficits US en 2022, alors qu’ils l’ont si bien fait dans les années précédentes en dépit de taux proches du zéro. Ainsi, il va de soi que la perte de cette stature internationale dont bénéficient les Bons du trésor Américains aurait mis sérieusement en péril le Dollar US en sa qualité de première monnaie de réserve mondiale.

    Dans cette politique Américaine du “quoi qu’il en coûte” pour préserver en parallèle l”‘hégémonie du dollar” et, dans cette hypothèse, la première parade idéologique en cette fausse croyance dans la théorie du ruissellement, ne fallait-il aux maîtres du monde de conduire des politiques monétaires non conventionnelles qui encouragerait dès lors les marchés financiers et immobiliers à gonfler comme des ballons de baudruche?

    https://www.visualcapitalist.com/wp-content/uploads/2019/12/world-markets-chart-mobile.jpg

    Puis, voyant cette exubérance-irrationnelle atteindre des sommets – en plein chocs exogènes et endogènes avec ses retombées mondiales extrêmement négatives – resserrer drastiquement la politique monétaire en remontant les taux d’intérêts afin d’attirer des capitaux frais avec les conséquences fâcheuses que l’on imagine sur la croissance (récession mondiale).

    That is the question!

    *****
    RAYMOND
    👉30 septembre 2022 à 11 h 45 min

    L’anecdote du jour valant comme un énième “Voyage dans le temps et l’espace”

    Dans cette tourmente qui embrasse actuellement les marchés, un nom revient dans les esprits plus de 14 ans après la grande conflagration de 2008: Blythe Sally Jess Masters. Rappelez-vous, “Blythe Masters” est née le 22 mars 1969 à Oxford au Royaume-Uni; mais pourquoi cette question? Tout d’abord, Blythe Sally Jess Masters fut une brillante opératrice de marché de la banque J.P. Morgan & Co. (actuelle JPMorgan Chase) qui a eu la première l’idée – en 1994 – du principe du credit default swap (CDS), ou couverture de défaillance (“une assurance financière”). En effet, ces produits dérivés jouent le rôle d’assurance en cas d’événement de crédit. Ce contrat s’opère de gré à gré entre un acheteur et un vendeur de protection contre le risque de défaut d’un émetteur. Le premier va payer une prime, le prix du CDS, au second pour protéger son portefeuille obligataire (à l’instar des emprunts souverains, par exemple). Ensuite, aux heures sombres de la crise des dettes souveraines au sein de la zone euro, “Blythe Masters” fut accusée par le journal britannique The Guardian d’être “la femme qui a inventé les armes financières de destruction massive”. En effet, les “CDS” ont attisé la crise de la zone euro et le schéma du cercle vicieux emprunts d’états versus CDS.

    Et enfin, nous y voilà, Blythe Sally Jess Masters est Membre du Conseil d’administration de Credit Suisse Group AG et Credit Suisse AG depuis 2021. Reste à espérer que la Banque Credit Suisse ne connaisse pas un autre sauvetage – un autre jour? – comme elle le connu en son temps grâce à un tour de passe-passe au travers des fameux “CoCo bonds” ayant ouvert le capital du Credit Suisse aux fonds du Qatar (ceci avec la bénédiction “exceptionnelle” de la FINMA*)

    2022. Exposition du Credit Suisse aux CDS

    https://www.zerohedge.com/s3/files/inline-images/CD%20CDS.jpg?itok=BulvaeZF

    * Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers

    *****Source ici
    https://blogs.letemps.ch/sergio-rossi/2022/09/19/leuro-lhistoire-dun-echec/#comments
    *****

  11. Comment escompter une réforme structurelle sans nettoyer les écuries d’Augias.

    Puisque le chef de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) semble vouloir “tirer des leçons importantes de la crise du Credit Suisse pour les futurs préparatifs de crise”, alors j’ai deux questions qui fâchent étant donné que cet organisme doit faire une sérieuse introspection.

    En 2008, la FINMA fermait déjà les yeux sur ce qu’elle ne pouvait ignorer, alors pourquoi?

    “(…) Lors de ce mois de mars 2008, après l’effondrement de Bear Stearns, elle-même succombant au piège du « moral hazard » de la sphère financière. Les marchés mondiaux étaient sous le choc. Beaucoup craignaient que Lehman Brothers ne soit le prochain à échouer alors qu’au sein du Credit Suisse Group (Credit Suisse Financial Products – La division des produits dérivés et structurés) poursuivait en masse sa commercialisation de produits structurés (dont Lehman Brothers n’était autre que l’émetteur, ce qui aurait eu pour avantage de procurer au Credit Suisse Group de juteux « Kickback »- rétrocommission ?) et, ce malgré les premières chutent des actions de la banque d’investissement américaine, Lehman Brothers, de 19 %… en une seul journée (…)”

    “(…) B.D. deviendra Chief Executive Officer de la division (CS First Boston) – banque d’investissement – du Credit Suisse avant sa nomination depuis janvier 2006 à la maison mère du Credit Suisse à Zurich. Il était alors CEO Investment Banking et CEO par intérim Credit Suisse Americas. Dès 2007, il deviendra CEO du Group Credit Suisse. Cet étudiant ne fut autre que : Brady DOUGAN. Le même bonhomme qui pilotait le Credit Suisse lors de la débâcle de Lehman Brothers, le même Credit Suisse Group qui fut largement impacté par les produits structurés et titrisés avec pour émetteur Lehman Brothers. Le même Brady DOUGAN – surnommé dès 2009, le « Roi des bonus», année où son salaire avait atteint 90 millions de francs – qui, “bien évidemment, il va sans dire” – avec ses nombreuses connections dans le microcosme de WS – ignorait qu’en mai 2008 (soit quelques mois avant la mise en faillite de la quatrième banque d’investissement américaine, Lehman Brothers), un lanceur d’alerte (whistleblower) du nom de Matthews Lee, alors vice-président senior de 54 ans et vétéran de Lehman depuis trois lustres et dont le travail consistait à aider à superviser les activités de consolidation du bilan mondial de la banque d’investissement, écrivait une lettre à la haute direction de Lehman au sujet des opérations “repo 105” et “repo 108” qu’il considérait, par leur utilisation non conventionnelle, comme des irrégularités comptables qui masquaient en réalité la véritable exposition au risque de Lehman Brothers. Envoyée à la directrice financière de Lehman Brothers, Erin Callan, et au directeur des risques Christopher O’Meara, la missive explosive accusait également la société d’avoir fait des déclarations trompeuses au public et aux régulateurs (…)”

    https://www.letemps.ch/economie/credit-suisse-va-rembourser-une-partie-pertes-structures-lehman

    Ensuite, avec cette deuxième question, pourquoi nos homo-politicus de l’époque, (ainsi que les médias) n’ont-ils pas cherché à identifier l’étrange mécanique infernale des produits structurés et dérivés du Credit Suisse, d’autant plus en connaissant parfaitement le “pedigree” de l’américain Brady Dougan? Ça serait intéressant d’obternir des réponses, surtout si nos zélites de pacotille cherchent honnêtement à tirer de sérieuses leçons dans le “temps et l’espace”.

    https://blogs.letemps.ch/sergio-rossi/2022/11/14/credit-suisse-et-le-casino-de-la-finance-globale/#comments

    🙊🙈🙉

  12. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 (73): Je reprends une option (un pari sur l’avenir) que rien ne changera fondamentalement

    Un dérivé est un pari légal (contrat) qui tire sa valeur d’un autre actif, comme la valeur future ou actuelle du pétrole, des obligations d’État ou de toute autre chose. Ex- Un dérivé vous offre l’option (mais pas l’obligation) d’acheter du pétrole dans 6 mois au prix d’aujourd’hui/à n’importe quel prix convenu, en espérant que le pétrole coûtera plus cher à l’avenir. (Je vous parie que cela coûtera plus cher dans 6 mois). Les produits dérivés peuvent également être utilisés comme assurance (CDS par ex), en pariant qu’un prêt sera ou ne sera pas en défaut avant une date donnée. C’est donc un gros système de paris, comme un casino, mais au lieu de parier sur les cartes et la roulette, vous pariez sur les valeurs futures et les performances de pratiquement tout ce qui a de la valeur. Comme le système des dérivés OTC (où ils s’échangent de gré à gré) n’est pas réglementé, l’on peut donc aisément prendre un pari (un dérivé) sur un (pari) dérivé déjà existant.

    Pour les parieurs (hedge funds e-o vulture funds, par exemple) “la beauté des dérivés OTC” (Over the counter) réside au fait qu’ils n’ont pas besoin d’être déclarés comme les dérivés négociés en bourse. Et aujourd’hui, il n’y a pas que les dérivés de taux et de change puisque ces instruments sont impliqués dans pratiquement toutes les transactions financières (les flux). Touchant également les assurances sur les événements de crédit, à l’instar des “Credit défaut swap” (CDS). Chaque fonds d’investissement en actions et d’obligations, par exemple, implique des produits dérivés et, aujourd’hui, la plupart des fonds alternatifs ne sont constitués que d’instruments synthétiques et ne contiennent aucune des actions ou obligations (virtuelles) qu’ils représentent (“du vent” qui se matérialisera néanmoins lors d’un aléa majeur).

    Pourtant, cette léthargie (ou duplicité) qui s’est emparée de nos régulateurs et nos homo-politicus modernes ne date pas d’hier, puisque si elle remonte effectivement au phénomène endémique de la financiarisation de nos économies réelles à partir des années 80, elle s’est renforcée depuis avec l’hypertrophie de la finance dans le système économique et monétaire.

    https://iris-recherche.qc.ca/blogue/economie-et-capitalisme/quest-ce-que-la-financiarisation-de-leconomie/

    Avant la construction de l’acte d’accusation, nous devons au préalable avoir saisi que si la révolution rooseveltienne – en matière de régulation de la finance – musela temporairement les bestiaux (de Wall Street) dénués de toutes considérations morales, que les mécanismes de régulation prudentielle seront copiés dans l’OCDE durant les “Trente Glorieuses”, puis pendant la grande période d’ouverture des marchés financiers des années 1980 et 1990, cela n’empêchera effectivement les crises. Dont les délits d’initiés étaient encore monnaie courante. Toutefois, comme la créativité de la sphère financière a toujours un train d’avance, alors que les évolutions des régulateurs sont contradictoires à l’instar de l’abolition du Glass-Steagall Act, les critères dits de Bâle I, puis de Bâle II, et ensuite Bâle III, n’échapperont à la règle, même s’ils vont au-delà de la simple régulation prudentielle pour finalement accoucher d’une souris. Certes, la gestion actif-passif des banques a été mise sous contrainte et les États-Unis peuvent se targuer d’avoir inventé le mécanisme de résolution des crises (alors qu’ils ont sacrifié le banking act de 1933): “Une banque n’est pas mise en faillite comme n’importe quelle entreprise. Sa résolution doit être faite suivant des processus particuliers pour protéger l’économie réelle et éviter la propagation, blablabla…” Et cela ne suffira pas, naturellement!!! D’un côté, la transparence financière fut mise à rude épreuve par les golden traders de Wall Street de la décennie 1980, lorsque les délits d’initiés sont revenus à la mode, quant au système de régulation pseudo-renforcé (après le Sarbanes Oxley Act) il éclatera avec le “Lehman Moment” en septembre 2008. Ce jour-là, ce sont des mécanismes de régulation prudentielle “patiemment élaborés” par un fonctionnariat pendant quatre-vingts ans qui échoueront.

    Le train du marché étant naturellement passé par là en contournant les règles, les décisions prises par les régulateurs eux-mêmes auront aussi balayé les principes élémentaires des régulations inventées par Roosevelt, affaiblissant mécaniquement leurs propres pouvoirs. Le paradoxe de la main nourricière qu’il ne faut pas mordre? Sans oublier que cette léthargie des accusés (ou devrais-je dire – coupable d’avoir détourné le regard?) a gravement facilité l’oeuvre des parieurs compulsifs, puisque les régulateurs n’ont manifestement pas voulu comprendre que les activités d’une grande banque se décomposent en deux groupes essentiels, comme le précise très bien notre hôte, le professeur Sergio Rossi.

    L’activité d’intermédiation qui passe par une activité sur les marchés financiers structurés, et qui normalement ne produit pas d’effet de levier sauf si l’information sur les produits financiers est suffisamment hachée et noyée – en dehors du bilan – pour être perdue au fur et à mesure des intermédiations, est une source majeur de conflagration. Avec à la clé un assèchement des liquidités qui peut très rapidement se matérialiser comme ce fut le cas avec le “Debit Suisse”.

    Lorsque Roosevelt inventa la régulation bancaire, l’activité du secteur financier était essentiellement une activité de transformation, et non pas d’intermédiation avec des effets de levier sans commune mesure et une comptabilité bancaire plus que créative. Pourtant, depuis 2008 et jusqu’en 2023 encore – et ce n’est pas faute d’avertissements depuis trois lustres – la pathologie de nos régulateurs et de nos homo-politicus (que nous nous devons à les placer sur le banc des accusés au même titre que les banksters) n’aura permis de se pencher sérieusement sur le deuxième volet. Un pari que j’avais déjà tenu – post Lehman Brothers – et malheureusement gagné quinze ans plus tard.

    Ce qui fait que je tiens ce deuxième pari sans véritablement prendre le risque de me tromper, bien que je le souhaite évidemment.

  13. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 (74): Le coût de la résilience n’aura-t-il plus de limite?

    Symbole des libertés et de tous les excès, les États-Unis ont vu leur classe moyenne se rétrécir à partir de l’an 2000, c’est-à-dire reculer en termes de revenus et de richesse durant la première décennie perdue qui s’en suivi, mais la classe moyenne su tout de même garder sa foi légendaire dans l’avenir…

    https://www.pewresearch.org/social-trends/wp-content/uploads/sites/3/2012/08/sdt-2012-08-22-Middle-Class-01-01.png

    Une deuxième décennie perdue plus tard, les données empiriques montrent que la classe moyenne américaine a dans les faits diminué au cours des 50 dernières années. Alors que les Américains de la classe moyenne restent le groupe de revenu le plus important en nombre de personnes, on ne peut pas en dire autant du revenu global qu’ils gagnent. De 1970 à 2021, la part du revenu global américain gagnée par la classe moyenne a considérablement diminué, passant de 62 % à seulement 42 %. Au cours de la même période, les revenus globaux des Américains à revenu élevé sont passés de 29 % à 50 % – malgré le fait que la classe à revenu élevé est encore moins de la moitié de la taille de la classe moyenne en Amérique…

    https://cdn.statcdn.com/Infographic/images/normal/29889.jpeg

    Ai-je dis que la résilience a ses vertus?

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    RAYMOND
    7 juin 2020 à 20 h 48 min

    Un demi siècle de monétarisme et de pensée dominante valent cinquante ans d’injustice économique:

    https://i0.wp.com/michelsanti.fr/wp-content/uploads/2018/10/%C3%A9cart-productivit%C3%A9-salaires.png?resize=538%2C305&ssl=1
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    http://iris-recherche.s3.amazonaws.com/uploads/attachment/file/Untitled12.png

    Pour mieux cerner l’échelle des graph’s, rappelons que les années 70/80 marquèrent le “point Zéro”; c-à-d un nouveau paradigme vu sous l’angle d’une financiarisation sans foi ni loi!

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    Nous voici donc naturellement, aujourd’hui, en 2023, à l’aube d’une troisième décennie perdue et nous nous reverrons peut-être dans dix ans pour parler – cette fois – de soixante ans d’injustice économique…tout aussi naturellement. Si durant les dix derniers lustres (50 ans) les “zélites” ont encensé la financiarisation – entendez le braquage de l’économie et ses ressources pour le plus grand profit d’une minorité, au détriment d’une très large majorité portant le fardeau d’une dette mondiale stratosphérique, tandis que la déliquescence du facteur travail est à l’œuvre – nous pouvons dès lors esquisser les prochaines saignées de la classe moyenne au travers du “mécanisme 2.0 de résolution des crises bancaires”. Le sauvetage peu orthodoxe du “Débit Suisse” et de ses actionnaires (rachat forcé par un tiers avec caution de l’ensemble des contribuables helvétiques; puis non respect de la hiérarchie bien établie qui veut que les créanciers de dette subordonnée soient payés avant les actionnaires) et celui des déposants des banques américaines effondrées (capital risk) – “Silicon Valley Bank” et “Signature Bank” – en assurant tous les dépôts même au-delà de l’assurance légale de 250 000 dollars (sauvetage des riches capital-risqueurs des entreprises technologiques) sont emblématiques. Par ailleurs, la toute récente “mise aux enchères” de la “First Republic Bank” aux États-Unis est également le signe d’un profond malaise, car le milieu financier était déjà bien informé de la situation calamiteuse de cette “banque zombie” qui pliait sous le poids de ses “actifs sous-marins”, déprimés par la hausse des taux et ses prêts sous-performants. L’insolvabilité n’étant ainsi qu’une suite logique.

    L’affaire “Credit Suisse Gate” et celle des banques américaines (capital risk) ont un point commun. Celui qui, par ces mesures emblématiques de sauvetage, ne fait qu’encourager un comportement plus risqué encore, car si nous (spécialistes e-o experts hétérodoxes des marchés financiers) avons appris quelque chose de toutes les crises financières au fil des ans, c’est que permettre les conséquences d’une prise de risque excessive – perte d’argent et pire – constitue le meilleur type de réglementation financière.

    Certes, une épuration ô combien nécessaire des excès (“politiquement incorrect”) qui n’est pas au goût des homo-politicus et autres hauts fonctionnaires conditionnés à la durée de leur mandat (théorie des choix publics): l’épiphénomène à la complexité des réformes structurelles!

  14. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 (75): JPMega a remporté les enchères sur Firt Republic Bank. Quel scoup!

    Avec l’effondrement de la “First Republic Bank” et son rachat (sans surprise) par la très “philanthropique JPMorgan Chase & Co”, Jamie Dimon peut s’enorgueillir que la banque qu’il préside détient à présent plus de 10% de l’ensemble des dépôts américains – c’est-à-dire en dépit des normes légales – et que son poids a de quoi faire pâlir le plus gros des “Fat Cats”. Le spectre de John Pierpont Morgan ne nous a donc jamais quitté puisqu’il enveloppe toujours le paradoxal “capital confiance”. D’ailleurs, JPM ne payait-il pas que 0,01% sur ses dépôts en collectant (en fait) une subvention annuelle de 90 milliards de dollars grâce à son statut “too big to fail”?

    https://pbs.twimg.com/media/FukMjBxXwAAop6E?format=jpg&name=medium

    À tout le moins, d’après les apparences de ces dernières années, le système bancaire américain pourrait bien révolutionner le “Sherman Anti-Trust Act de 1899” en imposant au gouvernement – via le statut exceptionnel de quelques banques mastodontes – une situation de monopole. Et là, il faut s’inquiéter très sérieusement!!!

    Enfin, pour l’anecdote, on se rappellera que feu “First Republic Bank” comptait majoritairement dans ses clients l’élite américaine, avec de gros dépôts et beaucoup de prêts hypothécaires à faible taux financés en espèces à de riches acheteurs de maisons en Californie et à New York. Des taux d’intérêt extrêmement bas et un boom de l’épargne pandémique qui ont stimulé la croissance de la banque durant le dernier lustre. Et lorsque “Big Jay” a commencé à augmenter les taux d’intérêt l’année dernière pour “calmer l’inflation”, les gros clients ont commencé à exiger des rendements plus élevés pour garder leur argent chez “First Republic Bank”. La hausse des taux a également ébranlé la valeur des prêts consentis par la banque lorsque les taux étaient proches de zéro. Le problème chronique s’est alors transformé en un problème aigu en mars, lorsque l’effondrement de la “Silicon Valley Bank” a suscité des craintes quant aux risques négligés qui se cachent dans le système bancaire. Les gros investisseurs et les gros clients étaient particulièrement inquiets pour les banques, telles que First Republic, qui dépendaient fortement des dépôts non assurés (dépassant l’assurance de la FDIC couvrant jusqu’à 250 000 dollars) et avaient d’importantes pertes non réalisées dans leurs portefeuilles de prêts (y.c en raison des prêts octroyés à taux fixes) et de titres en raison de la hausse des taux directeurs (duration).L’effet “bank run” occasionné par cette richissime clientèle (dont Mark Zuckerberg) aura finalement scellé le sort de cette banque qui n’était pas une banque d’investissement.

    Un “deal parfait” pour la nouvelle “JPMega”! Un “bonheur” pour les régulateurs!

    Quant aux banques plus modestes (aux prêts privés et commerciaux dégradés) elles peuvent déjà compter leurs jours avant d’être dépouillées par la finance de casino et les “vulture funds” (fonds alternatifs dits: vautours).

  15. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 (76): Les règles du jeu changent mais pas dans le bon sens

    Les membres du Congrès qui siègent au sommet des principaux comités bancaires ont en effet salué la prise de contrôle fédérale de la “First Republic Bank” et ont qualifié sa vente à JP Morgan Chase & Co d’exemple de collaboration public-privé réussie: “Cette vente rapide et rentable de la banque protège les déposants, limite la contagion et garantit qu’aucun coût n’est supporté par les contribuables de notre pays”, a déclaré la représentante Maxine Waters, D-Calif. Ah bon et juste après les contribuables ne seront pas mis à contribution? Étonnante vision à très, très court terme! En parallèle, nous savons déjà que l’intérêt de Capitol Hill pour une législation visant à renforcer la réglementation des banques semble disparaître derrière cet écran de fumée, car suite à une vague de nouveaux projets de loi dans les semaines qui ont suivi l’effondrement de SVB, le Congrès n’a encore pris aucune mesure concrète en réponse aux faillites bancaires, à l’exception de la tenue d’auditions avec les régulateurs. Un projet de loi bipartite du Sénat présenté fin mars donnerait aux régulateurs fédéraux beaucoup plus de pouvoir pour récupérer la rémunération des dirigeants des banques en faillite qu’ils n’en ont en vertu de la loi actuelle (une pression anticipée sur les prises de risques inconsidérés). Le projet de loi a été renvoyé au comité bancaire qui n’a pas encore adopté de législation spécifique en réponse aux faillites bancaires. Pourtant, la “Failed Bank Executives Clawback Act” était aussi un bon point de départ, mais pffffft, remis aux calendes grecques. – Sisyphe, t’as pas fini de rouler ton boulet!
    *****
    Extraits choisis:
    RAYMOND
    3 décembre 2022 à 14 h 21 min
    “Voyage dans le temps et l’espace”

    (…) Dans ce voyage initiatique, je rencontre John qui passe son adolescence dans un institut privé de notre beau pays helvétique, avant que celui-ci rejoigne l’université de Göttingen – en Allemagne – où il achèvera ses études à l’âge de 20 ans. Pour finir par entrer dans le monde de la finance quelques années plus tard à une époque où les Etats-Unis n’ont ni banque centrale, ni législation bancaire pointue. À 15 ans, John aura déjà visité les principales villes du monde et, lui qui vouait une véritable admiration pour Napoléon, on le retrouvera régulièrement visiter la France, notamment Aix-les-Bains. Pour ce féru d’histoire, l’empereur français s’est “forgé” grâce à une “volonté de fer qu’aucun obstacle ne pouvait abattre, même lors de ses défaites”.

    C’est d’ailleurs en suivant ce leitmotiv que John Pierpont Morgan (J.P.M.) gagnera son surnom de “Napoléon de Wall Street”. ➡️D’ailleurs, la banque J.P. Morgan (du nom de son fondateur) ne viendra-t-elle pas au secours du système financier et économique en jouant à elle seule le rôle de “prêteur en dernier ressort”, après la panique bancaire américaine de 1907? Comme le feront du reste nos banques centrales lors de la débacle mondiale un siècle plus tard. Mais si “le pompier des affaires” – John Pierpont Morgan – aura joué un rôle fondamental à une époque où les États-Unis ne disposaient pas encore de la Réserve Fédérale – à contrario des États européens qui étaient en mesure de suppléer aux déficits financiers pendant les périodes de crise avec leur banque centrale respective – l’action disproportionnée du seul grand manitou du secteur bancaire fut tout autant décriée que source d’inquiétudes après les nombreuses crises financières ayant succédé à la guerre de Sécession. Des inquiétudes justifiées qui donnèrent finalement un nouvel élan aux débats sur la réforme monétaire (loi Aldrich–Vreeland) et à la création d’une banque centrale nationale aux États-Unis (Fed) via le prisme de la loi du 22 décembre 1913 (Federal Reserve Act). Puis, 20 ans plus tard, au “Banking Act de 1933” (Glass-Steagall Act). Pour ce “banquier des affaires” – John Pierpont Morgan – la base fondamentale de l’entreprise se résumait à cette maxime: “un homme en qui je n’ai pas confiance ne pourrait me procurer de l’argent pour tous les liens de la chrétienté”(…)
    *****
    Si bien qu’en 2023, la FDIC (The Federal Deposit Insurance Corporation) et la FTC (Federal Trade Commission) ont renversé la vapeur du “capital confiance” en accordant à présent un blanc-seing à un des “barons voleurs” avec cette nouvelle “fusion” concédée à “JPMega” (rachat de la “première république” bananière du crédit privé et commercial US).

    Souvenons-nous tout de même que la lutte contre les trusts et les grandes entreprises inventée par John Sherman a pourtant jeté les bases législatives “anti-monopole” sous des présidences républicaines (Theodore Roosevelt de 1901 à 1909 et William Howard Taft de 1909 à 1913) qui auront suivi cette législation pendant 12 ans au cours desquels des dizaines de poursuites antitrust ont été déposées. Néanmoins, la plus grande concentration d’affaires antitrust s’est produite au cours d’une période de cinq ans, de 1938 à 1943, sous la présidence de Franklin Delano Roosevelt. Il convient aussi de noter que la montée en flèche de l’utilisation littéraire des “barons voleurs” a commencé vers 1950, longtemps après la dissolution de la plupart des fiducies sous FDR. L’article de John Tipple de 1959, “The Anatomy of Prejudice : Origins of the Robber Baron Legend” fournit non seulement une définition, mais aussi une chronologie plus précise : “The Robber Baron Legend” écrit-il, “est une excroissance des critiques hostiles qui ont été dirigées contre le grand homme d’affaires dans la dernière partie du XIXe siècle🦀 On pense que l’expression a été inventée par Carl Schurz en 1882 et a été utilisée dans son “Phi Beta Kapa Oration” à l’Université de Harvard pour décrire certains grands hommes d’affaires dont les pratiques hautement individualistes lui semblaient évocatrices des pillages guerriers de la noblesse féodale du Moyen-âge.

    Tout cela suggère qu’au milieu des années 1880, le phénomène des hommes d’affaires qui contrôlaient suffisamment des industries entières pour fixer les prix était si répandu qu’il justifiait un terme qui se répète encore. Même en 2023!!! Le fait qu’il ait été peu flatteur indiquait également les sentiments que les citoyens ordinaires, les universitaires, les politiciens et au moins certains membres de la presse avaient pour ces hommes d’affaires et leur influence.

    Sauf qu’aujourd’hui – étayé par la novlangue – certains “barons voleurs” deviennent à la grâce de mariages consanguins entre secteur privé et secteur public, des “acheteurs en dernier ressort” encensés. Tandis que d’autres se trouvent – à l’instar par exemple du géant du commerce électronique – dans l’oeil du cyclone de la Federal Trade Commission (FDC) pour ses positions monopolistiques.

    Peut-être convient-il ici de revenir à ce que j’appelle le “paradoxe de Wilson”. En effet, Woodrow Wilson avait adopté une approche différente de la réglementation anti-trust, puisqu’au lieu de se tourner vers les tribunaux pour lutter contre les fiducies, il créa la “Federal Trade Commission Act de 1914” (FTC) qui était (et est toujours) chargée d’empêcher les méthodes de concurrence déloyale (monopole) et les actes ou pratiques déloyaux ou trompeurs dans le commerce ou affectant celui-ci. En signant le “Clayton Antitrust Act de 1914”, la loi était censée compléter la loi Sherman, non seulement en déclarant que les fiducies et les monopoles sont illégaux, mais en interdisant également leur création (fusion). Mais une mauvaise formulation l’a rendu presque édenté et a en fait encouragé une énorme vague de fusions!

    À ce jeu là, nous allons nous retrouver au Moyen-âge dans un demi-siècle!

    🦀 “Les barons voleurs” les plus connus de leur époque étaient John D. Rockefeller, John Pierpont “JP” Morgan (banque), Andrew Carnegie (acier) et Charles Crocker (chemins de fer)

  16. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 (77): La question qui tue!

    Tout d’abord, alors que la hausse des taux d’intérêt et la vigueur de la devise hégémonique américaine pèsent toujours lourdement sur tous les pays qui s’endettent avec ce médium d’échange, bien que le processus de dé-dollarisation est déjà entamé, l’Institut de la finance internationale (IIF) a rapporté que la dette mondiale atteindrait désormais plus 299 000 milliards de dollars; tandis que le rapport du WEF (World Economic Forum) – “L’avenir de l’emploi 2023” – pose un pronostic: avec l’émergence de l’Intelligence Artificielle dans le monde, environ 23 % des emplois devraient changer d’ici 2027, avec environ 69 millions de nouveaux emplois à créer et 83 millions supprimés, ce qui entraînerait une diminution de 14 millions d’emplois, soit 2 % de l’emploi actuel. De quoi mettre à mal une fois de plus la “destruction-créatrice” Shumpétérienne, comme je l’ai fait y a des années.

    Dans ce paysage ravagé ayant pris pour habitude à transférer le coût incommensurable des excès sur les générations futures, dans une guerre des classes qui ne dit son nom – caché derrière le voile de l’efficience des marchés financiers avec ses nombreuses doctrines – où l’impôt sur la technologie avancée demeure toujours inexistant – IA & Robotique – que la contribution fiscale (à minima) des multinationales cotées reste à la marge et la dime frappant le facteur Travail, source d’une profonde injustice au regard des privilèges dont jouit le grand Capital depuis cinquante ans (autant de récompenses à tous les excès), nul besoin de spéculer pour connaître l’avenir du monde, car quelques-uns se sont déjà prêtés à l’exercice par le passé. Si l’on peut sans aucun doute se référer encore à la version initiale du rapport (“The Limits to Growth”) de Dennis Meadows – paru en 1972 à la demande du Club de Rome, alors que le monde était à la veille du premier choc pétrolier avec ce credo d’une croissance économique éternelle – j’ai plutôt opté pour cet angle là:
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    RAYMOND
    6 mars 2018 à 14 h 30 min
    Le pari démissionnaire des sciences molles ? « Sciences politiques » vs « Sciences économiques »

    Pour les néolibéraux, le marché du travail devrait fonctionner exactement comme les autres marchés : ajustement de l’offre et de la demande par les prix. Or le travail est encadré par la lourdeur des législations (salaire minimum, obtention d’un permis de travail, filet social obligatoire, indemnités de licenciement, restrictions sur les mises à pied et délais d’avis, limitations des heures d’ouvertures des commerces, assurance-chômage et autres indemnités) qui augmentent considérablement le coût de la main d’œuvre et qui fausse le marché, toujours selon doctrine néolibérale.

    Les marxistes, quant à eux, nous apportent un élément de réponse avec la théorie de la destruction du travail par le capital : la tendance du capitalisme est de remplacer la main-d’œuvre par le capital pour augmenter le profit. Ceci se fait forcément au détriment de l’emploi. Par conséquent, l’existence du chômage est une bonne chose pour les « patrons » car elle engendre la baisse du coût du travail. D’ailleurs, Karl Marx ne parlait-il pas déjà de « l’armée de réserve de travailleurs », développé dans le chapitre 25 de son ouvrage Das Kapital?

    Arrêtons-nous à présent sur Jean Charles Léonard Simonde de Sismondi. Cet économiste suisse, d’abord influencé par Adam Smith, embrassa la cause libérale et fréquenta les salons de Madame de Staël au sein du Groupe de Coppet (avant que ses théories n’entachent la constellation de Coppet). Son adhésion au libéralisme économique de Ricardo et Smith prendra fin en 1819 avec la publication des Nouveaux principes d’économie politique. Pour la première fois, un économiste évoque une nécessaire redistribution des richesses. Selon lui, loin d’assurer le bien-être de tous, le libéralisme économique accroît la misère des travailleurs parce que la concurrence exerce une pression à la baisse sur les coûts de production, et donc sur les salaires également, puis, le rythme élevé du progrès technique fait que les anciens résistent en bradant les prix et donc les salaires. Ajouter de la valeur c’est ajouter du capital fixe, des machines, des entrepôts, des forces aveugles de la nature qui ont été redirigées par l’intelligence et l’habileté qui sont autant de richesse future. Ce capital ne produit que s’il est fécondé par le travail, qui le met en mouvement. Sismondi ajoutera que le surplus et le profit sont accaparés par les riches, qui sont propriétaires du capital et de ce fait peuvent décider seul du partage de la valeur ajoutée, et de la richesse. En ce sens où de nos jours la vélocité du capital n’a plus rien de comparable au facteur travail pour fructifier, le travail (comme facteur de production) tend à disparaître .

    Le macroéconomiste de Cambridge, John Maynard Keynes, n’avait-il pas prédit, dès 1938, en estimant qu’avec l’augmentation de la productivité due aux machines, il suffirait en l’an 2000 que chacun s’astreigne à trois heures de travail productif par jour pour que chacun subvienne à ses besoins ? Pourtant on travaille toujours au moins 35 heures par semaine dans nos sociétés modernes, et la valeur-travail se porterait plutôt bien selon certains avis bien tranchés – alors qu’on devrait dire que la valeur-travail s’accroche autant que faire ce peut. Pourquoi donc s’inquiéter ? Si l’Histoire a pour l’instant démenti le pronostic de John M. Keynes, c’est que tout n’était pas aussi simple. Tout d’abord, si l’évolution technique détruit des emplois, elle en fabrique en contrepartie selon le précepte schumpétérien de la « destruction créatrice ». Or, bien que l’économie digitale va temporairement pulvériser des pans entiers de l’économie marchande, en parallèle du progrès technologique et de l’innovation disruptive, que la nouvelle génération silencieuse (Z) et la génération (X) vivent déjà – à leur manière – une mise à la marge du monde du travail ; ce dernier n’arrêtant pas de se complexifier et le travail de se diviser, alimentant ainsi la « machine capitaliste » d’emplois de plus en plus précaires, pour ne pas dire des « Jobs à la c.n » en paraphrasant l’anthropologue américain David Graeber, alors oui…il y a en effet de quoi véritablement s’inquiéter sur les défis de demain laissés aux mains de la « science politique ».
    *****
    Ceci me rapproche tout naturellement de la question qui tue, sachant que la “novlangue” ambiante et les comportements pavloviens consistent à dire que l’on s’éloignerait d’un Armageddon financier, tuant ainsi la crise bancaire dans l’oeuf. D’ailleurs, beaucoup ont déjà dépassé la ligne verte en s’accordant sur les mérites de la “valeur nette record des ménages”, interprétant cette donnée comme un signe de société en santé, alors qu’il ne s’agit que d’un effet de levier trompeur. Pourquoi?

    “Imaginez que vous empruntez 1 million de dollars pour acheter des actions de JPMorgan Chase & Co et que cette transaction fait grimper la valeur de l’action. Sans vous en rendre compte, vous venez d’augmenter la valeur nette de millions d’autres actionnaires de JPMorgan Chase & Co. La valeur nette totale du ménage, c’est-à-dire l’actif moins le passif, augmente beaucoup plus que l’argent que vous avez emprunté. La société devient “plus riche” et l’économie devient plus robuste et “plus sûre” en raison de son coussin de valeur nette croissant. Jusqu’ici, tout va bien. Mais comme l’effet de levier fonctionne dans les deux sens, dès que vous vous retournez et vendez vos actions, faisant ainsi baisser le prix, cette valeur nette supplémentaire disparaît, car elle n’a jamais vraiment existé. La plupart des adultes comprennent que le prix de leurs actions, obligations et maisons fluctue, augmentant dans les bons moments et baissant dans les mauvais, tandis que leurs hypothèques, dettes de cartes de crédit et prêts automobiles ne baissent qu’au fur et à mesure qu’ils sont remboursés. C’est-à-dire qu’au lieu de diminuer, ces obligations augmentent simplement à mesure que de nouvelles dettes sont contractées et que les anciennes dettes sont reconduites. Une statistique dérivée en combinant des choses qui peuvent s’évaporer (prix des actifs) et des choses qui ne peuvent généralement pas (soldes de la dette) ne mesure pas ce qu’elle dit qu’elle fait.Le point à retenir? Dans une société d’emprunteurs et de spéculateurs, la valeur des actifs augmente en raison de l’emprunt et de la spéculation, ce qui fait de l’augmentation de la valeur nette des ménages à la fois un indicateur négatif de la croissance future et un indice de fragilité. Mais jusqu’à ce que l’ensemble des gens comprennent cela, ça reste un excellent outil pour convaincre les consommateurs que tout va bien alors que ce n’est absolument pas le cas”

    Le graphique suivant (du gestionnaire de fonds européen Gavekal Research) montre que “la valeur nette des ménages” culmine juste avant le début des récessions et/ou des marchés baissiers brutaux…

    https://cms.zerohedge.com/s3/files/inline-images/2023-05-02_11-01-29.jpg?itok=xbBtyyK7

    On remarquera comment, à mesure que l’économie devient de plus en plus dépendante de l’effet de levier, la volatilité autour de la ligne de tendance augmente, indiquant que le prochain ralentissement – dans lequel nous sommes déjà entrés – réduira d’environ 40 % la valeur nette des ménages via la chute des prix des actifs. Et cela suppose que la ligne de tendance elle-même est une chose réelle. Si le supercycle du crédit qui a commencé dans les années 1970 touche maintenant à sa fin, nous sommes confrontés à un retour à la moyenne générationnel, et non cyclique, dans lequel l’autre tranchant de l’épée de l’effet de levier réduit encore plus profondément les actifs financiers. D’où le terme de: “Armageddon financier”.

    Alors, comment, dans un tel contexte à des années lumières de l’Intérêt général et du bien commun, nos dirigeants comptent-ils parvenir à s’extraire de cette gangue, si ce n’est au prix du sang et des larmes pour les classes moyennes et populaires?

  17. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 (78): Parfois, mieux vaut se taire. Ou l’ouvrir pour honorer une pensée bien formatée.

    Le monde est rasséréné après certains propos issus de la propagande du FOMC aux États-Unis. Pour “Big Jay” de la Fed…

    “Le système bancaire américain est sain et résilient !”

    Bon, en même temps, ce n’est pas comme si peu de temps après la clôture, Bloomberg annonçait qu’une autre banque régionale basée à Beverly Hills – PacWest Bancorp – envisageait une gamme d’options stratégiques, y compris une vente. Selon des sources, bien que cette banque régionale (Californie) soit ouverte à la vente, la société n’a pas lancé de processus formel d’enchères puisque selon le rapport, “une vente pure et simple a été entravée car il n’y a pas beaucoup d’acheteurs potentiels intéressés par l’ensemble de la banque, qui comprend un prêteur communautaire appelé Pacific Western Bank et certaines entreprises de prêt commercial et à la consommation”.

    – Ben tu m’étonnes tonton, les prêts commerciaux et privés aux États-Unis (mais pas que) sont l’enclume du patient que l’on jette à la flotte!

    Nous voilà tout autant rassurés en Suisse, après les propos du “faiseur de miracle de l’UBS” sur la chaîne de propagande helvétique (RTS):

    “Sergio Ermotti estime qu’il est faux de considérer que la nouvelle UBS est trop grande pour la Suisse (…) Ce qui compte n’est cependant pas la taille mais les risques que contiennent les bilans (…) Nous allons tout faire pour que le contribuable ne subisse aucune perte (…) La reprise doit être l’occasion de créer quelque chose de positif. Elle est dans l’intérêt des clients, de la place financière et de l’économie suisse (…)

    – Ben oui tonton, juré – croix de bois, croix de fer – ce n’est pas comme si la banque mastodonte avait encore des casseroles coûteuses dans les tiroirs et que les failles du système fiscal helvétique vont permettre à cette organisation de déduire les conséquences des “errements passés”, d’une part, puis faciliter à l’avenir le report des pertes de sept exercices (précédant la période fiscale pouvant être déduites du bénéfice net de la période fiscale). Concrètement, ce n’est donc pas comme si les bénéfices de l’UBS mastodonte allaient pouvoir se compenser à l’avenir avec les pertes de Credit Suisse (peu ou presque pas d’impôts à payer dans le futur) tout en permettant à ta nouvelle organisation de verser des bonus indécents. En résumé, les pertes fiscales, selon ta propre conception de l’État, ne seraient pas des coûts reportés sur l’ensemble des contribuables? Tout en sachant que les coûts pour ces derniers peuvent se manifester au travers du “frein à l’endettement”, c’est-à-dire via l’orthodoxie des moyens régaliens!

    En même temps – en 2023 – faut-il être surpris de constater que la propagande annihile de plus en plus nos modèles “démocratiques” de de société? Dans son ouvrage Public Opinion, paru en 1922, Walter Lippmann (1889-1974) étudie la manipulation par les médias (le quatrième pouvoir) et définit le concept de fabrique du consentement. Il remarque que notre expérience du monde réel n’est que très limitée et que notre vision de la réalité se fonde avant tout sur ce que les médias nous en montrent (…) J’en ai d’ailleurs parlé ici-même, le 12 janvier 2018 à 10 h 55 min…

    https://blogs.letemps.ch/sergio-rossi/2018/01/08/linitiative-no-billag-fait-table-rase-du-pluralisme/#comments

    Il ne manque plus qu’un veto soit apposé à l’avenir sur l’ensemble des blogs des médias “mainstream” – ou une accélération des coups de boutoir comme ce fut déjà le cas avec le blog financier zurichois – Inside Paradeplatz – et la boucle sera bouclée. Tout va pour le mieux dans le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley.

    1. Mince alors, j’ai encore perdu une fois l’occasion de me taire🙉🙈

      “Big Jay” nous a bien affirmé que “le système bancaire américain est sain et résilient”

      Bon, très bien, alors les actions de First Horizon Corp – société de portefeuille bancaire basée à Memphis dans l’état du Tennessee, dont sa filiale bancaire First Horizon demeure la plus grande banque du Tennessee et la quatrième plus grande société bancaire régionale du Sud-Est des États-Unis – se sont effondrées dans les échanges (avant commercialisation) après que la Banque Toronto-Dominion (deuxième plus grande banque du Canada) ait publié une déclaration décrivant comment un accord d’achat de la banque basée à Memphis a été résilié. Au motif que le secteur bancaire US est particulièrement sain?

      https://cms.zerohedge.com/s3/files/inline-images/Snag_33216ef5.png?itok=TemnYWtx

      On ose imaginer le b**del dans le cas contraire 🙊

  18. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 (79): Tiens donc, un des plus grands affameurs de la planète – le FMI – s’inquiète de la vulnérabilité du secteur bancaire américain

    Lors du “Milken Institute Global Conference 2023” qui vient de se terminer en Californie, la directrice du FMI, Kristalina Georgieva, a mis en garde contre d’autres vulnérabilités dans le secteur bancaire américain. Quel scoup (tardif), alors même que “Big Jay” dit son contraire.

    En aparté: Dis-moi ma tante, après les lignes de crédit de ton organisation, l’Argentine qui était en proie aux fonds vautours, ça gaz pour elle maintenant? Bref.

    Ces dernières semaines ont été fructueuses en matière d’enseignements, puisque le Far-West sur le marché sensible des banques régionales américaines nous a démontré, une fois de plus si besoin, comment les spéculateurs peuvent aisément jouer sur les failles gigantesques du système de régulation.

    En effet, si vous êtes la “Federal Deposit Insurance Corp” (l’assurance des dépôts < 250 000$) ou la "Réserve fédérale" (banque centrale) et que votre travail consiste à empêcher les banques de faire faillite, vous n'aimeriez sans doute pas l'idée que des vieux briscards de la spéculation parient sur l'effondrement d'une banque, en particulier dans un moment où les gens sont paniqués à propos du système financier en général. Pourtant nous sommes bien en 2023, ni en 2007/2008 aux États-Unis (vente à découvert nue) et encore moins en Europe en 2010/2011 (raide des "vulture funds" sur les emprunts souverains). Aujourd'hui, la vente à découvert "traditionnelle" abat néanmoins ses cartes en toute légitimité, même si les paris sont hautement risqués, car les spéculateurs "ne savent pas vraiment quelles banques sont bonnes et quelles banques sont mauvaises", déclarait Xu Jiang, professeur à la Fuqua School of Business de l'Université Duke. "Donc, cela génère des opportunités pour les vendeurs à découvert de répandre des rumeurs".

    C'est pourquoi, selon Jiang, "la Securities and Exchange Commission a temporairement interdit la vente à découvert d'actions financières pendant la crise financière de 2008". Sauf que Jiang fait une confusion majeure entre "naked short selling" (interdit) et "short selling" (autorisé). Pour Jiang (avec cette confusion) et Chester Spatt, professeur de finance à l'Université Carnegie Mellon, "interdire la vente à découvert traditionnelle (la vente à découvert nue étant déjà prohibée aux États-Unis) d'actions bancaires pourrait être contre-productif". Personnellement, je pense exactement l'inverse, allez savoir pourquoi!

    https://www.sec.gov/news/press/2009/2009-172.htm

    La vente à découvert traditionnellement consiste à emprunter un titre dont vous pensez que le prix va baisser auprès de votre maison de courtage et à le vendre sur le marché libre. Votre plan est de racheter ensuite la même action plus tard, espérons-le à un prix inférieur à celui auquel vous l'avez initialement vendue, et d'empocher la différence après avoir remboursé le prêt initial. Par exemple, disons qu'une action se négocie à 50 $ l'action. Vous empruntez 100 actions et les revendez pour 5 000 $. Le prix baisse soudainement à 25 $ l'action, auquel cas vous achetez 100 actions pour remplacer celles que vous avez empruntées, ce qui rapporte 2 500 $.

    Si les analyses – fondamentale, technique et thématique – confortent les arbitrages des spéculateurs compulsifs, les actifs pondérés mais sous-évalués hors bilan peuvent induire une réaction en chaîne (l'effet "bank run" n'étant qu'une réaction parmi d'autres) jusqu'à la faillite de l'entité, ce à quoi nos professeurs en herbe ont aussi homis de mentionner. Allez savoir pourquoi!

    https://www.visualcapitalist.com/ranked-the-u-s-banks-with-the-most-uninsured-deposits/

    Décidément, avec ce que nous servent au menu tous les médias "mainstream", nous ne sommes pas prêts de sortir de l'auberge (ai-je dis espagnole?) afin de trier le bon grain de l'ivraie. Par contre, il nous sera toujours possible de continuer à croire que nous aurions pu sauver le "Titanic" à coups de rustines!

  19. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 (80): Le coup de gueule

    Comme ancien whistleblower du temps du subprime US et repenti de la finance, “il y a une chose dans ce monde financier qui n’a jamais cessé de m’étonner, c’est à quel point les économistes “mainstream” semblent toujours être loin derrière la courbe. Jusqu’à récemment encore, cela s’est vérifié sur les effets des mesures de relance de la Fed et la menace d’inflation. En fait, beaucoup ont constamment nié l’existence d’une telle menace jusqu’à ce qu’ils soient écrasés par les preuves. Un modus operandi des meilleurs analystes de l’establishment, et la majorité des économistes orthodoxes qui suivent simplement l’exemple de leurs gardiens – peut-être parce qu’ils se disputent un nombre limité de postes confortables dans le domaine, ou peut-être parce qu’ils ont peur que s’ils présentent une théorie contradictoire, ils seront ostracisés. L’économie est souvent de nature absurde parce que les “experts” peuvent se tromper à maintes reprises et pourtant conserver leur emploi et gravir les échelons. C’est un peu comme à la manière d’Hollywood, ils échouent vers le haut.

    En attendant, les économistes hétérodoxes continuent d’atteindre la cible avec des observations et des prédictions, mais n’obtiendrons jamais d’offres d’emploi de la part des publications de l’establishment, car ils ne recherchent pas des personnes qui ont raison, ils recherchent des personnes qui respectent la ligne de conduite. Nous sommes donc plusieurs dans le monde à attendre avec impatience le jour qui approche à grands pas où tous ces gars, et les filles, qui proclameront frénétiquement que “personne n’a vu cette crise financière venir”. Après que les choses se soient encore aggravées, ils sortiront tous et diront qu’ils ont en fait “vu la crise financière venir et ont essayé de nous avertir”.

    L’espoir n’est pas tant d’obtenir le crédit là où le crédit est dû (parce que cela n’arrivera pas), mais de réveiller le plus de gens possible qui écouteront le plus possible les dangers à venir, et peut-être sauver quelques vies ou inspirer quelques rebelles au processus. Dans le cas des partisans de l’establishment, l’espoir est qu’ils finissent par obtenir ce crochet du gauche (ou du droite) face à la réalité et perdent enfin leur crédibilité aux yeux du public. Ils méritent de couler avec le navire. Soit ils sont des agents de la désinformation (déjà que le quatrième pouvoir ne fait plus le job) soit ils sont trop ignorants pour voir l’écriture sur le mur et ne devraient pas avoir les emplois qu’ils ont. Les dernières faillites bancaires américaines semblent sonner la cloche ces derniers mois, c’est certain.

    Dans l’enquête menée par le WEF et publiée le 01 mai 2023, plus de 80 % des économistes en chef affirment désormais que les banques centrales “sont confrontées à un compromis entre la gestion de l’inflation et le maintien de la stabilité du secteur financier”. Ils avertissent maintenant que les pressions sur les prix devraient rester plus élevées plus longtemps et prévoient une période prolongée de taux d’intérêt plus élevés qui exposera de nouvelles fragilités dans le secteur bancaire, compromettant potentiellement la capacité des banques centrales à contenir l’inflation. Il s’agit d’un ÉNORME renversement par rapport à leur message original d’un atterrissage en douceur magique”.

  20. Un grand merci pour ce papier ainsi que les commentaires qui l’accompagnent. Contrairement à une croyance largement répandue qui réduit la crise bancaire déclenchée par la faillite des banques régionales américaines à un épiphénomène, les analyses développées dans ce blog ont le mérite de mettre l’accent sur le danger systémique que représente la financiarisation à outrance pour les véritables créateurs de la richesse, à savoir le monde du travail et les innovateurs dans les divers domaines de la vie économique et sociale.

    Ainsi, l’industrie financière s’est fortement éloignée de sa mission première. Celle-ci consiste à jouer le rôle d’intermédiaire ou d’interface entre les épargnants et les investisseurs avec des projets utiles pour la société en quête de ressources financières. De nos jours, il n’est pas excessif d’affirmer que les banques sont devenues une source d’instabilité et un casse-tête pour les autorités publiques de régulation, en raison des problèmes d’asymétries d’information et d’externalités, notamment quand elles se livrent à des activités qui transforment les produits utiles en produits toxiques (produits dérivés et titrisés) ou bien quand elles tentent de minimiser le risque inhérent à la détention de certains actifs (actions, immobilier ou devises par exemple) en gorgeant leurs portefeuilles obligataires des titres de la dette publique ou de bons de Trésor réputés sûrs; en oubliant que ces derniers sont exposés au risque de pertes en l’absence d’une diversification et de changement de la politique monétaire ( hausse des taux d’intérêts de la banque centrale).

    Par ailleurs, il est indéniable que les acteurs économiques éprouvent le besoin de se couvrir contre certains risques tels que les fluctuations des taux de changes, les variations des taux d’intérêt ou la faillite des clients importants. De plus, selon certains auteurs comme le prix Nobel d’économie Jean Tirole, la spéculation est consubstantielle au comportement humain. Aussi semble-t-il qu’en chacun de nous sommeille un spéculateur, et qu’en pratique le spéculateur est quelqu’un qui fait des paris sur des marchés financiers ou immobiliers ou des matières premières. Par exemple, on achète un logement pas seulement pour jouir des services qu’il nous procure (à telle enseigne que la comptabilité nationale s’est adaptée à notre situation de propriétaire pour nous imputer un loyer fictif), mais aussi dans l’espoir de réaliser une plus-value en anticipant une hausse des prix de l’immobilier.

    Cependant, le hic avec ce type de raisonnement, c’est qu’il n’est pas pertinent de comparer une banque qui spécule avec l’argent des déposants à un turfiste qui parie sur la course des canassons, dans la mesure où la perte d’une banque a des externalités négatives sur son environnement, même quand cette dernière n’est pas d’importance systémique, comme on l’a vu récemment avec la faillite de la Silicon Valley Bank, dès lors que la panique bancaire se diffuse par contagion.

    Quoi qu’il en soit, la tâche ne semble pas aisée pour faire le tri entre le bon grain et l’ivraie, autrement dit comment discriminer entre les instruments financiers encourageant le dynamisme économique et l’utile arbitrage entre rendement et risque et ceux destinés à alimenter la spéculation déstabilisante ou donc nuisible ; sachant que la ligne de démarcation entre eux est ténue en raison d’un manque de transparence au sein du monde bancaire. De surcroît, même si l’on admet la nécessité qu’il ne faille pas jeter le bébé avec l’eau de bain, il est indéniable que les produits dérivés et titrisés rendent difficile la supervision du système financier. C’est pourquoi nous devrions nous méfier comme de la peste des innovations financières, tout particulièrement quand celles-ci deviennent une ruse comme le cheval de Troie pour contourner les règles prudentielles et faire supporter des risques importants à des tierces parties (contribuables et petits investisseurs par exemple).

    La crise bancaire qui a éclaté au sein des banques régionales américaines continue à déployer ses effets dévastateurs. Contrairement au discours rassurant des autorités politiques et monétaires, il semblerait que la crise financière n’est pas derrière nous, mais qu’elle est plutôt devant nous, en raison notamment d’un niveau élevé de l’endettement du secteur privé, de l’immobilier commercial et d’une partie importante de la sphère financière non assujettie à la régulation publique. Telle est du moins la crainte exprimée récemment par Jean-Claude Trichet, ancien gouverneur de la BCE et grand prêtre de l’austérité budgétaire devant l’Eternel. Ce personnage fustige le “quoi qu’il en coûte” en France avec véhémence, alors que ce dispositif mis en place pendant la pandémie et poursuivi sous forme de bouclier tarifaire pour neutraliser les effets délétères du choc énergétique, constituait la réponse adéquate en l’absence d’une alternative à la crise endogène engendrée par le système dans lequel lui et nous vivons.
    A ce propos, remarquons en passant que la diatribe de M. Trichet contre “le quoi qu’il en coûte” sonne comme une revanche sur son successeur Mario Draghi avec son fameux : “whatever it takes” (tout ce qui est nécessaire) pour sauver la zone euro. Enfin, il est piquant de noter que l’ancien gouverneur de la BCE tresse des lauriers à l’industrie du luxe française pour sa contribution à l’emploi et à l’équilibre extérieur, mais il oublie de préciser qu’il a mené une politique de désinflation compétitive qui a vidé purement et simplement l’Hexagone de sa substance industrielle via les délocalisations, et que le luxe à la française se nourrit de la misère du monde (exploitation des femmes et des enfants dans certaines régions pauvres du monde).

    Après cette digression, revenons à nos moutons. De toute évidence la finance moderne est devenue une nuisance permanente pour l’économie réelle et un fardeau pour les contribuables en raison des crises qu’elle génère de manière endogène. A cet égard, le naufrage de Crédit suisse et son sauvetage en catastrophe par le Conseil fédéral et la Banque nationale suisse montrent que les normes prudentielles de type Bâle III ne semblent pas être un remède efficace contre le risque systémique.

    On peut également s’interroger sur l’efficacité de la méthode retenue par les autorités helvétiques pour éviter la faillite de leur deuxième fleuron bancaire : le fait de créer une nouvelle UBS (une union des banques systémiques) a toute chance de constituer une mauvaise nouvelle pour l’emploi dans le secteur bancaire, pour les entreprises et les particuliers à cause de l’affaiblissement de la concurrence et pour les contribuables. Enfin, les autorités politiques et monétaires ne sembleraient pas avoir de solution dans le cas où les choses tourneraient mal pour la nouvelle UBS, à moins qu’elles aient prévu une nationalisation du secteur bancaire.

    Pour toutes ces raisons, on est en droit de se demander si la solution ne réside pas finalement dans le démantèlement des banques d’importance systémique, dans la taxation de la spéculation et le durcissement du contrôle des innovations financières avec un système de brevets à l’instar de la pratique dans le monde industriel. Si ces propositions ne sont pas applicables pour des raisons diverses et variées, ne faudra-t-il pas envisager l’éventualité de faire participer les représentants des salariés et des contribuables au conseil d’administration des banques systémiques ?

    1. Bonjour cher Noel,

      Tout d’abord, un grand merci pour votre contribution à forte valeur ajoutée.

      Comme réenchantement du monde, sachez, cher Noel, que je souscris personnellement à la sagesse qui s’orienterait vers le “démantèlement des banques d’importance systémique, dans la taxation de la spéculation et le durcissement du contrôle des innovations financières avec un système de brevets à l’instar de la pratique dans le monde industriel”. Puis, je vous suis fondamentalement sur l’idée “de faire participer les représentants des salariés et des contribuables au conseil d’administration des banques systémiques”👏

      Ceci étant précisé, en ce qui concerne “la digression” (qui n’en est pas une à mon goût) puisqu’il s’agit du “quoi qu’il en coûte” que l’on pourrait replacer sur l’échelle d’un triumvirat. Les “commodités”, la spéculation prédatrice (confortée) et une anticipation (volontairement) erronée des risques énergétiques. Autant de variables que l’on ne peut attribuer aux seuls faits des conséquences des chocs endogènes et-ou exogènes (guerre en Europe, pandémie, dédollarisation, démondialisation…). Le cas Français, d’ailleurs, reste emblématique puisque d’un côté, le gouvernement du “Mozart de la finance” saigne toujours les patients aux quatre veines en leur offrant, en guise de contreparties, l’illusion d’un “helicopter money” (la distribution de chèques énergies), un autoritarisme sans concession vers la transition énergétique (pilotage/encadrement/surveillance/et encouragement rationnel plus que discutable, parfois même totalement irrationnel). Quant au bouclier tarifaire, raison gardée, n’est-il pas aussi le résultat de la politique des gouvernements précédents ayant fait le choix de vendre les bijoux de famille au secteur privé ? D’où l’émergence des sociétés de négoce (trading) de l’énergie sur le marché français (marché spéculatif connu). Tandis qu’avec ce paradoxe du “quoi qu’il en coûte”, de l’autre côté du spectre et plus généralement, vous avez un gouvernement qui a freiné des quatre fers pour taxer les superprofits des énergéticiens, et qui récemment (face à la grogne populaire) s’est soudainement réveillé sur le sujet totalement contreproductif des rachats d’actions propres par les grosses entités cotées en bourse…

      https://hbr.org/2014/09/profits-without-prosperity

      Alors même que les économistes “mainstream” ne pouvaient ignorer l’étude de William Lazonick depuis 2014, ni les données empiriques depuis lors. Or, bien que je ne porte pas le petit soldat Trichet (un des nombreux placés par GS en Europe) dans mon cœur, tant pour ses erreurs commises à la BCE que pour son rôle mortifère de “père la rigueur” (dans une UE alors déflationniste) je ne cautionne pas le fait de jeter l’argent par les fenêtres, d’autant plus si la manoeuvre s’inscrit dans une volonté de politique politicienne (comme dans un autre genre, en Suisse, avec le “sauvetage” du Credit Suisse dont le rachat était planifié par les pontes d’UBS depuis octobre 2022 – à en croire la lecture d’un document américain révélé par la “U.S. Securities and Exchange Commission”, elle-même. Donc, bien loin des propos tenus cette année 2023, par la ministre fédérale K.K.S et la propagande helvétique).

      Permettez-moi, cher Noel, de revenir sur ce “quoi qu’il en coûte”, en France, dans un contexte où les prix de l’essence et du gasoil figurent parmi les plus élevés en EU, et que malgré la chute des prix du pétrole et du gaz par rapport aux sommets de l’an dernier, à une échelle plus élargie qu’au seul État français, les géants pétroliers américains et européens – ExxonMobil, Shell, Chevron et TotalEnergies (tout en nous souvenant que dès le 01 janvier 2003 – avec les innombrables niches fiscales que compte la France – les armateurs français sont passés au régime alléchant de taxation au tonnage et non plus sur les bénéfices) continuent d’engranger des bénéfices record. Après avoir battu leurs records de bénéfices annuels en 2022, ils viennent tous d’afficher leurs bénéfices nets les plus élevés jamais enregistrés au premier trimestre (T1). ExxonMobil a réalisé un bénéfice de 11,4 milliards de dollars au cours des trois premiers mois de 2023, soit le double des 5,5 milliards de dollars du premier trimestre 2022. La société française TotalEnergies, quant à elle, a annoncé un bénéfice net trimestriel en hausse de 12 % en glissement annuel à 5,6 milliards de dollars, tandis que Shell et Chevron ont vu leurs bénéfices augmenter d’environ 5 % en glissement annuel pour atteindre respectivement 9,6 milliards de dollars et 6,6 milliards de dollars.

      https://cdn.statcdn.com/Infographic/images/normal/27887.jpeg

      À titre de comparaison, ces chiffres représentent deux à quatre fois le bénéfice trimestriel d’Amazon cette année (3,2 milliards de dollars au premier trimestre).

      Tout ceci pour conclure, cher Noel, qu’il n’y a pas de digression au sein de votre billet, mais une simple manière d’inciter à regarder au-delà du seul horizon que l’on a tendance à poser sur notre monde totalement financiarisé, où les gardes-fous ont manifestement baissés les bras, ou au pire à l’instar des bookmakers pourris, font le jeu gagnant des parieurs sur le déclin de l’économie réelle.

      Amicalement

      PS: J’espère vraiment qu’en Suisse – dans le cas du CS Gate – qu’une Commission d’enquête parlementaire verra le jour.

      1. Peut-être faudra-t-il un jour ou l’autre réécrire l’histoire du “sauvetage” (la fusion?) du CS, ou du moins expliquer au quidam la version moderne du “quoi qu’il en coûte”!

        Extraits: U.S. Securities and Exchange Commission

        P.31 – Contexte et motifs de la transaction

        “Entre octobre 2022 et février 2023, les développements au Credit Suisse ont été examinés par le comité stratégique ad hoc du conseil d’administration d’UBS Group SA (le «comité stratégique»). Début décembre 2022, sous la direction du comité stratégique, la direction a entrepris une évaluation préliminaire des conséquences qu’aurait une transaction avec le Credit Suisse si UBS Group AG était approchée pour jouer un rôle actif dans le sauvetage du Credit Suisse. Une évaluation préliminaire a été présentée (…)”

        https://www.sec.gov/Archives/edgar/data/1610520/000119312523118754/d501320df4.htm#tx501320_27

        P. 50 – Frais de résiliation

        “En cas d’indemnité de résiliation (telle que définie ci-dessous), le Credit Suisse a accepté de verser à UBS Group AG une indemnité de résiliation de (i) 100 000 000 CHF, ou (ii) si la résiliation survient parce qu’un tiers a, avant l’achèvement annoncé ou publié une offre aux actionnaires du Credit Suisse ou au Credit Suisse pour acquérir plus de 50% des activités du Credit Suisse, à hauteur de 50% de la prime explicite ou implicite offerte par ce tiers. Le Credit Suisse a accepté de payer toute indemnité de résiliation dans les 20 jours de bourse suivant la date à laquelle l’indemnité de résiliation devient exigible. Toutefois, l’accord de fusion prévoit que si le Credit Suisse conclut un accord avec un tiers concernant une transaction restreinte, “Pas de sollicitation”, les frais de résiliation deviendront immédiatement exigibles et payables par le Credit Suisse à UBS Group AG. Les frais de résiliation seront payables plus la TVA, le cas échéant, et ne seront pas réduits en raison de taxes, sauf si la loi applicable l’exige (…)”

        👉Une pénalité qui a de quoi dissuader tout autre potentiel acquéreur qui aurait voulu mettre une mise plus importante sur le tapis pour “le rachat” (sauvetage) de Credit Suisse, non?

        👉Pourtant, ça n’a posé aucun problème lors de son “premier sauvetage post 2008” (mea culpa, officiellement, il n’y aurait jamais eu de premier sauvetage du CS à cette époque) lorsque l’idée des obligations contingentes (Coco bonds) initiée par le CS – et cautionnée par les régulateurs – ont non seulement été un moyen facile de constituer du capital neuf (avant que ces nouveaux vhcs de placement furent totalement démocratisés dans le monde de la haute finance) avec des apports de fonds étrangers, à l’instar de Qatar Holding et Olayan Group, deux grands actionnaires du Moyen-Orient. Puis, ensuite, via un autre gros actionnaire: Saudi National Bank (Arabie saoudite).

        https://www.arabnews.com/node/368220

        L’approche Zurichoise du “quoi qu’il en coûte” dans l’affaire du “CS Gate” de la Berne fédérale? Intéressant.

        https://insideparadeplatz.ch/2023/05/05/ubs-platzierte-einzigartige-giftpille-in-cs-vertrag/

        CQFD

      2. Bonjour Raymond,
        Merci pour votre commentaire très éclairant sur la problématique du “quoi qu’il en coûte”. Naturellement je partage les arguments que vous avez opposés à cette méthode que le président Macron a utilisée, de manière machiavélique, en exploitant les circonstances exceptionnelles de la pandémie afin de redorer son blason, et donc d’améliorer la probabilité de se faire réélire, en dépit d’un premier mandat calamiteux.

        La suite des événements a conforté ce choix. Cependant, le mode de raisonnement suggérant à faire une chose et son contraire simultanément ( le fameux “en même temps”) est en violation flagrante avec le principe du tiers exclu de la logique classique. En plus, malgré le désastre auquel il a conduit tant en politique intérieure qu’en diplomatie, ce tic de langage reliant deux choses logiquement irréconciliables donne l’illusion que la synthèse est possible sur fond de flou artistique. Il semble également que ce paradoxe a de beaux jours devant lui; comme en atteste l’annonce récente du gouvernement français : réduire le déficit budgétaire pour se plier à la discipline du pacte de stabilité et de croissance de la zone euro, et en même temps continuer à augmenter la dépense publique sans accroître la dette publique ni les impôts; sachant que le recours au financement monétaire est exclu en vertu de l’indépendance de la banque centrale (BCE).
        De toute évidence, un tel scénario suppose implicitement que le Gouvernement français ait trouvé la pierre philosophale lui permettant de stimuler la croissance pour se procurer des recettes fiscales et des cotisations sociales afin de financer les besoins de la population en termes de services publics et de protection sociale, tout en évitant de faire peser le fardeau fiscal de la dette publique sur les générations futures.

        A ce propos, notons que ce vieil argument répété comme un mantra perd sa pertinence, dès lors qu’on prend en compte le fait que les générations présentes ne laissent pas seulement à leurs descendants un passif, mais aussi un actif sous forme de patrimoine public. Sans parler de l’héritage qui se transmet au sein des familles. C’est pourquoi, pour ma part, j’ai la naïveté de croire dur comme fer que la dette publique est le seul mécanisme par lequel on peut faire participer les générations futures à leur propre bien-être futur, pourvu que la dette publique finance les dépenses d’avenir sous la forme d’éducation, de recherche, d’innovations, de santé, de transition énergétique et d’infrastructures.

        Par ailleurs, l’expression de” quoi qu’il en coûte ” a quelque chose de commun avec la langue d’Esope. En effet, elle peut suggérer que les hommes politiques peuvent utiliser des instruments de politique économiques neutres à des fins qui n’ont rien à voir avec le bien-être des citoyens. Dans mon précédent commentaire j’ai employé cette expression sans prêter une attention à son caractère polysémique et polémique (voire ambigu). Dans mon esprit, il s’agissait en fait du soutien de la puissance publique par le biais de la dépense publique aux acteurs économiques afin d’éviter l’effondrement de l’économie pendant les périodes de confinement. Car, face aux défaillances et et donc au côté obscur de la Main invisible, seul l’Etat est en mesure de sauver le système économique de la catastrophe au travers de son triple rôle d’assureur, de protecteur et de prêteur en dernier ressort (banque centrale), notamment dans les situations de risque systémique ou pandémique, sachant que ce dernier peut être endogène ou exogène.

        Ceci étant dit, les autorités publiques ne devraient pas gaspiller les ressources précieuses et/ou dévoyer les instruments de la stabilisation macroéconomique. D’où la nécessité de tenir compte du coût d’opportunité que le slogan de Macron semble avoir sacrifié sur l’autel du calcul électoral, sans se préoccuper de la contrainte de solvabilité intertemporelle de l’Etat, quand bien même celui-ci ne saurait être traité comme un ménage ou une entreprise. C’est pourquoi il eût été souhaitable de ne pas voler au secours des entreprises zombies et autres “canards boiteux “pendant la crise sanitaire ; mais plutôt de réserver ce soutien public à leurs employés via l’assurance-chômage, l’aide à la reconversion professionnelle ou l’assistance à la mobilité géographique.
        En toute hypothèse, l’Etat n’a pas pour mission de défendre coûte que coûte les emplois. En revanche, il a le devoir de sécuriser les parcours professionnels afin de réduire les coûts individuels et collectifs liés au chômage de longue durée avec une forte probabilité de l’érosion des compétences. Dans la même veine, il aurait été hautement souhaitable de cibler le bouclier tarifaire concernant l’électricité, le gaz et les carburants sur les catégories les plus fragiles de la société au lieu de traiter les riches et les pauvres comme des sosies indiscernables.

        En résumé ” le quoi qu’il en coûte” révèle le vide sidéral de la pensée économique que l’esthétique de la communication du président Macron peine à combler pour emporter l’adhésion. Néanmoins, il est possible de rationaliser ce slogan dans le cadre du cycle politico- économique sur lequel il existe une littérature volumineuse ( voir par exemple, Hibbs.D.A (1977) : “Political Parties and Macroeconomic Policy”, Nordhaus. W. D (1975) : “Political Business Cycle”.).

        En gros, les interactions entre les agents économiques et les décideurs publics sont de nature politico-économique pour les raisons suivantes :
        1) le vote des électeurs est souvent motivé par des considérations économiques.
        2) l’horizon temporel des décideurs est fini, dans la mesure où leur mandat est périodiquement soumis au verdict du suffrage universel.
        3) Les motivations des hommes politiques peuvent refléter des considérations purement électorales qui conduisent à un comportement de maximisation de la popularité ou des considérations idéologiques traduisant la polarisation partisane de l’électorat en raison des effets redistributifs des politiques macroéconomiques.
        De leur côté les électeurs peuvent ignorer les véritables motivations des hommes politiques et de ce fait ils sont des gogos qu’on manipule à travers le choix des politiques macroéconomiques, ou bien ces mêmes électeurs sont loin d’être naïfs et sont donc à même de sonder les reins et le cœur des hommes politiques, ce qui les place dans une situation de jeu avec les hommes politiques.

        Aujourd’hui il est clair que l’opinion publique et les syndicats en France se trouvent dans une telle situation face à un pouvoir politique, qui veut faire le bonheur des citoyens malgré eux, à travers des réformes perçues à tort ou à raison comme régressives, comme celle du régime général des retraites en se focalisant sur un seul paramètre, à savoir le recul de l’âge légal de départ à la retraite, alors que le système des retraites en France pourrait être piloté au travers de toute une série d’instruments complémentaires, sachant qu’il n’y a pas péril en la demeure, du moins selon les scénarios retenus par le Conseil d’orientation des retraites (le COR).
        Amicalement.

        1. Nous sommes sur la même longueur d’onde, cher Noel, merci pour toutes vos précisions.

          Amicalement

  21. Le “CS Gate” n’en finit plus de créer des remous !

    Après quinze ans, voilà un autre cadavre qui fait surface et personnes n’étaient au courant aux plus hautes strates du pays à l’époque? Étrange.

    https://epaper.sonntagszeitung.ch/read/10000/10000/2023-05-07/1

    Mince, il faudrait presque que je sorte ma gomme pour effacer rétroactivement le titre de mon “Voyage dans le temps et l’espace” du 14 novembre 2022 à 07 h 10 min. Saison Master class : La petite histoire d’une cabale ? Extraits choisis:

    ***
    (…) Cette restructuration de la banque universelle et systémique – CREDIT SUISSE – pose à nouveau des questions tant sur les responsabilités de nos homo-politicus que celles de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA). Pour avoir voulu préserver quelques points de PIB à n’importe quel prix, l’on serait presque amené à croire qu’une cabale fut fomentée aux plus hautes strates de État contre l’Intérêt général et le bien commun. Rappelons-nous qu’au 15 septembre 2008 (date de la faillite de la quatrième banque d’investissement aux États-Unis, Lehman Brothers), la Suisse restait encore plus dépendante que d’autres pays de son secteur bancaire qui représentait 10% du Produit Intérieur Brut (…)

    (…) ce fer de lance de l’École de Chicago sera embauché dans la continuité de sa carrière par Allen Wheat, pour rejoindre « Credit Suisse Financial Products » en 1990. La division des produits dérivés et structurés. En 1996, il sera nommé responsable de la division Actions, poste qu’il occupera pendant cinq ans avant d’être nommé Global Head of the Securities division en 2001. De 2002 à juillet 2004, il sera nommé Co-President Institutional Services chez Credit Suisse First Boston. Puis, deviendra Chief Executive Officer de la division (CS First Boston) – banque d’investissement – du Credit Suisse avant sa nomination depuis janvier 2006 à la maison mère du Credit Suisse à Zurich. Il était alors CEO Investment Banking et CEO par intérim Credit Suisse Americas. Dès 2007, il deviendra CEO du Group Credit Suisse. Cet étudiant ne fut autre que : Brady DOUGAN. Le même bonhomme qui pilotait le Credit Suisse lors de la débâcle de Lehman Brothers, le même Credit Suisse Group qui fut largement impacté par les produits structurés et titrisés avec pour émetteur Lehman Brothers. Le même Brady DOUGAN – surnommé dès 2009, le « Roi des bonus», année où son salaire avait atteint 90 millions de francs – qui, “bien évidemment, il va sans dire” – avec ses nombreuses connections dans le microcosme de WS – ignorait qu’en mai 2008 (…)

    https://blogs.letemps.ch/sergio-rossi/2022/11/14/credit-suisse-et-le-casino-de-la-finance-globale/#comment

    ***
    L’enquête du SonntagsZeitung du 07 mai 2023 (dont l’article fut reprit par le 20 minutes) précise que “(…) les participations aux bénéfices remontent à l’ancien CEO de Credit Suisse, Brady Dougan, qui a quitté la banque en 2015, selon le journal. En 2008, il a offert à Robert Shafir, l’ancien chef du CSAM, ainsi qu’à certains de ses fidèles, une participation directe aux bénéfices des fonds de placement à haut risque. Une participation valable pendant 15 ans. Dans le cas de Robert Shafir, elle n’a été déclarée que quatre ans plus tard (…)”

    À moins d’être complètement à côté de la plaque, je serais presque tenté de croire que la récompense de Robert Shafir – déclarée en différé (histoire à laisser passer les remous?) – avait une raison d’être moins avouable en son temps, si tant est que Dougan et Shafir auraient pu avoir connaissance – comme initiés à WS – de certaines informations du marché américain, tandis qu’en parallèle les clients du CS faisaient tourner l’usine à gaz de la division “Credit Suisse Financial Products”. Bien évidemment, ceci n’est que pure supputation, néanmoins, il est étrange que Robert Shafir – avant de rejoindre le Credit Suisse en août 2007 – ait travaillé justement chez Lehman Brothers pendant 17 ans en tant que responsable des actions mondiales ainsi que membre du conseil d’administration. Alors même que les clients du CS – par un mauvais coup du destin ? – ont ramassé ensuite une volée de bois vert avec la faillite de l’émetteur (LB) de leurs produits structurés diffusé généreusement par Credit Suisse.

    https://www.salt.org/speakers/robert-shafir

    Vous avez dit bizarre?

    Que faut-il à présent comprendre avec la notion de réforme structurelle?

  22. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 (81): Le capital confiance s’achète à crédit ou s’exige avec un couteau sous la gorge

    L’érosion de la confiance ne nécessite pas d’intention, elle ne nécessite que la poursuite aveugle de l’intérêt personnel par-dessus tout. La confiance est fondamentalement la réciprocité et l’honnêteté : pour instaurer la confiance, nous devons chacun assumer nos responsabilités convenues et être honnêtes sur nos performances et nos actions. Or, les mensonges, l’obscurcissement, la mauvaise direction et les péchés d’omission sont tous devenus cet Opium dans lequel nous devons avoir confiance. Ceux qui placent la poursuite de l’intérêt personnel au-dessus de tout aiment penser qu’ils peuvent affiner leur cupidité en omettant la vérité plutôt qu’en présentant un mensonge. D’ailleurs, la récente décision de boulonner le dernier boss du Credit Suisse à la mastodonte UBS – lui qui a oeuvré auprès du CS de 1998 à 2009, avant de jouer aux chaises musicales jusqu’en 2023 – est symptômatique du profond malaise qui frappe nos sociétés.

    Tels des “animaux sociaux” (Animal spirits – Keynes) dont la survie repose en fin de compte sur la confiance, les humains du monde d’en bas sont très sensibles à la différence entre la vérité, l’honnêteté, et les tergiversations égoïstes telles que les péchés d’omission. Tandis que les élites financières, et celles qui vivent en grand nombre dans des fiefs protégés, se sont persuadées que la poursuite incessante de leur propre intérêt (Public Choice Theory) n’a aucun coût ni conséquence, ignorant commodément le volume d’Adam Smith sur les “fondements moraux” nécessaires pour soutenir le capitalisme; ils pensent que “la main invisible” du marché n’est rien de plus qu’une frénésie nourrissante d’avidité égoïste, et dont la poursuite incessante de l’intérêt personnel transformera comme par magie leur pillage et leur parasitisme dans une économie et une société stables.

    C’est pourquoi la confiance a été perdue en Amérique et ailleurs. Tous ceux qui détiennent le pouvoir utilisent ce pouvoir uniquement pour leur propre bénéfice et celui de leurs copains (Crony Capitalism) sous le prétexte de “servir l’intérêt général” ou encore plus flagrant, de “faire le travail de Dieu”, alors même que les classes moyennes sont irrémédiablement rétrogradées à chaque crise économique e-o financière. Les classes moyennes américaines ne prétendront pas le contraire, elles qui faisaient autrefois confiance aux marchés, aux institutions et aux dirigeants des droits civiques et qui ont vu leur part de la richesse nationale diminuer…

    https://www.oftwominds.com/photos2023/wealth50-90-2-23a.png

    …à mesure que la part des 1 % les plus riches augmentait. Les mêmes qui, hier embrassaient le rêve américain, ont enfin pigé aujourd’hui que: la richesse n’a pas été « cultivée » mais tout bonnement transférée !!! Un phénomène qui n’est pourtant pas propre aux excès Outre-Atlantique.

    https://www.oftwominds.com/photos2023/wealth-top1-2-23b.png

    Englués à présent dans leur dette stratosphérique – détenue par des tiers sous la forme d’emprunts souverains – les États-Unis qui ont non seulement relevé leur soi-disant plafond de la dette 104 fois depuis 1944, implore à nouveau le capital confiance, même si cette fois ils auront dû monter d’un cran: grâce à la peur! En effet, le Conseil des conseillers économiques de la Maison Blanche (CEA) a publié une nouvelle analyse mettant en garde contre les conséquences possibles d’un dépassement réel du plafond de la dette.

    https://www.whitehouse.gov/cea/written-materials/2023/05/03/debt-ceiling-scenarios/

    Certes, Il existe un large consensus parmi les économistes sur le fait qu’un tel événement “générerait une catastrophe économique entièrement évitable”. “Même une impasse de dernière minute qui laisse ouverte la possibilité d’un défaut à l’approche de l’échéance aurait probablement des conséquences négatives importantes”, selon le rapport, car “l’incertitude croissante quant à un défaut potentiel perturberait les marchés financiers, nuirait aux cours des actions et ébranlerait la confiance des consommateurs et des entreprises. Le résultat en cas de défaut réel devrait cependant être nettement pire, mettant en péril des millions d’emplois et, selon la durée du défaut, pouvant entraîner une profonde récession”.

    Ainsi, le “capital confiance” (émotionnel) continue de s’acheter à crédit – ou est exigé avec un couteau sous la gorge – tout en sachant à l’avance qu’il occasionna des “charges émotionnelles” qu’il faudra s’acquitter au prix fort.

  23. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 (82) : Couvrez ce “Shadow banking system” que je ne saurais voir

    Alors que le phénomène exponentiel du “Shadow banking” me préoccupait déjà en 2010, que beaucoup s’en moquaient, nos gouvernements tombent toujours des nues après les premières batailles perdues. Vaudevillesque, car ce sont les mêmes gouvernements qui ont cautionné les systèmes de prédation de l’économie réelle, et quasi les mêmes (repentis, lanceurs d’alerte et-ou scientifiques déboulonnés des mantras “mainstream) qui avertissent et les dénoncent.

    D’ailleurs, qui ce souvent encore de ce brillant étudiant qui rejoignit plus tard la “Chicago Booth School of Business” en qualité de professeur de finance, avant de devenir le plus jeune directeur de recherche du FMI en 2003? En 2005, lors de la conférence annuelle de la Réserve fédérale de Jackson Hole en 2005, Raghuram Rajan a mis en garde sur les risques croissants dans le système financier et a proposé des politiques qui permettraient de réduire ces risques. Cette étude intitulée « Est-ce que le développement financier a rendu le monde plus risqué? » lui vaudra les critiques de l’ancien secrétaire d’État au Trésor américain Lawrence Summers pour qui ces avertissements feraient montre d’un mauvais jugement (misguided) et seraient “réactionnaires”. Pourtant, la crise financière et économique de 2008 confirma les premières de Raghuram Rajan, et le Wall Street Journal publiera en janvier 2009 un article retrospectif sur le caractère prémonitoire de son papier en montrant que “peu sont ceux qui critiquent ses idées”.

    Or, en 2023, certains de ses propos raisonnent encore lorsqu’ils condamnaient les grandes banques d’avoir sous-traité leurs activités risquées au sein du système bancaire parallèle (shadow banking). Quant aux propos du professeur Jan Pieter Krahnen – ancien directeur du Centre d’études financières de l’université de Francfort – étaient-ils une vue de l’esprit? Lorsqu’il avait suggéré (en vain) “que les banques déclarent chaque transaction qu’elles concluent avec une banque parallèle”. “Ensuite, vous sauriez au moins quelle est la taille du volume et donc du risque. La banque pourrait être contrainte de déposer des fonds propres pour les risques externalisés auprès de banques parallèles. Cela réduirait l’incitation à de telles transactions – et bien sûr le risque associé”.

    Plus récemment encore – fait hautement d’actualité – il n’est pas inintéressant de prendre lecture de la réaction du whistleblower Rudolph Elmer (affaire J.B. Cayman):

    “Ces shadow banks sont aussi domiciliées dans les paradis fiscaux car ces paradis fiscaux sont aussi des paradis de régulation bancaire et judiciaire. En particulier, ces banques font des paris entre elles sur une base contractuelle sur l’évolution des taux d’intérêt, des métaux précieux, etc. Un exemple avec un swap de taux d’intérêt, par exemple entre Morgan Stanley et Julius Baer, ​​​​Cayman. De telles transactions n’apparaissent pas sur le bilan bancaire, ne sont pas négociées en bourse, mais ne sont que des accords contractuels de centaines de millions entre les banques parallèles. C’est comme une transaction d’option, qui est négociée “de gré à gré”, c’est-à-dire pas via une bourse et le volume des transactions n’est donc pas connu publiquement. Pire encore, il est presque impossible de poursuivre avec succès un tel accord dans une oasis de réglementation bancaire et de justice, car c’est exactement le modèle économique de ces oasis et garantit les revenus et les emplois de l’État en question”

    https://www.infosperber.ch/wirtschaft/kapitalmarkt/so-funktioniert-das-internationale-finanzcasino-schattenbanken/

    “Si le Parlement met en place une commission d’enquête, il pourrait découvrir à quel point le Credit Suisse a spéculé dans le casino bancaire parallèle”.

    De quoi offrir du grain à moudre au “Saint patron” de l’UBS mastodonte, Sergio Ermotti, qui veut une analyse détaillée des causes de la chute de Credit Suisse (et dont l’ensemble des causes remontent à plus d’une décennie).

  24. La BNS ET LA POLITIQUE DE L’AUTRUCHE FACE AU DEFI CLIMATIQUE.
    Le rôle des banques centrales dans la « macroéconomie du climat »
    Publié le 24/04/2023 10:50Discours – François Villeroy de Galhau, Londres.

    Cet article du gouverneur de la Banque de France attire l’attention sur le fait que la Banque centrale ne devrait pas s’abriter derrière son mandat juridique pour afficher une indifférence à l’égard du changement climatique.Car celui-ci a des répercussions directes sur la stabilité des prix et donc sur le coeur du mandat de la BC. En la matière, il suffit de penser à la sécheresse, aux inondations, aux tempêtes et aux récentes hausses des prix de l’alimentation ou de l’énergie, sachant que ces derniers éléments sont considérés comme volatils, et par conséquent ils ne font pas partie de l’inflation cœur ou l’inflation sous-jacente sur laquelle est axée la politique monétaire avec des marges limitées en raison de l’incertitude.
    En tout cas, à la lumière de ces réflexions du gouverneur de la Banque de France et en dépit des critiques qu’on peut lui adresser sur la défense de la taxe carbone ou la solution par le marché, il serait hautement souhaitable que les dirigeants de la BNS verdissent sérieusement leur politique monetaire, afin prendre en compte les conséquences du changement climatique sur la stabilité des prix au lieu de répéter inlassablement avec le risque de tomber dans le psittacisme que la problématique environnementale et climatique est étrangère à leur mandat et que toute déviation de l’objectif de la stabilité des prix est lourde de conséquences sur leur crédibilité.

    1. Bonjour cher Noel,
      Comme la BNS est administrée avec le concours et sous la surveillance de la Confédération – que sa forme juridique associe aussi bien des éléments de droit public que de droit privé – si l’on rajoute au cercle vicieux le pedigree (ancien président du lobby pétrolier SwissOil) de l’actuel conseiller fédéral et ministre de l’Environnement et de l’Énergie🤔Albert Rösti🤔je suis amené à penser que cette sale mentalité (propre aux relations incestueuses) se pérennise dans le temps. À se demander jusqu’où la Berne fédérale sera disposée, à l’avenir, à pousser le bouchon pour que la Suisse perde sa crédibilité et sa réputation sur la scène internationale.
      ****
      RAYMOND
      9 décembre 2019 à 19 h 19 min

      Au delà des bonnes résolutions qui nous occupent régulièrement en fin d’année, mais qui s’évaporent souvent aussi vite quelles sont apparues, n’oublions pas qu’en juin 2014, la Banque Nationale Suisse affichait des investissements de 1,9 milliards $ dans des entreprises américaines actives dans des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon, nucléaire) et qu’aujourd’hui – cinq ans après – ce montant atteint un niveau record de… 6,482 milliards $. Que les agapes des banquiers centraux mènent leur prêche en actes tangibles et non en bulles moins festives, après on pourra peut-être se fier à leurs “bonnes paroles”.

      https://blogs.letemps.ch/sergio-rossi/2019/12/09/politique-monetaire-et-risques-climatiques-que-fait-la-bns/#comments

      Bien à vous et bon dimanche

  25. Ne dites surtout pas au bon peuple helvétique qu’il vit au pays des bisounours, et pourtant…

    Que la Banque Nationale Suisse (BNS) ait “aspiré l’épargne des Suisses” pour assurer sa “guerre des monnaies” n’a véritablement ébranlé quasiment personne…

    https://www.illustre.ch/magazine/bns-aspire-lepargne-suisses

    Pas plus que la Banque Nationale Suisse (hedge fund devant l’éternel) n’a créé de forts remous sur la scène politique lorsqu’elle s’est embrigadée sur le chemin spéculatif des investissements bruns, via un effet de manche dont elle voulait garder jalousement le secret. Même si la manœuvre devait bafouer sa directive d’investissement indiquant ne pas vouloir “investir dans des entreprises qui produisent des armes prohibées par la communauté internationale, qui violent massivement des droits humains fondamentaux ou qui causent de manière systématique de graves dommages à l’environnement”.

    Le Conseil fédéral, le parlement, les cantons et les actionnaires de la BNS sont censés connaître cette situation, bizarrement, personne ne trouve rien à redire”, dénonçait en son temps Laurent Horvath, économiste et spécialiste de la géopolitique – dans une interview…

    https://www.illustre.ch/magazine/face-obscure-bns

    Ainsi, avec la récente perte abyssale de la Banque Nationale Suisse, puis ensuite avec son action controversée lors de la débâcle (sauvetage/fusion?) du Credit Suisse, nous devrions tous garder les volets ouverts sur ces extraits choisis de l’interview du macroéconomiste, Michel Santi:

    ♟”…Je fus choqué lorsque j’appris comme tout le monde que la Banque nationale suisse – une banque centrale qui compte au niveau mondial – avait perdu 130 milliards de francs suisses sur l’année 2022…”

    ♟”…Dans le cadre de mon enquête, j’ai dû aller trouver les réponses à mes questions et à mes interrogations – non pas en Suisse – mais aux États-Unis, car la banque centrale du pays de la démocratie directe ne publie qu’une ligne à son bilan pour expliquer cette perte…”

    ♟”…Ce n’est donc pas ses pertes subies l’an dernier, ni même l’ampleur de ces pertes qui sont inquiétantes. Le questionnement essentiel réside en fait dans la légitimité de ces pertes!…”

    ♟”…En outre, je me suis rendu compte au gré de mes recherches que cette banque centrale nourrissait une opacité relativement scandaleuse…”

    ♟”…La passivité du peuple helvétique – à moins que cela ne soit de la résignation face à la fois à des pertes très inquiétantes engrangées par sa banque centrale et par cette disparition programmée de cette banque – le Credit Suisse – qui aurait pu être sauvée, car d’autres alternatives et offres étaient sur la table…”

    ♟”…Dans le cas de la BNS, je ne suis en fait que très peu étonné de la frilosité de la presse helvétique qui n’a pas cherché à creuser ces pertes, pas plus qu’à chercher à comprendre comment la BNS s’était ainsi égarée. Permettez-moi de rectifier le terme de frilosité par celui de connivence…”

    https://www.gewerbezeitung.ch/fr/nouvelles-archives/2023-05-bns-placements-fous-en-dollars/

    En conclusion: si les faits nous amènent à penser que les barbares sont aujourd’hui dans la place – contrairement au philosophe stoïcien Marc Aurèle dont il eut la charge défensive de les garder à bonne distance de son Empire – nous pouvons à présent alléguer que les mots (maux) ne sont plus seulement une opinion mais également un fait. Et à ce titre, l’action est la vérité.

  26. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 (83): Que l’on en finisse au plus vite avec l’hégémonie du dollar et le plafond de la dette

    Aujourd’hui, plus personne n’est dupe sur l’hypothétique plafond de la dette US, alors que le pouvoir militaire du dollar américain prend chaque année du plomb dans l’aile.

    https://bipartisanpolicy.org/debt-limit-through-the-years/

    La seule dette publique étasunienne s’élève à 129 % du PIB, son coût annualisé du service de cette dette a fait un bond de “seulement” 90 % par rapport à 2011, en raison de l’augmentation de la dette et de la hausse des taux d’intérêt. Ben oui, si certains économistes affirment que “le plafond de la dette aide le gouvernement à être plus responsable sur le plan budgétaire”, d’autres s’accordent à dire que leur monnaie de singe – par ailleurs monnaie de réserve mondiale – ne peut plus éternellement servir à financer leurs délires et nourrir les psychopathes de Wall Street (et ce n’est pas en sortant du tiroir une pièce en platine frappée 1’000 milliards de dollars que la donne va changer).

    En janvier 2023, la limite de dette de 31,4 billions de dollars – le montant de la dette que le gouvernement américain peut détenir – a été atteinte, ce qui crée déjà une instabilité significative sur les marchés, alors que nous savons bien que le plafond de verre sera à nouveau bouleversé. Toutefois, à ce jeu de dupes, les États-Unis pourraient faire défaut (temporairement) sur leur dette, ce qui aurait bien évidemment des effets néfastes sur l’ensemble du système financier mondial. Voici quelques-uns des effets d’entraînement potentiels si le plafond de la dette n’était pas relevé dans les temps:

    Avec des taux d’intérêt plus élevés, en règle générale, les investisseurs exigent des paiements d’intérêts plus élevés à mesure que le risque lié à leurs créances augmente. Si les États-Unis omettent de payer les intérêts sur leur dette et obtiennent une dégradation de leur crédit, ces paiements d’intérêts augmenteront probablement. Cela aurait un impact sur les paiements d’intérêts du gouvernement américain et le coût d’emprunt pour les entreprises et les ménages. Des taux d’intérêt élevés peuvent ralentir la croissance économique car ils dissuadent de dépenser et de contracter de nouvelles dettes. Aggravant de fait le phénomène récessif. Historiquement, les récessions ont augmenté les dépenses déficitaires des États-Unis à mesure que les recettes fiscales diminuent et qu’il y a moins de revenus pour aider à financer les activités du gouvernement. Des dépenses de relance budgétaire supplémentaires peuvent également exacerber tout déséquilibre budgétaire. Enfin, des taux d’intérêt plus élevés pourraient causer plus de problèmes au secteur bancaire, qui est déjà sur les nerfs. Une hausse des taux d’intérêt ferait aussi baisser la valeur des obligations en circulation, que les banques détiennent comme réserves de capital. Cela rend encore plus difficile la couverture des dépôts, ce qui pourrait encore accroître l’incertitude dans le secteur bancaire, voir rendre très concret la “Théorie du Coyote suspendu”.

    Une érosion de la crédibilité internationale du dollar US – en tant que monnaie de réserve mondiale – puisque tous défauts sur les bons du Trésor américain ébranleraient brutalement les marchés mondiaux. Si son rôle d’actif “ultra sûr” (même s’il a déjà reçu implicitement le goudron et les plumes) est mis à mal, une réaction en chaîne aux conséquences négatives pourrait se propager à l’ensemble du système financier mondial. Souvent, les bons du Trésor sont détenus en garantie (collatéral) d’une part. Si ces paiements de dette ne sont pas payés aux investisseurs, les prix chuteraient, la demande pourrait s’effondrer et les investisseurs mondiaux pourraient déplacer leurs investissements ailleurs (bank run). D’ailleurs, les investisseurs intègrent le risque que les États-Unis ne paient pas leurs détenteurs d’obligations puisque les spreads des swaps sur défaillance de crédit (CDS) à un an aux États-Unis sont beaucoup plus élevés que ceux des autres pays. Ces instruments CDS, cotés en spreads, offrent une assurance en cas de défaut des États-Unis (également vhc de spéculation).

    Alors oui, que cette mascarade du plafond de verre de la dette US cesse une bonne fois pour toute et, qu’on en termine à l’avenir avec l’hégémonie de cette monnaie de singe militarisée.

  27. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 (50): Ne nous leurrons pas, les banksters ne sont pas les seuls sur le rang des esprits rotors

    “Un nouveau scandale touche la finance britannique de la City, à Londres. La banque Barclays a admis avoir manipulé le Libor durant la crise financière, dévoilant au grand jour un scandale qui pourrait impliquer des dizaines d’établissements”.

    Là, je parle bien évidemment d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, c’est-à-dire cette année 2012 où la Barclays bank admis avoir manipulé le taux Libor durant la crise financière, dévoilant ainsi au grand jour un scandale que l’on croyait “majeur”. La direction de la banque qui a dû démissionner depuis affirmait “que les régulateurs étaient au courant de ses activités mais qu’ils ne les avaient pas empêchées”. La tentative de manipulation du Libor, qui s’est déroulée entre 2005 et 2009 selon les autorités, implique que des millions d’emprunteurs ont payé un taux d’intérêt majoré ou minoré sur leur dette. Selon les aveux de Barclays, à l’époque, “des traders de la banque ont tenté dès 2005 de manipuler le Libor pour gonfler les profits du groupe et, à partir de 2008, ils ont minimisé les estimations des intérêts payés à d’autres banques pour enjoliver la situation financière de Barclays, alors fragilisée par la crise”. La publication de courriers électroniques montrant que des banquiers se félicitaient de l’efficacité de la manipulation en s’offrant mutuellement du champagne a suscité la colère d’une partie de l’opinion publique à l’encontre du secteur bancaire, renfloué pendant la crise à coups de dizaines de milliards de livres d’argent public.

    Sauf qu’en 2023, un cadavre vient, semble-t-il, d’être mis au jour par le correspondant économique de la BBC, Andy Verity:

    “Les régulateurs britanniques et américains ont été informés d’une campagne menée par l’État pour truquer les taux d’intérêt lors de la crise financière de 2008, mais l’ont dissimulée, selon les preuves. Des documents suggèrent que les prêteurs ont fortement baissé leurs estimations de taux d’intérêt après la pression des banques centrales. Aucune preuve n’a été montrée aux jurys au moment où des banquiers ont été emprisonnés pour “manipulation” des taux d’intérêt à petite échelle. Les régulateurs ont déclaré avoir suivi les règles de divulgation, refusé de commenter ou, dans un cas, réfuté les allégations. Certaines preuves ont déjà émergé de l’implication de la Banque d’Angleterre et du gouvernement britannique dans la manipulation des taux d’intérêt. Mais les preuves indiquant que cela faisait partie d’une campagne internationale plus large, non seulement du Royaume-Uni mais aussi des banques centrales du monde occidental, visant à faire baisser les taux d’intérêt directeurs en octobre 2008 n’ont jamais été publiées auparavant.

    Les éléments de preuve indiquent qu’en octobre 2008, des banques centrales, dont la Banque d’Angleterre, la Banque de France, la Banque centrale européenne, la Banca d’Italia, la Banco de Espana et la Federal Reserve Bank de New York, sont intervenues à grande échelle dans le trucage du Libor et de l’Euribor. Au plus fort de la crise financière de 2008, alors que les prêts bancaires s’étaient presque arrêtés, les banques centrales du monde entier ont appelé au calme. Mais mon enquête révèle des preuves que, dans les coulisses, ils tiraient des leviers pour rétablir artificiellement le calme – des mesures qui seraient plus tard jugées contraires à la loi au Royaume-Uni. Ces mesures étaient liées aux taux d’intérêt de référence appelés Libor et Euribor, qui suivent combien il en coûte aux banques d’emprunter de l’argent les unes aux autres. En tant que tels, ils ont une grande influence sur le coût des hypothèques et autres prêts. Plus les investisseurs avaient confiance dans la banque emprunteuse, plus le taux était bas. Plus le taux était élevé, plus le marché doutait de la viabilité de cette banque.

    En octobre 2008, il y a eu une campagne internationale, impliquant les banques centrales du Royaume-Uni, des États-Unis et de la zone euro, pour faire baisser le Libor et rétablir un sentiment de calme sur le marché, à un moment où les prêts bancaires étaient presque à l’arrêt. En novembre 2010, les agences d’enquête du Federal Bureau of Investigation (FBI) américain au régulateur financier britannique en ont été directement informées – mais elles ont depuis gardé le secret vis-à-vis du Parlement, du Congrès et du public. Andrew Tyrie, qui a présidé le comité du Trésor britannique des députés lorsqu’il a enquêté sur le Libor en 2012, a déclaré à la BBC qu’il pensait que le Parlement semblait avoir été induit en erreur. Les preuves que M. Verity a découvertes suggèrent fortement que l’enquête de la commission sur le scandale du Libor n’a pas dit toute la vérité…”

    https://www.bbc.com/news/business-65635243

    Après le CS-Gate, voici donc le Libor-Gate 2.0. Et l’on parle de réforme structurelle?

  28. Voyage dans le temps et l’espace

    Saison 2023 – Master class – La schizophrénie au service de la finance de marché

    Le 13 septembre 2021 à 12 h 26 – je déposais sur cet espace de liberté (peut-être lui aussi en voie de disparition) une de mes innombrables missives comme pour me rappeler mes analyses…un jour venu. Ce jour d’après dans un monde finit. C’est également poussé par ce même leitmotiv qu’en tant que repenti de la finance de marché (en 2008, post Lehman Brothers) – qu’il me vînt contre vents et marées l’idée de tenir à jour mon hémérothèque personnelle, histoire de me rappeler au bon souvenir des initiés de la finance, de la justice de haut vol et des hautes strates de l’État. Puis, pour finir par reconnaître que le qualificatif de “Saint-Just” qui m’était affublé par moquerie crasse jusqu’aux entrailles du Tribunal, n’était complètement dénoué de sens avec le temps. La schizophrénie m’avait-elle étreinte en 2007? Assurément non, puisque j’étais déjà, selon l’anamnèse de mes biais cognitifs par les “experts de la finance”, un “Archange de la terreur” – déloyale de surcroît. Sauf qu’aujourd’hui, avec un recul de trois de lustres, nous mesurons mieux quel est le prix que doit s’acquitter l’économie réelle à cause de cette fuite en avant généralisée (post 2008) et orchestrée par nos modèles de gouvernance. Nous pouvons presque matérialiser cette pathologie psychiatrique transpirante – la schizophrénie – tant elle demeure si perceptible à l’échelle de l’histoire où les perturbations de la réalité et les idées délirantes nous ont contraint à gober tout et n’importe quoi. Alors, en ce mois de septembre 2021 – au sein du blog de notre hôte, l’éminent scientifique et professeur Sergio Rossi – je rappelais à tous que…

    […peu de temps après le fameux grounding de Swissair en 2001 – déjà révélateur des relations incestueuses entre les pouvoirs politiques et financiers – un ex-analyste financier nous rappelait (lui aussi) un triste constat avec ses mots: “L’économie me semble un étang à requins. À l’Université, on enseigne l’éthique, mais dans la pratique, c’est bien différent”. Or, vingt ans après cette année déjà fatidique, les politiques savent-ils seulement qu’aujourd’hui encore, soit le 13 septembre 2021, alors que la faillite du 15 septembre 2008 de la banque d’investissement Lehman Brothers propulsa la planète dans sa plus grande crise financière, et économique, que le monde ait connu après le célèbre crash financier d’octobre 1929 – un événement marquant à jamais l’histoire boursière avec l’onde de choc menant à la Grande Dépression – que la maxime de Wall Street et de la City est toujours : “I’ll Be Gone, You’ll Be Gone”, soit en français, “je ne serai plus là, vous ne serez plus là” ? Qui signifie clairement que les prochains cataclysmes – inévitables comme conséquence des comportements d’aujourd’hui – ne sont pas le problème des financiers qui ne seront plus ici… et que c’est d’autres qui devront gérer les problèmes. Effectivement, ni les acteurs de la haute finance, ni les politiques n’auront appris et retenus les leçons de l’histoire. Ne serait-ce “que” morale!

    Bien que l’éminent anthropologue Claude Lévi-Strauss (1908- 2009) écrivait comme un vœu pieu: “les crises permettent aux sociétés touchées de se remettre efficacement en question et de se reconstruire, en se débarrassant des modèles économiques obsolètes qui les mènent à leur perte”; force est de constater qu’il n’en est plus rien au 21ème siècle. Un progrès dans la pauvreté intellectuelle, doublé de relations contre nature entre pouvoirs politiques et financiers. Dommageable également de constater que depuis le début de cette nouvelle crise (sanitaire et économique), des anthropologues ont aussi été interrogés dans les médias sur ce que cette crise révèle de notre rapport à la maladie, à la mort, à l’espace public, aux animaux, à la mondialisation, à l’économie, mais que le nom de Claude Lévi-Strauss n’a jamais été prononcé, alors qu’il fût sans doute l’un des plus grands anthropologues du 20ème siècle. Il en a pensé toutes les tensions, les contradictions et les catastrophes. Autant de leçons que nos gouvernements successifs, aux économies dites “avancées”, auraient du retenir au lieu de se raccrocher sauvagement à une sélection darwinienne 2.0. Et ô combien déjà révélatrice lorsqu’on mesure les propos de Warren Buffet qui ne plaisantait pas lorsqu’il prévenait dès 2006 – soit avant la crise du subprime US – que les (ultra) riches étaient en train de gagner. Dans une interview accordée à l’époque au New York Times, il reconnaissait qu’une “lutte de classes” faisait rage, tout en précisant : “c’est ma classe, les riches, qui a déclaré cette guerre et c’est elle qui est en train de la remporter” ! … avant de confirmer à la faveur de la crise financière que cette guerre avait bel et bien été gagnée : “we won” – nous avons gagné. Enfin, pour préparer le monde d’après, s’il reste évident qu’il faudrait d’abord percevoir les signes du monde d’avant, dont le fondateur de l’anthropologie structurale a proposé de tracer la carte, faudrait-t-il encore que nos dirigeants saisissent qu’il n’y a aucun cercle vertueux dans l’ignorance et encore moins dans le fait à pérenniser coûte que coûte un modèle déjà autodestructeur…”]

    Pourtant, la débâcle de la banque voilée n’est intervenue (et annoncée officiellement) qu’en mars 2023, alors que tous les signaux annonciateurs étaient déjà antérieurs à 2022. Et d’autres que l’on ne pouvait ignorer courant 2022, notamment via le niveau des primes CDS. Évidemment, je fais l’impasse sur mon intervention du 09 novembre 2022, tout comme je ne vais re-détailler le “trucage du CS en 2008”, le “Financial Times s’étant déjà prêté à l’exercice le vendredi 01 février 2013, lorsqu’il écrira que “le CS aurait lui même avancé les fonds au Qatar en 2008 pour lui redonner une assise suffisante. Soit via une opération de portage. Cette transaction à hauteur de 10 milliards de francs est interdite en Suisse, tout comme dans l’Union européenne. Le régulateur suisse des marchés financiers, la Finma, aurait même encouragé la deuxième banque suisse à y avoir recours pour rassurer les marchés à l’époque”. Ben oui, en effet, vous l’avez compris en 2023, cette opération eu recours à la création d’un nouveau vhc d’investissement à l’époque, les obligations convertibles contingentes (“Coco-bonds”). Aujourd’hui communément démocratisées (ce qui arrangeait bien du monde à l’époque) même si les porteurs de ces titres AT1 du CS se sont fait spolier avec la bénédiction du même régulateur: la Finma. Et le Conseil fédéral dans le même registre!

    https://blogs.letemps.ch/sergio-rossi/2022/11/14/credit-suisse-et-le-casino-de-la-finance-globale/#comments

    Quant à la question de savoir à présent si le cas du “CS Gate” était un sauvetage (un deuxième?) ou une “fusion arrangée” (compétitive grâce au levier consistant à nettoyer les écuries d’Augias; une pierre deux coups?) avec l’appui des plus hautes instances du pays, seules la CEP et la justice (selon l’esprit ou la lettre de loi?) le démontreront un jour ou l’autre (peut-être!). Mais dans cet énorme tripot où se rencontre hommes d’affaires, lobbies, banquiers et politiciens opportunistes – plus soucieux d’assurer leur irrésistible ascension personnelle qu’à honorer leur mandat en respectant l’intérêt général et le bien commun – d’autant plus en démocratie directe, qu’un autre repenti des marchés financiers expliquera, comme tant d’autres – pour qui sait se montrer encore lucide de nos jours – que “le système bancaire est un amalgame de fraude et d’ingéniosité, qui sert de tampon entre le monde de l’entreprise et le monde de l’investissement. Les banquiers nous promettent un monde prospère alors même qu’ils ont conscience de ne pas toujours être en mesure de tenir leurs engagements. De leur côté, les investisseurs savent bien que les banquiers n’ont pas la science infuse et qu’ils font bien souvent des promesses qu’ils ne pourront pas honorer. Ils se laissent néanmoins abuser par leurs banquiers qui les assurent – et les rassurent – que ce n’est pas eux qui subiront (toutes) les pertes en cas de pépin, mais les actionnaires, la maison mère, l’État, les fonds de garantie…(et en bout de course, l’ensemble de l’économie réelle). Que la récupération de leur placement, de leur investissement, de leur épargne est certaine, car c’est d’autres qui trinqueront. Les angoisses épisodiques des actionnaires eux-mêmes, en théorie aux premières loges pour essuyer les pertes, sont également tranquillisés, car ils sont assurés par les banquiers de bénéficier de la protection et du parapluie d’un organisme quelconque qui les couvrira en cas de besoin. L’innovation financière, l’interdépendance des banques, la réassurance, les swaps, les hedge, les garanties agiront tous dans un sens et vers un objectif communs consistant à ce que – le jour fatidique venu – nul ne sache vraiment qui a perdu ni combien il a perdu.

    Voilà pourquoi l’opacité inhérente au monde de la banque lui est vitale ainsi qu’à toute la chaîne alimentaire qui gravite autour. Voilà pourquoi cet univers nébuleux ne pourra jamais être vraiment réformé, encore moins éradiqué. Son opacité autorise précisément de faire porter le risque à ceux qui ne l’auraient jamais toléré, si bien sûr ils en avaient été informés… Dit autrement – brutalement – les entreprises qui n’entretiennent pas une certaine dose d’opacité voire de comportements frauduleux, ne peuvent se développer ni prospérer. En finance, la complexité n’est donc pas le fruit de l’intelligence évolutive des banquiers, et les financiers ne représentent pas une caste plus intelligente qui brille par un niveau intellectuel qui se démarquerait du commun des mortels. Cette complexité et cette opacité sont cruciales à la finance moderne qui excelle à persuader toute la chaîne des intervenants à une prise de risques que nombre d’entre eux n’auraient jamais toléré. Quoi que l’on dise, quoique l’on fasse, il n’y a pas d’alternative à un monde de la banque et de la finance semi-frauduleux. Les abus de la finance sont donc passés dans nos mœurs, car les banquiers et financiers honnêtes ne sont pas de taille à entrer en compétition avec leurs collègues fraudeurs. C’est simple : une banque qui ne chercherait pas à masquer des pertes, à vendre des actifs pourris, à blanchir de l’argent, à influencer le cours d’un produit dérivé… ne serait plus compétitive et serait vouée à terme à faire faillite, ou à voir son titre sévèrement décroché en bourse (ceci expliquerait-il cela dans la “fusion controversée” du CS en créant un monstre encore plus systémique et compétitif?). Dans la nature, la sélection darwinienne nous apprend que les plus forts survivent aux plus faibles. Dans l’univers de la finance et de l’investissement, ce sont les malhonnêtes qui ont tendance à rester et à prospérer quand sont damnés ceux qui se conforment aux règles du jeu”.

    Or, en 2023, la Suisse embraye (ai-je écris embrouille?) les discussions autour d’un “artifice de sauvetage” ayant pour patronyme “Public Liquidity Backstop”, mais si j’oblitère l’effet “novlangue” qui sied à merveille à la finance comportementale (FC) – que je franchis à nouveau le rubicon – alors j’affirme qu’il s’agit là d’un “gros foutage de gueule”! Oui, là, je suis terriblement en colère puisque cet effet de manche politique – connaissant parfaitement les arcanes de la finance et ses mentalités – ne fera qu’encourager le phénomène du “Moral hazard” à l’avenir. Une énième folie qui signerait la médiocrité intellectuelle ou, au mieux, portée par la méconnaissance des lois du milieu. Une pathologie psychiatrique au service de la finance de marché? Il ne fait aucun doute selon moi.

    Puis, comme s’il fallait en rajouter (une fois de plus?) à la schizophrénie ambiante qui frappe à nouveau (je ne parle évidemment pas des rumeurs, semble-t-il fondées, selon lesquelles ~ 7000 emplois bancaires intra-muros seraient supprimés par la New UBS en lieu et place des 2000 initialement décidé par le Credit Suisse) nous devons alors faire appel à nos biais cognitifs afin de nous remémorer le pari irrationnel du fumeux sauvetage lucratif (avec de la chance) de l’ancienne UBS. Et, nos homo-politicus sont à nouveau content autour du tapis vert (bien que nous ne sommes qu’au début d’un long processus dans l’affaire du “CS Gate”)…

    https://www.rts.ch/info/economie/14053296-la-confederation-a-deja-gagne-100-millions-grace-au-sauvetage-de-credit-suisse.html

    …alors qu’à l’époque de ce pari fou sur le sauvetage de l’UBS (et de la Suisse par analogie au risque systémique), il ne fut gagnant qu’à la grâce de l’interventionnisme de la Réserve fédérale américaine. Chose que les initiés n’ignoraient pas. En effet, s’est bien la “Fed qui a créé des dollars, acheté le marché, et c’est à elle que la BNS a vendu ses titres. La Suisse a subi un gain collatéral, pour une fois. Mais les autorités avaient bel et bien pris un risque démesuré pour le pays. Il serait, dorénavant, plus décent de raconter la véritable histoire. La réalité est moins flatteuse que les mythes. Mais ses vertus explicatives s’avèrent en général nettement supérieures…”

    https://www.bilan.ch/opinions/myret-zaki/ce_n_est_pas_la_suisse_qui_a_sauve_ubs

    Pour conclure, dépité car le temps nous est assurément déjà compté avant la prochaine conflagration du siècle (le Big One des marchés financiers) et que la dernière couleuvre du “Public Liquidity Backstop” reste indigeste, puisque eux-mêmes, nos homo-politicus, restent cachés derrière le masque peu reluisant de leurs propres errements – une feinte qui s’apparente à celui du bankster – mais qui n’engage ni la restitution de leurs privilèges en cas de défaillance significative de leurs propres responsabilités politiques. À ce stade du Crony Capitalism, l’ignorance devrait être un délit et la complaisance assimilée à un crime; sauf que ces mercenaires de la démocratie directe bénéficent toujours d’un blanc-seing alors qu’ils engagent dangereusement l’Intérêt général et le bien commun sur une pente mortelle et sur plusieurs générations.

    À l’avenir, vous ne direz plus n’avoir jamais été prévenu après lecture de l’historique de ce blog… depuis sa création.

  29. https://www.alternatives-economiques.fr/messieurs-cahuc-zylberberg-decouvrent-science/00012139.
    Cela vaut vraiment la peine de lire cet article de l’économiste André Orlean qui répond de manière argumentée à deux économistes. Ceux-ci ont été récemment invités à l’Élysée pour éclairer le président Macron de leur science infuse màtinée d’orthodoxie. Les auteurs en question ont traité les économistes hétérodoxes de négationnistes en s’appuyant sur la méthode experimentale empruntée à la méthodologie de la médecine pour tester l’efficacité d’un médicament ou d’un vaccin. Le problème c’est qu’ils sont diserts et intarissables d’éloges sur cette arlésienne qu’est la méthode expérimentale, alors qu’elle n’est pas visible dans leurs travaux. Enfin il est utile de rappeler que les quatre économistes invités à l’Élysée pour un déjeuner de travail sont ceux-là mêmes qui ont inspiré le programme économique et les réformes structurelles du président Macron. Autrement dit, ils sont responsables du chaos économique et social de la France.

    1. Merci pour ce partage très cher Noel.

      Les deux auteurs du brûlot que l’on pourrait ré-intituler le “Mein Kampf économique français” sont en effet bien éloignés de la sagesse d’un hétérodoxe (Keynes pour ne pas le citer) qui souhaitait déjà – en 1931 – qu’un jour les économistes soient considérés et se considèrent eux-mêmes comme “des gens aussi humbles et compétents que des dentistes”. Alors, ils ont encore du boulot avec l’introspection de leurs biais cognitifs, les deux gugusses !

      https://blogs.letemps.ch/sergio-rossi/2015/05/18/a-quoi-servent-les-economistes/#comments

      Amicalement

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