28 réponses à “Adieu

  1. Voyage dans le temps et l’espace

    ÉPITAPHE DU BLOG

    En préambule: Il y a quelques années, mon très cher et estimé Ami Sergio, je t’écrivais ceci en privé:

    “…J’espère que tes étudiants mesurent le privilège qu’ils ont de bénéficier de l’enseignement d’une personnalité qui figure sur ma courte liste que je qualifie, bien respectueusement, être celle des “Derniers Mohicans” en sciences économiques et sociales. Des économistes qui perçoivent encore, dans l’économie, une science morale…”

    Bon, ben voilà, alors que les lumières s’éteignent sur les espaces de liberté du Temps – un acte fort dommageable – que Gustave Le Bon (Psychologie des foules paru en 1895) aurait pu conclure – en se référant au média meneur – que l’”âge des foules” a déjà bien vécu et qu’il est désormais dans l’air du temps de le remplacer par l’”âge des publics”, qu’il définissait lui-même comme cette “foule tenue à distance”. Une autre page, un autre chapitre, une autre histoire qu’il me plaît d’interpréter non pas à l’aune d’une main invisible – bien que la richesse de l’information décline à l’instar du facteur Travail – mais plutôt au sens des “filles de l’usine de Lowell” qui se sont investies à diriger et éditer leur propre journal, afin que cet esprit de résistance et de liberté pousse le devoir de l’information vers ce à quoi il devrait aspirer: un quatrième pouvoir rationnel, c-à-d un “contre-pouvoir” autant que faire ce peut. Au milieu du XIXᵉ siècle, ces “filles d’usines” travaillaient dans les fabriques de Lowell dans le Massachusetts, aux États-Unis, et lisaient de la littérature de qualité de l’époque. Ces chevilles ouvrières ont vite identifié que l’élément clé du système était de les transformer en outils qui seraient manipulés, dégradés, maltraités et l’ont âprement combattu, ceci sur une longue période. Une version qui rappelle la “guerre des classes” dans un autre registre. Ou d’une manière quelque peu similaire – dans la discipline des “sciences économiques” – avec la “guerre des Chapelles” opposant orthodoxie et hétérodoxie; le mainstream vs le pluralisme. L’histoire même de l’évolution du capitalisme à travers les âges.

    D’ailleurs, Alexander Hamilton ne considérait-il déjà le peuple comme une “grande Bête” du haut de son allégorie? Cette “grande Bête” qu’il fallait garder à distance, puis mettre en cage d’une manière ou d’une autre dans les sociétés démocratiques, car “plus la société devient libre (correctement instruite et informée) plus dangereuse deviendra la grande Bête”. Ainsi, à l’instar de la pomme de Guillaume Tell, Gabriel Tarde (1843-1904) n’avait pas visé à côté de la plaque lorsqu’il rendait le contrôle de la main invisible par les médias responsable de manipulation. Dans son ouvrage Public Opinion, paru en 1922, Walter Lippmann (1889-1974) sera plus modéré lorsqu’il étudie la manipulation par les médias en définissant le concept de “fabrique du consentement”. C’est-à-dire garder le contrôle sur l’information. Il remarque que “notre expérience du monde réel n’est que très limitée” et que “notre vision de la réalité se fonde avant tout sur ce que les médias nous en montrent”. Toutefois, le prétendu pouvoir d’endoctrinement des médias n’est pas toujours perçu négativement. Harold Lasswell (1902-1978) – quant à lui – défendra le pouvoir des médias en postulant que “la propagande est utile aux démocraties, car elle permet aux citoyens d’adhérer à ce que les “spécialistes jugent bon pour eux”. Autant dire que les blogs affichés dans les médias publics n’auraient jamais pu voir le jour à cette époque (même si la technologie l’aurait permise) et encore moins autoriser les publications d’intervenants anonymes.

    Enfin, comprenons bien que je ne jette pas l’anathème sur ce média de qualité – “Le Temps” – mais je blâme surtout un phénomène de société qui cherche à éradiquer (avec de bons alibis) les formes de tribunes alternatives et constructives – au profit de plateformes numériques aux échanges raccourcis par le nombre des caractères et abrutissants – poussant ainsi inexorablement une catégorie de lecteurs vers un retour aux obscurantismes. Consommer les “lumières” au prisme d’un “média-réalité” comme la “télé-réalité” au travers d’un tube cathodique”, quel progrès, quelle avancée, car même les lampistes sont laissés sur le bord de la route. Quelle intelligence! Toutefois, afin de rasséréner l’auditoire, comme l’exploitation irrationnelle du Béhaviorisme (EC) fera la différence à l’avenir, puisque l’État paternaliste a déjà succombé à la tentation des facilités, tandis que la sphère financière avant-gardiste goûte au plaisir de la discipline de la finance comportementale (FC) depuis plus de quarante ans – en nous préparant déjà au déclin du monde d’après – que “l’esprit du nudge” rythmera notre quotidien ainsi que notre chemin personnel, nous pouvons dès lors prétendre que cette nouvelle sélection Darwinienne fera, elle aussi, partie d’une inscription supplémentaire gravée dans le marbre néolibéral.

    Jusqu’à lors, la diversité des brillants billets (analyses macroéconomiques géopolitiques/financières/sociétales/sociales) offerte de longues dates par notre hote “iconoclaste” a toujours été une source d’enrichissement pour moi-même et sans aucun doute pour beaucoup d’autres. Chacun des sujets traités sur ce blog s’apparentait à une nouvelle marche succédant à d’autres et, pourquoi pas, plus fondamentalement, poussant la réflexion autour du débat vers une prochaine étape anthropologique. Aujourd’hui, ce billet d’adieu pour certains ne m’empêche pas à me souvenir du clap de fin de cette filmographie de 1989 de Peter Weir: Le Cercle des poètes disparus, où les “supporters” saluent le départ du professeur Keating, debout du haut de leur bureau, avec les mots:

    “Ô Capitaine ! Mon Capitaine !”

    Merci infiniment pour ton engagement exceptionnel à défendre l’Intérêt général et le bien commun, mon très cher et estimé Ami!

    1. “La fabrication du consentement” (“Manufacturing Consent”) dont Chomsky et Haltman ont emprunté l’expression à Walter Lippmann qui en est, comme vous le rappelez à juste titre, à l’origine en 1922 (dans “Opinion Publique”), a non seulement marqué mes débuts d’étudiant en philosophie en Californie dans les annnées soixante mais aussi de journaliste. Au contraire des ouvrages théoriques du linguiste et philosophe du MIT, qui ne sortaient encore guère des cercles académiques restreints des groupes de philosophie où nous en débattions avec d’autant plus d’assurance et d’autorité que nous les avions à peine lus – la seule utilité des études lettres n’est-elle pas de faire semblant qu’on sait parler de livres qu’on a à peine lus? -, la critique de l’industrie de la presse de masse et le modèle de propagande proposés par les deux essayistes ont eu un effet immédiat et quasi généralisé d’une côte à l’autre des Etats-Unis, alors en proie à la révolte estudiantine et à la contre-culture. Mais ce modèle est-il encore applicable aujourd’hui, en particulier au sujet du “Temps”?

      Si la grille d’analye en cinq critères définie par les auteurs de “Manufacturing Consent” pouvait être valable – mais avec quel parti-pris! – en pleine période de guerre froide pour la presse “gardienne” de l’idéologie néo-libérale aux Etats-Unis – faut-il rappeler que celle-ci, de Hurst aux Sulzberger, y est d’abord affaire de famille -, en quoi cette grille serait-elle encore utile si elle était appliquée au “Temps”, qui n’est ni une affaire de famille, ni financé par la seule publicité et les abonnements, mais par trois fondations à but non lucratif qui lui assurent une indépendance éditoriale que bien d’autres media pourraient lui envier?

      Le journalisme a été mon premier métier, que j’ai acquis dans cette presse soit-disant capitaliste et bourgeoise dont Chomsky and Co faisaient leur fond de commerce. Or, tout en poursuivant mes études je pouvais voir sans peine par l’exercice du métier que les théoriciens des medias, auxquels on pourrait ajouter un Marshal McLuhan et, en France, un Roland Barthes, n’avaient aucune expérience pratique du journalisme. Sinon, ils en auraient appris une règle fondamentale: la brieveté. Ce métier s’acquiert depuis toujours sur le tas, aucune formation n’étant requise pour l’exercer. La seule condition pour prétendre au titre de journaliste est d’avoir un poste dans un service ou organe de presse. Or, tout débutant constate très vite que, comme la science, chien! Elle est bien gardée, l’information… La fermeture des blogs ne le confirme-t-elle pas assez?

      Le vrai journaliste ne théorise pas sur son métier – la rédaction de journal n’a souvent été que la seule école des écrivains américains et les écoles de jouralisme sont pour la plupart dirigées par d’anciens professionnels de la branche – mais l’apprend par l’observation des gestes des journalistes plus expérimentés. Souvent par la voie amère qui l’identifie plus au Lucien de Rubempré d'”Illusions perdues”, ce roman que Balzac, ancien journaliste, a non seulement consacré à la presse mais dont il a fait la colonne vertébrale de “La Comédie humaine”, rappelant que dans le moindre fait-divers, qu’on appelait de son temps le “fait-Paris” avec la concentration de la presse dans la capitale au lendemain de la révolution française, on trouve déjà en germe tout le roman. C’est d’ailleurs ce que confirmera la critique littéraire contemporaine avec un Roland Barthes qui prend le journalisme pour modèle de son “Degré zéro de l’écriture” et un Gérard Genette, la locomotive des études littéraires dans les années 80.

      J’ai d’ailleurs pu le vérifier quand, en séminaire de troisième cycle en linguistique, je pouvais utiliser les règles que m’avait apprises le journal pour (mal)traiter les aspects les plus récents de la théorie chomskienne, seconde mouture (sa théorie dite du “gouvernement et liage”) dans les années 80 et en particulier sa théorie “X-barre” – bref, à dire en trois paragraphes ce qu’un article académique étale sur dix pages. Mais si je ne remplissais pas le copie, je risquais mon diplôme.

      Tout au long de mes études, mon expérience du jouralisme acquise sur le tas m’avait été utile. L’inverse est tout sauf évident.

      Pour en revenir au “Temps”, dont j’ai par ailleurs été le correspondant des deux ancêtres, “Le Journal de Genève” et “La Gazette de Lausanne” ainsi que d’autres quotidiens romands pendant mon premier séjour aux Etats-Unis, son niveau actuel n’a rien à envier à celui de ses illustres aïeux, bien au contraire. A mon avis, bien que j’aie été parmi les premiers à déplorer l’arrêt des blogs et à en demander l’explication à la rédaction, celles que cette dernière a données me paraissent tout à fait suffisantes et fondées. Loin d’être un lieu d’échange d’idées entre gens de bonne compagnie, ce que les blogs n’auraient jamais dû cesser d’être, leur liberté a été interprétée par une miorité d’imbéciles sans doute sujets à ce que les psychiatres appellent “délire de représentation” (ou délire systémique), comme un droit d’insulter, injurier et se livrer à des attaques à la personne, et ceci jusque dans les termes les plus extrêmes et grossiers. C’est cette dérive, qui engageait en dernier ressort la responsabilité légale du journal, qui l’a incité à fermer les blogs, avec la regrettable conséquence que ce sont les meilleurs contributeurs qui font les frais d’une minorité de tristes crétins.

      Au nom de quelle liberté de parole? La question reste ouverte mais ce n’est à coup sûr pas “Le Temps” qui l’élude, bien au contraire.

      1. Bonjour A.LDN,

        “Mais ce modèle est-il encore applicable aujourd’hui, en particulier au sujet du “Temps”? Qui n’est ni une affaire de famille, ni financé par la seule publicité et les abonnements, mais par trois fondations à but non lucratif qui lui assurent une indépendance éditoriale que bien d’autres media pourraient lui envier?” Votre approche journalistique sur l’indépendance éditoriale est intéressante puisque selon toute vraisemblance, une dichotomie manifeste existe en Suisse à propos des sujets sensibles (des sujets suffisamment abordés, sourcés et développés ici-même sur ce blog). Un exemple parmi d’autres où le bon “timing” de la suppression de l’ensemble des blogs du Temps tombe – par un pur hasard – avec une actualité aussi brûlante qu’est le cas du “CS Gate”. Vous parlez donc d’une indépendance à géométrie variable dès l’instant où l’on touche plus profondément à la sphère financière helvétique, qu’il s’agisse de ses banques systémiques, de la Finma et-ou de la BNS…
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        Source TV5 Monde : [“Depuis 2015, les journalistes suisses ne peuvent plus enquêter sur les données sorties des banques, même lorsque l’intérêt public est manifeste” écrit Ariane Dayer dans un éditorial publié dimanche par la Tribune de Genève. Cette journaliste suisse, rédactrice en cheffe chez Tamedia, le premier groupe de presse suisse, déplore que la législation en vigueur ait empêché les journalistes locaux de relayer l’enquête du consortium international qui révèle ce dimanche un financement opaque du Crédit Suisse (…) Une enquête pourtant menée par un consortium de journalistes internationaux (Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), consortium regroupant 47 médias internationaux)”]

        [“Aucun média suisse n’a participé, craignant une disposition de la loi sur les banques”, écrit ce dimanche Mathilde Farine, journaliste basée à Zurich spécialisée économie et finances pour le journal Le Temps. “Le risque juridique était tout simplement trop grand” a déclaré TX, le plus grand groupe de médias privés de Suisse”]

        https://www.20min.ch/fr/story/suisse-secrets-la-gauche-demande-des-comptes-268335217340
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        Vous poursuivez ensuite avec raison, pour peu que le regard pavlovien se pose uniquement sur la seule ligne d’horizon, à savoir que cette “minorité d’imbéciles” qui, en pleine déviance verbale, pollue certains blogs mais qu’il aurait été pourtant aisé par la modération de les bannir – que vous semblez construire la défense du Temps, de par son indépendance et son intégrité: “C’est cette dérive qui engageait en dernier ressort la responsabilité légale du journal, qui l’a incité à fermer les blogs, avec la regrettable conséquence que ce sont les meilleurs contributeurs qui font les frais d’une minorité de tristes crétins”. Sauf que, lorsqu’on aborde les sujets sensibles au sens de la critique se voulant constructive par ailleurs, en terme de “temps et d’espace” il faut parfois avoir le courage (et non pas en cautionner le déclin) à vouloir regarder “au-delà de la bien-pensance”. À ce titre, les blogs de qualité sont là pour ça (avant qu’eux aussi connaissent des groupes de pression avec les mêmes motifs comme autant d’alibis) dès l’instant où les lampistes sortent du bois pour défendre l’Intérêt général et le bien commun, pour preuve:

        https://www.letemps.ch/suisse/credit-suisse-porte-plainte-contre-portail-inside-paradeplatz

        On s’interroge aussi de savoir ce qui a profondément motivé le brillant et (l’im)pertinent économiste – Laurent Horvath – qui par ailleurs a eu le courage à dénoncer les errements de la BNS dans sa politique d’investissements contestables à vouloir supprimer toutes ses analyses (avec l’historique) parues sur son blog hébergé par Le Temps, alors même qu’elles demeurent bien sur son blog 2000Watts.org

        https://blogs.letemps.ch/laurent-horvath/

        Loin de moi de succiter une polémique, mais je reste personnellement dubitatif des motifs du Temps, et encore plus sur ce hasard de calendrier qui semble être bien commode pour éjecter l’ensemble d’une communauté sur la base d’un fourre-tout.

        Bien à vous

      2. Voyage dans le temps et l’espace

        Saison finale: Le hasard du Temps ou le temps du hasard?

        “En quoi cette grille serait-elle encore utile si elle était appliquée au “Temps”, qui n’est ni une affaire de famille, ni financé par la seule publicité et les abonnements, mais par trois fondations à but non lucratif qui lui assurent une indépendance éditoriale” (Dixit A.LDN)

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        Propriétaire du Temps: La fondation Aventinus

        https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fondation_Aventinus

        “La fondation Aventinus est une fondation suisse à but non lucratif, créée en octobre 2019 et œuvrant pour l’existence de médias et de presse autonomes en Suisse romande. La fondation Aventinus est soutenue par les fondations Hans-Wilsdorf, Leenaards et Jan Michalski, ainsi que par des banquiers privés.”

        Président de la fondation Aventinus? Le hasard fait qu’il s’agit d’une personnalité politique membre du Parti libéral-radical (un parti politique connu pour être comme par hasard: le “parti des banques”).

        Fondation Hans-Wilsdorf (groupe Rolex): https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fondation_Hans_Wilsdorf

        But premier? Le hasard fait que “le but premier de la fondation est d’assurer la pérennité du groupe Rolex”;

        “La Tribune de Genève consacre en 2018 une série aux dix acteurs les plus influents du canton de Genève, dont la fondation Wilsdorf: c’est un mécène, certes, mais sa puissance financière, sa capacité à irriguer de ses dons le tissu social et culturel, ses investissements dans les infrastructures en font un acteur incontournable. La fondation aurait un code de conduite…” (comme par hasard?)

        “…elle ne communique pas sur sa fortune, les montants alloués et leurs bénéficiaires. Dans le cadre de son enquête, le journaliste a entendu des personnes qui toutes ont souhaité garder l’anonymat. Certaines affirment que les sommes versées se montent à au moins 100 millions de francs par année, voire peut-être 150 millions…”

        Un copier/coller, ni plus ni moins (avec des références simplistes) où seul le phénomène du hasard est mis en avant. Aucune polémique, donc, un simple questionnement sur le Temps et le hasard du calendrier. CQFD

        1. Le Rolex Learning Center ne contribue-t-il pas avec d’autres, comme par hasard, à la recherche et à l’enseignement de l’EPFL? Comme par hasard aussi, l’EPFL a-t-elle hésité à collaborer avec les GAFAM pour développer le logiciel SwissCovid pendant la crise sanitaire?

          Quant à la Fondation Aventinus, n’est-ce pas un secret de polichinelle qu’elle a le soutien financier des trois autres fondations citées?

          Ou faut-il préférer un contrôle étatique tant de la presse que de la formation et de la recherche? Leur prise en main par l’Etat dans la Russie néo-stalinienne d’aujourd’hui n’a-t-il pas de quoi en faire douter?

          Simple questionnement.

          Cordialement,
          aldn

          1. Bonjour A.LDN,
            Vous nous parlez bien du Rolex Learning Center qui fut financé par hasard avec un partenariat entre secteur privé et la Confédération à hauteur de 110 millions de francs suisses? Dont la moitié fut assurée par le sponsoring (ai-je dis un sacré cercle d’influence?) de Rolex, Novartis, Logitech, Nestlé, Losinger et Credit Suisse.

            Les mêmes GAFAM appelés plus communément les nouveaux maîtres du monde, tant ils occupent une position cartellaire dans les bourses mondiales (et les enjeux de l’économie 2.0). Un Capitalisme de connivence (Crony Capitalism) qui aurait rendu fou de jalousie l’U.R.S.S jusqu’en 1990, elle qui jouissait d’une économie planifiée. Un hasard qui nous amène indubitablement vers les errements du néolibéralisme qui – paradoxalement – comme l’a également très bien dénoncé notre hote en 2016, [n’a pas réduit l’intervention de l’État dans le système économique, mais a permis aux pouvoirs forts dans ce système de contrôler les institutions publiques afin d’utiliser le rôle de l’État pour atteindre l’objectif final du néolibéralisme, qui consiste à mettre le plus grand nombre possible de personnes dans une situation de besoin – donc dans une position de faiblesse et de servitude face à ces pouvoirs forts, leur permettant ainsi de faire leurs propres intérêts sans aucun type de contrainte].

            Ajoutant au passage, qui n’est pas dû au hasard, une explication de Karl Polanyi à la fin de la Seconde guerre mondiale:[“le marché a été le résultat d’une intervention consciente et souvent violente de l’État, qui l’a imposé à la société pour des finalités non-économiques”. Ceux qui comprennent cela peuvent saisir aussi le caractère profondément anti-démocratique du néolibéralisme dominant les choix des institutions publiques du monde occidental].

            Bien évidemment, l’autoritarisme larvé du néolibéralisme – qui reste une anomalie du Libéralisme de nos pères fondateurs – est un extrémisme!!! Au même titre que le fascisme ou le capitalisme d’État, voir comme vous le mentionnez au temps de la Russie néo-stalinienne d’aujourd’hui. Finalement, la frontière avec ses extrémismes est infime, même si nous peinons encore à l’admettre depuis deux décennies, puisque nous aussi, n’avons-nous pas nos propres “oligarques” brassant des vents contraires contre l’Intérêt général et le bien commun? Les mêmes généreux donateurs, marionnettistes de surcroît, qui tirent les ficelles de nos “grands Timoniers” au pouvoir. Les cas sur les travers de la politique monétaire de la BNS et le pseudo-sauvetage du CS (CS Gate) sont déjà emblématiques en soit. Et ne parlons même pas des errements politiques de la Confédération dans les cas du secret bancaire et du sauvetage controversé de l’UBS à l’époque. Cette politique basée sur le mercenariat fait essentiellement le jeu des généreux donateurs au détriment de la démocratie directe qui perd de plus en plus ses lettres de noblesse. Vous faites bien de parler de l’EPFZ, mais aborder les arcanes de la “mecque de St-Gall” aurait été foncièrement plus intéressant pour les lecteurs. Là aussi, un pur hasard? Pas vraiment – à mon sens – si l’on observe le phénomène sous l’angle de “la guerre des Chapelles”. Ce conflit des “sciences économiques” dont l’orthodoxie helvétique (mais pas uniquement, bien évidemment) cherchera à n’importe quel prix à éliminer le pluralisme de cette discipline, pourtant issue des sciences molles. Votre hasard fait donc bien les choses puisque j’en avais parlé ici même – au sein de ce blog à présent en phase terminale – le 12 janvier 2018 à 10 h 55 min. Extrait: […Comment ne pas être projeté à nouveau vers Walter Lippmann et à son colloque organisé à Paris du 26 au 30 août 1938 ? Un cercle d’influence auquel participent 26 économistes, entre autres, Hayek, Mises, Rueff, Rüstow, Röpke, et des intellectuels “libéraux”. S’il y fut discuté de la capacité du libéralisme à faire face aux problèmes de l’époque, c’est aussi une des premières fois où les participants s’interrogèrent pour savoir s’il convenait de conserver le mot “libéralisme” ou bien d’adopter celui de néo-libéralisme. Pour l’économiste français François Bilgert, le colloque Walter Lippmann “peut être considéré comme l’acte de naissance officiel du nouveau libéralisme”. Dans la continuité à démolir le modèle keynésien dès le début des années 1930 – et suite au colloque Lippmann – ce n’est qu’à la fin de la seconde guerre mondiale que la société du Mont-Pélerin sera fondée par Hayek et Mises (1947). La première réunion, à laquelle participent trente-six personnalités “libérales” a lieu à l’Hôtel du Parc au Mont-Pèlerin près de Vevey. Ce réservoir d’idées et de promotion du néo-libéralisme fut financé par des banquiers et patrons d’industrie helvétiques (ce même genre de groupes d’influences qui n’a d’ailleurs jamais cessé sa générosité, notamment, auprès des partis politiques suisses).

            Lors de cette réunion d’avril 1947, trois importantes publications des Etats-Unis (Fortune , Newsweek et The Reader’s Digest) y ont envoyé des délégués. Le Reader’s Digest venait d’ailleurs de publier une version résumée d’une œuvre clé de Hayek, “La route de la servitude”. On y trouve notamment le rayonnant passage: “C’est la soumission de l’homme aux forces impersonnelles du marché qui, dans le passé, a rendu possible le développement d’une civilisation qui sans cela n’aurait pu se développer ; c’est par la soumission que nous participons quotidiennement à construire quelque chose de plus grand que ce que nous tous pouvons comprendre pleinement…]

            Comprenez bien que si je suis un Libéral modéré, je condamne fermement l’idéologie néolibérale qui n’est ni plus ni moins qu’un extrémisme. Un “Libéralisme” radical! Je suis un capitaliste “fordien” et je critique fermement les travers du capitalisme actionnarial, tout en dénonçant le capitalisme de connivence (une honte faite au Libéralisme issu des Lumières) qui gangrène de plus en plus notre pays. D’ailleurs, à raison, les tenants du “Public choice” postulent que l’État, à l’instar de Dédale, s’est enfermé dans les méandres de sa propre construction.

            Simple argumentaire

            Cordialement

            P.R.

          2. Pour répondre à votre question, oui, bien sûr, je parlais du Rolex Learning Center de l’EPFL. Mais ne pourrait-on pas aussi évoquer sa grande soeur zurichoise, l’EPFZ? Le fait que Google ait choisi d’établir son centre européen à Zurich n’est sans doute pas étranger à la proximité non seulement de l’EPFZ mais aussi de l’Université de Zurich. Or, les canaux de communication entre eux sont parfois aussi insondables que les voies du Seigneur – à cette différence près que Celui-ci ne verse pas de dividendes.

            Au sujet de “la mecque de Saint-Gall”, je suis bien d’accord avec vous qu’elle mériterait d’être scrutée avec autrement plus d’attention que les universités cantonales et les deux EPF. Ne pourrait-on en dire autant de l’IMD à Lausanne, dont les quelques épigones que j’ai eu l’occasion de rencontrer m’ont toujours intrigué par leur quasi manie du secret de fonction?

            Enfin, deux mots au sujet des GAFAM, ces “nouveaux maîtres du monde”. Ne constate-t-on pas qu’ils sont de plus en plus sur la défensive face à la montée de la recherche ouverte et en particulier du logiciel libre (“open source”)? Tandis que les Google, Facebook et Cie dépendent de leurs équipes d’ingénieurs, qu’ils doivent rétribuer au prix fort pour commercialiser leurs productions et applications digitales sans en fournir le code source, la recherche ouverte, elle, ne cesse de progresser par le partage public de code et par le travail bénévole de ses membres, dont elle peut compter sur le nombre, ce qu’une entreprise privée ne peut pas. Une communauté de chercheurs, qui se comptent par dizaines de milliers, comme celle de HuggingFace montre que la recherche ouverte peut fort bien faire concurrence aux géants du Web qui, comme tous les colosses, ont leur pied souvent bien fragile.

            Ainsi, HuggingFace rend accessible au public le code source du programme BLOOM, alternative en source libre et gratuite du “ChatGPT” de l’entreprise OpenAI. Ce programme, financé par le gouvernement français a été réalisé par plus de cent chercheurs et soumis à un entraînement de ses bases de données pendant plusieurs mois sur le plus puissant super-calculateur français. Il peut être téléchargé et installé sur simple PC. N’est-t-il pas un bon exemple de la résistance que la communauté du logiciel libre peut afficher face à l’apparente toute-puissance des GAFAM qui, elles, ne se privent pas de puiser dans le logiciel libre sans que ses auteurs, bénévoles pour la plupart, en voient jamais retour sur investissement?

            Mais je m’arrêterai là pour ne pas monopoliser plus le débat et, vous remerciant encore pour vos fort intéressantes interventions, j’espère vivement pouvoir continuer à en lire la suite, comme celles du professeur Rossi, sur d’autres plateformes. Ne manquez pas l’un et l’autre d’en informer vos lecteurs, le cas échéant.

            Meilleures salutations entre-temps,
            aldn

          3. Merci pour vos encouragements et nos échanges constructifs, A. LDN. J’ai également toujours plaisir à lire l’ensemble des contributions de tous les intervenants du blog du professeur Sergio Rossi.

            Sachez enfin que je m’étais déjà rapproché du professeur Rossi pour lui suggérer une alternative afin que cet espace de Liberté (son blog) survive à “l’ère du Temps”. En tous les cas, la réflexion est en cours en espérant un bonne nouvelle d’ici la fin juin.

            Cordialement

            P.R.

  2. egregio professor Rossi,
    votre blog a représenté, tout au long de sa (trop) courte existence, une très précieuse source d’informations incitant le lecteur*trice non seulement à jeter un regard critique sur l’actualité économique et financière, mais à sortir des sentiers battus pour acquérir, au fil des épisodes, une approche et une conscience “nuancées”, lui aussi.
    un sincero ringraziamento a lei!

    1. La décision de fermer le blog du professeur Rossi est d’autant plus incompréhensible qu’elle n’est pas motivée, du moins pour les lecteurs et les commentateurs. Personnellement je l’ai ressentie comme arbitraire et violente.Sans doute a-t-elle aussi suscité ire et interrogations chez tous les fidèles de ce blog, qui apprécient les éclairages que le professeur Rossi nous a apportés au fil des années sur le monde complexe de l’économie et de la finance.
      Par ailleurs il est utile de rappeler ce qui fait la singularité des analyses de M. Rossi au-delà son expertise technique et son talent pédagogique : c’est le souci constant de la defense du bien commun. C’est pourquoi la fermeture de ce blog en tant qu’espace de liberté avec des échanges vigoureux, mais courtois , est ressentie par nombre d’entre nous comme une atteinte au pluralisme des idées auquel Le Temps, semble-t-il, est pourtant profondément attaché en tant qu’héritier du Journal de Genève et de la Gazette de Lausanne.
      Cependant, gardons l’espoir que le blog aura une vie et un avenir après cette décision brutale, car ses meilleurs atouts sont la qualité de ses analyses et le souci de faire prendre conscience que la verité est plurielle. Sachant que de nombreux citoyens éprouvent le besoin légitime, dans une démocratie directe, d’entendre un autre son de cloche pour forger leurs propres opinions à l’abri des querelles des chapelles et de la bien-pensance des “gens serieux” dont le génie est de faire passer la défense de leurs intérêts particuliers pour celle de l’intérêt général.

  3. Cher Monsieur, je suis vraiment déçue par la fermeture de ce blog. Je vais tâcher de continuer à vous suivre sur Twitter. Cordialement,
    Marie-Claude Gothuey

  4. Cher Monsieur,
    Quel dommage.
    La fermeture de votre blog est navrante et j’ai de la peine à comprendre la décision du Temps, auquel je suis abonné de longue date.
    J’ai toujours beaucoup apprécié vos articles qui décalaient le débat économique et social des sentiers formatés du néolibéralisme pur et dur qui malheureusement nous conduisent dans une impasse de civilisation.
    Je suis un fervent défenseur de l’économie libre mais l’intérêt prépondérant des individus les plus riches et puissants ne devrait pas saper l’intérêt du bien commun, seul garant de notre stabilité sociétale.
    Bonne continuation, Professeur, et au plaisir de vous lire sur d’autres blogs.
    Olivier Rubin

  5. Quelque soit la suite, tous mes remerciements pour nous avoir fait partager, au fil des années, vos avis éclairés. Il nous manqueront, ainsi que les contributions de vos commentateurs (bien que souvent hors de ma portée).

  6. Je me joins à ceux qui vous félicite et regrette de ne pouvoir en apprendre plus au moyen de ce blog. Il me reste une question fondamentale: le cycle de l’argent. Si les banques produisent chaque jour de la monnaie, où cet argent est-il détruit pour permettre un équilibre. Car pendant des dizaines d’années nous n’avons pas eu d’inflation, du moins sur les produits de consommation.

    1. Bonjour GWASKELL,

      Si vous avez assez de patience pour lire mon pitch “résumé succinctement”, alors voici:

      “Si les banques produisent chaque jour de la monnaie, où cet argent est-il détruit pour permettre un équilibre. Car pendant des dizaines d’années nous n’avons pas eu d’inflation, du moins sur les produits de consommation” (dixit GWASKELL)

      Tout d’abord, en introduction, on peut enlever le [Si] car les banques commerciales créent effectivement de la monnaie selon le principe [réserves fractionnaires] que les crédits font les dépôts, et non l’inverse comme les prophètes de la pensée dominante mainstream se complaisent à vouloir le véhiculer. Ou quand des experts de banques systémiques ne souhaitent peut-être pas que ce système de Ponzi soit mis au grand jour. Mais aujourd’hui, alors que les hétérodoxes se sont battus pour faire admettre cette évidence, enfin elle est communément admise par de nombreux gouverneurs de banques centrales.

      👉 https://youtu.be/2gkLUZL4Ugs

      👉 https://alaingrandjean.fr/wp-content/uploads/2016/11/creation-monetaire-economie-modernev2.pdf

      RAYMOND – 5 février 2018 à 20 h 17 min – [“…lorsque les banques commerciales offrent des crédits aux particuliers, aux entreprises et aux multinationnales, la plus grande partie de la ligne de crédit est crée ex-nihilo, et seule une fraction de celle-ci est exigée comme sureté prudentielle (selon les termes des accords de Bâle) placée sous forme d’avoir en « monnaies de banque centrale » sur leur compte ouvert auprès de la Banque Centrale Nationale (BNS). Inutile de préciser que si l’emprunteur est défaillant, c’est bien la banque commerciale, elle- même, qui doit « stériliser » la monnaie qu’elle a créé « ex-nihilo » et cette destruction se fait au détriment de ses fonds propre qui sont, eux, de la monnaie de banque centrale qu’elle ne peut d’aucune maniere créer ex nihilo. A lire certains articles de la Constitution fédérale helvétique qui a prévalu à la création de la Banque Centrale Nationale (BNS), ne concèdent-t-ils pas – à la Banque Nationale Suisse – le pouvoir régalien de « battre monnaie » en menant une politique monétaire servant l’intérêt général ? S’il est vrai que l’argent fiduciaire est fourni par des institutions privées, les billets par la BNS, les pièces par Swissmint, il importe de savoir que cette monnaie n’est obtenable que par le remboursement d’un montant en monnaie scripturale. Ors, nous devons savoir que la monnaie fiduciaire ne représente que l’argent nécessaire aux petites transactions et qu’elle ne représente qu’une valeur infime de la masse monétaire totale. C’est donc bien les banques privées qui créent et mettent en circulation l’ensemble de la masse monétaire. Avec tous les risques qui y sont assimilés. Ainsi, en s’appropriant le rôle principal de création monétaire, les banques commerciales se sont substituées à l’Etat dans son rôle régalien et sans aucune contrainte de responsabilité sociale. Même pire, en surfant sur la rendance du « Moral Hazard ». Comprenons bien que lorsqu’un crédit est accordé (c-à-d une promesse de remboursement futur basée sur un rapport de confiance), la banque commerciale augmente simplement son bilan du montant désiré. En d’autres termes, elle crée simplement une quantité d’argent supplémentaire qui n’est somme toute…qu’une écriture comptable : de l’argent scriptural. La banque commerciale enregistre les formalités de crédit (promesse de remboursement du capital) comme un nouvel actif et elle ajoute le montant correspondant sur le compte de sa relation commerciale, donc au passif de la banque commerciale. Et c’est pareil pour tout achat : elle n’a pas besoin d’avoir la somme correspondante avant, elle « crée » cette somme. L’argent créé est mis en circulation dans le système économique par le biais des dépenses de l’emprunteur qui consiste donc essentiellement en une dette. C’est pourquoi les dettes font les dépôts et non l’inverse”]

      👉 https://blogs.letemps.ch/sergio-rossi/2018/02/05/monnaie-et-credit-doivent-etre-separes/#comments

      À présent que la création monétaire n’a presque plus de secret, et que la stérilisation monétaire (destruction) a été patiellement abordée, on peut dès lors parler de destruction monétaire lorsque la banque centrale retire de la monnaie en circulation, c’est-à-dire de façon marginale lorsqu’elle remplace des billets usagers par de nouveaux et non pas pour diminuer la masse monétaire. Lorsqu’une banque centrale augmente ses taux directeurs, elle cherche à contrôler la masse monétaire en circulation en réduisant (voir en asséchant) la demande des lignes de crédit des ménages et entreprises auprès des pourvoyeurs de fond (avec les risques associés d’un “credit crunch”, d’une crise immobilière – le résidentiel et le commercial -d’une récession et d’un défaut systémique des débiteurs…). Ainsi, comprenons bien que l’essentiel de la destruction monétaire se réalise lorsque les banques commerciales (privées) [et le shadow banking] se font rembourser des crédits ou des titres de dette par les agents non bancaires (c’est à dire toute entité qui n’est pas une banque ou un intermédiaire financier). Ce dernier cas correspond en effet à une diminution des dépôts bancaires, et donc à une destruction de monnaie. Donc, par simplicité propre à ce schéma de Ponzi sans aucun dosage: Plus de dette = Plus d’argent.

      Toutefois, raison gardée, Raymond dit :
      mars 28, 2019 à 12:34 (sur un autre blog d’expert) […En parlant de dette, il ne faut surtout pas tomber dans le travers en faisant une confusion (volontaire ou non) entre le budget d’un ménage et celui d’un État. Les fondamentaux sont diamétralement différents. Il y a deux parallélismes importants entre le travail et le revenu national. Le premier concerne leur lien de causalité, c’est-à-dire que le revenu est produit par le travail humain. Avec la digitalisation de nos économies (et avec elle, l’alibi Schumpetérien de la « destruction-créatrice »), ni les robots ni les équipements de toute sorte ne peuvent être à l’origine d’une valeur ajoutée, parce qu’ils sont eux-mêmes le résultat du travail humain, qui est le seul véritable facteur de production comme l’avait déjà expliqué J.M. Keynes dans sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie. Suite au processus de digitalisation croissante des activités économiques, en effet, le nombre de places de travail diminuera de plus en plus dans l’ensemble des économies nationales et cela aura pour conséquence, entre autres, une polarisation toujours plus marquée de la distribution du travail et des revenus sur le plan macroéconomique.

      Le deuxième parallélisme entre le travail et le revenu national est donné par le fait que tous les deux sont distribués de manière fort inéquitable et très problématique dans l’ensemble des systèmes économiques et monétaires. Comme j’ai déjà eu à plusieurs reprises l’occasion de développer le sujet des effets pervers de la « supply side economics », et le leurre de la «trickle down theory », les théoriciens de la théorie économique dominante – de matrice néolibérale – restent pourtant et toujours cimentés dans leurs certitudes. Cette pensée dominante persiste à véhiculer le dogme qu’en réduisant la charge fiscale des entreprises (et des sociétés cotées), celles-ci augmenteront les investissements afin de produire et vendre davantage ; cela étant censé faire augmenter aussi – pour ces prophètes – les recettes fiscales permettant ainsi au secteur public de compenser les pertes fiscales initiales suite à la réduction successive des barèmes d’impôt. Par analogie « compétitive », à encourager l’augmentation des concessions fiscales sur les entreprises cotées tout en sachant que la vélocité du capital n’a d’égal au facteur travail. Pourtant, l’évidence empirique ne corrobore pas du tout la vision théorique dominante. Lorsque la demande sur le marché des produits est insuffisante pour absorber toute la production – comme cela est le cas en cette décennie de crise – les entreprises n’ont aucun intérêt à investir leurs bénéfices nets. Elles ont en revanche intérêt à placer ces bénéfices sur les marchés financiers (inflationniste), faisant augmenter les prix des titres cotés à la bourse (avec pour effet mécanique « une exubérance irrationnelle ». R. Shiller/ R. Thaler) en générant un « price earning ratio » totalement déconnecté des fondamentaux afin d’accroître le patrimoine financier que les entreprises possèdent à l’avantage de leurs propres actionnaires. Un phénomène économico-financier à très court terme (spéculatif) qui s’oppose aux tâches régaliennes de l’État censées s’inscrire dans une logique à long terme.

      Postulant de ce secret de Polichinelle, il n’est pas inintéressant de rappeler que la dette publique, contrairement à un capital qui représente du travail passé progressivement accumulé, la dette publique représente aussi un prélèvement sur le travail futur. Plus spécifiquement, le créancier de l’État lui prête avec de l’épargne du travail (du travail accumulé dans le passé), tandis que l’Etat (le débiteur) rembourse sa propre dette grâce à un prélèvement fiscal sur le travail futur. C’est logique, la dette publique est garantie par la capacité de l’État à lever des impôts portant, entre-autres, sur les revenus professionnels futurs. En s’endettant, l’État demande donc à ses créanciers (par le truchement des marchés financiers) de lui faire crédit au motif qu’il sera capable d’exiger un prélèvement sur la création de richesse de ses futurs contribuables. Dès lors, en suivant la ligne de conduite des dogmatiques de la pensée dominante, une dette publique excessive devient l’écueil principal à une fluidité du capital et à l’allègement du coût du travail. En effet, si la dette publique est refinancée par l’impôt, c’est immanquablement le travail qui est frappé. Et si l’injustice fiscale manifeste entre Capital et Travail se pérennise – exacerbée par nos sociétés mercantiles couplées à une digitalisation exponentielle – alors il ne reste plus qu’aux États autistes à réduire leurs prérogatives d’Intérêt général, c’est-à-dire à détricoter progressivement le filet de sécurité sociale, alléger ses investissements dans les infrastructures (ponts, autoroutes, hôpitaux, éducation, système des retraites etc) ou poursuivre la vente de son âme au secteur privé (aux tenants du Capital) en détruisant implicitement son patrimoine. Mais n’est-ce pas la situation à laquelle nous assistons depuis des lustres?]

      À présent, nous pouvons aborder cette autre confusion que les prophètes de la pensée dominante mainstream se complaisent à véhiculer (car une inflation galopante à long terme érode la dette par effet de manche). Mais qu’est-ce l’inflation(?) – sans confusion – alors que beaucoup n’ont voulu perçevoir un phénomène économique et monétaire totalement dévoyé en temps voulu et, qu’il fut ensuite très commode à partir de 2020, de l’assimiler (tout à l’instar de l’IPC) comme une conséquence unilatérale des chocs sanitaire et géopolitique, alors que cette “inflation galopante” était déjà matérialisée au sein des marchés financiers et immobiliers depuis plus d’une décennie (politique monétaire non conventionnelle des banques centrales) – tandis que l’économie réelle traversait une période déflationniste pilotée par les dogmes de la pensée dominante mainstream (chère aux orthodoxes). L’inflation galopante n’est pas un phénomène statistique et généralement elle s’installe dans le temps (contrairement aux idées reçues des orthodoxes).

      https://blogs.letemps.ch/sergio-rossi/2020/10/19/ou-se-trouve-linflation/#comments

      “Où cet argent est-il détruit pour permettre un équilibre”? Il ne l’est pas véritablement pour l’instant et ce transfert des richesses par accroissement mécanique des dettes se visualise à l’aune de l’accroissement exponentiel des ultra-riches d’un coté, et l’instabilité financière gigantesque de l’autre (transfert des richesses du bas vers le haut, tout à l’instar des dettes). La grande Correction (Conflagration) rétablira l’ordre mais au prix du sang et des larmes.

      Bien à vous

      PS: Comme Le Temps a décidé ne nous fermer à tous le “bec”, le sujet suivant aurait été mon prochain développement pour un autre “Voyage dans le temps et l’espace”. Bien dommage!

      https://www.wsj.com/articles/how-much-washington-really-owes-100-trillion-debt-social-insurance-expenditure-medicare-medicaid-treasury-11671571955

      1. Vous ne faites que confirmer mes craintes. Nous pouvons déjà observer les tensions et craquement liés au fait que cet argent artificiellement créé (= ne correspondant pas à une plus value produite par le travail) est utilisé comme pouvoir pour, année après année produire un revenu toujours plus haut par rapport au revenu du travail. Il y a 20ans, le revenu du capital dépassait le revenu du travail. Je n’ose imaginer où nous en sommes. Mais nous avons pu observer avec le COVID la puissance et l’avidité des grands trusts. Tout l’enjeux était de mettre rapidement sur le marché de nouveaux médicaments ou vaccins, c’est-à-dire en sautant les phases de tests. Selon les obligations légales, il était nécessaire de démontrer à fois l’urgence et l’absence de tout traitement. La monstrueuse empoignade qui s’en est suivie ainsi que le conseil surréaliste de ne pas se soigner et de s’annoncer aux urgences lorsque cela tourne mal procède de cette contrainte. Entre des groupes financiers avides et la population cible, il n’y a personne pour s’interposer… juste quelques voix discordantes.

        1. Bonjour Gwaskell,

          Merci pour votre intervention pertinente.

          Voici en complément un extrait d’une de mes interventions postées (à nouveau) en 2020 (après une précédente en…2010)
          ————–
          RAYMOND
          17 décembre 2020 à 13 h 00 min

          (…) L’émergence de la financiarisation de nos économies, dites modernes, ne fut-elle pas les prémisses d’un détournement planifié des richesses (et le pillage des ressources naturelles) avec la bénédiction successive des détenteurs de rentes de situation à l’instar des pouvoirs politiques, comme déjà décrit dans la théorie des choix publics, ceci au détriment de l’Intérêt général ?

          https://i0.wp.com/michelsanti.fr/wp-content/uploads/2018/10/%C3%A9cart-productivit%C3%A9-salaires.png?resize=538%2C305&ssl=1

          Après 50 ans d’injustices économiques établis sur des leurres et la croissance exponentielle de la financiarisation, combien d’années faudra-t-il encore pour nier les évidences et changer de paradigme ? Les aficionados de l’ultra-capitalisme d’hier sont-ils devenus à ce point une nouvelle frange du marxisme-léninisme des temps modernes ?

          http://iris-recherche.s3.amazonaws.com/uploads/attachment/file/Untitled12.png
          ————–
          En rajoutant, il est vrai, que la “gestion catastrophique” de la pandémie pour les uns (une très large majorité) fut un effet d’aubaine gigantesque pour d’autres (une infime minorité). Sans compter que cet aléa sanitaire tomba à point nommé pour accélérer un phénomène de disruption économique qui était, lui-même, connu bien avant le choc de la pandémie. Ainsi, de là à penser que la gestion autoritaire et irrationnelle de cet aléa sanitaire pourrait trouver racine dans les entrailles d’une “stratégie du choc”, il n’y a en effet qu’un pas à franchir…

    1. Merci pour le partage cher Noel.

      Un bon début ce reportage de Temps présent sur le “CS Gate”, encore faudra-t-il que la RTS parvienne à l’avenir à atteindre – par “ses investigations” – le cœur du logiciel, c’est-à-dire le pouvoir suisse et ses institutions. Un “crony capitalism made in Switzerland” qui ronge non seulement l’Intérêt général et le bien commun depuis trop longtemps, mais sape aussi le capital confiance de la démocratie directe.

      En attendant les révélations les plus bouleversantes (pour le quidam), je reste bien évidemment sur mes positions concernant le quatrième pouvoir helvétique émasculé.

  7. Prêts Covid-19 et “Crony capitalism” helvétique? Les liaisons dangereuses de Ueli Maurer et Thomas Gottstein…

    https://insideparadeplatz.ch/2023/06/16/maurer-und-gottsteins-milliarden-corona-loch/

    “La NZZ, affiliée au FDP, prend à partie l’ex-chef des finances de l’UDC. A l’inverse, elle épargne le deuxième responsable principal. Il vient du CREDIT SUISSE – la banque qui a toujours été particulièrement proche du cœur de la NZZ” (dixit blog Inside Paradeplatz – 16.06.2023)

  8. Le temps qu’il faisait y a 10 ans sur l’environnement des dérivés. L’étude du bureau Alpha Value révélait alors que le notionnel des produits dérivés du CS et UBS dépassait 200 fois le PIB de la Suisse…

    https://www.letemps.ch/economie/finance/derives-dubs-credit-suisse-dautres-prepareraient-un-fukushima-bancaire

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    RAYMOND
    13 décembre 2022 à 16 h 57 min
    “Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison (35): La planète des singes

    À quoi fais-je référence; les “3 Singes” au sein d’”Analectes”, l’ouvrage de Confucius, ou la réinterprétation de sa maxime par le philosophe allemand Nietzsche? “Quand ton regard pénètre longtemps au fond d’un abîme, l’abîme lui aussi pénètre en toi”, sous-entendu lorsque l’on est confronté au mal, le mal peut aussi s’emparer de nous”. Certes, la deuxième version pourrait se calquer à merveille à l’homo-politicus! Pourquoi dès lors ne pas pousser le bouchon jusqu’à l’allusion à cette série télévisée américaine – “Planet of the Apes” – créée par Anthony Wilson et diffusée en 1974 sur CBS? Deux astronautes, Virdon et Burke, dont le vaisseau s’est écrasé sur une planète inconnue découvrent rapidement qu’ils sont retournés sur Terre, mais dans un futur lointain où les singes intelligents dominent les humains. En conséquence, je suis tenté de choisir cette version pour qualifier nos créatures particulièrement résilientes et toujours prêtent à s’attaquer aux risques pesant sur notre planète.

    Ironie – aujourd’hui 13 décembre 2022 – la Banque centrale d’Angleterre (BoE) nous dit qu’elle va tester la résistance des instituts financiers non bancaires, cette “finance de l’ombre” (Shadow banking) responsable notamment du choc sur le marché de la dette britannique en septembre dernier. La Banque centrale d’Angleterre va exécuter un exercice de scénario focalisé sur les risques venus d’instituts financiers non bancaires, comme les fonds d’investissements actifs sur le marché de la dette britannique comme l’a affirmé le gouverneur de la BoE, Andrew Bailey, dans un courrier adressé au ministre des Finances…Ceci n’est pas sans me rappeler quelques souvenirs, notamment cet échange avec l’ancien conseiller de Banques centrales et macroéconomiste hétérodoxe – Michel Santi, le 03 septembre 2012 (oui, 2012)
    ****
    Raymond:
    Si « les flambées boursières sont construites sur du vent et sur de la pure spéculation », la finance de l’ombre (Shadow banking) semble pas plus inquiéter que ça, et pourtant il y a de quoi attraper des sueurs froides. Le Produit National Brut planétaire avoisine 50’000 milliards de USD. Et 800’000 milliards USD de produits dérivés circuleraient dans le monde par le truchement du “shadow financial system”, dont 16’000 milliards aux USA…
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    Michel Santi:
    Quels sont les fondamentaux justifiant un Dow Jones au plus haut depuis plus de 3 ans et un NASDAQ au plus haut depuis 10 ans? Aucun, si ce n’est que cette finance de l’ombre poursuit – et se complaît – dans sa fuite en avant…
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    Où en est-on à présent, en 2022, c’est-à-dire une décennie plus tard, de la régulation ambitieuse du “shadow financial system”? D’autre part, beaucoup ont sans doute déjà oublié l’an 2014 marqué par l’autopsie d’un échec, celui des nouveaux accords de Bâle III. Il y fut supprimé sur la version 2010 de la clause initiale de Bâle III (version 2009) prévoyant d’inclure une majoration spécifique du notionnel pour les produits dérivés de crédit ; un alignement des normes bancaires européennes IFRS – plus strictes et prudentielles qui obligeaient les banques européennes à comptabiliser leurs positions en brut − sur les normes comptables des banques américaines comptabilisant en net. Assouplissement des critères de liquidité auxquelles elles furent désormais soumises à partir du 1er janvier 2015 et qui répondait aux demandes pressantes des acteurs du secteur financier, mais se révèle de facto très insuffisant. La base des actifs comptabilisés comprenant les liquidités, inclut désormais des obligations, des actions et certains types d’emprunts hypothécaires (volatils) ce qui ne correspond plus aux règles prudentielles élémentaires. Cependant les banques devront provisionner à hauteur de 60% cette même année, puis 70% en 2016 et ainsi de suite pour atteindre 100% en 2019.

    Où en est-on à présent, en 2022, de cette “impossible” régulation des produits dérivés? Les chefs de clans vont peut-être pouvoir nous éclairer.
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    Aujourd’hui encore, en 2023, “la nébuleuse transparence” (un oxymore volontaire) des chambres de compensation pose un réel problème alors que la plupart des opérations sur dérivés sont des opérations hors bilan. Mais cela reste un point de détail pour nos homo-politicus, l’essentiel n’est-il pas de se gausser devant “le succès” de la fusion formant la New UBS? 🤔

  9. Lorsqu’on voit ce que l’on voit et que l’on lit ce qu’on lit, il y a assez de matière pour fossiliser nos banquiers centraux et reclasser nos élites au registre de l’absurde!!!

    Dans son rapport annuel sur la stabilité financière qui vient de paraître (2023) – la Banque nationale Suisse “veut tirer les leçons de la débâcle du Credit Suisse”, alors que son déclin (par son modèle d’affaire) était déjà programmé depuis… 2007. Quant à la banque centrale des banques centrales – la banque des règlements internationaux (BRI) – par l’entremise de son directeur, Agustín Carstens, cet organisme supranational estime que non seulement “les autorités helvétiques ont très bien géré la crise du Credit Suisse”, mais qu’il est à présent nécessaire d'”examiner les différentes possibilités de renforcer les liquidités du système bancaire”. C’est étonnant car j’ai déjà entendu quelque chose de similaire en 2011…

    https://www.reuters.com/article/us-creditsuisse-idUSTRE71D3BC20110214

    Puis, plus intéressant encore, la semaine dernière, le président de la Réserve fédérale a livré son témoignage semestriel au Congrès. L’état d’avancement des hausses de taux et la lutte contre l’inflation ont été au cœur de la discussion. En bref, la lutte contre l’inflation de Powell n’est pas terminée. L’Indice des prix à la consommation (de base), qui exclut néanmoins les prix des aliments et du carburant, augmente à un taux annuel de 5,3 %. De même, les prix des dépenses de consommation personnelle de base ont augmenté de 4,7% par rapport à il y a un an. Ainsi, le taux des fonds fédéraux de 5,25 % n’est pas suffisant pour contenir la hausse des prix. Idéalement, un taux de l’ordre de 7 à 7,25 % serait plus conforme aux attentes. Ainsi, après la récente réunion du FOMC, la Fed a signalé deux hausses de taux supplémentaires cette année 2023. Dans le cadre de son témoignage la semaine dernière, Powell a validé cette approche en remarquant que c’était une “assez bonne supposition”.

    Alors, pourquoi faire une pause en premier lieu ? Les fiascos de la Silicon Valley Bank et de la First Republic Bank (et Credit Suisse en Europe) en mars ne sont que la toute petite partie d’un problème beaucoup plus vaste. Les hausses rapides des taux d’intérêt ont empêché les banques mal préparées d’indemniser adéquatement les déposants. Le bon du Trésor à 6 mois rapporte 5,4 % alors que de nombreux comptes d’épargne versent un revenu d’intérêt inférieur à 0,05 %. À ce stade, les banques ne peuvent pas encore concurrencer les bons du Trésor à court terme (libellés en une devise hégémonique et “militarisée”. Une monnaie de réserve mondiale sur son déclin). En effet, les obligations que de nombreuses banques à courte vue ont achetées il y a plusieurs années, lorsque les taux d’intérêt étaient proches de zéro, sont entièrement sous l’eau. N’oubliez pas que les prix des obligations évoluent à l’inverse des taux d’intérêt (effet propre à la duration). Ainsi, les banques se retrouvent dans une situation où elles sont incapables de vendre des obligations pour rembourser les retraits des déposants sans subir de pertes massives. Et parce que les banques ne peuvent pas rivaliser avec les rendements à court terme du Trésor, les déposants sont incités à retirer leur épargne et à la placer dans des bons du Trésor (un schéma de Ponzi plus rentable). Cela remet naturellement en question la solvabilité des banques. D’ailleurs, comme l’a montré l’échec de SVB (et la débâcle du CS) il ne faut pas grand-chose de nos jours pour déclencher une ruée vers les banques numériques (“bank run”).

    Comprenons bien que la pause de taux belliciste de la Fed est un cadeau temporaire fait aux banques. Cela leur fait gagner un peu de temps pour maîtriser leurs positions en capital, bien que ce ne soit vraiment rien de plus qu’un clin d’œil symbolique. Que peut réellement faire une banque pour rééquilibrer ses avoirs obligataires en un mois ? La pause des taux, en réalité, ne sert qu’à retarder l’inévitable crise bancaire ! Mais ce n’est pas tout, car la pause des taux s’accompagne également du risque d’une plus grande augmentation des prix. Les taux d’intérêt, bien que beaucoup plus élevés qu’au début de 2022, sont toujours accommodants. Les banques commerciales peuvent toujours utiliser la fenêtre d’escompte de la Fed pour obtenir un crédit à un prix inférieur au taux de base de l’IPC. C’est en partie pourquoi les principaux indices boursiers font une course concertée à leurs plus hauts records ! C’est aussi en partie pourquoi les prix de l’immobilier résidentiel dans de nombreuses villes américaines sont encore largement inabordables. Les hausses de taux n’ont donc guère contribué à contenir l’inflation sur les prix des actifs. En faisant une pause, la Fed prend un pari fort risqué. Si l’inflation des prix à la consommation augmentait, la supposée pause des taux bellicistes diminuerait comme une autre grande erreur de politique de la Fed. De plus, pour corriger cette erreur, la Fed devra augmenter les taux d’intérêt encore plus haut que si elle n’avait pas fait de pause au départ. Doit-on s’attendre à quelque chose de différent ? Les dernières actions de la Fed sont conformes à son “biais inflationniste historique”. N’oubliez pas que la Fed (entre-autres) a un objectif d’inflation de 2 %. Par cela, il favorise délibérément l’augmentation continue des prix. Ce biais inflationniste repose sur la conviction que la déflation perturbe davantage la stabilité économique qu’une inflation…galopante. Alors, par plus grande prudence, et pour garder les caisses de l’État pleines, les banquiers centraux se trompent du côté de l’inflation. La déflation, par définition, signifie une réduction générale des prix. Contrairement à l’inflation, la déflation permet aux consommateurs d’acheter plus de biens ou de services demain avec le même argent qu’ils ont aujourd’hui. Lorsque la déflation s’installera, les consommateurs avisés retarderont leurs achats en anticipant qu’ils pourront acheter plus pour moins à l’avenir. Cela conduit à des excédents d’offre, ce qui exerce une pression à la baisse supplémentaire sur les prix. Les offres de type “achetez-en une, obtenez-en une gratuitement” deviennent ainsi nécessaires pour déplacer le produit.

    En ce qui concerne le cycle de déflation, une baisse des dépenses entraîne une baisse des revenus pour les entreprises et les producteurs. Ceci, à son tour, entraîne une baisse de la production, des licenciements, un chômage plus élevé et une contraction du PIB. Tout cela, encore une fois, conduit à moins de dépenses à mesure que le cycle de déflation progresse. Mais en fait, je ne devrais pas revenir sur les mécanismes pervers de la déflation (renforcés par les mantras de l’orthodoxie; lesquels furent confortés à l’aune de l’idéologie dominante) puisque l’Europe les a suffisamment expérimenté de 2010 à 2019. Ni revenir sur les mécanismes pervers de l’hyper-inflation sous-jacente qui a dopé les actifs financiers et immobiliers sur la même période, “grâce” notamment aux politiques non-conventionnelles de relance monétaire des banques centrales, plus précisément la Fed, avant que le diable ne sorte définitivement de sa bouteille. Cette croyance dure comme fer en la “supply-side economic” et la “Trickle down Theory” ne pouvait qu’augurer un scénario catastrophique (visible avant le choc sanitaire mondial et géopolitique). Nous en avions suffisamment dénoncés les mécanismes durant plus d’une décennie sur ce blog, tout en observant impuissants nos banquiers centraux et nos “élites” suivre leurs “tutos à bricoler”. Bien sûr, les véritables impacts du cycle de déflation se font sentir sur les entreprises et les particuliers endettés, ainsi que sur les marchés du crédit. Je le redis, il est un peu tard de redécouvrir ces leçons économiques après trois lustres. À mesure que les prix des actifs vont alors se dégonfler sérieusement, les bénéfices et les revenus, la capacité à assurer le service de la dette existante devient naturellement de plus en plus difficile et cela conduit tout aussi naturellement à des faillites massives. Et ceci dans un environnement encore beaucoup plus préoccupant qu’en 2006/2007. Vous l’avez évidemment compris, la déflation est tout aussi problématique (énième piqure de rappel) pour les prêteurs et les banquiers et peut les pousser à l’insolvabilité. Cela peut également conduire à une crise financière, à un effondrement du marché du crédit et à une récession ou une dépression économique. Voilà le dilemme qui ne va pas se résoudre à l’aide d’un vœu pieu, à l’instar de celui du président de la BNS, ou d’un miracle comme l’escompte le président de la Fed.

    Néanmoins, la déflation reste un aspect du cycle économique, c’est une caractéristique morale de l’économie. Pour les particuliers et les entreprises qui ont été prudents avec leurs finances, la déflation est une aubaine. Ils peuvent vivre mieux à moindre coût. Au contraire, ceux qui prennent des décisions imprudentes pendant le boom inflationniste (spéculatif) subissent les plus grandes conséquences pendant la récession. Ils se retrouvent incapables de payer leurs dettes. Ils sont anéantis. Pourtant, lorsque les banquiers centraux tentent violemment d’enrayer une spirale déflationniste avec des leviers inflationnistes qui ne permettent pas véritablement d’atteindre le cœur de l’économie réelle, le logiciel s’en trouve perturbé et, de fait, amplifie les risques, les distorsions de prix et les anomalies des marchés, puis favorise les dépressions éventuelles. Et lorsque Washington intervient avec des renflouements à gogo, cela nuit à des personnes innocentes et responsables en socialisant les pertes, tandis que “les criminels” continuent de s’en laver les mains.

    Tout cela reste cohérent avec le biais inflationniste des banquiers centraux et des politiciens (technocrates). Une inflation modérée peut être perçue comme agréable en théorie. Au fil du temps, les dettes sont réduites. Les augmentations de salaire annuelles, par exemple, réduisent considérablement le fardeau d’un paiement hypothécaire mensuel sur la durée d’un prêt immobilier à taux fixe de 10 à 20 ans. Le problème, cependant, est que pour que l’inflation continue son effet stimulant dans le monde réel, elle doit continuer à un rythme de plus en plus rapide. Et, en fin de compte, un parti pris pour l’inflationnisme continu de conduire à des dommages beaucoup plus importants. Alors que le fardeau de la dette d’un individu peut être allégé avec le temps (pour autant que les revenus réels de cet individu suivent la cible d’inflation) – le fardeau de la dette dans l’ensemble de l’économie, à mesure que les prix des actifs gonflent plus vite que les salaires, devient inévitablement plus lourd. Au fur et à mesure que les choses progressent, le seul moyen d’empêcher un effondrement est de fournir de plus en plus d’inflation sous la forme de crédit artificiellement bon marché, de dettes de plus en plus importantes et d’impression de monnaie pure et simple. Une illusion de richesse et de croissance éternelle d’un côté, puis une désillusion face au remboursement de la “dette climatique” (entre-autres) et du triste constat du creusement des inégalités de l’autre. OUI mais voilà, nos têtes bien pleines ont toujours cette fâcheuse tendance à cacher au quidam qu’au sein de ce schéma de Ponzi légalisé, le facteur de l’immobilier reste l’outil de prédilection à la création monétaire (donc source d’inflation) et par analogie un vecteur de dette (donc de risques et d’instabilité financière). Rappelez-vous mon intervention sur la quadrature du cercle:

    ***

    RAYMOND
    19 décembre 2022 à 13 h 18 min
    “Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison Master class V: La quadrature du cercle?

    Comment nos apprentis-sorciers vont-ils à présent gérer une situation où les banques centrales devraient réduire leurs bilans d’au moins 5 000 milliards de dollars US? En effet, la bulle de 20 000 milliards de dollars US générée depuis 2008 ne peut être résolue avec 5 000 milliards de dollars. Un resserrement de 5 000 milliards de dollars américains reste modéré, c’est-à-dire toujours accommodant. Pour revenir aux niveaux d’avant 2020, la Fed devrait réduire son bilan d’autant à elle seule, alors que les banques centrales des économies développées devraient resserrer leur politique monétaire de 5 000 milliards de dollars US, ce qui viendrait s’ajouter à plus de 2 500 milliards de dollars US de financement du déficit public dans les mêmes pays. Autant dire une quadrature du cercle ou comme je l’ai déjà fait savoir dans le temps et l’espace, “il faudra peut-être un jour passer par la case “destruction du capital”.

    Dans une récente interview, le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, a déclaré que la BCE commencerait à réduire son bilan en 2023 en ajoutant qu’”une récession pourrait être insuffisante pour ramener l’inflation sur la cible”. Cela laisse entendre que “l’outil anti-fragmentation” actuellement utilisé pour masquer le risque des obligations périphériques pourrait commencer à perdre son effet placebo sur les actifs souverains. De plus, le coût des fonds propres et le coût moyen pondéré du capital augmentent dès que les spreads des obligations souveraines commencent à augmenter. Ainsi, comme le capital ne peut qu’être créé ou détruit car il ne reste jamais constant, alors si les banques centrales veulent lutter efficacement contre l’inflation, la destruction de capital paraît inévitable.

    Mais ne croyons pas un instant que les banques centrales ne sont pas conscientes du pire des scénarios: “à savoir une inflation élevée et une récession qui pourraient avoir un impact prolongé sur les citoyens, avec une montée du mécontentement et un appauvrissement généralisé”. Ils savent aussi qu’ils ne peuvent pas maintenir l’inflation à un niveau au-dessus de la cible pour satisfaire les attentes du marché en matière de hausse des valorisations, car les mêmes banques centrales qui affirment que l’effet de richesse se multiplie positivement sont conscientes des conséquences désastreuses d’ignorer l’inflation. Comme du reste la Banque Nationale Suisse (BNS) vient de l’apprendre à ses dépends par le résultat de sa conduite monétaire et de son financement – digne d’un hedge fund – où les collatéraux ne sont autre que l’épargne de tout le pays. Bien que les fondations économiques de la Suisse restent en apparence relativement saines, toutefois l’on a cette fâcheuse tendance à ne vouloir considérer que l’endettement des ménages dépasse le 140% (un taux d’endettement ayant plus que triplé en trois décennies) du produit intérieur brut qui représente un risque systémique. Dans une de mes innombrables interventions sur le blog du Professeur et Dr. Sergio Rossi – à l’instar de celle postée le 30 novembre 2020 à 19h 10 min – à savoir: “Par paresse et facilité, comprenons bien que nos gouvernements ont délibérément choisi la voie de la “zombification” de nos économies réelles au travers du levier de l’endettement. En effet, que les flambées immobilières ne nous induisent pas en erreur car, tant aux Etats-Unis qu’en Europe (bien évidemment aussi en Suisse), les multiples aides en faveur de l’accession à la propriété n’ont été que la manière la plus facile pour les banques et pour l’Etat de créer des capitaux afin de nous donner une illusion de confort matériel et, ce, à mesure que nos salaires pour leur part étaient en plein déclin. Le processus est élémentaire car l’argent créé par les banques est ainsi utilisé au jour le jour pour l’ensemble de nos transactions quotidiennes, sans même que l’on y pense ou qu’on le soupçonne. De fait, nos cycles économiques sont désormais très substantiellement affectés par le marché immobilier, car c’est à ce dernier que nos économies doivent l’essentiel de la masse monétaire en circulation (selon la logique des crédits font les dépôts et non l’inverse). Dès lors, et comme l’immobilier est le régulateur fondamental de notre croissance, toute crise immobilière exerce des effets quasiment dévastateurs sur l’ensemble de l’activité économique. L’effet multiplicateur du marché immobilier est donc magnifié, dans le bon sens mais surtout dans le mauvais, car huit des dix dernières récessions occidentales furent provoquées par des crises immobilières. En effet, en dépit de l’intégration de nos économies, malgré toutes leurs avancées technologiques et leur taille parfois gigantesque (comme celle par exemple des Etats-Unis), une tourmente immobilière dégénère quasi-immanquablement en récession généralisée car l’immobilier est aux sources d’une création monétaire massive.

    Comme le système financier, et avec eux les pouvoirs publics, sont pertinemment conscients des dangers existentiels d’une chute brutale de ce marché, c’est également le système de la valorisation des biens qui se retrouve faussé. Il y a en effet trois principales méthodes pour estimer la valeur d’un bien immobilier – le cash flow, le coût de remplacement et par comparaison. Cependant, comme le cash flow – c’est-à-dire les loyers – et comme les coûts de remplacement – c’est-à-dire la reconstruction pure et simple du bien en question – ne justifient évidemment pas les prix pratiqués, c’est donc la valorisation par comparaison qui prévaut. Cependant, comme le système bancaire privé s’adosse principalement sur l’immobilier pour sa création monétaire, et comme nul mécanisme ne saurait remplacer de nos jours l’effet de richesse induit par ce marché permettant de soutenir la consommation au sein de nos économies, nous nous retrouvons donc dans des situations aberrantes comme celle qui prévaut toujours aujourd’hui aux Etats-Unis où c’est l’Etat qui contrôle de facto le marché immobilier. En d’autres temps et avec l’or, ceci s’appelait l’étalon or, dont la convertibilité avec les billets de banque était légale et clairement définie. Aujourd’hui, les dollars, les euros et les francs suisses que nous possédons sont indirectement convertibles contre de l’immobilier puisque l’essentiel de la monnaie créée par les banques est justifiée par l’essor du marché immobilier. Comme les banques et comme le “shadow banking” créent de l’argent ex-nihilo simplement adossé sur une valorisation de l’immobilier (dont on sait de surcroît qu’elle est fallacieuse), nous vivons donc – non dans un système d’étalon or – mais d’”étalon immobilier”, où la quasi-totalité de notre monnaie n’existe que par ce marché et que pour encourager son appréciation”.

    D’autre part, pour revenir à nos moutons, quand l’excuse énergétique dans les estimations d’inflation va probablement s’évaporer, ce sera le test clé pour les banques centrales. Tout comme l’excuse de la chaîne d’approvisionnement qui disparaît, l’excuse temporaire est devenue obsolète alors que l’excuse énergétique perd progressivement une partie de sa crédibilité depuis quelques mois. La réalité peu attrayante de la hausse de l’inflation sous-jacente et super-sous-jacente a été exposée par la récente chute des matières premières et les banques centrales ne peuvent pas accepter une inflation soutenue car cela signifierait qu’elles auraient totalement et conjointement failli à leur mandat. Dès lors, l’année 2023 ainsi que la suivante risquent d’être martelées par d’inquiétants troubles sociaux. Enfin, croyez bien que j’espère vraiment me tromper et voir le verre à moitié plein

    ***

    Alors, bien que les discours édulcorés de nos têtes bien pleines servent avant tout à s’autocongratuler – que la démence et la schizophrénie est à présent facilement démontrable en 2023 – malheureusement, la plupart des gens honnêtes n’ont aucune idée de ce qui se passe… ou de ce qui s’en vient. En attendant, il nous reste plus qu’à boire les belles paroles jusqu’à la lie puisque c’est ce que nos élites suggèrent: ‘”Nous avons retenu les leçons” / “nous appréhendons mieux à présent les événements…”/ “Nous (ils) ont bien géré”.

    1. EXTRAITS:

      🙊🙈🙉
      RAYMOND
      5 décembre 2020 à 13 h 30 min

      (…) Ceci dit, n’en déplaise aux penseurs «mainstream», la question aujourd’hui n’est plus de savoir si la Suisse connaît une bulle immobilière, mais bien quand la crise immobilière va-t-elle frapper. Or nos organes de surveillance peuvent bien s’entraîner à la fuite en avant, à l’instar du personnage créé par Tex Avery, «Road Runner», il n’empêche que nous pouvons aussi – et raisonnablement – nous interroger sur le bon fonctionnement de l’autorité indépendante de surveillance des marchés financiers, c-à-d la FINMA. Les experts du FMI n’ont-ils pas ausculté le fonctionnement du système financier suisse et appelé au renforcement des règles de gouvernance de la FINMA? Ces experts n’ont-ils pas mis le doigt sur une pratique selon laquelle l’autorité de réglementation et de supervision délègue des tâches de contrôle des banques à des cabinets d’audit qui sont rémunérés par ces dernières, nous laissant se poser légitimement des questions sur le conflit d’intérêts? Comme l’a fait comprendre Paul H. Mathieu, un des experts du FMI qui a conduit l’examen du secteur financier, «le régulateur devrait payer lui-même les mandats d’audit. Une telle mesure est non seulement dans son intérêt, mais aussi dans celui de la crédibilité internationale de la place financière suisse».

      Comme l’indiquait Paul Krugman dans un de ses livres déjà daté («Sortez-nous de cette crise…maintenant») – faisant notamment un clin d’oeil au livre majeur d’Hyman Minsky («Stabilizing an Unstable Economy») – dont le marché immobilier n’échappera – est celui du «Minsky Moment». Ce moment est décrit par Krugman comme celui de « Vil Coyote ». Pour être plus précis, c’est la «Théorie du Coyote suspendu» qui fait aussi référence aux travaux de Galilée. Et, est illustrée dans les dessins animés de Tex Avery (Warner Bros.) par le personnage créé par Chuck Jones : «Vil Coyote» qui, emporté par son élan en pourchassant Bip Bip, poursuit sa course au-delà du bord d’une falaise dans les nuages, il ralentit, s’immobilise, reste un court instant suspendu en l’air et, prenant conscience soudainement de sa situation qu’il courrait dans le vide, nous regarde l’air incrédule, cherche à tâter la terre ferme avant la une chute vertigineuse. Et si le «moment Minsky» comme le nomment Paul Krugman ou Gaël Giraud est inexorable, c’est parce les autorités monétaires et financières, elles-aussi, n’exercent pas leur rôle de régulation financière en amont, se contentant de gérer les conséquences des crises par leurs politiques non conventionnelles. Dans un tel contexte, avec autant d’environnements instables, est-il encore utile de préciser l’exposition non négligeable des caisses de pension au risque d’un crash landing immobilier, comme de préciser que la recherche de «yied » par les caisses de pension est devenu un véritable parcours du combattant dans l’univers des taux négatifs sur les emprunts souverains? Faut-il encore préciser que le bilan de la BNS (Banque Nationale Suisse) est quasi-entièrement composé d’actifs non helvétiques (des actions par exemple), et donc libellés en monnaies étrangères ? En effet, tandis que la Fed, que la BCE et que la Banque du Japon sont détentrices d’un portefeuille certes également gigantesque mais constitué d’obligations (emprunts souverains) exprimées en leur propre devise nationale, la politique volontariste d’affaiblissement du franc suisse a donc forcé la BNS à investir de plus en plus de réserves partout…sauf dans son propre pays. Donc autant de risques cumulés par décrochage des marchés financiers (…)

      (…) S’appuyant sur la confiance traditionnelle du peuple suisse dans sa banque centrale, cette institution mal contrôlée n’aura pas hésité à s’empêtrer dans une alliance contre-nature avec la finance spéculative européenne. Elle aura ainsi elle-même créé les conditions d’un ébranlement économique majeur pour le pays dont elle était censée servir les intérêts (…)
      🙊🙈🙉

  10. Peut-être mon dernier coup de sang avant le 30 juin.

    J’estime qu’il est profondément regrettable que la journaliste économique du Temps s’offre des libertés journalistiques au travers d’un paralogisme*. Surtout qu’elle fonde sa propre opinion avec l’étai du “Moral Hazard”…

    https://www.letemps.ch/economie/finance/pourquoi-la-suisse-a-eu-raison-d-annuler-les-at1-de-credit-suisse

    Selon Wikipedia*: “Un paralogisme (du grec paralogismos) est un raisonnement faux qui apparaît comme valide, notamment à son auteur, lequel est de bonne foi, contrairement au sophisme qui est un argument fallacieux destiné à tromper. Dans la Critique de la raison pure, Kant identifie les paralogismes comme étant des illusions de la raison”.

    Question 1 à Mme Farine : Pourquoi, selon votre opinion personnelle, les actionnaires du CS n’ont-ils eu à souffrir d’un pareil traitement ?

    Comme l’article du quotidien économique “Le Temps” aborde le phénomène du “Moral Hazard” pour avancer un paralogisme* (sans pousser au-delà le raisonnement), alors il me semble à propos de citer un extrait du très pertinent billet du blog Inside Paradeplatz (Lukas Haessig):

    “Fin mai 2023, New UBS avait des emprunts nets ouverts auprès de la BNS de plus de 88 milliards de francs. Près de 90 milliards : Cela va bien au-delà de l’ancienne norme. Dans le monde avant le 19 mars 2023, lorsque la Suisse a secouru le CS, le plafond de la ligne de crédit de la BNS pour les banques commerciales en difficulté était de 50 milliards.Tout ce qui dépassait la limite nécessitait une autorisation exceptionnelle. Au lieu de redescendre rapidement sous la barre des 50 milliards, Swiss Banking milite désormais pour un monde résolument nouveau. L'”Emergency Liquidity Assistance Plus”, ELA+ en abrégé, qui a été créé spécialement pour le rachat du CS et a élargi la ligne de crédit d’urgence de 50 milliards à un total de 100 milliards, devrait s’appliquer indéfiniment. L’Association des banquiers, où Marcel Rohner brandit le sceptre, a réclamé cela au cours du week-end dernier.

    Le même Rohner dont l’UBS d’alors a dû être secouru par le gouvernement fédéral et la BNS en 2008 avec 70 milliards. ELA+ ne devrait pas s’appliquer avant fin 2027 comme prévu, mais pour une durée illimitée, selon la Rohners Lobby Association basée à Bâle…”

    Et qui a finalement sauvé l’ancienne UBS au-delà des mythes? “Les autorités avaient bel et bien pris un risque démesuré pour le pays. Il serait, dorénavant, plus décent de raconter la véritable histoire”

    https://www.bilan.ch/opinions/myret-zaki/ce_n_est_pas_la_suisse_qui_a_sauve_ubs

    Question 2 à Mme Farine: Vous souhaitez revisiter la notion de l’aléa moral ?

  11. 28 juin 2023 – “Le Conseil de la Réserve fédérale publie les résultats du test de résistance bancaire annuel, qui démontre que les grandes banques sont bien placées pour affronter une grave récession et continuer à prêter aux ménages et aux entreprises même pendant une grave récession”…

    https://www.federalreserve.gov/newsevents/pressreleases/bcreg20230628a.htm

    Le hic? Les 23 plus grandes banques ont réussi leurs tests de résistance annuels…

    Y compris CREDIT SUISSE !!!

    https://cms.zerohedge.com/s3/files/inline-images/image%20-%202023-06-28T134620.412.png?itok=2zZ9zZ6y

    🙉🙈🙊

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