Le prix à payer pour la liberté

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La liberté de Charlie Hebdo en a payé le prix fort.

La liberté, comme la liberté de pensée, est ou devrait être LE droit fondamental dans une démocratie. C’est une richesse de pouvoir s’exprimer en toute sécurité et cette libre expression doit être garantie par un Etat de droit.

Certes, pour garantir notre liberté, il y a un prix à payer. Pas celui de morts (il y en a assez eus lors de la dernière guerre mondiale, tous comme dans des conflits qui l’ont suivi, en Europe, tels qu’en Ex-Yougoslavie ou en Ukraine encore aujourd’hui) mais celui d’une « assurance sécuritaire ».

Mais en amont, il faut oser se poser quelques questions :

  • Quels sont les rôles des religions ? Ont-elles encore un sens ? Si Dieu existe, en existent-ils plusieurs ? Des différents ?

  • Les sectes et mouvements fondamentalistes ont-ils une place dans notre société ?

  • L’appel à la « guerre sainte », à la haine, etc. Est-ce un droit ?

  • La séparation Etat et religion (église) est-elle comprise et respectée ?

  • Hormis, la police, l’armée et autres organisations sous la responsabilité de l’Etat, doit-on autoriser ou fermer les yeux sur des organismes de formation militaire ou de commando ?

  • La création de films ou de jeux pour ordinateurs avec organisation et montage de tueries ont-ils une raison d’être ? Quel est leur public cible ?

  • Quel rôle joue l’Internet dans l’accès à l’information et à la désinformation ? Qui est le « Régulateur »* d’Internet ?

  • Le fichage de personnes à risques (criminels, malades, etc.) doit-il être proscrit ?

  • Et bien d’autres question encore (même si elles dérangent) …

Par contre, il ne faut pas mélanger « Etat sécuritaire » et « Etat sûr ». En fait, c’est l’Etat de droit qui doit offrir les aspects « sûrs » de la qualité de vie de ses citoyens sans pour autant être un état sécuritaire, livré à toutes sortes d’actions dites de « sécurité » mais sans contrôle ni règle.

Pour toutes celles et ceux qui prétendent que la France n’a pas vu monter son islamisation ; sans polémiquer, il faut être vraiment aveugle pour le dire et ou le croire ! Quel est le rôle joué par les politiques au pouvoir dans le domaine de la sécurité, trop souvent entravé par des querelles personnelles ou partisanes ?

Si une rédaction d’un journal est aujourd’hui attaquée, demain un kiosk vendant des journaux pourrait l’être, mais également une banque, une entreprise, un commerce, etc. dans le seul objectif : ces derniers ne respectaient pas la simple philosophie de pensée d’un autre groupe ! Idem entre deux personnes d’avis contraire à la sortie d’un restaurant ou d’un dancing ! Ouvre t’on le feu sur l’avis contraire ?

Et qu’en est-il en Suisse ? Quels sont les risques ?

En fait les mêmes que partout en Europe et dans le monde, avec juste une question d’analyse : « Si acte il y a, quel sera sa portée médiatique et quels seront les effets finaux de ce dernier ? ». En fait, c’est la question de départ que la Suisse ne se pose pas ! Cette dernière permettrait de mettre en exergue les menaces les plus dangereuses et les plus probables.

Malheureusement, la question des « effets finaux recherchés » (domaine de l’influence) est souvent trop complexe pour les personnes clés tels que MM. Maurer, Blattmann, ce dernier n'aimant peu les critiques d'ailleurs, Schellenberg (Armée suisse) par manque de capacité de compréhension internationale, mais également pour les renseignements stratégiques de la Confédération concentrés sur ses problèmes internes, les polices cantonales ligotées par leurs autorités, etc.

D’autre part, le système suisse de sécurité est très compliqué à gérer, car il est réparti sur les 3 à 7 départements fédéraux (DDPS : Armée, DFJP : Police, DFF : douane et  DFAE pour une partie de l’information extérieure, sans compter les 3 autres en cas d’une catastrophe quelconque).

Sans dépeindre le pire, mais c’est en prévoyant le pire que l’on peut anticiper ! Il s’agit maintenant d’arrêter d’être naïf en Suisse. Il faut raisonner de façon globale et repenser le système de sécurité dans son ensemble et l’adapter à la vraie menace. Certaines révisions de lois sont en cours, mais ce ne sont que quelques briques. Je reviendrai sous peu avec des propositions organisationnelles. Mais elles mériteront un certain courage pour leurs mises en place.

* Sandro Arcioni, 2014, "A World Observatory for the Monitoring and Observation of Cyber-attacks : Why ?", for the 19th International Humanitarian Conference "Conflict Resolution" in Geneva, Switzerland (February 2014)

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Sandro Arcioni

Sandro Arcioni, Dr ès sciences, lieutenant-colonel, expert en stratégie et en cyberdéfense, directeur de mupex Sàrl et enseignant-chercheur dans le domaine de la gouvernance.