La Dame de la mer, à l’Oriental de Vevey

«Si l’amour est une illusion, j’ai besoin de cette illusion». Ellida, la Dame de la mer, ne parvient pas à se défaire du souvenir brûlant d’un marin avec qui elle s’était fiancée durant sa jeunesse et qui a dû fuir après avoir tué son capitaine, mais qui a promis de revenir. Une Ellida magistralement interprétée par Hélène Pelourdeau, dont on connaissait les talents de chanteuse lyrique et que l’on découvre comme comédienne d’une touchante vérité dans l’interprétation d’une âme passionnée.

Drame lyrique en cinq actes présenté tous les soirs jusqu’à dimanche à l’Oriental, à Vevey, la pièce La Dame de la mer d’après Henrick Ibsen a été adaptée et mise en texte par François Debluë, auteur du poème de la Fête des Vignerons, et mise en musique par René Falquet. Quintette à cordes, accordéon et percussions nous plongent avec enchantement dans l’atmosphère chaude ou glacée des fjords norvégiens, avec une musique, tantôt cristalline tantôt tourmentée, qui s’inspire notamment (parmi d’autres compositeurs) d’Edvard Grieg dont Le Matin a été composé pour la pièce de théâtre Peergynt, écrite précisément par Henrik Ibsen!

 Enchaînement très fluide

 Subtilement éclairée par William Lambert et Arthur Gueydan et judicieusement mise en scène par François Marin, la Dame de la mer rassemble des chanteurs-comédiens très convaincants. Le baryton Frédéric Meyer de Stadelhofen interprète avec une touchante humanité le docteur Wangel, époux d’Ellida, veuf et désarçonné face à la passion mortifère de sa seconde femme inconsolable. La soprano Lorianne Cherpillod et la mezzo soprano Pascale Güdel, les deux filles du docteur Wangel, rayonnent de fraîcheur dans leur authenticité où l’émotion côtoie l’espièglerie. La basse Stephan Imboden déchire le voile d’un décor raffiné évoquant les vagues par sa voix profonde. Sans oublier le récitant, le ténor Bertrand Bochud, qui avec limpidité guide le spectateur dans ce drame à la fois chanté et parlé, dans un enchaînement très fluide.

Quête d’absolu

Torturée par la passion, Ellida finit par être transcendée par «l’amour qui rend libre». Elle laisse partir le marin et choisit de rester avec son mari. Tout est bien qui finit bien? Pas vraiment!  La promesse faite au mari installé l’emporte sur celle faite précédemment au marin fantôme. Mais ces deux promesses ne sont-elles pas toutes deux illusions? Du début à la fin du drame, la tension ne quitte jamais Ellida. Et sa quête d’absolu reste présente en chacun de nous. Comme une houle qui n’en finit pas de nous traverser…

 

Mercredi 31 octobre, jeudi 1er et vendredi 2 novembre : 20h00

Samedi 3 novembre : 19h00

Dimanche 4 novembre : 17h30

 Réservations : 021 925 35 90 ou www.orientalvevey.ch

 

Dimanche 11 novembre: 17h Théâtre de Valère, Sion.

Dimanche 25 novembre: 17h, Casino du Brassus.

 www.compagniemarin.ch

Philippe Le Bé

Désormais auteur, Philippe Le Bé a précédemment été journaliste à l’ATS, Radio Suisse internationale, la Tribune de Genève, Bilan, la RTS, L'Hebdo, et Le Temps. Il a publié trois romans: «Du vin d’ici à l’au-delà » (L’Aire),« 2025: La situation est certes désespérée mais ce n’est pas grave » (Edilivre) et "Jésus revient...en Suisse" (Cabédita)