La force du pardon

Comment expliquer le succès des séries télévisées Joséphine, ange gardien et Camping Paradis ? Elles sont toujours en diffusion ou rediffusion notamment sur TF1 et la RTS depuis respectivement 26 et 17 ans. Pour les non-initiés, Joséphine Delamarre, interprétée par Mimie Mathy, est un ange gardien envoyé sur Terre pour venir en aide aux âmes en détresse. Après s’être immiscée dans l’entourage de la personne élue, elle aide celle-ci à sortir de son impasse grâce à ses pouvoirs magiques et ses paroles de sagesse. Quant à Camping Paradis, la série met en scène Tom Delormes (Laurent Ournac), patron dudit camping toujours prêt, avec son équipe, à aider ses clients à régler leurs problèmes. Ruptures inconsolables, douloureux secrets de famille, dialogue rompu entre générations, rejet social, maltraitance, tous les maux de notre société sont racontés avec autant de légèreté que de profondeur. Voilà de quoi ravir les esprits simples (comme moi!) lassés des globules rouges qui inondent le petit écran.

Il y a cependant bien plus qu’un banal divertissement. Dans quasi chaque épisode, une sincère demande de pardon à l’être blessé est la condition sine qua non d’un déblocage de situations inextricables. Pour cela, un long temps de réflexion souvent s’impose, qu’une fiction télévisée ne peut évidemment pas rendre. Joséphine et Tom respirent de soulagement quand les protagonistes arrivent enfin à se pardonner. Celui qui demande pardon ouvre une brèche dans sa propre cuirasse, laissant ainsi passer une lumière qui va réchauffer le cœur de la personne qu’il a tourmentée.

Ces images de fiction m’en rappellent d’autres, bien réelles cette fois, comme celle de Willy Brandt s’agenouillant devant le mémorial des morts du ghetto de Varsovie, le 7 décembre 1970. Par ce geste, le chancelier allemand demandait pardon pour les crimes nazis de la Seconde Guerre mondiale. Ou encore l’image du pape François demandant pardon, le 25 juillet 2022, pour la participation de catholiques à la politique dévastatrice envers les autochtones du Canada. Individuels ou collectifs, les gestes de pardon font avancer l’humanité. (Chronique publiée dans Écho Magazine, 19 avril 2023)

 

 

Philippe Le Bé

Désormais auteur, Philippe Le Bé a précédemment été journaliste à l’ATS, Radio Suisse internationale, la Tribune de Genève, Bilan, la RTS, L'Hebdo, et Le Temps. Il a publié trois romans: «Du vin d’ici à l’au-delà » (L’Aire),« 2025: La situation est certes désespérée mais ce n’est pas grave » (Edilivre) et "Jésus revient...en Suisse" (Cabédita)

7 réponses à “La force du pardon

  1. Un immense merci pour cette ouverture d’une fenêtre sur le monde de la réalité que nous pouvons choisir : celle du paradis au quotidien. Pas le paradis de la libre consommation, mais celui de la libre création, celui auquel nous aspirons tous intimement et intrinsèquement… en tous cas moi! Soyons ensemble (ceux qui le désirent) des sources d’inspiration mutuelle, pour grandir en tant qu’arbre de vie de l’humanité, et donner des fruits divinement bons, selon la nature de notre espèce .

  2. Monsieur de la Barre,
    Merci pour ces paroles de paix dans ce monde aujourd’hui belliqueux.
    Ne dit-on pas que Dieu est amour ? Le ordoon n’est-il ue preuve d’amour ?

  3. Je n’ai , malgré mon grand âge, toujours pas compris ce qu’est le pardon : quand il est demandé, ok, mais accordé ? Et quid de l’oubli? Et comment regarder avec « bienveillance «  l’agresseur ? Quand il s’agit de conflits seulement, comme dans l’une des séries citées ( camping paradis ), on peut y songer, grâce à une médiation longue et appropriée . Mais imaginez vous avoir de la compassion pour un chauffard qui a tué votre enfant, pour le violeur de votre fille , pour le feminicide de votre cousine …?
    Quant à la série profondément débile de l’ange gardien…..

    1. Vous posez des questions fort pertinentes. Le pardon est une démarche si intime qu’il serait vain de donner une quelconque recette et totalement déplacé de donner des leçons à qui que ce soit. Il faut souvent du temps pour entreprendre une telle démarche. Le pardon ne signifie pas “oubli” tant pour le demandeur que pour le receveur. Comme je tente de l’expliquer brièvement dans ma chronique, il ouvre une brèche dans nos cuirasses d’êtres humains blessés plus ou moins profondément. En ce qui me concerne, j’ai pu expérimenter qu’en reconnaissant mes propres égarements, j’ai pu inviter l’autre à faire de même, avec succès et un bonheur certain. Chacun a sa propre vie, fait ses propres expériences. Encore une fois, il n’y a pas de place pour le jugement! Par ailleurs, si les deux séries citées rencontrent un certain succès, c’est peut-être qu’elles touchent les téléspectateurs dans leur intuition la plus subtile, celle qui leur suggère de faire l’expérience positive du pardon dans leur vie quotidienne. Enfin, comme je l’ai écrit, je fais pas partie des esprits simples tout en espérant néanmoins ne pas être un simple d’esprit…

  4. Parfois le pardon peut être compris comme un aveu de faiblesse: les feminicides en sont l’exemple . L’acte fatal ne survient dans la toute grande majorité des cas que après beaucoup de maltraitances pardonnées …
    Et le pardon n’a sa raison d’être que si il est demandé . Pardonner à celui qui n’accepte déjà pas sa culpabilité n’a aucune raison d’être .
    Le pardon est une autre démarche que le lâcher prise , où on décide d’arrêter de mal vivre pour quelque chose qui ne va pas changer et qu’on ne maîtrise pas …et dont l’auteur du mal fait ne reconnaît pas sa responsabilité.
    Le pardon doit être demandé, déjà, puis éventuellement être audible , puis peut être envisagé..
    Dans les séries dont vous parlez, il ne s’agit même pas de pardon, mais de compréhension d’une situation difficile, comme chacun en rencontre dans sa vie .
    Pourriez vous pardonner au chauffard qui a tué votre enfant ? La est la vraie question…

  5. Merci Philippe pour ce post aux airs lumineux.

    De mon point de vue et vécu, le pardon, rituel hérité tout droit de la religion judéo-chrétienne, est une dynamique de l’ombre parce qu’il désigne obligatoirement un coupable et une victime dans un scénario ou la responsabilité individuelle est projetée à l’extérieur de Soi. De par mon parcours de Vie, j’ai acquis l’intime conviction que je suis 100% créateur de tout ce qu’il m’arrive sur mon Chemin d’évolution.

    Après plus de 30 ans d’adhésion et d’action dans la religion chrétienne, et suite à deux événements bouleversants simultanés fin 2015, j’ai pu prendre Conscience des conditionnements de peurs et de croyances limitantes qui génèrent la soumission et la dépendance à tout système de pensée imposé ou plus ou moins choisi sous influence.
    J’ai donc ensuite cessé de croire et donner du pouvoir au mal, au bien, au vrai, au juste et au faux. Ce sont des valeurs utiles uniquement à la fiction temporaire de l’égo pour maintenir l’Être coupé et séparé de son Âme, Lumière illimitée et éternelle. Ma conclusion est que tout est simplement Expérience dans ce grand Voyage de l’incarnation.

    Cette posture Consciente me permet une observation et un ressenti émotionnel dans un détachement quasi complet de tout événement. Elle me ramène à ma seule responsabilité créatrice de mes pensées, paroles et actes, annulant ainsi la croyance au besoin ou injonction de demander et/ou recevoir le pardon.

    Je vois aujourd’hui la notion du pardon comme un instrument de soumission/domination en fonction du rôle dans lequel on se croit. Pour illustré cette dynamique, lorsque deux enfants non conditionnés à pratiquer ce rituel vivent un événement qui engendre une souffrance ou un préjudice, la formule spontanée et naturelle pour revenir à l’harmonie est:
    – «On fait la Paix?» en se tendant la main.

    Ici, nul rôle de victime accordant son saint pardon de dominant à un coupable en quête de réparation dans une posture d’infériorité et de soumission.

    Faire la Paix permet à chacun.e de RECONNAITRE sa part de responsabilité dans la co-création de l’événement, et d’être dans la posture affirmée et assumée de son propre Pouvoir lumineux.

    D’autre part, les références aux héros de séries TV, au chancelier allemand et au pape, ne m’inspirent rien de vertueux. À se prendre pour un sauveur dans les affaires des autres, provoquées par des choix individuels, hisse la démarche au rang d’abus de pouvoir au premier degré, d’autant que ces initiatives de sauvetage sont non-sollicitées et font abstraction totale d’une demande et d’un consentement Conscients des Êtres concernés.
    Lorsque nous endossons le rôle de sauveur, nous faisons aussi aveu de manque de Confiance en l’autre sur ses ressources et capacités à se sauver lui/elle-même, alors que nous sommes tous des Êtres multi-dimensionnels illimités, seul à pouvoir nous sauver.

    Refuser en Conscience de sauver quelqu’un n’empêche en rien de l’assister ou l’accompagner le temps nécessaire, pour autant que cela soit explicitement demandé, et dans l’intention d’être co-CréActeur/trice de sa libération ou guérison.

    Commettre un acte délétère relève uniquement d’un manque de Conscience. Vu que nous en sommes tous auteurs à différents degrés de conséquences, cela nous met sur un réel pied d’égalité, ramenant le jugement à une démarche d’auto-jugement, parce que tout ce qui est perceptible à l’extérieur est le reflet de ce qui est à l’intérieur, d’où l’importance de se connaître.

    Pour mot de la fin de ce commentaire, je salue la joyeuse et lumineuse pertinence de ton dernier livre «Jésus revient… en Suisse» qui me conforte sur le Jésus dont j’ai toujours eu l’intuition, guidant ses nouveaux disciples à la responsabilité individuelle et à leur pouvoir créateur, contrastant radicalement avec celui présenté dans la bible par les humains. À ce stade d’évolution, le pardon devient une relique. Ainsi-soit-il.

    J’irais avec grand plaisir échanger avec lui sur la stratégie de transition pour passer du monde à l’envers au Monde à l’Endroit autour d’une bonne bière ambrée. En son absence, ça peut aussi s’organiser à l’occasion entre nous… 😁🍻

    Cœurdialement et en Conscience

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