Les touristes américains se ruent vers l’Europe

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Après près de deux ans de pandémie, l’heure est à nouveau aux voyages pour les Américains. Et fait surprenant, ils sont nombreux à privilégier l’Europe plutôt que les Etats-Unis. On vous explique les raisons et dessous de ce phénomène.

On ne surprendra personne en disant que l’année 2020 fut catastrophique pour le tourisme international, américain et intérieur. Si avec l’arrivée des vaccins et des mesures sanitaires en constante évolution, 2021 a pu être meilleur sur le plan national, les voyages internationaux ont encore souffert. Ainsi, dès l’été dernier, les parcs nationaux, sites touristiques et villes des Etats-Unis ont accueilli des visiteurs en masse avec des réservations records (notamment à Las Vegas, dans les parcs californiens et de l’Utah). Mais contrairement à l’an dernier, la tendance s’est complètement inversée pour cet été.

Levée des tests PCR

Avec la fin de l’obligation des test PCR covid pour le retour dans le pays, et la levée des mesures dans la plupart des pays d’Europe, les voyages internationaux font à nouveau le plein et les Américains en profitent en masse. Bloqués pendant deux ans sur leur territoire, certains ont quelques économies de côté ou profitent enfin de réaliser les visites qu’ils ont tant repoussés pendant la longue fermeture de leurs frontières. Et le vieux continent semble être particulièrement privilégié pour cette reprise.

Taux de change favorable

En parallèle à ce rebond de l’industrie touristique, le dollar est au plus haut face à l’euro et favorise les vacances en Europe. En effet, malgré l’inflation qui s’installe sur tout le continent, voyager à Rome, Paris ou les îles grecques n’a jamais été aussi abordable pour les Américains. Avec un taux de change proche de la parité (1 Euro pour 1,02 USD), le charme n’est pas seulement culturel et touristique, il est aussi économique. En d’autres termes, les villes et îles européennes son plus qu’attractives et font le plein de touristes américains. La France, l’Italie, la Grèce et l’Irlande semblent faire le plein et la course en tête.

Et quid de la Suisse ? Ce constat est également valable, puisqu’avec un franc suisse aux alentours de 1,03 USD, notre pays est aussi intéressant. Certes, l’hébergement et les transports peuvent être un peu plus cher mais il semble que notre pays parvienne aussi à tirer son épingle du jeu.

Les revers : annulations, inflation, récession, habitudes

Alors, ce phénomène est-il parti pour durer ? Pas certain au vu des premières conséquences et des prévisions économiques à venir. Tout d’abord, il faut rappeler que normalement les Américains ne voyagent pas autant et si souvent.

Free photos of Zion
Les Américains ont de très beaux parcs nationaux sur leur territoire sans avoir besoin de sortir du pays

En effet, bon nombre ne sont que très rarement voir jamais sorti de leur pays et privilégient les voyages à l’intérieur du pays. Les raisons sont souvent financières et culturelles. Seuls les hauts salaires et la classe moyenne supérieure peuvent se permettre de voyager et les congés payés ne sont pas légions. Il faut rappeler qu’aucune loi aux Etats-Unis n’impose aux employeurs d’accorder des congés annuels mais qu’en moyenne la plupart des entreprises offrent 2 semaines de congés payés.

De plus, cette reprise forte et rapide du tourisme international en a mis plus d’un en difficulté. A commencer par les compagnies aériennes qui annulent vol sur vol en Europe (par manque de personnel et ressources) et proposent de gros dédommagements aux Américains prêts à renoncer à leur voyage sans passer par la case ultime qu’est l’annulation.

Enfin, l’inflation continue et les coûts de l’or noir risquent de freiner très prochainement l’enthousiasme de tous ces voyageurs. Le prix du gallon est déjà exorbitant dans la plupart des Etats de la bannière étoilée, et avec des coûts de vie qui augmentent de jour en jour, les Américains risquent de se renfermer dans leur région ou maison. Pour toutes ces raisons économiques, cultures et intérieures, cet exode touristique des Américains vers l’Europe pourrait n’être qu’un boom unique et temporel de cet été 2022. Et risque d’être sans suite et lendemain.

Élection présidentielle américaine 2020: Votre mode d’emploi

© EPA /JIM LO SCALZO

A exactement un mois de l’Election day et quelques jours après le premier débat, nous vous offrons notre guide pour cette 59ème élection présidentielle américaine. Débats, horaire des résultats, pronostics et états swings, découvrez les éléments clés de ce face à face entre Donald Trump (parti républicain) et Joe Biden (parti démocrate).*
*NB: Cet article a été rédigé et publié avant l’annonce des tests positifs au covid19 de Donald et Melania Trump)

Quatre ans après le terrible et historique affrontement entre Hillary Clinton et Donald Trump, nous revoici plongés dans la campagne présidentielle américaine. Si Donald Trump est toujours là, celle qui devait selon tous les sondages devenir la première femme à présider l’Amérique a eu plus de trois ans pour accepter sa défaite, ou pas. Quoi qu’il en soit, c’est Joe Biden, l’ancien vice-président de Barack Obama qui affrontera l’ancien magnat new-yorkais de l’immobilier le 3 novembre prochain. Mentionnons aussi le parti libertarien et le Green party (verts américains) qui ont eux aussi un candidat en lice, toutefois sans grande influence.

Très populaire dans la base démocrate, il semble que Joe Biden ait cette fois-ci un parti uni derrière lui (ou contre Trump c’est selon), chose dont ne pouvait se targuer de disposer Clinton. Cela suffira-t-il à éjecter le locataire de la maison blanche ? Rares, sont ceux qui ont été boutés hors du bureau ovale de Washington mais on en trouve tant côté républicain que démocrate. Et Donald Trump a annoncé la couleur, il se battra avec toutes ses forces et tous les moyens pour conserver le pouvoir. Joe Biden est prévenu.

Des débats tendus
Comme il l’avait fait avec l’ancienne secrétaire d’Etat en 2016, Donald Trump va certainement attaquer personnellement, politiquement et moralement son adversaire. C’est là qu’il est le plus fort et il serait fou de s’en priver (quitte à être mensonger), tant il croit Joe Biden fébrile sur cette discipline-ci. Il l’a fait avant le débat avec sa demande d’un contrôle anti-dopage pour son adversaire et pendant leur premier face à face mardi 29 septembre à Cleveland dans l’Ohio.
Les deux suivants se tiendront les 15 et 22 octobre au Michigan et Tennessee, avec forcément des mesures covid strictes et encore plus de tensions et agressivité. Auparavant, vous pourrez aussi assister au débat des vice-président le 7 octobre entre Mike Pence et Kamala Harris.

Enfin, notez que la plupart des duels (ou combats) seront diffusés sur plusieurs chaînes américaines d’information (ABC, NBC, CNN, Fox News…) et sur Youtube. Néanmoins, ce sera toujours autour de 3h du matin en Suisse, loin de l’ambiance que l’on peut trouver aux Etats-Unis. Je me rappelle d’ailleurs du premier débat de 2016 que j’ai suivi dans un restaurant new-yorkais bondé et expressif. Rien à voir avec le premier acte de 2020 qui a d’ailleurs été qualifié par plusieurs médias comme le pire de l’histoire et de “Shit Show” par CNN. J’oserai m’aligner dessus en ajoutant que cela a accouché d’un duel de clowns stupides, séniles et grossiers. A-t-on vraiment envie de voir les suivants quand on sait que 90% des américains ont déjà fait leurs choix et peuvent voter par correspondance ce mois-ci ?

Grand électeurs et états swings
Petit rappel, l’élection présidentielle ne se joue pas au votre populaire mais au nombre de grands électeurs absolu. Pour ceux qui en doutent encore, demandez à Hillary qui a gagné par plus de 2.86 millions de voix d’avance (48% contre 46%) mais a dû s’avouer vaincu face aux 304 voix du collège électoral pour Donald Trump. C’est ainsi et les règles sont connues de tous depuis des décennies (inscrit en 1845 dans la constitution). Il faut donc réunir au moins 270 suffrages, soit la majorité des 538 en jeu. La répartition par état se fait par rapport au recensement de la population et il sera identique à celui de 2016. Concrètement, la majorité des voix d’un état suffit pour remporter la totalité des voix, communément appelé “winner take all”. Quelques états, toutefois, comme le Maine ont une certaines dose de proportionnelle par comtés.

En observant la carte ci-dessous, vous comprendrez mieux la réparation des électeurs par états, les plus importants en nombre de voix étant la Californie (55), le Texas (38), la Floride (29) et l’état de New York (29). Certains sont aussi clairement inflexibles (New York démocrate, Texas républicain), d’autres sont indécis et font à chaque fois pencher le sort de l’élection d’un côté ou de l’autre (NB: Vous pouvez aussi lire l’éditorial du Temps posté indépendamment notre article). Appelés swing states, on citera la Pennsylvanie, l’Ohio ou la Floride, tous trois perdus par Clinton ou gagnés par Trump en 2016 selon votre affinité. Capable de basculer d’un camp à l’autre selon le candidat et la campagne menée, certains présidentiables y investiront plus d’énergies et d’argent que dans des grands états moins indécis. Gageons que Joe Biden et les démocrates ne commettront plus l’erreur de sous-estimer certains états comme l’avait fait Hillary Clinton, et d’autre part que Donald Trump tentera ardemment de garder la Floride, le Michigan et la Pennsylvanie pour l’emporter.

@BBC

Election Day: Horaire des résultats
Comme indiqué dans l’introduction, le vote pour le prochain président des Etats-Unis aura lieu lors de l’Election Day fixé au 3 novembre 2020. Selon la règle, il s’agit toujours du mardi suivant le premier lundi du mois de novembre des années paires (voir notre post sur les Midterms). Parallèlement à la présidentielle, les Américains votent aussi pour la chambre des représentants (House of Representatives, chambre basse) et renouvellent un tiers du Sénat (Senate, chambre haute).

Basé sur la côte ouest en 2016, j’étais de passage en Europe la semaine de l’élection et avait assisté au triomphe « surprise » de Donald Trump. Vivant aux Etats-Unis, cette victoire ne fut pas aussi inattendue pour moi, tant la méfiance ressentie auprès de Hillary Clinton était grande sur place. Ce qui était passionnant était plutôt de voir l’Election Day se transformant comme souvent en « Election Night » tant sur la côte est que sur la côte ouest, et de suivre ceci au milieu de la nuit jusqu’au petit matin depuis l’Europe résultat par résultat. Avec un constat dès 4h45 et la fermeture des bureaux de vote. Trump est bien plus fort que prévu et son élection n’est plus improbable. A 6h30 Clinton maintient le suspens avec le Nevada mais à 7h40 le Minnesota « mine » ses dernières chances. A 8h30 Donald Trump est élu 45ème président des Etats-Unis.

Si cette élection fut serrée en 2016, elle ne l’est pas toujours avec l’exemple d’Obama en 2008 et 2012. Bien sûr, il y eut aussi l’un des cas les plus indécis en 2000 avec George W. Bush. Alors, à quelle heure peut-on attendre les premières tendances et résultats cette année ? Selon toute vraisemblance, un bout de la réponse devrait tomber vers 4h du matin mais le Minnesota et la Pennsylvanie devraient être âprement disputés, tel deux juges de paix entre 7h et 9h du matin. A moins que le vote par correspondance n’accélère les choses. Quoi qu’il en soit, il faudra encore que Donald Trump ou Joe Biden reconnaissent leur défaite, ce qui est loin d’être acquis aujourd’hui.

Les tendances du vote: Vers une nouvelle surprise ?
Alors que tous les instituts de sondage prédisaient une victoire de Hillary Clinton en 2016, les médias et les faiseurs de pronostics se prirent une bonne douche froide à l’annonce des résultats. L’histoire va-t-elle se répéter en 2020, avec un Joe Biden en tête des intentions de vote depuis plusieurs mois ? Nul ne le sait, et ce n’est guère le premier débat médiocre qui nous aiguillera.

Il faut dire qu’il n’y a pas que le vote caché pour Trump qui complique la tâche des sondeurs. La crise sanitaire du covid, et les tensions économiques, politiques et internationales peuvent faire basculer la donne d’un côté comme de l’autre. Surtout avec deux septuagénaires plus proche d’une maison de fou que d’une maison blanche. Par exemple, certains spécialités suisses prédisent à contre marées une victoire républicaine (voir le très bon article du Temps), alors que Biden est donné gagnant à 50% contre 43% ou à 279 grands électeurs électeurs.

Pour finir, il y a aussi l’histoire des 13 clés d’Allan Lichtman, Professeur d’histoire à l’American University de Washington et qui a développé depuis 1981 un système de clés basés tant sur le charisme que sur l’économie ou le social. Lui donne Joe Biden vainqueur d’une courte tête. Du côté de notre blog “Au cœur de l’Amérique”, nous nous oserons également à un pronostic 10 jours avant la présidentielle. Nous vous présenterons ainsi une carte interactive des Etats-Unis avec une simulation virtuelle de l’Election Day et « Night » . Histoire de voire, si notre ressenti était aussi juste qu’en 2016. Ensuite, il ne restera plus qu’à attendre le 4 novembre au matin (ou plus tard) pour suivre sur le site du Temps, les chaînes américaines (ou ailleurs) le verdict des urnes. En espérant que d’ici là, ces deux clowns ne nous gâchent pas Halloween trois jours avant le vote. Déjà que cette élection risque d’être masquée…

Ils sont partis tenter leur chance aux Etats-Unis: Qui a réussi, que sont-ils devenus ?

Voici quelques semaines maintenant, nous avions abordé dans notre précédent article le thème du rêve américain avec toutes les questions, succès et échecs qui peuvent l’accompagner. Petit voyage et plongée au cœur de la vie et de la réalité de ceux qui ont tenté l’expérience. Témoignages et confidences.

“Vous avez la chance d’être dans le pays où tout est possible et dans l’une des meilleures universités de la région pour quelques mois. Alors profitez de ce temps et soyez reconnaissants car beaucoup aimeraient être à votre place”. Je me souviens parfaitement des paroles de Kelly, la doyenne de notre université à Irvine. Originaire d’Asie mais née aux Etats-Unis, elle nous avait adressé ces mots avec sa voix empreinte d’émotion (comme souvent ici), qui sonnaient tant comme une bienvenue tant comme un rappel à la reconnaissance. Si certains d’entre nous n’étaient là effectivement que pour quelques mois, d’autres avaient toutefois bel et bien une autre intention, celle de lancer une nouvelle vie en Amérique.

La fameuse université d’UCLA à Los Angeles

Pour moi, entendre ceci était assez nouveau et exceptionnel, puisque je ne savais pas réellement dans quelle catégorie me ranger. Puis, au fil des jours et des semaines, je fais la connaissance de personnes qui ont émigré ici voici plusieurs années et aussi d’autres étudiants qui viennent d’arriver tout comme moi, mais qui ont un plan bien précis. Soyons néanmoins honnêtes dès le début, on dit souvent que tout est possible aux Etats-Unis, et c’est peut-être vrai. Toutefois, ceux qui tentent et réussissent de rester de nos jours en Amérique, ont souvent beaucoup d’argent et de forts soutiens (pas seulement financiers) derrière eux.

De jeunes gens intelligents et avec des moyens financiers
Le premier exemple est celui de cet universitaire chinois qui étudiait le programme business et administration. Sans forcément nous l’expliquer clairement, on comprend que Vincent a énormément de ressources financières et que son cursus et parcours universitaire ne s’arrêteraient pas après quelques mois. N’ayant pas été admis dans la prestigieuse UC Berkeley, il est toutefois accepté dans la nôtre, celle d’Irvine (Université of California Irvine), et a de plus déjà reçu une promesse de contrat assortie d’une demande de visa par une grande entreprise internationale chinoise. Il est certain que dans ces conditions-là, il partait avec plus d’une longueur d’avance sur tous ceux qui souhaiteraient réaliser leur rêve américain. A l’heure actuelle, Vincent travaille et habite dans la région de Los Angeles.

Un autre chanceux, est l’histoire de Sony un étudiant Taïwanais en mathématiques. Issu d’une famille fortunée de la capitale Taipei, il sait rester très humble et ne parle jamais de ses origines. Tout juste, m’explique-t-il qu’après son Bachelor en finance à Taiwan, il a ensuite géré un fonds de plusieurs millions. En venant en Californie, il cherchait un sens à sa vie et s’est donc inscrit pour un an à UCLA pour parfaire sa formation. Etant devenus amis entre temps, il m’a dernièrement écrit qu’il avait brillamment passé le test GMAT (test universitaire américain) ainsi que celui d’entrée du l’université du Massachusetts à Boston. Il est ainsi actuellement étudiant en master d’ingénierie mathématique de l’autre côté du pays.

Le Massachusetts Institute of Technology

La réussite par le talent et le travail
Soyons francs, ces jeunes gens avaient toutes les bases et des soutiens inconditionnels pour réussir. Toutefois, il est aussi possible d’y arriver par d’autres chemins, ceux que je considérerais déjà plus proches de l’archétype du rêve américain: comme celui de cette famille Iranienne que j’avais rencontrée. Les parents avaient fui leur pays au début des années 1980 peu après la révolution. Leur fille maintenant âgée d’une trentaine d’années est née sur sol américain. Ayant eu la chance de travailler avec elle, la jeune femme est confortablement intégrée et installée en Californie dans la région de Los Angeles. Diplômée de la fameuse Université du MIT (Massachusetts Institute of Technology), elle travaille pour une entreprise dans le domaine scientifique et est très fière de son père. Cependant, cela ne fut pas sans une multitude de sacrifices et des premières années dans des conditions particulièrement difficiles à l’arrivées des parents, avec notamment des premiers emplois précaires.

Parmi ceux qui ont également réussi, il y a aussi Romil, un étudiant venu d’Inde. Ce n’est d’ailleurs pas un secret de dire que beaucoup d’Américains originaires du pays du Taj Mahal habitent aux Etats-Unis. L’Inde fait en effet, figure d’un des pays ayant le plus d’immigrés en Amérique et ses ressortissants à l’instar des Chinois ou Mexicains peuvent compter sur l’aide d’un très bon réseau de double-nationaux. Concernant mon ancien comparse Romil, après des études à New Dehli et à Los Angeles, il enchaîne plusieurs stages afin de décrocher le job de ses rêves chez Uber. Dans la région de San Francisco, ce nouvel analyste financier est conscient qu’il a eu beaucoup de chance d’être soutenu par une grosse entreprise et surtout d’avoir eu son dossier accepté par l’énorme machine ou monstre administratif pour les visa d’immigration aux Etats-Unis. Il savoure et profite maintenant, mais il sait pertinemment que rien n’est jamais ancré dans la pierre, puisqu’il suffirait de perdre son emploi pour perdre son visa. Ce qui pourrait potentiellement le ramener dans son pays d’origine. Oui, comme déjà mentionné dans un ancien article, aux Etats-Unis il est très facile de passer du meilleur au pire et inversement à un rythme très rapide. Notez que ceci est aussi malheureusement valable pour les Américains qui peuvent perdre leurs maisons, leurs jobs ou toute une vie en quelques jours.

La réalité n’est pas si rose
Si nous avons jusqu’ici découverts que des jeunes gens pour qui l’aventure américaine s’est révélée être une réussite, d’autres non pas forcément eu ces honneurs. Pour 100 personnes tentant le grand saut, on estime le taux de réussite tout au plus vers les 8%. Ce qui est déjà un bon chiffre. Dans ceux pour qui le voyage n’a pas été payant, on retrouve Li de Taiwan, Bela de Corée ou encore Alvaro, Eric et Marta d’Europe.

Bela, une jeune Coréenne de 26 ans, a étudié deux ans aux Etats-Unis (UCLA et UCI) dans la région de Los Angeles (Bachelor en poche), avant de faire un stage d’une année dans une entreprise d’informatique. Après n’avoir pu obtenir un visa de travail définitif en raison d’un système de loterie supplémentaire imposé aux entreprises, la compagnie américaine lui propose de s’exiler dans sa succursale chinoise pour un an, en attendant d’avoir les papiers nécessaires. C’est à dire pour recevoir un permis de travail H1B après avoir eu chronologiquement un visa d’étudiant et de stagiaire. Malheureusement pour elle, celui-ci ne viendra jamais, l’impatience de sa société accouplé à la lourdeur administrative ayant eu raison de son dossier. Après un purgatoire d’un an en Chine, elle retourne pleine de regrets en Corée. L’histoire est identique pour Li, ingénieur dans le solaire qui devait être engagé à travers une société sœur en Asie, mais le contrat de travail ne viendra jamais.
Et l’histoire se répète pour de nombreux autres étudiants comme Alvaro et Marta respectivement en Espagne et Italie, qui ont dû rentrer dans leur pays et espèrent revenir un jour avec un visa en bonne et due forme. Aux dernières nouvelles, le rêve semble encore être à quelque part dans leur tête, mais la probabilité s’amenuise de jour en jour.
Quant à Mohamed, un ingénieur civile turque, il a lui définitivement tourné la page, après avoir cherché un projet de construction sur place pendant 3 mois sans relâche.

Le Graal suprême
Outre décrocher un stage, un travail ou un visa depuis l’étranger, il existe évidemment d’autres possibilités légales d’y arriver.
Matilda, une Brésilienne a par exemple rencontré son futur mari à Newport Beach et a pu rester vivre avec lui en Amérique. Presque aussi beau que dans les films me direz-vous.
Il y aussi ce fils d’un riche industriel d’Europe qui a reçu la green card en échange d’un gros investissement de plus de 500’000 dollars. C’est ce qu’appellent les Américains un visa pour grands investisseurs. Néanmoins, il ne suffit pas d’injecter de l’argent pour garder votre sésame. Il faut que votre création d’entreprise génère au moins 10 emplois dits « viables » et que cet investissement de près d’un million de dollars soit pérenne à long terme, c’est-à-dire en croissance pendant au moins deux ans.

Enfin, la dernière solution est celle comme l’annonce le titre de l’article de “tenter sa chance”. En effet, il existe encore aux Etats-Unis la loterie de diversité qui a lieu chaque année. Remise en question par Donald Trump mais toujours d’actualité, ce concours permet chaque année à un peu moins de 50’000 personnes de demander un visa, celle qu’on appelle communément la green card. Parmi tous les participants, vous avez officiellement moins de 0.35% de chance de gagner mais c’est déjà plus de possibilité que de devenir millionnaire. Emre* (prénom d’emprunt, connu par la rédaction), un jeune homme d’une trentaine d’années originaire de Turquie et que j’ai rencontré sur place, est lui la preuve vivante que c’est possible. Il a en effet gagné une green card à la loterie de la diversité voici 4 ans maintenant. Bien que dubitatif au début, j’ai bien dû finir par avouer que c’était bel et bien véridique et qu’il avait comme on dit décroché l’impossible. Emre m’a d’ailleurs fait visiter son restaurant oriental lors de ma dernière visite à San Diego et il travaille d’arrache-pied pour réussir comme de nombreux Américains. Il semble être pour l’instant satisfait et heureux de son chemin de vie.

Pour conclure, en attendant un prochain article en préparation sur un Suisse qui a réussi à Los Angeles, l’histoire ne dit toutefois pas (encore) si Emre ou Romil sont devenus millionnaires au pays de l’once Sam ou s’il auront seulement tenté leur chance dans ce monde d’un business sans pitié.

@Photos Credits: Ludovic Chevalier, @Pixabay

Semestre d’études en Californie: de l’aéroport aux campus

En choisissant de quitter la Suisse afin d’étudier et travailler aux Etats-Unis dans le cadre d’un programme de visa universitaire de six mois, la première étape est l’arrivée sur le sol américain. Après près de 13 heures de vols, c’est là que commence l’aventure, et l’immersion est d’ailleurs immédiate. Retour sur les premiers jours de ce séjour sous la bannière étoilée en commençant par l’aéroport de Los Angeles.

 

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« Welcome to the United States of America ». Lorsque vous entendez cette petite phrase anodine mais de très haute importance de la part de l’officier à l’immigration, cela signifie que vous pouvez enfin vous diriger vers la sortie officielle de l’aéroport, non sans oublier de récupérer vos bagages et de faire l’inventaire complet si nécessaire auprès du deuxième contrôle de sécurité.
Avant d’entendre ces paroles bénites, vous devez toutefois vous armer de patience et espérer avoir correctement préparé votre arrivée aux pays de Georges Washington.

 

En effet, pas plus tard qu’au mois de novembre dernier, un étudiant suisse s’était présenté sur la côte est sans le visa et l’autorisation de séjour et d’études de son université. Pensant qu’un simple « ESTA » (voyage de moins de trois mois) était suffisant ou mal informé par son école, il en fut pour ses frais et fut renvoyé sur le champ dans le premier avion pour l’Europe. Suisse, européen ou d’un autre continent, la règle est d’ailleurs identique pour tous.
Revenons donc au passage de l’immigration à la sortie de l’avion. La plupart des passagers sont sans aucun doute fatigués, certains sur-excités et d’autres complètement perdus, comme ce couple de Séoul arrivé sur un vol quelques minutes avant nous. Ils me demandent de l’aide dans le langage universel des mains, je leur fais signe de suivre le cordon sécuritaire. Cordon qu’une famille suisse prend une certaine liberté de couper devant moi, la file étant il faut l’admettre assez vide ce jour-là.

Les Helvètes et leurs enfants d’abord amusés se feront rapidement intercepter par le personnel de sécurité qui leur demande de revenir se placer juste devant moi à l’endroit où ils s’étaient permis de sortir du tracé et du « passage officiel ». Les enfants me regardent un peu pantois et surpris, je leur adresse un sourire et quelques mots en français avec un « bienvenue aux États-Unis ». Je leur conseille également de suivre scrupuleusement les instructions dans cette partie officielle, s’ils ne veulent pas prolonger leur chemin d’accès à leurs vacances. Ce petit épisode sonne comme une première piqûre de rappel de l’administration américaine et me fait réaliser que je suis bien arrivé sur leur sol.

 

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Pour quelques heures encore, c’est bien la photo de l’administration Obama qui vous accueille l’aéroport international de Los Angeles

Lorsque arrive mon tour auprès de l’officier à l’immigration, je suis déjà le cinquième étudiant dans ma file, autant dire que la personne devant moi est parfaitement rodée. Je présente tous les documents nécessaires (visa, autorisation d’étudier, contrat de résidence), réponds aux questions traditionnelles des raisons du choix américain, de l’université, du lieu et de la durée de séjour. Sauf que lorsque je dois déposer mes empreintes, une de mes mains remplie de sacs, de la veste d’hiver et de mes documents officiels tremble un peu de fatigue. L’officier me regarde et me demande la raison, mais je lui explique que le fait de n’avoir pas fermé les yeux depuis plus de 25 heures tout en voyageant en est la cause. Après quelques sueurs froides inutiles, sa réponse avec un  » Welcome to the United States and take a rest » se veut finalement rassurante.

 

Le trajet et la prise en charge par un shuttle pour 25 dollars au milieu des dizaines disponibles se passe de commentaires, ayant tout réservé à l’avance après une minutieuse comparaison de l’offre, le prix pouvant tripler d’une compagnie à l’autre.
Après 7 heures de sommeil bien méritées, je me lève le lendemain matin afin de prendre un bus public m’emmenant vers le campus universitaire. Oubliez la précision et le confort des horaires suisses, un bus par heure et au timing s’avérant plus ou moins juste, c’est le mieux que la Californie puisse vous offrir.Sur la côte ouest comme dans le reste du pays d’ailleurs, si vous n’avez pas de voiture, vous êtes assez rapidement limité. Uber ou Lyft peuvent par contre devenir vos meilleurs amis.

 

La prise en charge par le bus, restera pourtant comme l’un des premiers meilleurs souvenirs. N’ayant pas le change pour 2 dollars exacts, le conducteur me demande de faire le tour des passagers afin de demander de l’aide. Une mère de famille me tend immédiatement 2 dollars et me les offre avec un grand sourire, me disant « la prochaine fois c’est vous qui aiderez quelqu’un ». Je suis un peu gêné, mais je n’ai pas le choix avec mon billet de 20 dollars. Je la remercie vivement et nous discutons ensemble tout le trajet sur l’Amérique et l’Europe qu’elle venait de visiter en décembre. Une conversation nommée « small talk » d’ailleurs presque obligée aux Etats-Unis contrairement en Suisse (le fait qu’elle m’ait payé mon trajet à l’université n’entrant ici plus en ligne de compte).

 

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Me voici donc arrivé à l”University of California d’Irvine” pour mon premier cours de marketing et project management. Le campus et la ville ont été crées et construits de toutes pièces en 1965. Sous l’impulsion du président Lyndon Johnson voulant inaugurer de nouvelles universités, c’est toute une ville qui en a profité pour sortir de terre, dans ce qui n’était qu’un désert de gravier et de sable. Cette successtory à l’américaine sera d ailleurs l’objet d’un prochain article sur l’évolution de cette ville aujourd’hui peuplée de 250’000 habitants, nommée Irvine du nom de la famille qui céda les terres constructibles pour le complexe universitaire.