Plus d’un an après son élection et après presque une année au pouvoir, Joe Biden ne semble plus faire rêver. Retour sur un début de mandat qui avait pourtant bien commencé avant de sérieusement décliner.
Nous sommes le 6 janvier 2021, au pied du Capitole. Le lieu par excellence de la démocratie américaine est attaqué par des militants trumpistes. Le monde n’en croit pas ses yeux en découvrant ce spectacle irréaliste mais pourtant bien réel. C’est le dernier acte de quatre ans d’une Amérique déchirée et de tensions politiques, avant l’investiture de Joe Biden. Lui qui prêtera serment avec le slogan d’une Amérique unie et des promesses économiques, climatiques, sociétales, médicales et internationales. Pour tous les observateurs, c’est le retour de l’image traditionnelle des Etats-Unis. Sauf que l’ombre du America First ne va pas arrêter de planer sur ce nouveau président et les bonnes paroles ne vont vite plus suffire.
Une économie fragile
Si le printemps et les trois premiers mois de l’ère Biden semblent se dérouler à merveille, c’est aussi grâce à au rebond économique post-vaccin et aux résultats boursiers. Mais l’équilibre est fragile, et des premières tensions surgissent. Comme par exemple, plus de droits pour les travailleurs demandés par l’aile gauche du parti démocrate. Tout ceci, dans un contexte de forte inflation (près de 6%). L’union sacrée est-elle déjà mise à mal par les progressistes dans un pays qui n’a pas pour habitude de se battre pour ses droits sociaux ?
Jill and I know how hard it is for our troops and their families to be apart during this season of togetherness. So today, we wanted to take the opportunity to say thank you. We’re grateful for all they do to make our freedom, security, and prosperity possible. pic.twitter.com/VSIjOYVezj
— President Biden (@POTUS) December 25, 2021
Le bourbier d’Afghanistan : un échec militaire et humain
L’été arrive et le 46ème président va aussi connaître un gros coup de chaleur. Ayant hérité d’un dispositif militaire défaillant et sur le départ en Afghanistan, Joe Biden va manquer la sortie et quitter le pays en ruines. Avec au passage, un aveu d’échec et d’impuissance crasse. Comment après tant d’années à rebâtir une nation et une démocratie peut-on abandonner au pas de course tout un projet et un peuple ? Sous la pression des Américains d’un côté et des menaces des Talibans de l’autre, le résultat est une perte en vie humaines dans tous les camps. Ultime humiliation, l’image du Vietnam que l’homme de 79 ans voulait à tout prix éviter revient en tête. Ses conférences de presse délicates vont le hanter pour une fin d’été très compliquée.
Plan de relance et budget : des coupes et des tensions internes
Les saisons se suivent et se ressemblent malheureusement pour le président démocrate. En automne, le retour du froid rime avec covid. Le nombre de cas et les hospitalisations ne vont cesser d’augmenter et son pari d’en venir à bout avec ce virus s’assombri. Et ce malgré un bon taux vaccinal. Mais ce n’est pas tout. Joe Biden va encore subir de près les tensions et divisions internes au sein des démocrates. Mis sous pression par les progressistes, il va éviter de peu un shut down national en octobre. A la suite d’âpres négociations et autres querelles internes, son budget est approuvé, non sans plusieurs retouches.
Quant à son plan de relance, le « Build Back better act », ce qui devait être un grand succès se transforme en plan à coupes. Déjà raboté de 3500 à 1750 milliards sur 10 ans sous le chantage de l’historique dissident démocrate Joe Manchin, le climat, les aides médicales et sociales pour les parents ont en pris un coup. Et le package complet a été dissous en silos. Mais le président reste convaincu de parvenir à un bon deal avec l’autre Joe, celui qui lui vole la vedette.
Le fantôme de Donald Trump
Un autre homme bien connu de la politique américaine rêve lui aussi de torpiller les plans de Joe Biden. Toujours convaincu de s’être fait voler l’élection, l’ombre ou le fantôme de Donald Trump rôde sur Washington. Et sur tout le pays. L’ancien président n’est pas mort et les défaites démocrates cinglantes aux élections de novembre (gouverneurs, maires) n’ont fait que revigorer le camp républicain et ses trumpistes, et paniquer les démocrates. Ajoutez-y une cote de popularité en baisse, un manque de leadership sur son parti, l’âge et les promesses intenables, et vous avez un cocktail prêt à exploser. Et pourtant, Biden avait été élu avec une majorité (certes courte) aux deux chambres. Quel gâchis.
Justice Breyer has Democrats even more worried about the midterm elections https://t.co/xcad6KtruM
— CNN Politics (@CNNPolitics) December 20, 2021
Une vice-présidente aux abois
Pour terminer, celle qui devait être son relai, son témoin et la nouvelle étoile du pouvoir à Washington, Kamala Harris, connaît toutes les peines du monde à trouver sa place. Et à briller dans son rôle. On attendait tellement plus de la Californienne. Cependant, Biden l’a plusieurs fois envoyée au charbon. Que ce soit sur l’immigration ou sur la diplomatie. Piégée entre les républicains et les progressistes, Harris doit régler la situation complexe des clandestins aux frontières avec l’Amérique Centrale seule. Pareil avec la France, Biden l’envoie à Paris mal préparée et les médias se déchainent sur un achat d’un sac à main à 400 dollars dans une boutique de luxe au début de l’hiver. On a presque mal pour elle.
Pour conclure, si 2021 s’annonçait radieux pour Joe Biden, il n’a pas su exploiter toutes les opportunités qui s’offraient à lui. Et lorsqu’on ne s’impose pas, les adversaires et la pression augmentent. Le retour du “Sleepy-Joe” n’est pas loin. Et les dangers guettent pour 2022. Covid, immigration, élections de mi-mandat, économie, les menaces ne manquent pas. Il faut que le président de l’Amérique unie se ressaisie, au risque d’être face à un triple échec : politique, économique et social- sanitaire.