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S’engager en politique quand on a de jeunes enfants

Étant donné mon bel âge, mes quelques amies et amis engagés en politique ont généralement des enfants en bas âge. Quand je les croise, une question me taraude systématiquement. Mais qu’est-ce qui pousse donc ces personnes à sacrifier leur énergie pour la politique alors même que boulot et marmots leur en prennent déjà plus que de raison ?

Cette question, Oriane Sarrasin, députée au Grand Conseil Vaudois et parent de jeunes enfants (4, 6 et 8 ans), se l’est également posée. Voici la réponse qu’elle donne après avoir passé une nuit courte (virus hivernaux + enfants = sommeil abrégé), puis enchainé avec une journée complète de politique :

La politique – en tout cas dans les législatifs communaux, cantonaux et fédéraux de Suisse – a la particularité de s’exercer souvent en plus d’un travail. Je suis employée à 70%, et je fais de la politique au grand minimum un jour et demi par semaine.

💡 Comment peut-on y arriver ?

Déjà, cela aide beaucoup la vie si les séances sont en journée, quand les crèches et le parascolaire sont ouverts, et non exclusivement en fin d’après-midi ou le soir. La vie des parents engagés en politiques est donc facilitée si on a accès facilement à des places de garde (qui ouvrent avant 8h !) et que l’on n’est pas sur liste d’attente pendant des années. Le Grand Conseil Vaudois siège en journée, ce qui est bien pratique pour moi. Je suis également conseillère communale : ça c’est le soir, mais il n’y a pas des séances toutes les semaines.

Mais la politique c’est aussi beaucoup de moments informels ou semi-informels, qui remplissent des fonctions importantes d’échanges entres politiciennes et politiciens de différents partis [1]. Pour établir un climat de confiance, parler dans un climat plus détendu d’un objet qui polarise en public, ou simplement se connaître. Et là, verre(s) de blanc et horaires de parascolaire ne sont pas toujours compatibles. Ma technique : je priorise les événements auxquels je veux vraiment participer.

Et bien sûr, on peut concilier travail, politique et vie familiale si on n’est pas seul·e à être investi·e dans le quotidien des enfants. Quand on voit qu’en Suisse, dans les couples hétérosexuels avec de jeunes enfants, la femme consacre en moyenne 20 heures de plus par semaine que l’homme au travail domestique et familial, on comprend pourquoi beaucoup de femmes estiment de ne pas avoir le temps et l’énergie de s’engager en politique même si cela les tente [2].

 

🔥 Comment garder la flamme ?

C’est fatiguant, parfois pas facile, mais si je continue, c’est parce que je me demande : dans quel état sera le monde lorsque mes filles et mon fils auront mon âge, dans une trentaine d’années ? À combien de degrés de réchauffement seront nous ? Les inégalités seront-elles encore là ? Je ne pourrai pas les regarder dans les yeux et dire qu’à mon humble niveau—professionnellement, politiquement et personnellement—je n’ai rien essayé.

PS : je me suis demandé « quelle image pour accompagner ce texte ? ». Alors voici une photo de moi mardi, qui prend la parole en plénum : fatiguée…mais engagée !

 

Pour aller plus loin

[1] Mes interrogations de députée #5: Doit-on sortir de sa zone de confort ?, post LinkedIn d’Oriane Sarrasin, publié le 13 mars 2023

[2] Les femmes font 50% de plus de tâches domestiques que les hommes, article de la RTS, publié le 20 mai 2021

6 pratiques qui dézinguent les jeunes parents …et leurs antidotes parents-friendly, article de Welcome to the Jungle, publié le 20 juillet 2021