Le contredit de l’immigration

 

« En 2023, la Suisse devrait franchir la barre des 9 millions d’habitants. Cet accroissement beaucoup plus rapide qu’ailleurs en Europe s’explique par une forte immigration, au point de devenir l’un des thèmes de la future campagne pour les élections fédérales, avec en tête l’UDC qui fustige “une immigration démesurée”. Le premier parti de Suisse souhaite bruyamment freiner cette évolution. Or, il n’en est rien.

Ce parti de droite peut inscrire cette revendication si populaire dans son programme électoral, tout en étant persuadé que ce n’est pas possible. Car sans immigration, pas de croissance économique. La décroissance est un thème électoral pour la gauche, pas pour la droite. Contrôler l’immigration en Suisse constitue donc une contradiction dans les termes, un déni de réalité, un argument démagogique.

Comme le Canada, la Suisse est une terre d’immigration dont la population est composée à 30% de personnes nées en dehors du territoire. Cela provient en partie d’une démographie indigène déclinante. Depuis 2009, l’indicateur conjoncturel de fécondité avoisine 1,5 enfant par femme, alors que le niveau de remplacement n’est atteint que si les femmes ont en moyenne 2,1 enfants. Sans une immigration annuelle de l’ordre de 40000 par an, la Suisse entrerait en déclin démographique et donc en décroissance économique. On estime déjà aujourd’hui qu’il manque 100 000 travailleurs pour occuper les postes disponibles.

L’immigration actuelle en Suisse n’a rien à voir avec celle de jadis. Presque 60% des immigrés récents ont un diplôme universitaire. Dans certaines professions le pays ne pourrait pas se passer de ce personnel qualifié. L’exemple le plus démonstratif est celui des médecins. Ainsi, 37,4% des médecins actifs en Suisse ont un ­diplôme acquis à l’étranger alors que les proportions ne sont que de 11,5% en France et en Allemagne. Nous avons décidé délibérément de ne pas former assez de médecins, en s’imaginant que cela freinerai les coûts de la santé, tout en se gardant de fermer le territoire aux diplômés étrangers, dans un accès d’aveuglément à peine concevable. On empêche de jeunes Suisses de suivre leur vocation pur l’accorder aux étrangers. Car, certaines années on en est arrivé à distribuer plus d’autorisations de pratiquer en Suisse à des médecins allemands que de diplômes à des Suisses. Si l’on considère froidement cette pratique, elle revient à faire des économies importantes sur le coût de la formation, en se reposant sur l’attirance des hauts salaires suisses. Il est cynique pour la droite de créer au niveau politique un irrésistible appel à l’immigration, tout en spéculant en même temps sur sa crainte par les électeurs, pour en bénéficier lors des élections.

Toutes spécialisations incluses, la proportion d’universitaires parmi les ressortissants de l’UE résidants en Suisse est plus élevée que celle des citoyens suisses. Au niveau médian d’autre part, la Suisse est toujours autonome, grâce à la formation duale. L’immigration ne fournit plus tellement de main d’œuvre non qualifiée, mais surtout les cadres que le pays se refuse à lui-même.

Ce diagnostic de  Marco Chiesa est donc erroné :  “La Suisse est un petit pays. Elle ne peut pas se permettre d’arriver jusqu’à 10 millions de personnes. …On est en train de perdre du revenu par tête et cela signifie que nous sommes en train de perdre notre bien-être.” C’est on ne peut plus faux.

En réalité le revenu des immigrants universitaires étrangers hautement spécialisés est plus élevé que celui du technicien suisse, mais c’est le résultat d’un choix délibéré. Il n’est marqué nulle part que le pays ne peut accueillir 10 millions d’habitants. La densité de la population est actuellement de 216 personnes au km2 contre 506 aux Pays-Bas. La Suisse joue le même rôle que la Californie pour les Etats-Unis, celui d’un territoire prospère grâce à sa technologie avancée. Mais bien évidemment il faut recruter ces talents sur un territoire plus vaste, non seulement toute l’Europe, d’où la nécessité d’Erasmus et d’Horizon, mais le monde entier. Prétendre par ailleurs que c’est une calamité pour exciter la xénophobie est un calcul cynique et dangereux.

En politique, toute contradiction révèle une faille secrète dans la motivation. Les notables, professions libérales et entrepreneurs, souhaitent à la fois que la Suisse soit prospère pour qu’ils le soient eux aussi de plus en plus, mais en même temps que leur classe sociale garde son privilège, en n’étant pas concurrencée par trop d’étrangers compétitifs. Elle doit donc tenir un double discours : prétendre limiter l’immigration et se garder de le faire. C’est pourquoi nous atteignons 9 millions d’habitants en feignant l’irritation.

 

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.

58 réponses à “Le contredit de l’immigration

  1. Désolé de vous le dire, votre comparaison avec la Hollande est grossière.
    Une grande partie de la Suisse n’est pas habitable à moins de raser les montagnes.
    La Suisse est déjà plus dense que la Hollande.

    De fait la qualité de vie baisse avec la densification du pays, immigration ou pas.

    C’est quoi le but de la société ? Sacrifier la qualité de vie des habitants pour devenir le cauchemard Singapour ou se consacrer au bien-être des habitants ?

    Notre responsabilité est de donner aux générations futures un endroit agréable à vivre. La vie en immeubles de béton est moins agréable que dans votre maison. La densification d’immeubles sert à loger les classes moyennes et pauvres, si on a les moyens, on fuit.

    Il n’est pas morale non plus de piller les ressources humaines des autres pays, des pays qui ont besoin de leurs ingénieurs par exemple. Sinon ces pays ne décollent pas et les inégalités mondiales persisteront. Tant que ce sont des européens de l’ouest, on peut en discuter, mais de l’Amérique du Sud par exemple, c’est scandaleux.
    Est-ce normal que la Suisse pillent à des pays, des médecins et infirmières? Il est temps d’ajouter de la morale non ?

    La Suisse à 10 millions, c’est un problème de qualité de vie et de pillage de ressources, de morale. Il faut changer de paradigme.
    La population suisse a montré sa capacité à accepter les étrangers, elle n’a pas à se culpabiliser d’une régulation de la population bienvenue.

    1. Le blog n’a pas pour vocation de d’ériger en censeur moral mais de souligner les incohérences de la politique actuelle.

      1. L’UDC sont des opportunistes qui jouent à plusieurs bandes pour arriver à leur fin. Au-delà, la question est pertinente et ne doit pas être balayé parce que ça vient de l’UDC qui est obsédé par l’immigration.
        La question est : Quelle société, pays veut-on laisser aux générations futures ? Un pays voué à l’économie, à une qualité de vie ou l’entre deux ? A la réponse, la Suisse doit cesser d’être passive.

  2. Effectivement, “sans immigration, pas de croissance économique”. En effet, “La décroissance est un thème électoral pour la gauche, pas pour la droite.” – du moins pour l’instant. Il n’en résulte pas pour autant que
    “contrôler l’immigration est une contradiction dans les termes, un déni de réalité, un argument démagogique”.
    la décroissance économique est une option réaliste et même probable à terme, et qui a la force de changer l’échiquier politique d’une droite conservatrice et d’une gauche progressiste. La décroissance est au fond conservatrice mais détruit le capitalisme; l’immigration est un idéal progressiste qui, telle qu’elle est appliquée (préférant le médecin allemand au réfugié), accroit les inégalités. Le fait que l'(extrême) droite veut limiter l’immigration et que la gauche (écologique) appuie de toute sa force le Green New Deal est un bon exemple de rôles quasi-inversés. Qu’en pensez-vous?

    1. C’est bien le sujet du blog, l’inversion des rôles et l’incohérence de l’extrême droite.

  3. “La densité de la population est actuellement de 216 personnes au km2 contre 506 aux Pays-Bas.” À ceci près que les Pays-Bas n’ont pas un tiers du territoire inhabitable. Si l’on considère uniquement la portion de Suisse où vit 90% de la population, la densité monte à 628 habitants par km2. C’est un fait… mais je ne sais pas si c’est un problème.

    1. Le tiers inhabitable n’est pas pour autant inoccupé. C’est un vaste terrain de sport qui remplit une certaine fonction inexistante aux Pays-Bas.

      1. Ce qui s’appelle “botter en touche” !???
        Vous nous aviez déjà sorti cet argument dans votre précédent blog consacré à la démographie suisse. Soit, mais les quelques jours passés à skier puis à randonner dans les Alpes ne sont pas significatifs de la qualité de vie d’une population, c’est, j’ose croire, ses conditions quotidiennes qui valent. Que m’importent mes quelques jours de ski au soleil face à mes bouchons routiers quotidiens à l’entrée de Lausanne ?
        Et, juste pour dire, je conteste votre “fonction inexistante aux Pays-Bas” ! Et la mer, Monsieur, ne serait-ce point un “vaste terrain de sport” ? Vous savez, les bateaux à voile et à moteur, les kite-surfs, les planches à voile, les pédalos, la plongée et même… la natation !

        1. Et nos lacs? On peut difficilement soutenir que la qualité de vie en Suisse est inférieure à celle des autres pays européens. Le but du blog est de dénoncer le lien factice entre l’immigration et une crise économique inexistante avec une perte d’emploi et une baisse de salaires inventées de toute pièce. L’immigration est une condition de la bonne santé de la Suisse et pas un facteur négatif comme on le répète sans preuve.

          1. “Et nos lacs ?” Mais ils font partie du territoire inhabitable susdit, évidemment… quelle question ! Vous noyez le poisson là, si j’ose dire.
            Et je n’ai jamais dit que la vie en Suisse est moins plaisante qu’ailleurs en Europe !?!
            Il faut simplement que vous arrêtiez de prétendre que la Suisse est deux fois moins densément peuplée que la Hollande donc que l’augmentation du nombre d’habitants ne posera aucun problème avant bien longtemps. En territoire habitable, la densité suisse est pratiquement celle de la Hollande.
            Que vous soyez un chantre de l’immigration, c’est votre droit, mais utiliser des arguments spécieux n’est pas digne d’un ingénieur…. Laissez cela aux… politiques !

          2. Nulle part le texte ne prône l’immigration en tant que telle. Il note que faute de former suffisamment de spécialistes, la Suisse est obligée d’y recourir tout en prétendant la maîtriser. Le sujet du blog est l’incohérence du discours politique.

  4. La démographie suisse suivra la démographie européenne, à savoir baisser de manière importante au cours du XXIe siècle. La seule chose qui continue d’augmenter en Europe, c’est la misère économique produite par les politiques catastrophiques des pays qui nous entourent et qui sont en train de démolir leurs économies (France, Italie, etc.), et comme la Suisse est un peu mieux placée sur le plan économique et mieux gérée, elle continue d’attirer les populations d’ailleurs en Europe.
    Or, c’est un mouvement de court terme, avant que la situation économique suisse elle-même ne connaisse des difficultés. A long terme, la population va donc baisser en Suisse comme partout ailleurs en Europe.

    1. Il est très hasardeux de se livrer à des prévisions en matière d’économie ou de politique. Même les meilleurs experts peuvent se tromper.

      1. Il n’est pas besoin d’être un devin pour prédire que notre avenir économique est très compliqué en Europe. C’est écrit dans nos taux d’endettement, insoutenables à long terme. Avec une démographie en fort déclin.
        Ces paramètres ont fondamentaux. Et ils ne sont pas prêts d’évoluer.

        1. C’est bien moins notre endettement explicite que le déficit de financement de l’AVS, maintes fois évoqué dans ce blog.

          1. Le financement de l’AVS est prélevé sur l’économie. Si l’économie stagne ou flanche, ce financement s’évanouit.
            Donc c’est bien l’économie qui est en question. Et avec un endettement toujours plus élevé (de l’Etat, des particuliers et des entreprises) + la remontée des taux + absence de croissance en vue, nous allons dans un mur économique.
            Et même si la Suisse s’en tirera un peu mieux, au milieu d’un continent potentiellement en faillite, c’est un avenir très compliqué qui s’esquisse.
            Si vous avez des informations qui vont dans l’autre sens (stabilité de la croissance, baisse de l’endettement), merci de les partager.
            La seule chose qui croît, ce sont les inégalités économiques et le risque d’une crise économique monstrueuse.

          2. On peut parier (et non prévoir) qu’un déficit de financement de l’AVS se soldera par une perte de rentes ou une augmentation de la TVA.

  5. L’immigration n’est-elle pas “démesurée” ?
    On peut quand même se demander si elle a été correctement mesurée socialement par nos ultralibéraux, dans ce petit pays sans matière première qui a vécu comme une chimère à quatre têtes, et qui n’en a plus que trois depuis la perte du secret bancaire.
    L’ultralibéralisme à Davos et ailleurs a permis au riches de multiplier leur richesse, alors que les pauvres maintenaient leur pauvreté dans un climat où ” l’extorsion de consentement” a toujours été le plus utilisé des outils de “cohésion sociale”.
    Que va-t-il se passer quand le dollar, programmé depuis l’invention du computer par les Américains pour nous faire travailler, va s’effondrer et plonger dans les profondeurs de 0.6 frs ? … ce qu’il est en train de faire aujourd’hui … :
    Du chômage “démesuré” !

    1. Quel rapport entre immigration et chômage? Les uns croient que le premier est la cause du second. D’autres constatent que le chômage n’a jamais été aussi bas malgré ou à cause de l’immigration de travailleurs qualifiés.

      1. Il faut se rappeler que les chiffres du chômage en Suisse écartent les personnes en “fin de droit”. Du coup, il faut se demander , en parallèle des chiffres du chômage, combien sont passés à l’aide sociale au même moment. Et là, on va tirer une gueule jusque par terre, entre les réfugiés, fins de droit, immigrés en quête de travail, retraités qui n’arrivent pas à boucler les fins de mois, etc, etc, etc

        La richesse de la Suisse n’est qu’une façade qui commence enfin à se lézarder. La misère devient de plus en plus visible dans les rues, même si la politique de l’autruche prévaut encore, de gauche (“faut accepter tout le monde”) comme de droite (“manque de main d’œuvre”). Mais quand une retraite durement accumulée pendant toute une vie ne suffit pas à vivre dans un 2.5 pièces miteux, y a de quoi se poser quelques questions quant à la santé globale du pays, non ?
        Si on a autant de travailleurs actifs que ce qu’on nous dit (avec le chômage si bas), où est donc l’argent des retraites ?!

        Aussi, quand on n’arrive même plus à être isolé 15 minutes dans le fin-fond du Jura, qu’où qu’on aille du monde débarque, y a peut-être quelque chose à revoir au niveau de la quantité de monde présente sur le territoire. J’veux dire, y a 20 ans, qui connaissait Ferpècle (oui, Valais, je sais) ? Maintenant, c’est noir de monde, et des abrutis prennent la route pour un circuit au milieu des touristes.
        Et c’est pareil au Jura, ce canton que tout le monde dénigrait (tout au plus servait-il de point de chute pour les réfugiés balkans dans les années 90) il n’y a pas si longtemps, qui bétonne à tours de bras des hectares entiers. Immeubles et autres accueillant maintenant le fruit du “regroupement familial”, dont pas mal de vieux qui ne bossent pas, mais profitent bien de l’aide sociale… La Suisse, c’est magique.

        1. Pourquoi l’immigration si la Suisse avait une qualité de vie aussi faible que vous la peignez?

          1. Parce qu’il semble meilleurs qu’ailleurs ? Sauf qu’actuellement, les portugais sont en train de quitter la Suisse, parce qu’ils en ont marre de la situation ici.

            Tenez, encore un exemple, tout frais du jour : je viens d’apprendre qu’une société de construction va faire une halle de recyclage pour les déchets inertes (en gros, briques, etc), avec un gros broyeur, en pleine zone résidentielle, à 50 mètres de mon immeuble. J’vous dis pas la qualité de vie avec ce machin sous les fenêtres, et les oppositions ont été balayées.
            Et si on avait tant de place que ça dans notre pays, pourquoi on finit avec ce genre de monstruosité en zone résidentielle ?!

            La qualité de vie peut être bonne, oui. Avec un salaire de 20k par mois ou plus, on a de quoi se faire un petit cocon, une tour d’ivoire. Mais pour le reste, donc la grande majorité qui gagne largement en-dessous ?! Bah on subit. Et on ne peut que fermer notre g, et entendre les “mais nan tout va bien, voyez, votre salaire a augmenté de 2.5%, ça compense presque l’inflation, de quoi vous plaignez-vous ?” de la part de la minorité de nantis.

          2. On ne peut pas à la fois se plaindre de l’immigration et prétendre qu’elle diminue. L’affectation des zones urbaines dépend de la commune sur laquelle vous avez tout pouvoir lors des élections. Si vous estimez que la situation est meilleure au Portugal, vous avez le droit de vous y installer.

          3. Je n’ai à aucun moment prétendu que l’immigration diminuait. Juste qu’une partie des immigrés repartent chez eux, parce que les conditions suisses ne leur conviennent plus.

            Quant au reste : la mise à l’enquête est passée sous silence, comme bien souvent, et à moins d’avoir le nez dans la feuille officielle, on n’a aucune information.
            Mais là n’était pas le propos : c’est plus par rapport aux personnes prétendant qu’on a de la place dans le pays – si tel était vraiment le cas, on n’aurait pas des halles de traitement de déchets industriels qui se construiraient en pleine localité.
            On ne verrait pas vraiment ça en France, aux Pays-Bas ou dans des pays avec une réelle superficie disponible (et, je préfère répondre de suite : non, les conditions de vie ne sont pas forcément meilleures là-bas).

            Pour finir : l’herbe est toujours plus verte chez le voisin. Mais c’est peut-être de l’artificielle.

        2. Ma foi Monsieur, vous dites fort bien !
          Ferpècle dont j’ignorais l’existence, fait partie de ce merveilleux ” vaste terrain de sport ” vanté par notre hôte si propice au resourcement salvateur – oui, j’ironise un peu. Sauf que c’était un petit bijou il y a vingt ans et je ne suis pas encore assez “abruti2 pour que votre description actuelle me donne quelque envie de m’y frotter ! Euh… juste pour dire la population suisse en 2000 = 7 millions et 9 pour 2023…
          28% d’augmentation mais bien sûr, là n’est pas le problème. Avec 10 millions nous aurons 43% mais qu’importe, de toute façon les glaciers auront tous fondu… Et un probable 11 millions nous donne un + 57% parfaitement inodore donc indolore car : “You’ll own nothing (dont nos illusions) and you’ll be happy ! ”
          End of the story – ça, c’est de moi…

  6. Suisse, superficie :41’285 Km2, Population : 9 millions d’habitants.
    Pays Bas, superficie 41543 Km2 population : 17,6 millions. Quelle horreur !
    Et pourtant : » S’expatrier aux Pays-Bas est intéressant à bien des égards pour un ressortissant français. La qualité de vie est palpable : le PIB par habitant est élevé, l’espérance de vie est prolongée, le système santé est excellent, un bon soutien social et la liberté de faire des choix de vie. » (Wikipédia) Nous avons des montagnes, ils ont des polders, souvent à vocation agricole et beaucoup de surfaces d’où proviennent nos fleurs, tomates et salades En admettant que la surface d’un pays est mesurée sur un plan horizontal, nous avons, avec nos montagnes, beaucoup plus de surfaces habitables que les Pays Bas. ! Ils ont peur de quoi nos bons Suisses ?

    1. Sauf que vos chiffres ne prennent pas du tout en compte les zones constructibles vs “tout le reste”, que ce soit agricole, zones de protection de la nature, terrains militaires, industriels, ou simplement “pas constructible” parce que le terrain ne s’y prête pas du tout.

      Aussi, faudrait comparer ce qui est comparable – quelles sont les charges réelles des habitants, par exemple ? En Suisse, les chiffres sont déjà faux vu que l’assurance de base obligatoire n’est même pas prise en compte dans le fameux “panier de la ménagère” (terme désuet au possible, mais ça va avec le reste).

      Bref….

  7. Effectivement vous avez raison il y a eu une croissance économique, mais pour une petite partie de la population.
     
    Pour la majorité de la population cette immigration signifie :

    perte d’emploi,
    baisse des salaires,
    difficultés à trouver des logements à des prix abordables,
    transports embouteillés,
    conflits sociaux,
    monté du racisme et de la xénophobie,
    augmentation de la criminalité
    baisse de prestations et de qualité du travail,
    production de produits et de prestations de qualités médiocres

    Conclusion : Baisse de la qualité de vie pour la majorité qui profite surtout à une minorité.
    comme disait Victor Hugo : “C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches”.

    1. Taux de chômage en Suisse de 2014 à 2024 a baissé de 3.04% à 2.71%. Est-ce votre définition de la perte d’emploi?
      Le salaire moyen Suisse a augmenté ces derniers années. En 2019, il s’élevait à 64 100$, contre 64 800$ en 2021. De son côté, le salaire médian en Suisse, en 2021, s’élève à 5 698,55 €, soit 6 502CHF. Est-ce votre définition de la baisse des salaires?
      La France et la Suisse sont «quasiment aux antipodes» pour les conflits sociaux. Une analyse reprise par l’Institut d’économie allemande: entre 2005 et 2014, un jour de travail est en moyenne perdu chaque année pour 1000 employés à cause de grèves en Suisse, contre 124 en France. Nous avons donc cent fois moins de conflits sociaux.
      Votre commentaire repose sur quelle documentation? Est-ce plus qu’un sentiment personnel?

      1. Mon commentaire ne repose pas sur des sentiments mais des réalités. Pour votre information de nombreuses personnes en Suisse ne touche pas CHF 4000 de salaire par mois et les possibilités d’augmentation ne sont pas possibles, étant donné qu’ils sont en concurrence avec des immigrés prêts à travailler pour des salaires inférieurs. Quant aux conflits sociaux je vous invite à vivre quelques temps dans des banlieues où vous aurez l’occasion de constater la sécurité et la bonne entente entre habitants de tous horizons. Pour votre info les conflits sociaux ne se résume pas à des analyses d’institut qui voyent des chiffres mais qui ne voyent pas les gens. Sachez également que la crise du logement existe et que pour de nombreuses personnes c’est très difficile. Quant aux transports je vous invite à prendre le bus ou votre voiture aux heures de pointes.
        Votre réponse m’a fait sourire car elle le reflet de gens pensant être une “certaine élite” se croyant au dessus et qui sont déconnectés de la réalité du quotidien.

        1. Un conflit social se traduit concrètement par des grèves. Les analyses d’instituts que vous récusez reposent sur des chiffres résultants de statistiques. C’est une réalité objective.
          Je suis au courant qu’il y a des travailleurs qui gagnent moins de 4000 CHF. Cela coexiste avec un salaire moyen ou médian qui a augmenté sur les trois dernières années. Vous ne pouvez donc pas affirmer comme votre commentaire que les salaires baissent, pas plus que dire qu’il y a perte d’emplois alors que ceux qui existent ne trouvent pas de candidats.

          1. Il faut choisir entre les deux approches. Pour soulager la misère, on doit s’intéresser aux personnes. Pour mener une politique il faut une vue d’ensemble, la statistique. Mais on ne peut pas les confondre. Publier une affirmation selon laquelle il y a perte d’emploi, baisse des salaires et mouvements sociaux à partir d’une expérience particulière intéressant quelques personnes n’est pas exact. Relier ces phénomènes statistiquement inexistants à l’immigration est faux. On ne résout pas un problème social à partir d’une impression. On fait porter la faute à des immigrants qui n’en sont absolument pas responsables. L’exemple des médecins est démonstratif : si on expulsait les médecins étrangers ou si l’on refusait d’en accueillir, ce serait une catastrophe sanitaire.

        1. Quel que soit le mode de calcul du chômage, il diminue et n’augmente pas contrairement à l’affirmation d’un commentaire.

  8. N’étant pas xénophobe mais pragmatique, je pense qu’il serait bon de revoir les accors bilatéraux qui ont ouvert la voie à une forte immigration de l’UE vers la Suisse tandis que dans l’autre sens cela ne s’est pas fait. J’ai la chance de travailler pour un grand groupe suisse à Berne mais je vois également beaucoup de chômage local, les résidents ne sont tout simplément pas choisis au profit de gens de l’UE qui y retournent le soir venu en ayant le beurre et l’argent du beurre !

  9. ” Presque 60% des immigrés récents ont un diplôme universitaire. Dans certaines professions le pays ne pourrait pas se passer de ce personnel qualifié.”

    Un article* paru en novembre dernier dans Le Temps sur la pauvreté en Suisse, que son auteur attribue en particulier au manque de formation mais passe sous silence la précarité, sinon la pauvreté croissante des diplômés et dipômées des hautes écoles suisses donne à l’une d’entre elles l’occasion de lui faire cette remarque :

    “Il manque une couche importante de la société à votre article: les étudiants, et plus particulièrement ceux dont les études se sont vues prolongées par la pandémie… où tout simplement des situations où il leur est impossible de survivre, pour des raisons diverses et variées, indépendamment de leurs parents de la classe moyenne, puisque les aides financières de l’Etat (insuffisantes dans des cantons tels que Genève) ne peuvent leur être attribuées.
    Un article sur la précarité estudiantine, présenté de manière similaire à cet article déjà enrichissant, serait tout particulièrement apprécié! :)”

    Si ce commentaire ne contient aucune allusion à quelque concurrence supposée ou réelle de diplômé)es immigré(e)s et si, comme vous le soulignez, en réalité “le revenu des immigrants universitaires étrangers hautement spécialisés est plus élevé que celui du technicien suisse […], c’est le résultat d’un choix délibéré”, le cas des médecins, que vous décrivez, ne s’applique-t-il alors pas à une plus large partie, sinon à l’ensemble du corps estudiantin? Sa précarité croissante, assimilée à celle des personnes en déficit de formation, ne serait-elle pas, elle aussi, le résultat d’un choix délibéré?

    La Suisse, qui se targue d’avoir l’un des meilleurs systèmes d’enseignement au monde et du nombre de ses hautes écoles figurant au “top 100” des “rankings” internationaux, manquerait-t-elle à ce point de personnel hautement spécialisé?

    * “L’angle mort de la pauvreté en Suisse”
    Silvia Revello, Le Temps, 11 novembre 2022
    (https://www.letemps.ch/opinions/langle-mort-pauvrete-suisse)

  10. Si l’on tient compte de l’immigration de travailleurs et l’émigration encore plus massive de rentiers AVS, la Suisse devient une grande usine où les ressources humaines entrent et sortent selon les besoins de l’économie. Est-ce vraiment l’idéal pour une nation?

    1. Si ce n’est pour les besoins d’une économie qui réussit actuellement grâce à l’immigration, et pour le système de santé, et pour la formation, et pour l’hôtellerie, pourquoi serait-ce? L’idéal d’une nation n’est pas la ruine de son économie et de ses services publics.

      1. Sans avoir aucune sympathie pour les thèses de l’UDC dont vous avez fort justement relevé les contradictions, la question de savoir où placer les priorités reste centrale. La croissance a tout prix qui sert de justification de la politique migratoire est-elle humainement raisonnable? De toute manière, cette politique de croissance est intenable à moyen et long terme. Alors, quelle nation voulons nous? Chaque génération a le devoir de réinventer l’avenir. C’est aujourd’hui plus nécessaire que jamais car la voie suivie de manière toujours plus frénétique est un cul de sac. D’un autre côté, nous voyons clairement les “coup de mains” des forces économiques conservatrices (Rösti, Pannier-Runacher, Al Jaber, …),.. belles démonstrations de pouvoir en vérité.

        1. Le blog ne plaide pas pour la croissance mais pour une cohérence entre option économiqueet politique de migration.

  11. Après le chute du mur de Berlin, le CF a décidé de rejoindre l’UE. Il est vrai qu’il a retiré sa demande d’adhésion depuis quelques temps mais la stratégie n’a pas variée. De gré ou de force le CF a décidé de faire baisser notre niveau de vie pour rejoindre la médiane des pays limitrophes. La tendance qui ne faiblit pas, est à mettre hors état de service les résidents pour les remplacer par des nouveaux-arrivants afin de grossir les rangs de demandeurs d’aide sociale & demandeurs d’indemnités de chômage et plaire ainsi à Bruxelles. Bientôt nous y serons. Ne vous faites pas ulcérer pour rien. Tous les 4 ans nous renouvelons les mandats des affairistes à courte vision pour nous faire subir ce qui nous subissons depuis la sinistre “libre circulation”. Nos écoles empêchent nos enfants d’étudier en leur mettons des notes éliminatoires et ouvrir la porte aux étrangers. L’UDC ultra-affairiste reste malgré tout un meilleur choix comparativement aux partis.

    1. Il faut beaucoup d’imagination pour percevoir ainsi l’action du CF. Nos pouvoirs publics sont régulièrement élus. Si votre interprétation avait quelque substance et pouvait être prouvée, ils ne le seraient plus. Sauf erreur de ma part l’UDC est un parti comme un autre et participe au CF. Sa contradiction fondamentale est d’être au pouvoir et de faire croire qu’elle est un parti d’opposition intransigeant.

  12. Ce blog mélange deux éléments indépendants. D’une part, le déficit de la fécondité compensé par une immigration de 40.000 têtes annuelles et d’autre part, une croissance de la population totale qui va passer le cap des 9 millions pour celui des 10 millions.
    Présenté ainsi, le premier fait semble justifier objectivement le second; sinon pourquoi le mentionner ? Il n’y a aucune corrélation univoque entre le taux de fertilité et une augmentation de la population par l’immigration.
    Vous avez raison, l’immigration actuelle de haute valeur cognitive est bénéfique au bien-être suisse mais, MAIS pour combien de temps ?
    Étant posé – comme montré par différents commentaires ci-dessus – que la densité habitable suisse vaut déjà celle des Pays-Bas, notre volant de manœuvre rétrécit. Je ne suis pas “écolo”, bêtement logique, soit : Dans un monde fini, aucune croissance ne peut être infinie. Un classique de base.
    La croissance semble pour vous inévitable pour conserver notre niveau de vie. Soit, mais ceci est donc sans fin et nous devrons avoir une Suisse de 9, 10, 11, 15, 20, 30, 50, 100, 1.000 millions d’habitants !??
    Où placez-vous la limite ? Car limite il y a…

    Tout ce béton pour loger tous ces gens alors qu’il commence à manque de sable et que l’industrie du béton est une calamité écologique… Mais quel pain béni pour les promoteurs immobiliers – les artisans, eux, sont déjà submergés et épuisés… Réjouissez-vous lorsque demain vous devrez rénover votre foyer et chercherez un artisan; peut-être un universitaire immigré bricoleur aura-t-il pitié de vous, qui sait ?
    Ne nous parle-t-on pas d’une société de la sobriété, seul choix salvateur ?

    Je crains que notre choix se résume à : soit nous nous coupons quelques doigts tout soudain, soit nous profitons tant que cela dure avec l’espoir d’inventions et découvertes salvatrices et on nous coupera tout le bras, au mieux…!

    Et tout ceci est bien désolant car je vivais tout aussi bien dans une Suisse de 6 millions d’habitants que dans celle du présent.

    1. Nulle part le texte du blog ne prend parti pour une croissance indéfinie. Ce n’est pas le sujet. Le titre dit clairement que c’est la contradiction entre le discours démagogique et xénophobe du parti populiste et sa propre prise de position pour la croissance.

    2. Il est faux d’écrire que l’immigration est à haute valeur ajoutée puisque 15 à 24 mille chaque année sont à peine lettrée.

      1. L’immigration comporte des gens qualifiés et d’autres. Les deux sont précieux pour remplir des emplois qui sinon ne le seraient pas.

        1. Et c’est pour cela qu’il y a un taux à l’aide sociale sidérant, et que l’on doit même les sortir des statistiques ordinaires pour créer des statistiques à part “dans le domaine de l’asile”…

          Taux d’aide sociale dans le domaine de l’asile: 78,4% !! (2021)

          https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/securite-sociale/aide-sociale/beneficiaires-aide-sociale/domaine-asile.html

          Si seulement vous pouviez faire moins d’idéologie, et plus de faits. Vous parlez de l’immigration européenne, qui travaille effectivement, alors qu’on parle de toutes les autres immigrations, en particulier sans diplôme, sans papiers, et sans capacité d’intégration sauf coûts énormes pour la société d’accueil…

          1. Le sujet du blog est la contradiction de la droite sur ce sujet, pas un plaidoyer pour l’asile.
            Si vous évoquez ce sujet, il faudrait que vous preniez position : faut-il accepter des requérants d’sile qui vont bien évidemment nécessiter des dépenses? Ou bien faut-il fermer les frontières de façon à faire des économies?
            La Suisse est-elle tellement pauvre qu’elle ne peut plus manifester de solidarité avec l’Ukraine?

          2. Ce que je vous reproche, c’est que vous répondez toujours à côté pour masquer vos contradictions.

            Qui parle de l’Ukraine, en mentionnant les chiffres de l’aide sociale dans le domaine de l’asile en 2021 ?

            Vous dites qu’on a besoin d’une immigration pour remplir des postes qualifiés et non qualifiés.

            Je vous réponds que les Européens remplissent déjà cette fonction, tandis que les personnes qui relèvent de l’asile sont à l’aide sociale à plus de 78% !

            Vous me répondez Ukraine, sauf qu’on a fermé la voie de l’asile aux Ukrainiens (ils n’ont pas le droit de déposer une demande d’asile) et qu’ils reçoivent un permis S…

            Vous répondez donc hors sujet.

            Et quand je vous dis que votre argument sur le travail est hors sujet dans le domaine de l’asile (> 78% à l’aide sociale), vous me répondez qu’on a les moyens de les accueillir et de faire de l’humanitaire. Vous quittez donc votre thème “on a besoin de leur force de travail” pour adopter un autre argument, hors sujet de votre thème.

            La réalité est simple. Nous avons eu tort d’abandonner la politique des 3 cercles.

            1er cercle: libre circulation des travailleurs européens.
            2e cercle: travailleurs hautement qualifiés, p. ex. informaticiens indiens.
            3e cercle: migrants économiques, hors UE/OCDE.

            Hors cercle: domaine de l’asile.

            Tant que vous n’adaptez pas vos arguments en tenant compte de cette réalité, vous développez une argumentation incohérente. Il est impossible, de bonne foi, de comparer la situation d’un médecin français et d’un analphabète afghan, d’un informaticien indien et d’une militante iranienne.

            Il faut nuancer les propos, et arrêtez de prendre ce qui vous plaît dans l’un des cercles pour le transposer sans nuance dans les autres. Un paysan érythréen ne rapporte pas à la société d’accueil la même chose qu’un professeur belge de l’epfl….

            Oui, donc, c’est notre devoir d’accueillir une militante des droits de l’homme iranienne et de l’aider à s’insérer; non, nous n’avons aucune ressource à allouer à un débouté nigérian qui vend de la drogue.

            Merci d’arrêter de faire comme si nous étions tous interchangeables.

            Moins d’idéologie, plus de faits.

    3. Le déficit de la fécondité est causé par insécurité imposée par le Conseil fédéral et l’UE aux populations européennes traditionnelles. Ceux qui ont peur de l’avenir ne trouvent pas de raison pour donner la vie à plus qu’une personne ou deux juste pour leur passer le patrimoine familiale. Les peuples européens doivent chasser du pouvoir tous ceux qui nous ont amené à cette situation.

      1. Comment chasser du pouvoir des autorités élues par le peuple? Suggèreriez-vous une attaque du Palais fédéral?

        1. “…des autorités élues par le peuple?”

          Bolsonaro, Trump, Poutine, Erdogan, Orban et Cie n’ont-ils pas été élus par le peuple, eux aussi?

          Combien de crimes n’ont-ils été commis au nom du peuple? Entre le despotisme d’un seul et la tyrannie des masses, que choisir?

          “The people, yes the people…” – Carl Sandburg

          1. Entre les crimes commis au nom du peuple par des dictateurs et la démocratie telle que nous la vivons, il y a toute la différence entre un mensonge et la vérité.

          2. Hiroshima et Nagasaki, la guerre du Vietnam et l’invasion de l’Irak, chacune sur la base d’un mensonge, les dix-sept ans de guerre en Afghanistan – la plus longue menée à ce jour par les Etats-Unis, qui n’ont connu que deux ans de paix pendant leurs 247 ans d’existence – et son fiasco final n’ont-ils pas été menés au nom de la démocratie?

            Et les guerres engagées au XXe siècle et au début du XXIe par le peuple sans doute le plus belliqueux du monde ne l’ont-elles pas été sous présidence démocrate?

          3. L’Etat le plus belliqueux est la Russie. Puis vient la Chine. Les démocraties se contentent pour l’instant d’une posture défensive. Au passé, Hiroshima et Nagasaki ne sont pas de justifications de l’agression russe aujourd’hui

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