Tumulte afghan

D’Afghanistan, elle est arrivée chez nous il y a 10 ans.

C’est une amie. Aujourd’hui, elle est presque aussi suisse que mes enfants ou moi, pourtant, elle reste afghane, complètement.

Elle écrit.

 

I’m being re-traumatised

 

The next human being, I come across

If accidentally he/she asks me how I am

And bothers to listen

I wouldn’t be able to respond

I’ll collapse

As rapid as Kabul, Heart, as Mazar

I’m about to have a mental breakdown

About to split in thousand pieces

And as an individual, never to be reorganised

I need some human warmth

A bit of kindness

And some caring thoughts

And if by any chances, he/she offers me a hug

I’ll cry and cry and cry

It’s all about ifs…

But Mummy, I’m left alone

My mental breakdown is imminent

Kabul is now in the hands of Talibans

 

I’m being re-traumatised

 

Mina Hossaini

15.08.21

 

Elle ajoute: « Voici ce que, en Suisse et en sécurité, j’ai pu ressentir. Je vous laisse imaginer ce que les femmes afghanes au pays ont pu ressentir. »

 

Quant à moi, je vois aussi que le monde est en tumulte. Cela ne va pas s’arranger facilement, mais nous savons ce que nous pouvons faire; il est si facile d’aimer nos frères et sœurs humaines. Les chemins pour l’exprimer sont ouverts et accessibles. Allez, soyons généreux ! Par exemple à cette adresse.

https://www.eper.ch/medias/la-suisse-doit-offrir-sans-tarder-une-protection-aux-personnes-refugiees?utm_source=EPER&utm_campaign=29148365d5-EMAIL_CAMPAIGN_2021_08_19_11_32&utm_medium=email&utm_term=0_d1cc7af0b2-29148365d5-224295433

Deux voitures et un bus

Un cher voisin exprimait son enthousiasme pour les 1000 idées de la Fondation Solar Impulse de Bertrand Piccard. Elles pourraient contribuer à sauver la planète. D’accord !  Merci à Bertrand. Son engagement constructif pour éviter le crash est exemplaire. J’ai pourtant essayé de dire à mon voisin que, sans rejeter l’importance des solutions technologiques, il me semblait que celles-ci seront insuffisantes ; ce qu’il faut, c’est un changement d’état d’esprit. Malheureusement, je n’ai pas su trouver les mots qui auraient pu le convaincre.

Le soir même, autour d’un café, une amie m’a raconté l’anecdote suivante.
À Lausanne, elle aussi a un voisin. Celui-ci est une personnalité importante dans une banque de la place très affirmative quant à son engagement pour la durabilité et le climat.  Juste devant leurs domiciles il y a un arrêt du bus qui, tous les quarts d’heure, conduit directement à la placer Saint François devant le bâtiment de la grande banque. Pourtant le voisin préfère y aller en voiture. Il en a deux qu’il utilise selon l’humeur, parfois la Porche, parfois la Jeep Grand Cherokee.
Un jour, surprise, mon amie rencontre le voisin banquier dans le bus. Il semble gêné. Sur le ton de l’excuse, il explique qu’il a eu un pépin, aujourd’hui, hélas, les deux voitures sont au garage !

Je suis remonté chez mon voisin et je lui ai raconté la petite histoire. Nous sommes tombés d’accord que c’est bien l’état d’esprit qu’il faut changer. Alors tout sera possible et les solutions technologiques nous y aideront.

Éléments concrets

Le texte « Pas d’urgence ? » du 14 juillet soulève un débat que je n’avais pas anticipé.  Samy – merci – le résume ainsi :

Je perçois votre peur de l’avenir, mais je trouve qu’elle n’est pas basée sur des éléments concrets.

Aïe, j’ai manqué de préciser quelques prémisses.

  • Ni vous ni moi ne connaissons l’avenir.
  • Toutefois, chacun peut essayer d’identifier ce qui semble probable dans ce qui est pensable.
  • En ce qui concerne la crise de la vie et du climat, il me semble que les institutions qui l’ont étudiée avec le plus d’assiduité et de compétences sont le GIEC (https://www.ipcc.ch/languages-2/francais/) et l’IPBES (https://ipbes.net).

Pour répondre à la remarque de Samy, je me réfère donc aux rapports que publient ces remarquables institutions onusiennes.

Si vous trouvez que ma réponse est un peu courte, réjouissez-vous, le prochain rapport du GIEC nous sera livré le 8 août. Il sera épais.

Trêve de plaisanterie !

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Rouge-gorge

J’aime la science et chaque fois qu’elle me fait comprendre quelque chose j’y prends un plaisir physiologique.  J’aime aussi partager ce plaisir.  Alors, de temps en temps, je distribue à mes amis un petits rapport sur mes « découvertes ». Le blog du temps me semble un bon canal pour partager ce plaisir.

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Pas d’urgence ?

Covid-19 et crise du climat

Souvenez-vous ! Le 13 mars de l’an passé, il y avait en Suisse 1000 personnes malades de la covid-19. En soi, ce nombre n’était pas bien impressionnant ; à l’échelle de ma petite ville, cela représentait peut-être une ou deux personnes – que je ne connaissais pas d’ailleurs. Le problème était autre : le nombre de malades doublait en moins de 3 jours ; il se multipliait par dix en 10 jours. À ce rythme, le système de santé aurait été débordé avant la fin du mois ; on voyait venir le chaos médical, peut-être le chaos national. Il y avait urgence. Le Conseil fédéral a pris ses responsabilités. Il nous a tous enfermés. Seize mois plus tard, l’épidémie n’est, certes, pas terminée, mais, chez nous, elle semble sous contrôle. (Touchons du bois et espérons que nos dirigeants seront courageux.) La vie, presque normale, reprend. Bravo le Conseil fédéral.

Malheureusement, il existe une autre histoire qui, elle, n’est pas sur la voie d’être résolue. La Terre est malade de notre civilisation. Elle a déjà pris un gros degré, en 2050 la fièvre aura plus que doublé, à la fin du siècle la Terre sera morte… morte en tout cas dans l’état ou nous l’aimons. Mais la majorité d’entre nous s’en fiche, trouve de trop les quelques centaines de francs que leur demandait la loi CO2 alors qu’une cour du Tribunal fédéral constatait : « il n’y a pas d’urgence ».

Comment comprendre ?

 

Un futur impensable.

Est-ce l’échelle du temps qui nous dépasse ? La catastrophe du virus, annoncée comme imminente à mi-mars de l’an passé, était un coup de massue qui exigeait une réplique immédiate. Avec le climat, l’échelle temporelle n’est pas marquée au rythme de la semaine ou du mois. Elle l’est par les années qui nous restent jusqu’à 2050 et notre promesse d’avoir alors réglé le problème. Elle l’est semblablement par les 30 ans du temps de doublement de l’anomalie de température.

Trente ans, c’est long ! Dans ma vie, j’ai souvent pensé aux dix prochaines années, mais jamais je ne me suis sérieusement imaginé mon avenir trois décennies plus tard.  Il est facile de vivre au présent, se projeter le temps d’une génération semble impossible. Notre intellect est brillamment capable d’échafauder n’importe quel futur, mais, au-delà du futur immédiat, les sentiments, les émotions et le cœur ne suivent pas. Voilà peut-être pourquoi une majorité de Suisses préfèrent en rester au présent – qui ne va pas si mal – plutôt que de se projeter dans un futur lointain et inquiétant.

 

Un passé inacceptable.

Au manque de réactivité de la majorité de la population suisse il y a peut-être une autre explication, plus difficile à admettre. Nous, adultes d’aujourd’hui, avons été ceux des 30 glorieuses et de leur suite qui ne le semblait guère moins. Mais voilà que cette gloire se décompose. Nous découvrons que, sans en avoir eu conscience, nous avons fait tout faux. Nous commençons à nous en rendre compte. Greta Thunberg l’exprimait ainsi à la COP 24, le 18 décembre 2018 à Katowice : « Vous ne parlez que de continuer cette mauvaise idée qui nous a mis dans le pétrin. Vous n’êtes pas assez mûr pour dire les choses comme elles sont. Même ce fardeau, vous le laissez à nous, les enfants ». Dur, dur ! Mais elle a raison.

À en rester là, il y aurait de quoi désespérer.

 

Un présent assumé.

Désespéré ? Non, l’erreur est humaine. J’en ai fait plein dans ma vie. Le désir de contribuer à les corriger est motif d’action et, souvent, source de satisfaction. Les tâches ne manquent pas.  Je continue ! Merci d’en faire autant.

Loi CO2

Aïe ! 51,6% de non.

La situation, tout le monde la connaît même si beaucoup n’y croient guère. Le fait est que la Terre est malade. Elle a déjà pris un gros degré et la fièvre augmente de plus en plus vite. Les docteurs disent que, sans soin vigoureux, elle sera bientôt prise de tremblement nerveux, puis sa survie même sera menacée. Que dit alors la majorité de ceux des citoyens qui ont voté ? « Bof, elle n’a pas si mauvaise mine, et puis un degré, mon Dieu, ce n’est pas terrible ; d’autre part, le médicament coûte, pas bien cher, mais quand même ! »

Forte pensée appuyée vendredi passé par le Tribunal fédéral qui confirme la peine des joueurs de tennis du Crédit suisse au motif qu’il n’est pas vraiment urgent de sauver le climat. C’est la façon de penser de la personne tombant du 7e étage constatant que tout va bien en passant au sixième.

Malheureusement, il faut dire que la loi était bien triste. Elle n’offrait qu’une thérapie : payer pour des médicaments probablement peu efficaces. Mais pourquoi donc négligeons-nous la cure d’air pur et d’eau claire ? Pourquoi ne soignons-nous pas la Terre en cultivant joyeusement la Nature ?

Beau temps, bonne nouvelle

Aujourd’hui, le temps est radieux, les montagnes sont magnifiques et l’actualité nous surprend avec une joyeuse nouvelle.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) de l’OCDE est fort connue depuis 1974 pour son rapport annuel qui fait le point sur l’état de l’énergie dans le monde ainsi que sur les perspectives financières, économiques et techniques du domaine. Créée à l’occasion d’un choc pétrolier, et s’affirmant dans un monde où le carbone d’origine fossile représente 80% de l’ensemble de la production, on ne s’attend guère à ce que l’AIE soit un haut lieu de la pensée durable.

Il s’agit d’une feuille de route pour sortir des énergies fossiles d’ici 2050 avec tout ce qu’il faut pour y arriver. Pour commencer, dès maintenant (c’est-à-dire, cette année), ne plus mettre un sou dans la recherche de nouvelles sources ni lancer quelque projet que ce soit de centrale au charbon. Pour la suite, il s’agit vraiment de se mettre au travail. Par exemple, par comparaison avec le rapport de l’an passé celui de cette année demande que la production d’énergie renouvelable soit quadruplée d’ici 2030. Oui, vraiment, c’est une révolution à l’AIE.

Cette nouvelle est-elle vraiment importante ? Il est impossible de prévoir l’avenir; il est même diablement difficile d’évaluer le présent, mais j’ai le sentiment que le monde est dans un était qui ressemble celui de l’eau lorsqu’elle approche 100°C; tout circule, tout frémit et, très bientôt, ce sera le bouillonnement général.

Ne dites pas que mon optimisme est naïf. Laissez-moi ne pas bouder mon plaisir. Les occasions ne sont pas si fréquentes et la montagne est belle.

Et pourtant, j’imagine le ridicule mondial si la loi sur le CO2 n’est pas acceptée le 13 juin. Aïe, celle-ci, il ne faut pas la louper. Votons !

Commentaire aux commentaires reçus sur le blog de Jacques du 27 mars au 5 avril 2021

Merci au Temps de m’offrir ce Blog.

Débutant, je découvre ainsi la richesse que révèle ce mode de communication.

En quelques jours, vous m’avez envoyé 25 commentaires. Ils sont tous avec le premier article. Merci d’avoir pris la peine d’intervenir.

Ensemble, ils représentent plus de 3000 mots et près de 20’000 signes. C’est beaucoup.

Chacun le sait, dans un débat, c’est la critique qui est la partie la plus intéressante. Le compte est prometteur. Une petite moitié des commentaires reçus expriment des idées qui s’opposent aux miennes. Plusieurs sont tout à fait intéressantes. Par exemple, Hubert ne s’alarme pas du CO2, mais pense que je manque l’essentiel en ne citant pas la question de la surpopulation. À ceci Fdidoux rétorque que, pour lui, c’est la surconsommation qui est au cœur de notre problème. Kaffa trouve qu’en parlant de la ZAD du Mormont, j’ignore le fait que le problème du béton dépasse largement l’échelle vaudoise. Il y en a d’autres. Ces débats font sens. Ils enrichissent mon propos ou m’interpellent. Merci à leurs auteurs. Dans la mesure du possible, je m’efforcerai d’y répondre. Malheureusement pas tout de suite, car il y a beaucoup à faire ces temps.

On m’avait prévenu : « Tu seras surpris ! Souvent, les commentaires sont des critiques qui s’adressent à toi plutôt qu’à ce que tu écris ». C’est vrai, déjà dans le 2e message Pierre trouve déplacé qu’un nobéliste parle du climat. Pourtant, excusez-moi, je ne suis pas le seul incompétent qui se targue de météorologie; notre présentateur favori du 19:30 s’est cru autorisé d’annoncer la neige en plaine pour la nuit du premier avril.

Dorénavant, je ne ferai plus suivre ce genre de commentaire. Si vous le souhaitez, vous pouvez me les adresser par courrier postal à mon adresse : Banc-vert 17, 1110 Morges. Toutefois je tiens quand même à remercier Pierre de m’avoir fait découvrir le mot magnifique d’ultracrépidarianisme dont je me réjouis de faire bon usage.

 

L’autre moitié des commentaires vont plutôt dans le sens de mon texte. Certains y apportent une contribution notable, certains ont une forme personnelle, parfois touchante. À ces derniers (Alain par exemple), j’exprime des remerciements particuliers.

J’ai bien l’intention de revenir sur plusieurs de ces commentaires, mais j’y prendrai le temps. Merci de votre patience.

Colline du Mormont: les orchidées contre le ciment

Le plateau de la Birette au Mormont sur la commune de la Sarraz est une propriété de LafargeHolcim Ltd (Holcim) . Elle vise à le transformer en ciment. Depuis la 2e partie d’octobre 2020, un groupe de jeunes engagés pour la protection de la nature et du climat occupe le lieu. Ils l’ont déclaré Zone à défendre, ZAD. Holcim a porté plainte contre cette occupation.

L’association « Les Orchidées du Mormont », conduite par un comité comprenant Nicole Ammann, Dominique Bourg et moi-même a été créée le 29 octobre dans le but de donner un cadre légal à la défense juridique de la ZAD. L’Association a fait recours contre la plainte de Holcim. Ce recours a été rejeté par le Tribunal du district de la Côte. La plainte sera exécutable dès le 30 avril. Le rôle de l’Association se termine, mais notre engagement pour la cause de la ZAD perdure afin que le conflit se résolve dans la sagesse et la non-violence.

La police interviendra probablement, et les zadistes seront bousculés plus ou moins durement. On voudra oublier les « troubles » sur la Birette. Zut pour la ZAD, ses fleurs, ses papillons et son idéalisme. Ce serait tragique !

ZAD et zadistes portent avec détermination, intelligence et courage un message vital qui nous concerne tous. Plutôt que de tenter son impossible effacement, nous espérons que la discussion maintenant engagée entre les zadistes et les autorités débouchera sur un vrai débat démocratique à propos de l’avenir de la colline du Mormont et, avec lui, sur une prise de conscience que la vie se meurt sur Terre et que le climat est en folie. C’est bien de cela dont il s’agit. La ZAD nous interpelle tous.

Les zadistes l’on comprit. Ils prennent le drame à sa juste mesure. Depuis 5 mois, ils le vivent intensément dans un lieu symboliquement fort où se confrontent l’appétit destructeur de notre société et la fragilité d’un site chargé d’une exceptionnelle richesse naturelle et historique. La ZAD n’est pas une colonie de vacances. La vie y est dure à cause des conditions matérielles du lieu et de l’intensité d’une exigeante forme de vie en commun. À cela s’ajoutent l’incertitude fondamentale de l’avenir de la ZAD et la forte conscience, partagée par tous les zadistes, de la menace qui pèse sur la vie et le climat.

Anxiété

Une des origines de la ZAD est à trouver dans le mouvement de la Grève du climat que Greta Thunberg a initié en été 2018. Personnellement, je n’ai pris conscience que quelque chose d’important était en train de se passer, lorsque j’ai appris, en décembre de cette même année, que des écoliers et des étudiants valaisans étaient allés en observateurs à la Conférence de Katowice où Greta avait prononcé cette fameuse phrase:

« Vous ne parlez que de continuer avec la même mauvaise idée qui nous a mis dans ce gâchis alors que la seule chose sensée serait de tirer le frein d’alarme. Vous n’êtes même pas assez mûrs pour dire les choses comme elles sont. Même ce fardeau, vous l’abandonnez à nous, les enfants. »

Peu après, j’ai fait connaissance avec ces jeunes. Ils m’ont impressionné. Plus tard, accueillis par l’Université de Lausanne, a eu lieu la semaine de coordination européenne des Grévistes du climat. Ce fut intense et à la clé de nombreuses sessions de travail. Avec un ami psychiatre, j’ai participé à l’atelier « Anxiété ». Je pensais qu’il s’agissait de chercher comment convaincre ceux qui nous entourent de la réalité du drame climatique et de l’urgence d’agir pour y faire face… Ce n’était pas ça.

Ils étaient 14 jeunes venus de 7 pays différents. Age moyen, 17 ans. L’anxiété dont ils parlaient était la leur; celle de porter sur leurs épaules le poids gigantesque d’un problème qui leur est abandonné par ceux qui devraient y faire face. Parmi eux, une jeune fille d’une ville allemande de 25’000 habitants. Elle et ses amis, avaient fait un intense effort pour organiser un défilé destiné à marquer la volonté de lutte de sa ville. À peine deux cent cinquante personnes y participèrent. La jeune fille était consternée. Tant d’efforts pour si peu d’effet ! Dans le groupe, cette anxiété était largement partagée. Il y eut beaucoup d’émotions et de larmes. Mon ami psychiatre parlait de “stress prétraumatique” et de “solastalgie”.

Après la grande effervescence de 2019 sont survenus le COVID et la chape écrasante des quarantaines. Certains ont cherché à en sortir. D’autres ont initié la ZAD du Mormont…

La force de la ZAD, c’est le groupe. Il est ouvert à tous ceux qui veulent s’associer au double but de (1) sauver le plateau de la Birette des appétits de Holcim et (2) d’inventer la nouvelle convivialité qui sera nécessaire pour surmonter la crise dans lequel le monde s’est fourvoyé.

Deux fois par semaine, les zadistes se réunissent en assemblées plénières. L’une est décisionnelle. Il y a beaucoup de choses à régler quand il n’y a ni eau courante ni électricité, qu’il faut défendre le site et maîtriser le COVID (ce qu’ils ont réussi de manière exemplaire.) La seconde, plénière, est émotionnelle. Je ne peux qu’imaginer l’intensité de ce qui s’y passe. On m’a raconté la jolie anecdote suivante. Il y a peu, après des jours de pluie et de boue était venu le grand froid ; au matin il faisait -6° et il était tombé 10 cm de neige. Le groupe était fatigué et démoralisé. On se lève, on se réunit et on décide de faire face. Tous ensemble, ils ont dansé pendant deux heures.

Victor Hugo écrivait (c’est apocryphe, semble-t-il) que les poètes sont les phares qui guident le monde. Aujourd’hui, chez nous, je dirais que la ZAD est ce phare…hélas menacé d’une destruction prochaine. Il serait bien stupide de condamner à l’oubli et à la négation cette extraordinaire expérience. D’autres voies sont présentement explorées.

Comme le dit le philosophe Dominique Bourg – qui lui aussi combat pour la ZAD -, laissons au génie suisse, celui de la non-violence et de la concordance, le temps de se déployer.