Mon éclipse au fond d’une boîte de riz

J’avais pourtant bien suivi les conseils de la NASA, relayés par plusieurs médias américains. Première étape, trouver une boîte de céréales vide  – pour moi c’était du blé complet -, et tapisser le fond de papier blanc. Check. Deuxième étape: scotcher le haut de la boîte, et découper, à droite et à gauche, deux carrés de tailles égales. Re-check. Ensuite, recouvrir l’un de ces carrés de feuille d’alu solide. Done. Et puis, paf, faire un petit trou avec un stylo au milieu de l’alu.

Toute fière de mon bricolage maison, je suis descendue dans la rue, au moment où l’éclipse solaire était la plus visible à New York. J’ai regardé dans le petit trou, dans le sens opposé du soleil censé entrer dans l’autre trou, le grand, le carré donc – vous me suivez toujours? Et là, déception, rien. Le fond de ma boîte de riz complet restait désespérément vide. Et moi, je tournais la tête dans tous les sens, l’oeil collé contre une boîte d’Uncle Ben’s, dans le sens opposé du spectacle…

Perfectionniste, je suis remontée dans mon appartement, prête à trouver une autre solution. Et si c’était l’alu? Le mien avait un côté un peu mat. J’ai donc refait mon bricolage, pour mettre la partie la plus brillante vers l’intérieur. Nouvelle tentative. Mais toujours rien au fond de ma boîte. Pas l’ombre d’un soleil. Echec total pour éclipse partielle.

Dans la rue, j’ai fini par emprunter les lunettes spéciales d’un habitant du quartier. Et je l’ai vue. Enfin. Au retour, j’ai quand même bombardé l’astre boudeur de photos –  mes yeux voient d’ailleurs pas mal de soleils en ce moment -, en essayant frénétiquement tous les filtres possibles. Ratées, les photos sont belles quand même. En fait, je crois que j’ai toujours aimé les rendez-vous ratés.

Valérie de Graffenried

Valérie de Graffenried est la correspondante du Temps aux Etats-Unis.

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