Une journée sans immigrés

En sortant de chez moi, l’autre jour, j’ai été surprise. Pourquoi tant de magasins étaient-ils fermés? Serais-je passée à côté d’un jour férié, sans le savoir? Pas vraiment. Renseignement pris, c’était le «Day without immigrants», ou «Journée sans immigrés». La proposition a d’abord émergé sur les réseaux sociaux, en réaction à la politique anti-immigration du président Donald Trump et aux récentes vagues d’arrestations et d’expulsions de clandestins. Le concept était simple: ce jour-là, pour marquer le coup, les immigrés vivant aux Etats-Unis, devaient rester à la maison. Ne pas travailler, ne pas ouvrir leur magasin, ne pas vaquer à leurs occupations habituelles, ne pas aller à l’école. Pour montrer à quoi ressembleraient les Etats-Unis sans immigrés.

Si certains ont, par peur, préféré ne pas se faire remarquer par leur absence, beaucoup d’autres ont joué le jeu. Ce jour-là, beaucoup de rues, dans plusieurs grandes villes du pays, étaient étrangement calmes, avec des magasins fermés. Même le Pentagone a dû informer ses employés qu’ils risquaient de devoir faire la queue plus longtemps dans les restaurants, car des enseignes comme Taco Bell ou Starbucks faisaient partie de celles qui respectaient le «Day without immigrants» et avaient donc moins d’employés actifs. Dans l’école primaire de Siler City, en Caroline du Nord, raconte le New York Times, où 65% des écoliers sont d’origine hispanique, ce sont très exactement 263 enfants sur 662 qui étaient absents jeudi dernier.

Voilà à quoi ressembleraient les Etats-Unis sans immigrés. A un bagel sans philadelphia cheese ou un hot-dog sans choucroute ni ketchup. A pas grand-chose.

Valérie de Graffenried

Valérie de Graffenried est la correspondante du Temps aux Etats-Unis.

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