Des chiens défoncés et des alligators dans les égouts

Le New York Times aime bien les animaux. Le journal a même une rubrique dédiée, «Pet City», avec des sujets plutôt originaux. Tenez, un dernier exemple, un article intitulé «The Dog is High, and It’s not Funny». High, pour défoncé. L’article évoque, de façon très scientifique, les cas d’intoxication de chiens pour cause d’ingurgitation de marijuana trouvée en promenade ou chez leur propriétaire. Selon le centre ASPCA pour la cruauté animale. les appels pour cause d’overdoses canines liées au cannabis ont augmenté de 144% entre 2010 et 2015. L’Etat de New York est particulièrement concerné, nous apprend-t-on, juste après la Californie.

Il y a un autre article qui a retenu mon attention. L’histoire des alligators qui pataugeraient avec délectation dans les égouts de New York. C’est en fait une légende urbaine. Mais l’historien Michael Miscione est passionné par cette légende, à tel point qu’il a décidé de faire du 9 février le «Jour des alligators dans les égouts». Le 9 février dernier donc, Michael Miscione a, comme il en a l’habitude, une nouvelle fois tenu une conférence dans des locaux du Queens, pour expliquer comment cette légende s’est imposée et a nourri les fantasmes les plus féconds, s’invitant jusque dans des livres et des films.

Si, sauf preuve du contraire, les alligators ne pullulent donc pas dans les égouts new-yorkais, il y a bien une histoire vraie à la base. C’était le 9 février 1935. Ce jour-là, à Harlem, un groupe d’ados attrape un alligator sous une plaque d’égout à la hauteur de la 123ème rue. Il lui mettent une corde autour du cou, le promènent dans des rues du quartier, mais finissent par le battre à mort quand le malheureux reptile commence à vouloir les mordre. Le New York Times avait relaté cette histoire à l’époque. L’alligator de Harlem n’est d’ailleurs pas tout à fait le seul à avoir provoqué quelques frayeurs aux New Yorkais. Deux autres alligators ont été retrouvés, dans le Queens, en 1995 et en 2003. Et en juin 2001, c’est un caïman qui a été attrapé en plein Central Park.

Mais revenons à notre alligator attrapé en 1935. Selon Michael Miscione, il a très bien pu se frayer un chemin depuis les Everglades pour finir son voyage dans les égouts de Harlem. Mais il n’est pas impossible non plus qu’un New Yorkais ait décidé de le ramener comme souvenir de vacances, et qu’il ait décidé de s’en débarrasser quand la bestiole est devenue trop encombrante.

L’historien évoque une troisième piste: la bête a pu arriver à New York par courrier postal. C’était possible dès le début des années 1930. Et ça l’est d’ailleurs encore aujourd’hui: un règlement stipule clairement que des bébés alligators n’excédant pas 50 centimètres peuvent être envoyés par poste.

Valérie de Graffenried

Valérie de Graffenried est la correspondante du Temps aux Etats-Unis.

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