L’urgence climatique: réduisons les émissions de CO2 immédiatement!

L’Etat d’Urgence

L’Etat de Vaud et de Genève ont décrété l’état d’urgence climatique. Ils ont compris le danger auquel nous faisons face. Pour la sécurité de la population, nous devons prendre des mesures immédiates pour arrêter le réchauffement climatique. Elles éviteront la destruction de nos villes par les intempéries et la transformation des champs et des forêts en désert. Nous avons perdu assez de temps, maintenant tout va très vite.

J’ai vécu l’Etat d’urgence en Pologne décrété en 1981 par le gouvernement communiste à la suite de manifestations populaires  démocratiques.  La télévision et le téléphone ont été coupés du jour au lendemain, la circulation automobile interdite, et nous avons marché dans la neige pour chercher mon petit frère chez mes grands-parents. Dans la rue déserte, il y avait un tank et ma mère avait peur qu’il ne tire. Mon père n’a pas été emprisonné parce qu’il avait quitté le pays deux mois auparavant.

Nous n’aimons pas l’état d’urgence ni les tanks, mais il s’agit d’une situation tout à fait différente où le danger vient des vagues de chaleur et des inondations. Les nombreuses catastrophes de cette année sur la Planète exigent des évacuations organisées, nous avons besoin d’un Etat qui agit pour assurer la sécurité des personnes.  Personnellement je passerais sur les amendes pour les mégots de cigarettes pour assurer l’essentiel.

 

Diminuer les émissions de CO2 demain

L’Etat d’urgence permet probablement d’arrêter tout trafic, de couper l’électricité et de réquisitionner des biens nécessaires pour les redistribuer. OK? Nos gouvernements modérés et vivant dans l’abondance s’en abstiendront certainement. Mais j’espère qu’ils seront à la hauteur de l’urgence.
Nous pouvons immédiatement limiter le trafic automobile en ville. Il peut être agréablement remplacé par des transports publics augmentés et si possible gratuits. Nous devons geler les développements industriels et les nouvelles constructions pour la période d’urgence avec un système d’autorisation exceptionnelle pour les vrais besoins, limiter le chauffage et l’éclairage des lieux non habités, qui pourraient facilement mieux organiser la consommation d’énergie s’ils y étaient obligés. Là, je vous laisse encore le chauffage confortable dans les habitations.

Préparer l’urgence

Que pouvons-nous faire tout de suite? Il faut prévoir des mesures d’urgence en cas d’intempérie grave (inondation ou vent destructeur), et de vague de chaleur dangereuse par la vie humaine, avec des hôpitaux et abris généreux équipés de climatisation robuste. Les pluies intenses augmentent très vite, les inondations augmentent d’année en année et 2019 en a vu plusieurs  très graves. Selon les modèles, les vagues de chaleur pourraient parfois atteindre 50°C dans la région vers la fin du siècle, ou en 2060, ou bien plus vite si l’accélération du réchauffement se confirme.
Selon moi nous avons peut-être le temps de construire ces infrastructures d’urgence mais serait vraiment bien qu’elles soient là dans trois ou cinq ans.

Une société écologique et durable

Selon le Club de Rome, une réduction du temps de travail est une des meilleures solutions pour réduire les émissions de carbone européennes. L’Etat d’urgence climatique pourrait inclure un, puis deux jours par semaine où les entreprises sont fermés. Ce temps pourrait par exemple  être consacré au recyclage, à la réparation et à la redistribution, ce qui se fait assez naturellement  dans une société moins prise par le travail.
Alternativement, il pourrait aussi inclure une mesure qui permet  à chaque employé d’obtenir une réduction du temps de travail s’il le demande dans un délai de 6 mois. L’entreprise pourrait remplacer le travail manquant par un poste à 20% ou 30% si elle le désire, ou le supprimer. L’Etat tout d’abord devrait permettre et généraliser des réductions du temps de travail.
Un travail à un petit pourcentage pourrait être très utile pour certains. Il pourrait faire une grande différence psychologique.  Il pourrait valoriser une personne en fin de droits de chômage, qui a fait des centaines de recherches d’emploi et qui s’est vu répondre des centaines de fois pendant des années que d’autres sont plus compétents, et créer un tissu social décroissant, cassant l’énorme différence de perception des personnes avec travail et sans travail.

Des emplois décroissants, à temps partiel, devraient être crées dans des domaines écologiques, plantation d’arbres, recyclage et redistribution des biens usagés, isolation des bâtiments, installation des panneaux solaires. Il est peut-être plus facile légalement de réquisitionner les employés des entreprises pour planter des arbres et faire des tâches exigées par l’urgence climatique 2 demi-journées par semaine sans changer le taux d’engagement.

Pouvons-nous aussi interdire immédiatement les publicités qui nous conditionnent à acheter des objets dont nous ne voulons pas vraiment?

Pouvons-nous faire planter des arbres dans les jardins particuliers, publics, et sur chaque mètre carré de terrain libre?

Alimentation

Des mesures en faveur de l’alimentation végane doivent aussi être prises immédiatement. Les médecins devraient établir des recommandations à ce sujet,  les régimes conseillés selon l’âge et la santé, les suppléments nécessaires à différentes catégories de végans. Mais il ne s’agit pas de rendre la population végane. Il s’agit de ne pas manger de viande ou fromage plusieurs fois par jour, de ne pas mettre de formage sur sa viande, ni de crème ni de beurre. Nous devons arrêter les excès,  et inclure aussi des repas végétaux pour une alimentation variée. Cela aurait des bénéfices contre le cholestérol et l’obésité.  Une production efficace d’aliments végans à grande échelle suffirait peut-être à leur assurer un prix modéré.  Dès qu’il est disponible, tous les lieux publics devraient offrir un plat végétal moins cher que le plat de viande.  Celle-ci nous coûte vraiment très cher, en matière de production, d’écologie et de santé publique.

Autres idées d’urgence climatique:

Le plan d’urgence climatique du Club de Rome

https://wp.me/paotXg-5Z

https://blogs.letemps.ch/dorota-retelska/2019/03/24/une-veritable-urgence/

https://blogs.letemps.ch/dorota-retelska/2019/03/13/un-plan-pour-lurgence-climatique-the-climate-mobilization/

 

Plus chaud, plus vite? Que signifie l’état du climat en 2018?

Le rapport ‘L’Etat du Climat en 2018’ de l’Organisation Météorologique Mondiale fait le point sur les changements climatiques en 2018. Il relève des nombreuses catastrophes, et une accélération des conséquences du réchauffement.

Les 4 dernières années, 2015 à 2018, ont été les années les plus chaudes sur Terre depuis le début des mesures.

L’année dernière était une année La Nina. Ce phénomène cyclique amène de l’eau froide à la surface du Pacifique. Il se produit tous les 4 à 5 ans. Les années La Nina sont généralement froides et sèches. Cependant, en 2018 les températures n’ont que peu baissé. Ce fut l’année la plus chaude pour la France , la Suisse et l’Allemagne, et des nombreuses inondations se sont produites en Californie, en Afghanistan,  en Afrique, sur la péninsule arabique, en Asie centrale et du Sud-Est, en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Japon, au Sud de l’Europe, et en Amérique du Sud (OMM).

La légère baisse de températures qui s’est produite en 2018 s’explique probablement par la Nina qui amène de l’eau froide à la surface des océans.
Cependant, les températures n’ont pas baissé autant qu’elles le font habituellement lors de ce courant froid. James Hansen, un des grands experts mondiaux du climat, considère que les températures lors de la Nina sont très prévisibles, et que les valeurs de 2018 prouvent que le réchauffement climatique s’est accéléré.

Dans ce cas, les températures pourraient monter plus vite que les prévisions du GIEC (qui supposent 1,5°C de réchauffement dès 2030). L’Organisation Météorologique Mondiale parle actuellement d’une accélération des conséquences.

Depuis, la surface des océans s’est très vite réchauffée, sa température monte très vite, dépasse tous les records. Je crois que cela présage des catastrophes météorologiques sans précédent en 2019. Par exemple, la moitié des Etats-Unis est menacée d’inondation (NOAA), ce qui causera certainement la catastrophe la plus coûteuse jusqu’à présent. Et le déluge déferle bien actuellement sur les Etats-Unis.

Une accélération du réchauffement signifierait que cette année ne sera pas une exception. Le climat changera quasiment chaque année, et apportera des catastrophes toujours plus graves. Nos vies sont en danger, et nous avons besoin d’une réponse mondiale sans précédent.

Cliquer pour accéder à Climate_Statement_2018.pdf

Une véritable urgence alors que la moitié des Etats-Unis risque l’inondation bientôt

Le Temps des catastrophes

Le cyclone Idaï vient de semer la dévastation au Mozambique, des milliers d’Autraliens ont été évacués car les cyclones Trevor et Veronica frappent  l’Australie ce weekend, porteurs d’importantes inondations et la moitié des Etats -Unis pourrait se retrouver sous les eaux ces prochaines semaines.
Chaque dixième de degré de réchauffement rend les catastrophes plus importantes et plus destructrices.
Les inondations détruisent les routes, les infrastructures, les stocks, et limitent fortement la consommation. L’effet sur l’économie pourrait être important, et des faillites pourraient de toute façon survenir.

A mon avis, l’urgence climatique, rendue nécessaire, par le dérèglement par l’Homme du climat terrestre, sera mise en place dans ce contexte et doit l’anticiper.

Nous ne devons pas nous demander, comme le fait le Club de Rome (voir blog précédent) à quelle vitesse les entreprises peuvent s’adapter. Elles ont des forts risques de faillite ou de destruction physique. Demandons nous plutôt de quoi nous avons vraiment besoin: d’aliments, d’hôpitaux, d’un corps d’aide lors des évacuations ou l’approvisionnement dans les situations d’urgence. Ces services doivent être assurés à la population autant que possible, alors qu’ils seront de plus en plus perturbés, et que l’approvisionnement deviendra aléatoire. On devrait prévoir deux solutions de remplacement pour l’approvisionnement pour remplacer les personnes blessées ou bloquées sans possibilité de déplacement.

L’urgence des catastrophes

Les personnes qui ne sont pas impliquées dans ces services essentiels pourraient rester à la maison, et leurs entreprises pourraient fermer pour la plupart ou être mises au ralenti, fonctionner une fois par semaine ou une semaine par mois. Cela implique bien sûr d’un ralentissement considérable de l’économie, mais plus elle ralentira vite, moins nous essuierons de tempêtes meurtrières, ce qui justifie ce type de mesures exceptionnelles.

Les objets existants dans le pays seraient redistribués dans des circuits de deuxième-main, les vendeuses pourraient aider à les rendre attractifs.

Pour sauver les vies de nos enfants, ces décisions deviennent évidentes.

Un des plans d’urgence climatique, de THE Climate Mobilization (voir blog à ce sujet), s’inspire de l’organisation mise en place par l’Angleterre pendant la deuxième guerre mondiale.
A ce moment-là, on ne parlait pas de crise économique, il y avait des problèmes plus graves, et certains pays tels que l’Angleterre ou les Etats-Unis ont pu maintenir un fonctionnement organisé du pays. Il faudrait assurer l’alimentation, le logement, ajourner ou subventionner le paiement des loyers et des crédits immobiliers, le fonctionnement des services médicaux, l’agriculture. Dans cette situation, Les transports et la production d’énergie pourraient en fait être immédiatement réduits plusieurs fois par rapport à la situation actuelle.

Nous devons nous atteler à un revenu minimum ou à des distributions de nourriture, et à des solutions pour assurer le logement pour les périodes d’urgence climatique, nous ne voulons pas d’hordes de sans-abris dans les villes ni de boat-poeple intérieurs dérivant dans les inondations.
Pour la période de l’état d’urgence, on pourrait peut-être suspendre le paiement des loyers et des prêts immobiliers, ou assurer un chômage technique/ revenu minimum suffisant à le payer (Image par Leroy_Skalstad de Pixabay).

Le prix de l’immobilier pourrait aussi subir des variations importantes à mesure que les inondations se répanderont sur la Planète, les compagnies d’assurance n’arriveront peut-être pas à couvrir tous les dégâts, un rapport de l’ONU estimait que le compagnies d’assurance anglaises ne sont déjà plus solvables face aux catastrophes annoncées.

Après il faudrait surtout assurer une production agricole suffisante et la quantité d’énergie nécessaire à un fonctionnement réduit du pays, semblable au dimanche.

Nous n’avons pas besoin de construire de nouveaux bâtiments. Si nous construisons encore, les nouvelles constructions devraient alors être à l’épreuve du climat, et aujourd’hui quasiment rien ne remplit ces critères.
Nous pouvons nous satisfaire d’habits et de meubles d’occasion pendant quelques années, les organisations humanitaires se plaignent de quantités astronomiques d’habits qui s’amoncellent sur la planète. Après, comme vous serez de toute façon à la maison, invitez vos voisins à un souper végan.

C’est une journée magnifique aujourd’hui, et rien de ce que j’écris ne me semble réel en cette belle journée de printemps.
Pourtant, aujourd’hui, les Etats-Unis sont déjà  perturbés par les inondations.
La Suisse est un peu moins exposée, mais rien n’est vraiment à l’abri du climat, et nous devons nous préparer à l’avance.
Rappelons-nous que le vrai visage du réchauffement climatique, c’est celui de la ville de Beira, détruite à 80% la semaine passée.
Essayons d’éviter ça chez nous. C’est le combat de notre siècle.

http:://edition.cnn.com/2019/03/21/us/us-flooding-spring-noaa-outlook-wxc/index.html

Un plan pour l’Urgence climatique – the Climate Mobilization

Le réchauffement climatique est de plus en plus dangereux, nous avons environ 12 ans, enfin maintenant 11 pour le maîtriser, si nous avons tout prévu et bien calculé.

Le plus sûr serait de réduire mes émissions de carbone vite, car si nous tardons trop le climat pourrait se déchaîner, et le catastrophes climatiques pourraient détruire nos villes, saccager notre agriculture et nous confiner à des abris.

Des mesures d’urgence climatique, sans sang ni larmes, pourraient nous permettre de stabiliser le climat rapidement et d’assurer la sécurité de la population. Elles sont justifiées par le péril climatique.

Un des plans pour y parvenir, celui de THE Climate Mobilization, dont certains éléments sont repris dans l’actuel projet de Green New Deal des démocrates américains, demande l’arrêt des émissions de carbone en 2025 -2030.

Il propose:

– la création d’un Ministère de l’alimentation, de la Santé et du Bien-être
– un rationnement des produits polluants, dont l’achat serait débité sur une carte de crédit. Les rations non utilisées pourraient être revendues à l’Etat qui les éliminerait.
– un passage rapide, prioritaire aux énergies renouvelables
– le développement des bus et des trains
– la réduction de la consommation de viande de moitié avant 2025
– la création de jardins urbains et le passage à l’agriculture biologique
– le plein emploi assuré par le gouvernement.
– la mobilisation de l’armée contre le changement climatique
– un effort d’urgence pour la gestion des forêts

Les auteurs proposent aussi de limiter l’épuisement des ressources (en arrêtant la croissance de la population, en éliminant le consumérisme et l’obsolescence programmée, en réduisant l’utilisation des ressources naturelles et en mettant de côté la moitié des terres et des océans).

Ils suggèrent de créer des parcs nationaux pour éviter la 6ème extinction qui menace les espèces vivantes et  d’adopter la ‘demie-Terre ‘conseillée par Wilson, où la moitié de la Planète deviendrait une réserve naturelle ou des corridors entre les réserves. Cela permettrait les migrations des espèces lors d’un bouleversement climatique.

 

Ce Plan pour la Victoire’, rédigé par Ezra Silk de Climate Mobilization, fait référence à plusieurs reprises aux efforts de rationnement de viande et d’essence, aux jardins de la victoire et aux mesures de plein emploi entrepris par les Etats-Unis pendant la Deuxième Mondiale et s’en inspire largement. Il prend la mesure de la gravité de la situation climatique, comparable à une guerre mondiale, et propose des solutions qui pourraient y remédier. Il propose aussi ‘de se poser calmement’ la question du geoengeneering.

Personnellement je pense que les aliments végan pourraient être très bon marché, et popularisés ainsi. Je leur ai suggéré de subventionner un burger végan moins cher à côté des traditionnels, les produits végan pourraient vraiment être fabriqués à très bon marché.

Chacun devrait obtenir un conseil personnalisé médical ou nutritionnel au sujet de l’alimentation végan ou mixte. En général nous mangeons trop de viande.

Les vendeuses de confection pourraient revendre des habits de 2ème main, les spécialistes du marketing seraient utilement occupés à communiquer les nouvelles mesures, des nombreux postes de travail seraient utiles dans le recyclage.

https://www.theclimatemobilization.org/

https://drive.google.com/file/d/0Bze7GXvI3ywrSGxYWDVXM3hVUm8/view

Créons des réserves alimentaires planétaires!

Les dernières années de chaleur record ont apporté des sécheresses, des inondations, et des vagues de chaleur partout sur la Terre.

L’année la plus chaude, 2016, a causé une immense famine dans le Sud de l’Afrique, et les sécheresses ont détruit les récoltes du Brésil, de la Bolivie, et du Paraguay. La production de toute l’Amérique du Sud a diminué.

Ces catastrophes vont s’intensifier, et le cycle des saisons changera. Des vagues de chaleur inhabituelles, de plus en plus fortes, apparaîtront au printemps, en été ou en automne. Elles pourraient perturber gravement les cultures alimentaires.

L’agriculture dépend du cycle des saisons. De nombreuses conditions doivent être réunies pour que les plantes arrivent à maturité.

Les récoltes de blé sont compromises si les températures dépassent 30°C au printemps. Les arbres fruitiers ne donnent pas de fruits s’ils fleurissent en automne ou en hiver, et qu’une gelée survient après. De nombreuses autres perturbations peuvent interrompre le cycle vital des végétaux.

En 2018, le rendement de blé russe et canadien était réduit par la chaleur et la sécheresse dans ces pays habituellement froids (Bloomberg), l’Australie frappée par la sécheresse a perdu 15% de ses récoltes (FAO).

Les catastrophes climatiques vont s’amplifier, et pourraient faire échouer les cultures alimentaires dans des vastes territoires. La mer monte et s’infiltre dans  les terres fertiles du delta du Nil et du Mékong, si bien que l’agriculture pourrait bientôt devenir difficile dans ces régions.

Le Futur pourrait apporter des pénuries alimentaires qui ont des conséquences très graves. Elles causent la malnutrition, des migrations, la spéculation, des émeutes, des guerres.
Elles iront en s’aggravant, et des populations de plus en plus importantes, des pays entiers, pourraient être exposées à des famines.

La production alimentaire mondiale est assez proche de la consommation annuelle. L’année prochaine, l’Humanité disposera probablement de trois mois de réserves alimentaires. C’est très insuffisant.  Si la moitié de cultures sur la Planète avorte cette année, si en été 2025 il n’y a pas de récolte de blé dans l’hémisphère Nord, il y aura moins de nourriture que l’année passée.

Nous vivons dans une précarité alimentaire étonnante, alors que les réserves planétaires de T-shirts bleus suffiraient probablement pour plusieurs années, et que nous pouvons facilement porter une autre couleur. Cette insécurité engendre la spéculation alimentaire, les prix des denrées de base augmentent lors des mauvaises récoltes, et provoquent des émeutes de la faim.

Nous devons nous préparer à l’aggravation du réchauffement en augmentant les réserves alimentaires.

Nous pourrions augmenter progressivement les stocks. Pour être le plus cohérent possible, nos dirigeants pourraient commander aux paysans locaux une quantité suffisante d’aliments de base, des céréales, des lentilles, du soja, de noix à la condition qu’ils soient produits de façon écologique, qu’ils entraînent peu d’émissions de CO2, ou en agriculture CO2-, ie en captant du carbone.

J’ignore sciemment le fait que les cultures alimentaires émettent actuellement du CO2, essentiellement à cause de l’usage d’engrais de synthèse et du transport. Elles ne devraient pas émettre du CO2, mais en capter.

Les céréales et les lentilles contiennent beaucoup de carbone, nous pourrions idéalement capter le carbone atmosphérique et l’entreposer en réserves alimentaires. Des stocks d’aliments pour dix ans capteraient en fait une proportion du carbone atmosphérique, de l’ordre d’un centième peut-être, et contribueraient aussi à stabiliser le climat. On pourrait multiplier cet effet en sauvegardant les autres parties des plantes cultivées. Surtout, nous éviterions des graves pénuries et des famines.

Si le changement climatique s’accélère, nous pourrons sûrement cultiver ici des aliments exotiques, comme les pêches, les bananes ou les ananas, et nos aliments actuels appartiendront au passé.  L’avenir sera hasardeux, difficile à planifier. Nous pouvons nous y préparer au moins partiellement.

Nos dirigeants pourraient commander aux agriculteurs l’équivalent des besoins annuels de céréales et de lentilles si bien qu’en dix ans, si tout va bien, les réserves représenteront dix ans de nourriture. Si nous économisons 50% de la consommation annuelle, alors nous atteindrons dix ans de réserves alimentaires en vingt ans.  Une partie de ces récoltes est peut-être déjà produite et gaspillée, la surproduction d’années exceptionnelles, comme les tomates de l’été passée, pourrait être rachetée, séchée, et entreposée. Ainsi, en cas d’aggravation soudaine du climat, nous pourrons réagir et nourrir la population.

En cas de problèmes d’approvisionnement local ou de catastrophe planétaire, ces réserves pourraient être écoulées sous forme de nuggets ou saucisses végétariennes, shakes de protéines, cordon-bleu, ou autres préparations populaires.

En cas de famine lointaine, elles pourraient peut-être être données aux populations qui en ont besoin. A tout le moins, elles limiteraient la spéculation qui fait flamber les prix des aliments, avec des conséquences dramatiques et éviteraient des nombreux drames humains, tels des enfants handicapés de malnutrition.

Il faudrait bien sûr veiller à ce que ces cultures ne provoquent pas d’émissions de carbone, et à ne pas déboiser, et à continuer à reforester et à récreer le sol fertile qui constitue la plus grande réserve terrestre de carbone.

Nous entrons dans une période de turbulences, à plusieurs inconnues. Nous devons nous y préparer et prévoir l’essentiel pour cette période troublée. Si nous faisons preuve d’ouverture, nous trouverons de nombreuses solutions.

Le climat pourrait changer très vite

Le GIEC prévoit qu’à 1,5°C de réchauffement, la Terre subira plus de vagues de chaleur, d’ouragans et d’inondations. Les températures en Suisse seront alors d’à peu près 3°C plus élevées qu’au 19ème siècle, mais les vagues de chaleur pourraient être plus importantes. D’après le GIEC, cela pourrait se produire aux alentours de 2030. Cependant, plusieurs voix s’élèvent pour annoncer que le changement s’accélère, et que ce seuil pourrait être franchi plus tôt, ces prochaines années déjà.

Nous avons vraiment intérêt à prévoir la vitesse du réchauffement climatique. Cela nous dira quel climat régnera dans cent ans, et probablement même dans dix ans dans nos régions et sur toute la Planète.  Nous pourrons ainsi prévoir quelles cultures alimentaires seront possibles, ou devront être adaptées. Il est très utile aussi de prévoir les vagues de chaleur et les pluies dangereuses qui atteindront des niveaux de catastrophe naturelle, et lors desquelles nous devrons probablement éviter les déplacements, ou serons amenés à évacuer les habitants de villages ou de villes.

Les températures varient naturellement d’année en année. Les années El Nino, quand un courant chaud baigne l’Ouest de l’Amérique du Sud, sont généralement plus chaudes, et le courant froid la Nina entraîne des années plus froides.

La dernière estimation de la température terrestre par le GIEC portait sur les années 2006-2015. Elle n’incluait pas l’année 2016,  la plus chaude jusqu’à présent, dans le calcul du réchauffement. Cette année a peut-être été considérée comme une anomalie, et non pas comme un signe d’un changement sur la Planète. Je crois que c’était une mauvaise décision, et que le GIEC sous-estime ainsi le réchauffement climatique.

James Hansen, un des experts mondiaux du climat, considère que les années La Nina sont moins variables, et constituent un moyen fiable de mesurer le réchauffement terrestre. Ainsi, l’année 2017, aurait dû être plus fraîche. En réalité, les températures ont peu baissé, cette année La Nina était beaucoup plus chaude que la précédente. Pour cette raison, James Hansen estime que le réchauffement a accéléré. Le seuil d’1,5°C pourrait être atteint plus vite.

D’autres scientifiques s’attendent à une accélération du réchauffement pour des raisons différentes. La Planète subit des graves sécheresses. De nombreuses plantes et d’autres organismes meurent alors, ou grandissent beaucoup moins, et le carbone qui les constitue est perdu dans l’atmosphère. Le sol qui se dessèche perd aussi beaucoup de carbone et d’organismes vivants. Alors, l’effet de serre augmente et le réchauffement aussi. Dans un rapport à l’ONU au début de cette année, le Climate Institute prévoit un réchauffement rapide ces prochains dix ans et par la suite.

Si l’accélération du réchauffement se confirme, nous pourrions être exposés à des vagues de chaleur de plusieurs degrés plus élevées, dangereuses, des inondations plus importantes, des tempêtes très fortes, des sécheresses, des avalanches de grêle, au cours des dix prochaines années déjà. Les jours de catastrophe naturelle, de couvre-feu ou d’évacuation, et les ruptures d’approvisionnement deviendront plus fréquents.

Si cela allait plus vite, chaque année pourrait apporter un climat nouveau, des nouveaux événements météorologiques, et nous devrions, nous devrons je crois, corriger en continu les pratiques agricoles en fonction du changement climatique.

Le réchauffement pourrait atteindre 1,5°C en 2030 ou même avant. Nous sommes par contre certains qu’il fera de plus en plus chaud sur la Planète, et que les tempêtes et catastrophes se produiront de plus en plus souvent, et seront de plus en plus graves. D’importantes mesures pour le climat doivent être prises pour éviter des morts de chaleur, de catastrophes, de sous-alimentation, et la destruction progressive de notre civilisation.  Les bouleversements climatiques ne s’arrêteront que lorsque nous aurons maîtrisé le CO2 dans l’atmosphère.

Ne construisons plus rien! Demain, le climat sapera nos villes, nos bâtiments, et nos infrastructures.

Le réchauffement climatique provoque déjà des catastrophes destructrices. Les pluies et neiges de l’hiver passé ont causé des nombreux glissements de terrain en Suisse, et en juin la ville de Lausanne a subi une inondation. Ces intempéries ont provoqué des dégâts coûteux. Tous les jours, des événements semblables ou plus graves frappent la Planète, et les coûts des catastrophes climatiques sont très élevés. Selon le dernier rapport du GIEC, les trois-quarts des Européens seront exposés aux inondations quand le réchauffement atteindra 1,5°C.
Cela pourrait se produire dès 2030, certains experts s’attendent à ce que ce seuil soit même franchi plus tôt.
Les pluies intenses, qui se renforcent très vite ces dernières années, augmenteront encore, et provoqueront des nombreuses inondations et des glissements de terrain, qui toucheront une grande partie de nos constructions.

Je suis saisie d’un sentiment d’irréalité quand je vois des nouveaux bâtiments s’élever partout, et des ouvriers apportant des améliorations cosmétiques aux routes qui n’ont pas encore subi de glissement de terrain, et qui seront probablement détériorées bientôt.

Nous devrions revoir tous les permis de construire à la lumière du rapport du GIEC, et du risque d’inondation généralisé qui nous menace.

Actuellement, celles-ci atteignent environ un mètre, s’infiltrent dans les caves et les métros, et causent des dégâts matériels importants et des interruptions de trafic. Lorsque le volume d’eau augmente, des torrents furieux dévalent les rues, emportent les voitures, deviennent très dangereux et sapent les bâtiments qui parfois s’écroulent.

Les glissements de terrain causent aussi des dégâts matériels importants, et sont difficilement prévisibles. Les plus grands glissements de terrain de l’Histoire de la Terre ont atteint des dizaines de kilomètres. Les changements que nous imposons à la Planète pourraient bien déstabiliser le terrain et favoriser ce type d’événements.

Nous devons adapter les normes de construction en prévision du changement climatique, interdire la construction de bâtiments vulnérables aux aléas climatiques et nous atteler à sécuriser l’énorme part du bâti mise en péril par le réchauffement.

Nous sommes entrés dans l’Anthropocène, époque géologique créée par l’Homme, différente de celle dans laquelle nous avons vécu la majorité de nos vies. Nous sommes quasiment sur une Planète inconnue, et désormais nous nous heurterons à des problèmes totalement différents du passé.

Même si nous définissons des critères de construction compatibles avec le changement climatique, il pourrait s’avérer inutile de planifier des nouveaux centres commerciaux alors que les chaînes de production des marchandises et les transports seront de plus en plus souvent perturbés. L’accumulation des désastres aura des conséquences très sérieuses pour l’économie mondiale.

Je propose plusieurs questions auxquelles il faut s’atteler de toute urgence. Il serait peut-être judicieux de considérer aussi les risques pour 2°C.

  • Quelle part du bâti est à l’abri des catastrophes?
  • Allons-nous naïvement reconstruire les infrastructures touchées ou allons-nous les abandonner sachant que de plus graves inondations viendront?
  • Pouvons-nous creuser de généreux canaux d’évacuation  pour permettre l’écoulement des pluies?
  • Y a-t-il a un moyen de sécuriser les montagnes contre les glissements de terrain?
  • Que pouvons -nous faire immédiatement pour limiter les catastrophes climatiques?