La Ligne Claire

La figure du Roi

« Qu’ils mangent de la brioche ». Cette anecdote, attribuée sans doute faussement à Marie-Antoinette, est censée illustrer la distance qui sépare l’aristocratie (les élites d’alors) du peuple, ceux qui goûtent de la brioche de ceux qui se nourrissent de pain. De nos jours, à la brioche et au pain, on peut substituer l’essence et le diesel, remplacer les bonnets phrygiens par des gilets jaunes et donc poser à nouveau la question de l’attitude qu’il convient au roi d’adopter.

La Ligne Claire est d’avis qu’en tout premier lieu, la royauté oblige mais aussi que cette obligation exige une certaine distance. A cet égard François Hollande s’est égaré lorsqu’il déclarait vouloir être un président normal, ce qui allait l’exposer à un ridicule qui plus jamais n’allait le quitter. Résolu à ne pas commettre la même erreur, Emmanuel Macron s’est attaché à conférer à nouveau de la dignité à la fonction présidentielle mais à la façon d’un bourgeois qui fait irruption dans les salons de la noblesse, résolu à prendre de la hauteur mais rapidement perçu comme hautain.

De cette juste tension entre la proximité et la distance naît la figure du bon roi, celui qui se soucie de son peuple et porte son fardeau. Citons à ce propos sainte Elisabeth de Hongrie qui, devenue veuve, s’est consacrée à nourrir les pauvres et, plus près de nous, le roi Baudouin qui un jour s’était dépouillé de son manteau pour en revêtir une victime d’une inondation. Charles de Gaulle, monarque républicain, savait lui aussi allier la modestie de son train de vie personnel à la grandeur de sa fonction.

A cette exigence de proximité avec le peuple s’ajoute celle de la justice. Louis IX et Henri IV incarnent cette exigence pour avoir l’un rendu la justice et l’autre rétabli la paix confessionnelle qui, il y a quatre siècles, tenait lieu d’ordre public.

Enfin, le roi doit dire le vrai. Le 13 mai 1940, trois jours après le déclenchement de l’attaque allemande, fraîchement nommé premier ministre, Winston Churchill prononce à la Chambre des Communes l’un des plus célèbres de ses discours où il ne promettait que « du sang, du labeur, des larmes et de la sueur ». Parce que la vérité rend libre, Churchill sut persuader le pays tout entier non seulement de tenir bon mais de livrer bataille à l’heure la plus critique de son histoire.

Souci de la vérité, charité et humilité, recherche de l’élégance alliée au rejet du luxe, témoignage d’une certaine grandeur et enfin incarnation d’une forme de spiritualité, voilà ce qui fait la figure du Roi, dont La Ligne Claire n’est pas loin de penser qu’il faille un vrai roi pour l’exercer.

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