Mr. Obama soigne son image

C'est le mois d’août et les rédactions – ritournelle estivale récurrente – pédalent dans la choucroute pour trouver des sujets accrocheurs. A défaut d’être intellectuellement inspirants. Entre les moustiques-tigres érigés en menace terroriste pan-européenne et la chute de robe (et de reins) de Toni Braxton, le lecteur alangui à Préverenges Beach ou Loèche-les-Bains-de-pieds ne risque pas le claquage de neurones.

Mais depuis hier, LE SUJET, c’est Sunny. Non, pas Sonny, aka James Crockett, aka Don Johnson de Miami Vice ! Ni la célébrissime chanson éponyme du cultissime groupe germano-jamaïco-antillais Boney M. Le Sunny qui nous intéresse gambade à quatre pattes dans la Maison Blanche, privilège jusqu’alors réservé à Bo, son accolyte canin aux identiques origines lusitaniennes.

On se souvient du retentissement mondial de l’annonce faite lors de l’adoption de Bo par la famille présidentielle. Les rédactions de la planète entière avaient offert une visibilité extraordinaire à cette soudaine extension familiale. Il faut dire qu’il était craquant, le petit Bo, avec son noir pelage agrémenté d’un plastron et de pattes ivoire.

Les animaux de compagnie sont une tradition dans le bureau ovale. La palme revient à Theodore Roosevelt, avec son incroyable ménagerie développée au fil de ses années de présidence. Plus près de nous, personne n’a oublié le chat Socks – paix à son âme -, le félin de Bill Clinton dont la célébrité était au moins égale à celle d’une certaine robe maculée. Souvenons-nous aussi de Baltique, le labrador de François Mitterrand qui soulignait la « force tranquille » dont l’ancien Président tricolore avait fait sa marque de fabrique.

Un journaliste du Matin me demandait si l’on devait voir derrière ces opérations canines le résultat de stratégies de communication savamment concoctées. Clairement oui. En adoptant Bo, un chien « hypoallergénique » convenant parfaitement à sa fille sensible, Barack Obama gagnait des points dans les cœurs américains, renforçant encore son image de père de famille aimant. D'une manière générale, il a toujours multiplié les efforts pour se montrer humain, proche de ses électeurs, semblable à eux jusque dans leur intimité familiale. Admirez le tableau: à ses côtés, il y a sa femme Michelle, une First Lady de tête, pleine d’humour et complice; leurs deux filles rayonnantes, bien dans leur peau d'adolescentes; et les deux chiens batifolant gaiement au cœur du pouvoir présidentiel. Que de belles images entourant un Président accessible, aux valeurs saines et largement partagées. Bo et Sunny ne sont pas une stratégie de communication à eux seuls, mais ils apportent leur contribution à une campagne d’image permanente et éminemment efficace.

Un petit bémol tout de même : expliquez-moi comment le Président de la superpuissance américaine trouve le temps de promener chaque jour ses adorables boules de poils! Un chien d’eau portugais requiert au moins trois balades quotidiennes, correspondant à une heure et demie, voire deux heures d’exercice en plein air. De là à affirmer que Bo et Sunny n’accompagnent le Président que pour les photos officielles, il y a un pas que vous franchirez si le cœur ou la raison vous en dit. Au cas où le pot aux roses devait être découvert, Barack pourrait toujours solliciter une tribune chez Oprah Winfrey, pour faire amende honorable et promettre de promener ses chiens lui-même. Pendant sa retraite.

Daniel Herrera

Daniel Herrera a été responsable des relations publiques de Nestlé Suisse, puis DirCom de la BCV, de l’America’s Cup, de Romande Energie et de Kudelski. Il a fondé et dirigé YJOO Communications Lausanne de fin 2011 jusqu’à mai 2014 et il est responsable de la communication institutionnelle du Groupe Assura depuis juin 2015. Ses dadas: accompagnement du changement, relations médias, événementiel et communication de crise.