Parmelin et Mourinho, même combat?

N'étant proche d’aucun parti, je me sens à l'aise pour le dire: la condescendance irrespectueuse avec laquelle certains commentateurs ont accompagné l'élection de Guy Parmelin au gouvernement me paraît d'une affligeante obscénité. Que l’on apprécie ou non le personnage et ses idées.

Le respect des institutions et de leur fonctionnement invite, me semble-t-il, à davantage de décence lorsqu’il s’agit d’en analyser l’un des événements les plus déterminants. Il est évidemment légitime d'avoir des doutes et de les exprimer, mais l'élégance dans la forme ne dessert pas forcément le propos. L’élection d’un Conseiller fédéral souffre-t-elle d’être traitée, dans les médias, de la même manière que la nomination de José Mourinho à la tête de tel ou tel club de football ? Je ne parle même pas des attaques, outre-Sarine, portant sur le rythme du lever de coude de l’agriculteur-viticulteur de Bursins, mais bien des piques acerbes lancées par certains éditorialistes lémaniques. Aucun besoin de les nommer, ils se reconnaitront dans ces lignes.

Par ailleurs – et ces mêmes commentateurs le savent parfaitement bien -, l'alchimie qui permet à un exécutif de bien fonctionner est largement plus complexe que la simple addition des parcours, des prises de position passées et des compétences supposées des uns et des autres. Pour reprendre l’analogie footballistique, une équipe formée de cinq Lionel Messi et cinq Cristiano Ronaldo a peu de chances de gagner la Ligue des Champions. Mais il est clair que les médias aiment moins parler de Sergio Busquets ou de Casemiro, au profil bien plus discret, même si leur rôle est déterminant dans le succès de leur équipe respective.

Sans oublier que les individus endossant l’habit de ministre évoluent inévitablement, au fil de leur mandat, portés par la dimension de leur charge. Pour rappel, l’élection de Jean-Pascal Delamuraz, en 1984, n’avait guère suscité d’enthousiasme parmi les observateurs avisés de l’époque. Lorsqu’il se retira en 1998, rares étaient ceux qui n’avaient pas changé d’avis.

Le Parlement a-t-il fait le bon choix hier? Seuls les clones actuels de Madame Soleil ont la réponse. Mais certainement pas ceux qui jugent avant de voir. #cf2015

Daniel Herrera

Daniel Herrera a été responsable des relations publiques de Nestlé Suisse, puis DirCom de la BCV, de l’America’s Cup, de Romande Energie et de Kudelski. Il a fondé et dirigé YJOO Communications Lausanne de fin 2011 jusqu’à mai 2014 et il est responsable de la communication institutionnelle du Groupe Assura depuis juin 2015. Ses dadas: accompagnement du changement, relations médias, événementiel et communication de crise.