Hey, Ferrero, pas touche à mon année 1964 !

1964 fut une année merveilleuse ! Passons sur l’Exposition Nationale et le 3e titre de Champion de Suisse de football du FC La Chaux-de-Fonds (si, si !). Cette année magique a surtout vu la naissance, dans le désordre, de Béatrice Dalle, Nicolas Cage, Albert Dupontel, Juliette Binoche, Valérie Lemercier, Neneh Cherry, Raphaël Mezrahi (revoyez l’interview de Lambert Wilson, irrésistible !), Russel Crowe, Isabelle Marie Anne de Truchis de Varenne (dite Zazie), Rocco Siffredi, Lenny Kravitz, Dan Brown, Miguel Indurain, Mats Wilander, Keanu Reeves, Benoît Poelvoorde et Monica Bellucci. Rien que ça ! Plus près de nous : Jakob Hlasek, Pierre Kohler, Ruth Metzler, Vincent Perez, Pascal Richard, Christophe Passer et votre très honoré serviteur ont poussé leur premier cri – très mélodique – en cet an d’exception.  Certainement inspirée par tant de beauté et de talent désormais libérés sur la planète, la société piémontaise Ferrero créa le 20 avril 1964 la marque Nutella.

Les géniteurs de la plus célèbre pâte à tartiner du monde – désolé pour Le Parfait  ou le Cenovis – endossent dès lors une responsabilité morale considérable : ils se doivent de maintenir la marque au plus haut niveau de respectabilité en hommage à ses illustres contemporains. Force est de constater que le défi est de taille depuis quelque temps. Après l’épisode de l’huile de palme, voilà qu’on reproche aujourd’hui à Nutella de vouloir fermer un site entièrement dédié à son culte. M’enfin !  Ferrero a parfaitement le droit d’interdire à ses fans de parler de Nutella, même s’ils en font l’apologie ! Et surtout sur les réseaux sociaux, dont on connait la difficulté à maîtriser les dérives et à vérifier les réels bénéficiaires comptables cachés derrière les innocentes discussions en ligne. C’est une manière de voir les choses.

C'est précisément parce que ledit site profite de la notoriété de la marque sans payer les royalties de circonstance que Ferrero voulait le fermer. Et là, on ne comprend plus. Le World Nutella Day  – c’est autour de ce concept que Sara Rosso a lancé son site Internet, sa page Facebook et son compte Twitter – est devenu une institution regroupant des dizaines de milliers de fans dans le monde. Plus de 47'000 sur la seule page Facebook. Il s’agit là d’une publicité non négligeable, gratuite de surcroît, que Ferrero a voulu éliminer pour faire respecter sa propriété intellectuelle (logo et marque).

Amis soixante-quatriens, réagissons ! Montrons-nous solidaires de la plus palmée de nos contemporaines et exigeons des dirigeants de Ferrero qu’ils reviennent à la raison ! Ah, attendez ! Google Alert m’avertit qu’un arrangement a été trouvé entre Madame Rosso et le chocolatier italien, suite à la pression populaire en ligne. Ouf ! Le Nutella Day continuera d’exister, la réputation de notre année est sauve.

Au-delà de l’anecdote, cet épisode souligne – si besoin est – combien il est devenu impossible, voire dangereux, d’appliquer aux réseaux sociaux la même logique que celle prévalant dans l’économie dite réelle. L’univers dans lequel les marques évoluent est protéiforme et elles doivent absolument s’adapter à cette nouvelle réalité, sous peine de subir les foudres répétées de la Communauté.

Mariage pas cher, mon frère !

Selon le site Bridal Brokerage, un mariage coûte en moyenne 28'000 dollars aux Etats-Unis. Toujours selon ce site, ce ne sont pas moins de 250'000 mariages US qui sont annulés chaque année, juste avant la célébration prévue et en partie pré-payée. Cela représente quelque 700 millions de dollars potentiellement encaissés par des prestataires de services alors qu'ils n'auront pas à fournir les services en question. La nature humaine détestant le vide, les opportunistes de Bridal Brokerage ont décidé de proposer une sorte de troc en ligne : ils mettent en relation les couples en instance de mariage et ceux en instance de séparation pré-maritale, pour que les premiers achètent aux seconds l'organisation clé en mains de leur mariage avorté (vous me suivez?). Avec une réduction de 20 à 40% à la clé. Une aubaine pour les amoureux les moins fortunés ou pour les hyper-pressés ! Il va de soi que les intéressés doivent accepter quelques contraintes, notamment le lieu ou la date forcément imposés par les prestataires: musiciens, traiteurs, salles de fêtes, etc.

Le concept semble bien fonctionner ou, du moins, il a suscité un intérêt marqué de la part des médias nord-américains. Décryptage: comme nous le répétons souvent à nos clients ou à nos partenaires, la notion d'originalité est essentielle si l'on espère susciter l'intérêt des médias. En ajoutant un soupçon de malheur humain (la séparation pré-maritale) pimenté de cynisme commercial ricain (le troc en ligne opportuniste), on est certain d'obtenir une visibilité médiatique maximale. En l'occurrence, Bridal Brokerage a créé un marché et mis en évidence une réalité économique probablement méconnue: celle des mariages avortés et du gaspillage financier y relatif. On pourra discutailler longtemps au sujet de la moralité de la démarche, mais cela ne nous regarde pas. N'est-ce pas?

 

Dis, Monsieur, tu me dessines un Doodle?

Avez-vous cliqué sur le Doodle du jour (à découvrir impérativement avec le son), en ce mercredi 8 mai de l'an de grâce 2013? Pour rappel, un Doodle n'est pas seulement l'expression moderne et en ligne du rendez-vous lancé à un groupe d'amis ou de contacts professionnels. Ce sont aussi ces courtes animations dont Google nous gratifie à un rythme irrégulier, en fonction de l'actualité célébrée par des créatifs aux styles variés et souvent surprenants.

Aujourd'hui, c'est Saul Bass qui est à l'honneur. Ce graphiste new-yorkais né le 8 mai 1920, décédé en 1996, a marqué de sa patte bon nombre de films célèbres en réalisant des affiches ou des génériques qui ont contribué grandement à leur renommée. On pense à West Side Story, Spartacus, Psychose, Vertigo, Casino ou encore Les Affranchis et la Guerre des Rose. Le signe distinctif de Saul Bass était sa capacité à synthétiser dans un symbole graphique fort – repris sur l'affiche ou dans le générique – l'essentiel du film sur lequel il travaillait.

Le Doodle d'aujourd'hui a ceci de remarquable qu'il parvient lui aussi à concentrer, en une minute trente, les quarante ans de travail du génial Saul Bass.

Pour se remémorer les Doodle créés depuis 1998, la firme de Mountain View tient à jour un "Musée virtuel" qui mérite le détour.

Faites l’humour, pas la guerre

"Tu crois qu'ils vont un jour arrêter de se faire la guerre?", demande-t-il sur un ton calme. "Je ne sais pas, je crois qu'ils aiment bien se battre", répond sa collègue avec le même air vaguement moqueur. Tout en pianotant sur leur Nokia Windows Phone, les deux serveurs observent une bataille grand-guignolesque opposant des accros d'iPhones enragés à des inconditionnels de Samsung tout aussi belliqueux. En l'occurrence, les deux groupes sont invités à un mariage interrompu par ladite bataille. A travers ce spot et alors que le combat entre Apple et Samsung bat son plein sur le plan légal, Nokia et Microsoft tournent cet affrontement en dérision et se positionnent de manière pertinente. Ce coup publicitaire plutôt réussi permettra-t-il à l'outsider de combler quelque peu son retard par rapport à l'avance prise par les deux géants du smartphone ? Le dernier mot, comme d'habitude, appartiendra aux consommateurs. Et en matière de smartphones, les préférences semblent déjà bien établies.