Des entreprises «vaccinées»?

Dimanche dernier dans le SonntagsBlick, Alain Berset a demandé aux entreprises suisses de “s’engager davantage” dans la campagne de vaccination contre le coronavirus, regrettant un certain retard comparativement aux pays voisins. Que le Conseil fédéral cherche des moyens pour relancer les vaccinations est normal bien sûr – et nécessaire ! -, mais la Confédération, les cantons et le tissu économique n’ont toutefois pas les mêmes responsabilités en la matière.

Depuis le début de la crise sanitaire, les associations économiques se sont engagées afin que les mesures les plus adaptées soient adoptées par les autorités, puis implémentées au sein des entreprises. En amont de la mise à disposition des vaccins, la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie a par exemple proactivement fait le nécessaire – en janvier 2021 déjà – pour transmettre au Canton la liste des entreprises de plus de 100 collaborateurs intéressées à participer à la vaccination, dès que cela serait possible. Dans les faits, ce n’est donc pas l’engagement du tissu économique qui a pêché, mais bien l’approvisionnement, les difficultés logistiques et la mise en place des protocoles au niveau fédéral et cantonal. Quant aux options privilégiées par les autorités dans toute la première phase de vaccination, elles impliquaient uniquement « à la marge » les entreprises. Ce choix n’était pas celui de ces dernières.

A chaque acteur son rôle

Pour la santé de tous comme pour la reprise des activités économiques, il faut atteindre l’immunité collective. Les acteurs économiques en ont bien conscience et ne cessent d’ailleurs de relayer ce message depuis la mise à disposition des vaccins. A l’intérieur des entreprises, les collaborateurs ont également été largement informés. Mais jusqu’à quel point un employeur peut-il promouvoir la vaccination sans « contraindre » ? Les associations économiques ont encouragé leurs membres à tout mettre en œuvre afin de la faciliter, mais aussi à inviter leurs collaborateurs à se faire vacciner. Cela nous semble être leur rôle. Mais au-delà, est-ce le leur ? Seules nos autorités ont la possibilité d’agir en force, soit par le biais d’une obligation soit en mettant en place des protocoles différents destinés aux entreprises, par exemple des unités mobiles telles que celles ayant fonctionné dans les EMS.

Un esprit de collaboration et de responsabilité anime les acteurs économiques face aux défis inédits posés. Faciliter, accompagner, relayer les informations et les messages sanitaires nous engage tous depuis mars 2020. Nous continuerons évidemment à œuvrer constructivement pour sortir au plus tôt de cette crise. Quant aux décisions – celles qui ont été prises ou ne l’ont pas été – elles engagent les autorités, à qui nous tenions à le rappeler.


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Claudine Amstein

Claudine Amstein est la directrice de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie, depuis 2005. Après avoir été juriste et secrétaire générale de la Chambre vaudoise immobilière, elle en reprend la direction en 1993. Elle a été constituante au Grand Conseil vaudois, avant d’en être députée pendant dix ans. Elle est très engagée dans les associations faîtières de l'économie suisse.

3 réponses à “Des entreprises «vaccinées»?

  1. – “Pour la santé de tous comme pour la reprise des activités économiques, il faut atteindre l’immunité collective.”

    Cependant, comme le fait remarquer le chef-épidémiologiste islandais, dont le pays est très vacciné, cela n’est pas possible si l’on entend par là que la contamination/vaccination pourrait être suffisante pour empêcher la circulation du virus puisque le variant delta est, échappement vaccinal aidant, apte à circuler au sein d’une population vaccinée (sauf peut-être pour l’un des vaccins). Un objectif plus réaliste est la vaccination des plus vulnérables afin d’épargner le système sanitaire et l’économie, qui a dans ces cas de longues incapacités de travail à gérer. Faut-il vacciner tout le monde pour diminuer l’absentéisme de durée ordinaire ? Le Conseil fédéral ne peut pas, contrairement à ce qui est le cas s’agissant des personnes vulnérables, le décider. Ce n’est donc pas à une entreprise de “pousser” en ce sens.

    -” Mais jusqu’à quel point un employeur peut-il promouvoir la vaccination sans « contraindre » ? ”

    Il ne le peut pas. Il peut relayer le message officiel en apposant affiche, flyer, etc… Il peut donner congé à fins de vaccination. C’est tout. En ce qui me concerne je ne vais pas me m’ingérer dans la sphère intime d’un employé (données sensibles), ni adopter des mesures de protection différenciées.

    Les mesures de protection différenciées sont parfaitement ingérables puisque de nature à provoquer l’explosion de la micro-société qu’est l’entreprise. Je suis et reste “statut-vaccinal-blind”.

    C’est au Conseil fédéral de prendre ses responsabilités. Si la situation sanitaire est ingérable ou malvenue il lui incombe de décider, comme la loi le lui permet, la vaccination obligatoire des plus vulnérables. Obligation qui ne peut amener ni à des sanctions pénales ni à une contrainte. Au vu de l’âge du plus grand nombre des vulnérables cela ne concerne guère les entreprises.

  2. Bonsoir,
    Une entreprise horlogère a obligé ses employés à ce faire vacciner et tout va bien.
    Il est temps de mettre un terme à cette ère de bisounours.
    Ou on se vaccine, ou on dégage.

  3. Avant de pousser jusqu’à l’indécence pour obliger les gens à se faire vacciner, il faudrait déjà cesser de considérer que “seul le vaccin peut nous sauver”, en continuant à vouloir ignorer les médicaments qui fonctionnent : ivermectine, hydroxychloroquine, artemisia annua, azithromycine… Rappelons qu’une vaccination est un acte médical qui ne peut être imposé par la contrainte à quiconque, selon notre Constitution. Un tel acte violerait d’ailleurs non seulement la Constitution mais aussi la Déclaration des Droits de l’Homme. De plus, ces vaccins sont des produits expérimentaux encore en phase de recherche, qui bénéficient uniquement d’une autorisation temporaire de mise sur le marché, et nul ne peut être forcé de participer à un projet de recherche. Surtout pour contrer une maladie tellement dangereuse que son taux de létalité est de 0.05% !

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