« In God we trust »

Les dés sont jetés. Le nouvel empereur est nommé. La plus puissante nation de notre monde n’aura eu d’autre option que de s’infliger un choix entre la peste et le choléra. On pourra toujours se perdre en arguties, en pronostiques et en politiques fictions en tentant d’envisager les effets positifs et négatifs sur un avenir à court et moyen terme de l’élection Trump. Mais, à n’en pas douter, les miasmes de cette purpura risquent d’étendre rapidement leurs effets dès l’Inauguration Day, le 20 janvier prochain.

Occupant le congrès et la Maison Blanche, les Républicains auront beau jeu de faire ce qui leur plait, une réalité politique n’impliquant pas obligatoirement un blanc-seing des sénateurs sur l’ensemble des positions ou des propositions d’un président ayant démontré sa vision borgne de la société. Le parti n’a d’ailleurs pas fait preuve d’une cohésion absolue derrière Donald Trump durant la course à la présidence.

« In God we trust » clame fièrement le dollar. De foi, il en faudra certainement beaucoup en leur nouveau président à nos cousins américains au cours de ces prochaines années ! 

Armatus Corpus ou l’art de la guerre

Le château de Morges expose depuis le 10 juin et jusqu’au 30 novembre une collection magnifique d’objets patrimoniaux rares et uniques, ainsi que de pièces reconstituées, sur les princes et les chevaliers de Savoie pour le jubilé des 600 ans du vieux duché. Une manifestation qui mérite que l’on s’y attarde, non seulement pour la qualité des pièces qui sont dévoilées au public mais encore pour sa dimension interactive digne des meilleurs musées allemands !

Démonstration d’une parfaite coordination, à moins qu’il ne s’agisse très exactement de l’inverse, cette exposition intitulée « Armatus corpus, princes et chevaliers, 600 ans du Duché de Savoie », se révèle complémentaire, ou rivale – chacun y verra ce qu’il souhaite – à l’exposition genevoise du Musée d’art et d’histoire « Châteaux forts et chevaliers, Genève et la Savoie au XIVe siècle ».

Mais c’est surtout le catalogue d’exposition, appellation bien fade à l’égard de cet ouvrage extraordinaire que l’historien et commissaire d’exposition Nicolas Baptiste a réalisé, que l’on peut relever.

L’auteur a poussé la passion à des hauteurs vertigineuses, décochant même une préface de l’illustre Tobias Capwell, le curateur de la Wallace Collection de Londres. Derrière cette histoire de l’arme et de l’armement se devine en filigrane l’histoire de l’arc lémanique, du Pays de Vaud et des terres genevoises, jadis savoyards, et d’un monde perdu depuis l’apparition des armes à feux et la déchéance des anciennes noblesses. Ce livre, d’une richesse iconographique en faisant un véritable festival autant qu’une référence esthétique, est un condensé impressionnant de savoirs que l’on égrène avec plaisir, découvrant au fil des pages armuriers milanais et seigneurs d’antan.

À lire et à découvrir !

 

 

Nicolas P. Baptiste, Armatus corpus, Princes & Chevaliers (1330-1530), Infolio, 2016.

Armatus Corpus ou l’art de la guerre

Le château de Morges expose depuis le 10 juin et jusqu’au 30 novembre une collection magnifique d’objets patrimoniaux rares et uniques, ainsi que de pièces reconstituées, sur les princes et les chevaliers de Savoie pour le jubilé des 600 ans du vieux duché. Une manifestation qui mérite que l’on s’y attarde, non seulement pour la qualité des pièces qui sont dévoilées au public mais encore pour sa dimension interactive digne des meilleurs musées allemands !

Démonstration d’une parfaite coordination, à moins qu’il ne s’agisse très exactement de l’inverse, cette exposition intitulée « Armatus corpus, princes et chevaliers, 600 ans du Duché de Savoie », se révèle complémentaire, ou rivale – chacun y verra ce qu’il souhaite – à l’exposition genevoise du Musée d’art et d’histoire « Châteaux forts et chevaliers, Genève et la Savoie au XIVe siècle ».

Mais c’est surtout le catalogue d’exposition, appellation bien fade à l’égard de cet ouvrage extraordinaire que l’historien et commissaire d’exposition Nicolas Baptiste a réalisé, que l’on peut relever.

L’auteur a poussé la passion à des hauteurs vertigineuses, décochant même une préface de l’illustre Tobias Capwell, le curateur de la Wallace Collection de Londres. Derrière cette histoire de l’arme et de l’armement se devine en filigrane l’histoire de l’arc lémanique, du Pays de Vaud et des terres genevoises, jadis savoyards, et d’un monde perdu depuis l’apparition des armes à feux et la déchéance des anciennes noblesses. Ce livre, d’une richesse iconographique en faisant un véritable festival autant qu’une référence esthétique, est un condensé impressionnant de savoirs que l’on égrène avec plaisir, découvrant au fil des pages armuriers milanais et seigneurs d’antan.

À lire et à découvrir !

 

 

Nicolas P. Baptiste, Armatus corpus, Princes & Chevaliers (1330-1530), Infolio, 2016.

De profundis

Nous avons vu le marxisme échouer là où l’on rêvait égalité ; nous avons constaté que le fascisme n’était qu’un funeste succédané aux empires de jadis, embrasant le monde et avilissant plus encore l’homme dont les vices les plus sombres avaient pourtant pu s’exprimer des siècles durant. Quant à la démocratie, cette idée fragile a nécessité de la patience pour parvenir à maturité et être comprise. Et l’est-elle vraiment ?

Dans combien de pays cette pauvre vierge est-elle encore respectée ? L’indice de démocratie créé par The Economist Group en 2006 – dont la portée significative et la « crédibilité » concurrencent certainement celles des évaluations Pisa, des classements des villes les plus agréables à vivre, et des reality shows – définit que seuls vingt pays au monde jouissent d’une démocratie pleinement satisfaisante. Un club très select auquel la Suisse appartient, à côté de la Norvège, de l’Allemagne ou de la Nouvelle-Zélande, et dont ont été jetées la France ou l’Italie, rétrogradées dans le rang des démocraties dites imparfaites, avec le Sri Lanka et la Papouasie-Nouvelle Guinée. Soit vingt pays, pour la plupart occidentaux, sur les 197 états existant dans le monde et reconnus par l'ONU en 2012, vingt pays dans lesquels Montesquieu et les deux derniers siècles ont servi à quelque chose !

Voilà donc septante ans que l’Occident, reposant sur les bases de la démocratie et du capitalisme, n’a plus connu de guerre – en-dehors de ses conflits post ou néocoloniaux – une ère de paix dont la singularité tout à fait extraordinaire, si l’on se réfère au fil de l’histoire, échappe aux générations européennes de notre temps.

Une anomalie historique, si l’on veut bien, qui pourrait bien parvenir à son terme.

L’ONU, en vertu du sacro-saint droit de veto accordé aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité, se révèle une fois de plus aussi désemparée que l’était en son temps la Société des Nations. Ni l’Ukraine, ni la Syrie, terres outragées par l’hypocrisie et la folie d’hommes dont le souvenir hantera les futures cours de la justice internationale, ne peuvent contredire cette impuissance.

Ce bal des eunuques reste impotent devant le duel de plus en plus ouvert auquel se livrent Washington et Moscou depuis des mois. Accusation de sabotage démocratique pour les uns, roulage de mécanique à Kaliningrad pour les autres. Et toujours autant d’enfants déchiquetés et désossés dans des villes fumantes et hideuses, livrées en pâture ou en prétexte aux deux molosses les plus méchants de la basse-cour, devant un parterre de poulets tremblants et de canards boiteux.

« Les temps actuels sont différents, plus dangereux que l’ancienne guerre froide » faisait remarquer le ministre allemand des Affaires étrangères dans la presse de ce samedi. Une évidence ! En 1962, à Cuba, le monde était passé à côté de ce qui aurait pu être la dernière catastrophe de l’humanité. Mais en ce temps-là, J.F. Kennedy était au début de son mandat présidentiel et ne considérait ni l’Europe ni l’Union soviétique comme de lointaines banlieues sous-développées. Et son homologue russe, Nikita Khrouchtchev, menait une politique libérale dont les réformes allaient influencer celles de Mikhail Gorbatchev. Point de Vladimir Poutine aux penchants impérialistes, ou de candidats au trône américain scandant des credo sécuritaires. Point d’économie vacillante, de faillites mondialisées et de monopoles grandissants estompant l’application des thèses d’un Milton Friedman qui démontrait dans son Capitalisme et liberté que le retrait de l’État en faveur de l’économie de marché était le seul moyen d’obtenir la liberté politique et économique.

Instrumentalisées par des intérêts financiers devenus raison d’état, les puissances de notre monde se heurtent, nourrissant des rivalités de plus en plus dangereuses dans la course aux ressources d’énergie dont la domination demeure plus que jamais stratégique tant en termes militaires que politiques. 

L’homme est un tortionnaire

Voilà un nouveau livre, bien singulier ; un ouvrage né autour de plusieurs conversations. D’abord celles que Claude Bonard a menées avec les deux officiers généraux, le premier français et le second allemand, qui se livrèrent bataille à Marseille en 1944. Ensuite, celle au cours de laquelle il allait m’expliquer les rebondissements de sa recherche sur le général allemand Hans Schaefer qui devait rendre les armes le 28 août 1944 sur le boulevard des Dames en plein cœur de la cité phocéenne.

Travailler sur l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale n’est pas chose aisée, tant ce conflit a laissé une empreinte d’horreur dans nos mémoires. Sa dimension de guerre totale menée sur le sol européen, l’annihilation systématique de populations, les camps d’extermination et le nombre de morts ont ainsi souvent impliqué des angles de recherches marqués par une forme de manichéisme de la part des historiens. S’en extraire nécessite un effort, au risque de se soumettre aux feux de la critique.

Révéler, mettre à jour le corps nu de l’événement, sans son habit dessiné de manière à masquer des flétrissures dérangeantes, remettre en question ce que l’on tenait pour acquis, esquisser des potentialités allant parfois à l’encontre des histoires nationales ou supranationales, c’est là l’un des axes primordiaux de la tâche des historiens, qu’il s’agisse de cette guerre ou de tout autre événement dramatique récent. En Suisse, le Rapport Bergier, réalisé à la fin des années 90, devait ainsi faire ressurgir du passé des aspects peu glorieux pour la Confédération helvétique. En Allemagne, Wolfram Wette devait, en 2002, rappeler les heures les plus sinistres de la Wehrmacht que l’on tenait précédemment pour moins impliquée dans les crimes de guerre. En France également, certaines recherches, comme celle de l’historien Claude Barbier sur le maquis de Glières, décortiquent l’histoire pour en exposer les faits et les ajouts ultérieurs.

A la question du regard de l’historien s’ajoute bien évidemment celle des sources. Quel crédit apporter à l’Odyssée d’Homère sans les découvertes archéologiques d’Heinrich Schliemann, le découvreur de Troie ? Quelle confiance accorder au témoignage d’un ancien officier supérieur allemand combattant sur le front de l’Est en 1943, comme Hans Schaefer, sans l’analyse méthodique permettant de recouper les faits relatés ? C’est le travail que Claude Bonard a réalisé, accumulant pendant plusieurs années, rapports, lettres, archives, consignant les explications des uns, puis des autres, revenant auprès des premiers pour confirmer certains détails. Un travail important, donc, qui présente en outre la particularité malheureuse d’être en adéquation avec l’actualité la plus récente, ou du moins la plus médiatisée, puisqu’il porte en définitive sur le crime de guerre.

La guerre en Syrie fait ainsi régulièrement la Une de la presse. En février 2016, le Brésilien Paulo Pinheiro et la Tessinoise Carla Del Ponte, les responsables de la Commission d’enquête indépendante de l’ONU créée en 2011, dénonçaient l’enlisement de la situation internationale au Proche-Orient, entraînant une impunité de fait pour les responsables des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre perpétrés dans cette région du monde. L’homme est-il donc frappé par une malédiction le condamnant à continuellement s’entre-tuer dans l’abominable tragédie de son histoire ?

C’est de cette histoire dont il est question dans cet ouvrage qui prend comme exemple concret le cas du général Schaefer. Une histoire pour laquelle plusieurs regards me semblaient nécessaires, raison pour laquelle les historiens Hervé de Weck et Olivier Meuwly ont bien voulu me faire l’amitié d’apporter leur expertise à ce projet auquel s’est joint le procureur Dick Marty, célèbre pour son enquête de 2005 concernant les prisons secrètes de la CIA sur le territoire européen, autant que pour ses rapports de 2009 sur la situation dans le Caucase du Nord, ou de 2010 sur le trafic d’organes dans le Kosovo. Qu’ils soient tous trois remerciés ici pour leur concours inestimable.

 

L’honneur au service du diable, crime de guerre et cruauté ordinaire, éd. Slatkine, septembre 2016

La nouvelle loi sur le renseignement, un mal nécessaire

La loi proposée au peuple sur les services de renseignement, le 25 septembre, est longue et fouillée, démontrant que le sujet est particulièrement sensible. Collecte d’informations, port d’armes, fausses identités, investigations, un lexique rappelant des films d’actions hollywoodiens. Au-delà de cet exotisme romanesque pour lequel nous devons passer aux urnes, il est question pour la Suisse de se doter d’un instrument déployant des effets concrets et importants permettant de contrer des actes belliqueux et discrètement organisés.

Mais doit-on véritablement redouter les agissements d’éléments hostiles dissimulés en notre sein ?

Sans doute !

L’histoire démontre que la Suisse a été un terrain de prédilection pour les espions étrangers, notamment lors des deux guerres mondiales. Au cours du premier conflit, la Confédération ne possédait pas de services spécifiques de renseignement, assistant au fur et à mesure des mois de guerre à une multiplication des cas sur son territoire. Des agences étrangères allaient non seulement recruter en Suisse des agents – des mules servant à collecter des renseignements – mais encore concevoir des opérations militaires agressives, ainsi que des mesures de propagande et de déstabilisation de pays tiers d’une portée extraordinairement importante. La chance et la délation permirent à la Suisse d’intervenir en certaines occasions, comme lors de l’affaire de la Nordstrasse à Zurich en 1918, et de circonscrire des actes sanglants[1].

Ce furent les polices cantonales qui neutralisèrent les réseaux étrangers qui leur étaient signalés, le plus souvent par des services secrets antagonistes visant l’éradication d’agents leur étant hostiles. Plus de 120 affaires éclatèrent ainsi entre 1914 et 1918 grâce à des indiscrétions. Mais combien de filières et d’espions échappèrent aux autorités helvétiques, dépourvues, ou presque, de moyens ? La Confédération ignora complètement, par exemple, ces quelque 200 agents de renseignement que la France avait placés stratégiquement au cours de la guerre, qui dans une université, qui dans une usine d’armement[2].

Ce n’est qu’avec la Seconde Guerre mondiale que la Suisse se dota de moyens, bien qu’encore largement rudimentaires[3].

Si les périodes de guerre furent propices aux affaires d’espionnage sur notre territoire, les années d’entre-deux guerres ne furent pas pour autant sereines, comme le prouve l’affaire Ignace Poretski en 1937. Mais faute d’informations, la Suisse resta, sans doute fréquemment, l’hôte bien involontaire d’agents étrangers animés d’intentions peu recommandées au commun des mortels.

Pourtant, la Suisse coopéra avec les pays étrangers en matière de renseignements dès le début du XXe siècle, donnant et recevant des informations en fonction des relations personnelles et des penchants politiques des policiers ou des magistrats en charge des dossiers, une coopération « artisanale » bien évidemment plus efficace en période de conflit permettant à la Suisse de garantir le maintien de sa neutralité. La police zurichoise arrêta ainsi un recruteur allemand en 1917 après avoir appris des autorités françaises son nom, obtenu lors de l’interrogatoire du Genevois Paul Waldé, poursuivi à Paris pour espionnage pour le compte de l’Allemagne. Les bases de cette collaboration internationale avaient été jetées à la suite de la Conférence internationale de Rome de 1898, dans le but d’endiguer l’anarchisme dont l’impératrice Elisabeth de Wittelsbach (Sissi) avait été victime cette année-là.

Les actes organisés par des cellules terroristes qui se sont déroulés ces dernières années en Europe procèdent d’une structure qui, toute proportion gardée, est apparentée aux procédés des services secrets occidentaux du siècle passé (réseaux, confidentialité, organisation, déstabilisation, flux d’informations, cellules autonomes, …). Il ne semble ainsi pas déraisonnable de renforcer les moyens de la Confédération permettant de contrecarrer des tentatives criminelles de cette nature évoqués dans le rapport du SRC du début de l’année[4]. À noter que celui-ci met par ailleurs en lumière d’autres risques qui planent sur la Suisse comme l’espionnage industriel dont la récente agression du patron de la firme Swiss Space Systems (S3) semble être un malheureux écho.

 


[1] Christophe Vuilleumier, La Suisse face à l’espionnage, Gollion, Infolio, 2015.

[2] Christophe Vuilleumier, « Le personnel militaire français détaché en Suisse (novembre 1918) », Revue militaire suisse (avr.2015), pp. 52-54.

[3] Christian Rossé, Guerre secrète en Suisse, 1939-1945, Paris, Nouveau Monde, 2015.

[4] https://www.newsd.admin.ch/newsd/message/attachments/43960.pdf

 

Quel est le salaud qui m’a poussé ?

Créer un livre est un acte fort dont on espère que la portée dépassera les rangs de ses amis et de sa famille. C’est une pierre lancée à la surface d’un lac dont les remous dérangent à peine les canards ou, plus rarement, déclenchent un cataclysme.

Ce nouveau livre au titre ironique et provocateur – Quel est le salaud qui m’a poussé – n'entraînera pas de catastrophe mais intéressera sans doute les amateurs d’histoire. Il essaye, avec succès je crois, de mettre en lumière, voire en scène, des personnages de notre histoire que l’Histoire, celle avec un grand H, ne nous raconte pas, quand bien même ces vies ont été liées aux grands événements du temps.

Des destins particuliers que ces aventuriers, ces humanistes ou ces monstres, pour la plupart oubliés, qu’une trentaine d’historiens se sont plu à conter. Et voilà un aspect original de ce livre grand public, le nombre important d’historiens professionnels qui y ont concouru, des plumes provenant de toute la Suisse, du Tessin à Genève, de Zurich à Neuchâtel.

Que vive donc ce livre qui démontre, si cela était encore nécessaire, non seulement la richesse et la diversité de notre histoire mais encore sa partialité et l’importance que le récit peut impliquer sur notre perception des événements passés. 

 

Quel est le salaud qui m'a poussé? Cent figures de l'histoire suisse, sous la direction de Frédéric Rossi et Christophe Vuilleumier, éd. Infolio, parution septembre 2016.

 

La conquête des Alpes, une histoire si peu connue

Un proverbe dit que "La montagne offre à l'homme tout ce que la société moderne oublie de lui donner" ! Peut-être. La montagne inspire, quoi qu’il en soit, mais son histoire est mal connue, si ce n’est de quelques spécialistes.

La Société d’Histoire de la Suisse Romande revient sur cette histoire avec un colloque, à Salvan, du 22 au 24 septembre prochain, organisé en partenariat avec l'Institut des sciences du sport de l'Université de Lausanne.

"Gravir les Alpes du XIXe siècle à nos jours". Tel est le nom de ce rendez-vous qui invite historiens, géographes, ethnologues et sociologues à partager leurs réflexions sur l’évolution de l’alpinisme sportif. Conférences et projections permettront à tout un chacun de connaître l’histoire de cette conquête et des grands personnages qui l’ont entreprise.

 

Conférences, tables rondes et projection sont gratuites (inscription souhaitée, mais non obligatoire)

 

Informations :        www.colloque-salvan.ch

Midnight Express, aller simple

Que le président Erdogan se comporte plus en sultan tyrannique qu’en démocrate élu à la tête de son pays n’ait pas une nouveauté. Les communautés kurdes du Sud-Est de la Turquie autant que les partisans de mouvements politiques contestataires en savent quelque chose depuis longtemps.

Plusieurs milliers de soldats ont pris part à la tentative de renversement de ce mois de juillet. Ont-ils agi sur ordre de leurs officiers, choisissant en fin de compte la haute trahison ? L’ont-ils fait en raison d’une pression sociale savamment développée au sein de leurs unités, de promesses, ou alors ont-ils accepté de passer aux actes par conviction politique ? Difficile à estimer. Quoi qu’il en soit, les commanditaires de cette révolution se réclamant de Mustafa Kemal ont estimé que le gouvernement actuel n’était plus légitime et devait être liquidé.

Dès lors, que le maître d’Ankara réagisse après sa presque destitution comme Staline dans les années trente n’est guère étonnant. Par contre, il est bien consternant d’assister à cette compromission internationale et au soulagement exprimé par les gouvernements occidentaux qui saluent le rétablissement d’un gouvernement bafouant allégrement les droits de l’homme depuis des années. En 2013, Amnesty International condamnait la Turquie à la suite des manifestations du mois de juin de cette année-là, dénonçant des "violations des droits humains à très grande échelle" et mettant en lumière que "le droit de se réunir pacifiquement a été systématiquement bafoué et les violations du droit à la vie, à la liberté et à ne pas être torturé et maltraité ont été nombreuses"[1]. En 2015, l’ONG Humanrights dénonçait à son tour la situation dans la Turquie d’Erdogan, insistant sur la restriction de la liberté d’expression et de réunion, sur le manque de transparence des procédures judiciaires, sur la répression des Kurdes, des défenseurs des droits humains, des étudiants, des journalistes et des syndicalistes subissant des arrestations arbitraires, sur la torture, et sur l’impunité des violations des droits humains[2].

De gouvernement démocratiquement élu, il est surtout question d’un pouvoir conquis à force de malversations électorales, de mises sous tutelle étatique imposées autant à des entreprises privées qu’à de petites villes, de pressions diverses et d’une répression brutale, n’en déplaise aux touristes des stations balnéaires d’Antalya et de Bodrum. Autrement dit, il est question d’une dictature – guère éloignée de celles du Chili de Pinochet ou du Panama de Noriega – placée à l’ombre du Big Stick américain dont la doctrine était chère à Roosevelt il y a cent ans, et dont le but principal est de protéger les intérêts des États-Unis.

Mais quelles seront les conséquences internationales des événements turcs de ces derniers jours et les répercussions dans un Proche-Orient complètement déstabilisé par les criminels de Daesh, et où certains vieillards se souviennent que leurs parents craignaient les Ottomans et leur empire séculaire ?


[1] http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/10/02/en-turquie-amnesty-international-denonce-la-violation-des-droits-de-l-homme-a-grande-echelle_3488489_3214.html

[2] http://www.humanrights.ch/fr/service/informations-par-pays/turquie/

 

Coup de frein à la science en 2017

La Commission de la science, de l’éducation et de la culture du Conseil des États est entrée en matière, il y a quelques jours, sur le Message relatif à l’encouragement de la formation, de la recherche et de l’innovation pendant les années 2017 à 2020, du 2 février 2016 https://www.admin.ch/opc/fr/federal-gazette/2016/2917.pdf[1]. Le projet soumis aux Chambres détermine la nouvelle période financière débutant donc l’année prochaine, avec une croissance revue drastiquement à la baisse pour 2017, et une reprise les années suivantes, une reprise mise toutefois largement au conditionnel au sein dudit message !

Il est en l’occurrence question de l’ensemble du domaine scientifique de notre pays, notamment des Académies suisses des sciences, des universités et du Fonds national de la recherche. Cette prise de position de la Confédération entraînera obligatoirement des conséquences néfastes à court et moyen termes dont chacun, peu ou prou, fera les frais, et qui n’est pas sans rappeler les suppressions budgétaires que le gouvernement français a entérinées cette année. Dans une tribune publiée dans Le Monde, sept prix Nobel français ont déploré en mai dernier la décision du gouvernement de procéder à d'importantes annulations de crédits pour la recherche, qui « s'apparentent à un suicide scientifique et industriel »[2]. http://www.franceinfo.fr/actu/politique/article/budget-de-la-recherche-des-nobel-denoncent-un-suicide-scientifique-791957. S’inquiétant notamment d’un projet de décret prévoyant l’annulation de 256 millions d'euros de crédits dans le domaine de la recherche et de l'enseignement supérieur, ces sommités affirment que « Ce coup d'arrêt laissera des traces et pour de longues années », et « qu’Il n'y a pas de nation prospère sans une recherche scientifique de qualité ». 

Il est bien évident que ce constat s’applique également à la Suisse.

L’Académie suisse des sciences humaines et sociales n’a d’ailleurs pas tardé à écrire à ses sociétés membres, le 30 juin dernier, pour les informer des répercussions inévitables sur ses possibilités de soutien au vu des coupes budgétaires qu’elle va supporter. Une soixantaine de sociétés savantes, couvrant des champs de connaissances aux marges des universités sont concernées par cette politique désastreuse. Certaines de ces sociétés qui n'ont pour seule ressource que celle de l'Académie risquent de connaître un bien sombre futur! 

 

 

 

Sciences historiques

Archéologie Suisse

Association suisse pour l’étude de l’Antiquité (ASEA)

Société suisse pour l’étude du Proche-Orient ancien

Société suisse d’histoire (SSH)

Société suisse d’héraldique (SHG)

Société suisse de numismatique

Association Suisse Châteaux forts

Société suisse de recherches en symbolique

Association suisse des amis de l’art antique

 

Arts, musique et spectacles

Société d’histoire de l’art en Suisse (SHAS)

Institut suisse pour l’étude de l’art (ISEA)

Société suisse du théâtre (SST)

Association suisse des historiennes et historiens de l’art (ASHHA)

Société suisse de musicologie (SSM)

Association des musées suisses (AMS)/Conseil International des Musées (ICOM)

Centre national d’information sur le patrimoine culturel (NIKE)

Werner Oechslin Library Foundation

 

Sciences du langage et littératures

Société académique des germanistes suisses (SAGG)

Collegium Romanicum

Société suisse de linguistique (SSL)

Societàd Retorumantscha (SRR)

Association Suisse de Sémiotique et de Théorie de la Culture (ASSC)

Association suisse de littérature générale et comparée (ASLGC)

Association suisse des études nord-américaines (SANAS)

Société suisse d’études anglaises (SAUTE)

Société suisse d’études scandinaves (SGSS)

Institut suisse Jeunesse & Médias (SIKJM)

Sociedad Suiza de Estudios Hispánicos (SSEH)

Société Académique Suisses des Etudes de l’Europe 'Europe orientale (SASEO )

 

Cultures et anthropologie

Société suisse des traditions populaires (SSTP)

Société suisse d’ethnologie (SSE)

Société Suisse-Asie

Société suisse des américanistes (SSA)

Société suisse d’études africaines (SSEA)

Société suisse Moyen-Orient et Civilisation islamique (SSMOCI)

Société suisse pour la science des religions (SSSR)

Société suisse de philosophie (SSP)

Société suisse de théologie (SSTh)

Société suisse d’études juives (SSEJ)

Société suisse d'Etudes Genre SSEG

 

Sciences économiques et droit

Société suisse d’économie et de statistique (SSES)

Société Suisse de Statistique (SSS)

Société suisse de gestion d’entreprise

Société suisse de législation (SSL)

Société suisse des juristes

Société suisse de droit international (SSDI)

 

Sciences sociales

Société suisse pour la recherche en éducation (SSRE)

Société suisse des sciences administratives (SSSA)

Société suisse de psychologie (SSP)

Association suisse de science politique (ASSP)

Société suisse de sociologie (SSS)

Société suisse des sciences de la communication et des mass media (SSCM)

Association Suisse de Politique Sociale

Société Suisse d’économie et de sociologie rurale (SSE)

Société suisse de travail social (SSTS)

 

Science – technique – société

Association Suisse des Enseignant-e-s d’Université (AEU)

Société académique suisse pour la recherche sur l’environnement et l’écologie (SAGUF)

Fondation suisse pour la paix – swisspeace

Société suisse d’éthique biomédicale (SSEB)

Swiss Association for the Studies of Science, Technology and Society (STS-CH)

swissfuture – Association suisse pour la recherche prospective (SZF)

 

 

 

 

 


[1] À noter que les décisions sur les arrêtés fédéraux relatifs au financement du Domaine FRI ont été reportées à la séance du 25 août 2016. http://www.netzwerk-future.ch/index.php?p=news&l=fr

[2] lundi 23 mai 2016 21:36, France info. Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine, Claude Cohen-Tannoudji, prix Nobel de physique, Albert Fert, prix Nobel de physique, Serge Haroche prix Nobel de physique, Jules Hoffmann, prix Nobel de médecine), Jean-Marie Lehn, prix Nobel de chimie, Jean Jouzel climatologue, vice-président du Giec au moment où celui a reçu le Nobel de la Paix et Cédric Villani, médaille Fields, la récompense la plus prestigieuse en mathématiques.