Armatus Corpus ou l’art de la guerre

Le château de Morges expose depuis le 10 juin et jusqu’au 30 novembre une collection magnifique d’objets patrimoniaux rares et uniques, ainsi que de pièces reconstituées, sur les princes et les chevaliers de Savoie pour le jubilé des 600 ans du vieux duché. Une manifestation qui mérite que l’on s’y attarde, non seulement pour la qualité des pièces qui sont dévoilées au public mais encore pour sa dimension interactive digne des meilleurs musées allemands !

Démonstration d’une parfaite coordination, à moins qu’il ne s’agisse très exactement de l’inverse, cette exposition intitulée « Armatus corpus, princes et chevaliers, 600 ans du Duché de Savoie », se révèle complémentaire, ou rivale – chacun y verra ce qu’il souhaite – à l’exposition genevoise du Musée d’art et d’histoire « Châteaux forts et chevaliers, Genève et la Savoie au XIVe siècle ».

Mais c’est surtout le catalogue d’exposition, appellation bien fade à l’égard de cet ouvrage extraordinaire que l’historien et commissaire d’exposition Nicolas Baptiste a réalisé, que l’on peut relever.

L’auteur a poussé la passion à des hauteurs vertigineuses, décochant même une préface de l’illustre Tobias Capwell, le curateur de la Wallace Collection de Londres. Derrière cette histoire de l’arme et de l’armement se devine en filigrane l’histoire de l’arc lémanique, du Pays de Vaud et des terres genevoises, jadis savoyards, et d’un monde perdu depuis l’apparition des armes à feux et la déchéance des anciennes noblesses. Ce livre, d’une richesse iconographique en faisant un véritable festival autant qu’une référence esthétique, est un condensé impressionnant de savoirs que l’on égrène avec plaisir, découvrant au fil des pages armuriers milanais et seigneurs d’antan.

À lire et à découvrir !

 

 

Nicolas P. Baptiste, Armatus corpus, Princes & Chevaliers (1330-1530), Infolio, 2016.

Christophe Vuilleumier

Christophe Vuilleumier est un historien suisse, actif dans le domaine éditorial, et membre de plusieurs comités de sociétés savantes, notamment de la Société suisse d'histoire. On lui doit plusieurs contributions sur l’histoire helvétique du XVIIème siècle et du XXème siècle, dont certaines sont devenues des références.