Ce fameux mouton à cinq pattes ou plus !

Six ans d’articles de blog : mes dernières pépites !

 

Dans notre vie professionnelle, demeure une constante: le changement permanent. C’est donc avec un petit pincement au cœur que je vous livre mon dernier billet de blog dans le quotidien Le Temps. Six ans à partager avec vous mes observations du monde du recrutement et des recherches d’emploi. Avant mon chant du cygne, abordons encore une fois le sujet via la lorgnette des client.es comme des candidat.es. C’est parti !

 1. Cesser de chercher le mouton à 5 pattes

À chaque début de processus de recrutement – ou presque, les entreprises établissent la liste du père Noël et l’inventaire à la Prévert pour définir le poste à pourvoir. La future perle doit posséder tant de qualités, compétences et expériences qu’à part trouver un Martien ou une Martienne, c’est mission impossible. Notre rôle consiste à relativiser certains points et en accentuer d’autres :

  • Il est plus facile d’acquérir une nouvelle compétence technique que de changer sa personnalité ;
  • Pourquoi vouloir un.e candidat.e qui parle couramment l’allemand si c’est pour l’utiliser qu’une fois par mois?
  • Miser sur le potentiel d’une personne la motivera à donner le meilleur d’elle-même et lui permettra de progresser ;
  • Avant de chercher un clone du spécimen à remplacer, réfléchissez aux réelles compétences à trouver. Le monde a sûrement changé depuis le dernier recrutement.

Un autre phénomène me laisse perplexe : avec la pénurie de personnel, les moutons à 5 pattes sont encore plus difficiles à trouver. Les futurs employeurs qui sollicitent plusieurs agences ou cabinets de recrutement, publient eux-mêmes des annonces, tant sur les sites d’emploi que sur LinkedIn. Ils pensent augmenter leurs chances. Mon analyse tend à prouver le contraire : les intermédiaires ne vont pas investir plus de temps que nécessaire pour ce type de recherche. Ils vont juste interroger leur base de données et envoyer les CVs sans autre forme de sélection. Quelques suggestions à partager avec vos départements RH :

 

  • Quand un poste est à repourvoir, définissez une stratégie de recrutement
    • à l’interne, par annonce, avec un.e partenaire de confiance ;
  • Choisissez-en un.e seul.e et donnez-lui toutes les informations afin de chasser le bon profil ;
    • Donnez-lui un délai d’exclusivité.
    • Demandez un suivi et des retours réguliers.
  • Impliquez votre partenaire dans le processus de recrutement et ensemble, choisissez le candidat le plus adéquat à l’instant « T » ;
    • Il n’y a jamais de meilleur candidat ou de meilleure candidate. Il y a un juste un/une candidat.e qui est le/la plus idoine, aujourd’hui.

Ayez avec vos intermédiaires une relation de partenariat et non une relation client/fournisseur. Chacun y trouvera plus de motivation et d’engagement.

2.  Le piège du click and apply

Avec la pénurie de candidat.es et la multiplication d’annonces sur tous les supports possibles, nous observons une diminution flagrante du soin que les candidat.es ont dans l’envoi de leur dossier. Un CV à peine à jour, un clic sans commentaires et hop ! c’est envoyé. Pourquoi se fatiguer ? Si le service RH est intéressé, il se manifestera. Lettre d’accompagnement soignée et personnalisée ? Pour quoi faire ? De toute façon, on me contactera.

Bien évidemment, c’est une stratégie qui peut fonctionner, mais elle ne va pas donner une image très glorieuse de vous. En discutant avec mes homologues, voici les éléments principaux auxquels ils demeurent très attentifs :

 

  • Si vous estimez que la lettre de motivation est inutile, personnalisez l’e-mail d’accompagnement : démontrez votre valeur ajoutée et adéquation au poste.
  • Dans le CV : le bloc « objectif professionnel » doit être adapté au poste.
  • Par courtoisie, la langue de votre CV doit être en phase avec celle pratiquée dans la future entreprise. Transmettre un CV en anglais à une société locale se révèle non productif.
  • Faites attention à la taille de votre « .pdf ». Il existe de très bons logiciels (gratuits) pour compresser vos documents.
  • Inutile de joindre tous vos certificats et diplômes. Dans un premier temps, envoyez les 3-5 documents significatifs. Le dossier complet peut être remis lors du premier entretien.

Si vous avez l’opportunité d’être invité.e en entretien, investissez le temps nécessaire pour vous préparer :

  • Présentez votre parcours professionnel en 5 minutes ;
  • Explique votre valeur ajoutée en 5 minutes ;
  • Prenez le temps de visiter le site internet de votre futur employeur pour en comprendre les valeurs et objectifs ;
  • Ayez quelques questions prêtes à soumettre à vos interlocuteur. trices ;
  • Venez avec de quoi écrire et non les mains dans les poches.

C’est le b.a.-ba d’une approche professionnelle.

3. Percevoir au-delà de ce qui vous est «vendu»

Depuis plus de 30 ans dans le domaine du recrutement, force est de constater que toutes les études et analyses des entreprises — comme de leur fonctionnement — font ressortir les mêmes raisons pour lesquelles une personne quitte son employeur :

  • Décalage avec les valeurs de l’entreprise ;
  • Manque de reconnaissance pour l’engagement et la valeur de son travail ;
  • Nouveau ou nouvelle manager, incapable d’embarquer ses équipes avec lui/elle ;
  • Vision courte ou perspective à moindre échelle : impossible de se projeter dans le futur
  • Écart entre ce qui a été promis lors des entretiens d’engagement et la réalité du terrain
  • Prise de poste chaotique et peu professionnelle

Le ou la futur. e candidat. e devrait mieux s’informer, lors des entretiens de recrutement, afin d’obtenir le maximum d’informations sur son futur environnement, comme :

  • Rencontrer sa future équipe ;
  • Ne pas se contenter d’un seul entretien avec les RH et le futur manager ;
  • Se renseigner sur les raisons des derniers départs ;
  • Rencontrer la personne qui quitte son poste et en comprendre les « vraies raisons »

Trop souvent, nous nous contentons de ce qu’on nous vend et on le prend pour une vérité absolue… Prenez le temps de bien analyser votre futur environnement. Vous allez y passer beaucoup d’heures et y dépenser autant d’énergie. Ce sont les interactions humaines, l’adéquation à vos valeurs et de vraies perspectives qui vous donneront envie de rester. Ne l’oubliez pas.

Merci de m’avoir suivi jusqu’à ce jour: restons connectés via LinkedIn!

Christophe ANDREAE [[email protected]www.jrmc.ch]

 

Professionnel du recrutement de cadres et de spécialistes (plus particulièrement les profils d’expert·es et de cadres ingénieur·es ainsi que le secteur informatique). Je partage aussi mon expertise lors de missions confidentielles ou dites sensibles.

 

Suivez-moi en vous abonnant à mon blog: https://blogs.letemps.ch/christophe-andreae/author/christophe-andreae/ (en ligne jusqu’à fin 2023)

 

Christophe Andreae

Depuis plus de 20 ans, Christophe Andreae exerce le métier de chasseur de têtes, avec un accent plus particulier sur les métiers technologiques, tant pour les experts que pour les cadres. Il est en contact permanent avec des sociétés qui recherchent des talents, des candidats qui veulent faire évoluer leur carrière et des conseil d'administrations.

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