Perspectives RH : Les défis 2023

2023 est lancée! Les vacances de neige offrent la première pause dans une année qui s’annonce tumultueuse, avec beaucoup d’inconnues. Le conflit en Ukraine cause encore des répercussions chez nous, suivies par les récents tremblements de terre en Turquie et Syrie. Même si la pénurie d’énergie semble moins contraignante que prévu, la situation économique reste incertaine: tout peut basculer en un battement d’ailes. Alors qu’en est-il des ressources humaines dans les entreprises romandes? Petit tour d’horizon non exhaustif.

 1. Fidéliser les collaborateurs

On parle partout de pénurie de main-d’œuvre, de guerre des talents et de la difficulté à trouver les bonnes personnes. En observant les entreprises, on remarque qu’elles investissent plus d’énergie à recruter qu’à conserver les ressources en interne. A l’instar du tonneau des danaïdes, nous nous épuisons à le remplir au lieu d’en colmater les brèches. Et pourtant, toutes les études démontrent qu’il coûte bien plus à l’entreprise de remplacer un collaborateur que de le garder.

Astuces de fidélisation qui font mouche :

  • Flexibilisation du temps de travail ;
  • 1 à 2 jours de télétravail hebdomadaire ;
  • Emploi à 90 % tout en étant payé à 95 % ;
  • Bonus « vacances » après 3, 4, 5 ans d’ancienneté ;
  • Actions/activités favorisant l’esprit d’équipe,
  • Congruence des valeurs prônées en entreprise.

Le manque de reconnaissance du travail fourni et le mépris demeurent les principaux facteurs liés au départ d’un·e collaborateur/trice.

Si on revient à la pénurie des ressources — due à une croissance des besoins et à des départs à la retraite — voici quelques pistes pour y remédier :

  • Cesser de vouloir engager à tout prix une personne qui répond à 100 % des attentes ;
  • Se concentrer davantage sur le « savoir-être » et le potentiel à apprendre rapidement ;
  • Offrir des programmes de formation afin de réintégrer les femmes ayant mis entre parenthèses leur carrière professionnelle ;
  • Lisser les futurs départs à la retraite avec des temps partiels pour former la relève ;
  • Inciter les futur·es retraité·es de prolonger leur contrat d’une année ou deux.

Lors de la recherche d’une « perle rare », les employeurs doivent prendre conscience que ce sont les candidat·es qui les choisissent. Désormais, l’entreprise flirte en mode vente et marketing : il s’agit de faire rêver les candidat·es pour qu’ils/elles rejoignent vos équipes. D’autre part, plus le processus de recrutement est long, chaotique et peu clair, plus vous augmentez la probabilité de perdre les postulant·es en route : ils/elles choisiront un employeur plus réactif.

2. Pénurie de talents? Je ne trouve pas de job!

Pour les personnes en recherche d’emploi : s’entendre répéter sans cesse que les entreprises manquent de bras alors qu’elles reçoivent des réponses négatives, se révèle déprimant.

C’est le paradoxe de notre système actuel. Si vous cherchez un nouveau poste de travail, voici quelques pistes à explorer :

  • Privilégier les contacts avec les responsables de département : ils planifient les besoins en personnel. Échanger avec votre potentiel·le futur·e chef·fe ou collègue souligne votre engagement et votre aptitude à apprendre. Résultat ? Il/elle endossera l’habit en mode ambassadeur auprès des Ressources humaines. Utilisez le réseau LinkedIn afin d’identifier les personnes clés à contacter.
  • Les analyses démontrent que 70 % des postes sont repourvus via le réseau ou par des recommandations. Alors, investissez 70 % de votre temps pour stimuler votre communauté.
  • Flexibilité, créativité, engagement sont des mots très importants lors d’une recherche d’emploi.
    • Je coûte trop cher à l’entreprise ? Engagez-moi à 80 % : the job will be done!
    • Il me manque une compétence technique ? L’AIT (Allocation d’Initiation au Travail) peut la financer.
    • J’ai besoin de trois mois pour être performant·e ? Définissons contractuellement un salaire progressif. Ainsi je prends à ma charge une partie de la formation.
    • Prenez moi en temporaire : vous constaterez ma valeur sur le terrain.

Ici aussi, il faut faire preuve d’inventivité : ne vous contentez plus de postuler par e-mail. Valorisez le contact en chair et en os : vous susciterez l’envie de vous avoir à bord.

3. L’humain : cœur de l’entreprise

Il n’y a pas une semaine où un article invoque l’avenir, dominé par l’intelligence artificielle : discours rédigés par ChatGPT, candidats·es filtré·es par les algorithmes, profils sélectionnés par les chatbots. N’oublions pas qu’en Suisse, nous avons une structure économique formée principalement de PME et de PMI, à taille humaine. Dans ce contexte, les interactions partagées autour d’un repas ou lors d’un apéritif pèsent bien plus sur la balance que tous les mails envoyés ou reçus. Le CV, la lettre d’accompagnement et surtout ! les entretiens en présentiel, sont la clé du succès : ils ouvrent la porte à un engagement possible et durable.

Dans les plus grandes structures, il est primordial que les départements RH n’adressent pas uniquement les urgences : recrutement, traitement de problèmes et règlements administratifs. Leur mission, c’est aussi soutenir les managers et leurs équipes, retenir les talents, créer une dynamique positive, donner du sens à la mission et générer du plaisir au travail. Laissons les e-mails, visioconférences de côté et revenons au contact direct ! Quand les directions générales et les conseils d’administration épingleront les interactions humaines en tête de liste, la santé psychique et émotionnelle de leurs employé·es s’en portera bien mieux. On en reparle en 2024 ?

Christophe ANDREAE [[email protected]www.jrmc.ch]

 

Professionnel du recrutement de cadres et de spécialistes (plus particulièrement les profils d’expert·es et de cadres ingénieur·es ainsi que le secteur informatique). Je partage aussi mon expertise lors de missions confidentielles ou dites sensibles.

 

Suivez-moi en vous abonnant à mon blog: https://blogs.letemps.ch/christophe-andreae/author/christophe-andreae/

 

Christophe Andreae

Depuis plus de 20 ans, Christophe Andreae exerce le métier de chasseur de têtes, avec un accent plus particulier sur les métiers technologiques, tant pour les experts que pour les cadres. Il est en contact permanent avec des sociétés qui recherchent des talents, des candidats qui veulent faire évoluer leur carrière et des conseil d'administrations.

4 réponses à “Perspectives RH : Les défis 2023

  1. Bonjour Monsieur,

    “Les vacances de neige offrent la première pause dans une année qui s’annonce tumultueuse et palpitante”

    Un guerre, des catastrophes humanitaires….
    Tumultueux et palpitant ?

    Me permettez-vous vous de trouver ces mots….comment le dire…. étrangement choisis ?

    Et le choix des mots ne fait-il pas partie des prérequis dans l’exercice de votre profession ?

    Merci par ailleurs pour ce tour d’horizon,

  2. Assez dubitatif, dans ma société, vous êtes remercié dès que vous approchez les 60 ans.
    Ensuite, quand vous répondez à une offre, si vous approchez les 60 ans, les RH ne vous permettent même pas d’accéder à un premier interview, trop vieux pour des petits jeunes aux RH qui comparent des mots clés entre le CV et la Job-description sans même savoir à quoi correspond concrètement le job posté. Demander un feed-back après un refus et vous serez sidéré des réponses et motifs de refus avancés.
    Le réseau est une approche, mais il a ses limites… car on n’a pas forcément des super relations partout.
    Vous avez une position idéaliste, mais qui ne correspond pas forcément à la réalité.

    1. Merci pour votre commentaire. Ce n’est pas une position, mais une observation.
      Trop souvent, les gens ne soignent pas assez leurs relations et leurs réseaux.
      C’est quand on est en emploi qu’il faut le travailler. Et de passer par la ligne
      et non uniquement les RH augmentent les possibilités- Bonne suite

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