Mode d’emploi pour les HPI qui se respectent

 Efficacité de penser, curiosité intellectuelle, soif d’apprendre, hypersensibilité émotionnelle permettent une vie riche et passionnante. Ce fonctionnement original des HPI (=haut potentiel intellectuel) peut aussi créer des difficultés au quotidien et être la source d’une réelle souffrance au travail (voir article précédant). Dans ce cas, il n’existe aucun médicament ni aucune méthode miracle ! Pour retrouver et maintenir l’équilibre de santé et un climat intérieur serein, vous pouvez développer une stratégie construite sur mesure, en respectant certaines règles :

  • Cultivez votre originalité et préservez-vous du regard des autres !

La définition du HPI est d’avoir une intelligence « hors norme », cela signifie que les autres ne fonctionnent pas de la même façon que vous ! Vous mettre la pression d’être quelqu’un d’autre ou entrer en conflit avec vous-mêmes s’avèrent enfermant et stressant. Autorisez-vous de faire des choix de vie opposés aux attentes sociales. Le piège serait de vous sur adapter constamment, d’essayer de correspondre à un moule social ou à ce qu’on attend de vous et d’être à l’envers de vos propres besoins. Entraînez-vous à vous accepter tel-le que vous êtes !

Le jugement des autres ou le regard critique de votre entourage risquent de contaminer votre climat intérieur. Préservez-vous de toute comparaison intempestive, car cela peut éroder la confiance en vous. Dans certaines situations ou dans certains milieux, il peut être utile de porter une « tenue de camouflage », c’est-à-dire de ne pas dévoiler le fond de votre réflexion afin de vous préserver de conséquences relationnelles négatives (incompréhensions, rivalités, résistances, conflits). Fuyez les situations d’injustice ou détournez le regard (votre attention) si ce n’est pas possible de réellement fuir.

  • Revenez au corps le plus souvent possible !

Le plus grand danger pour les HPI est de surinvestir le niveau intellectuel au détriment du corps. Lorsque vous travaillez plusieurs heures d’affilée sans mouvements physiques, le risque de « dérapage cognitif » (les pensées s’accélèrent, s’emballent et deviennent ingérables) apparaît, d’autant plus lorsque votre mental est passionné ! Lorsque vous revenez aux sensations corporelles par des exercices d’équilibre, d’activités manuelles ou d’intensité physique et de décharge de stress, vous désamorcez un éventuel surinvestissement cognitif. Soyez très prudent si vous utilisez des béquilles comme l’alcool ou d’éventuelles drogues pour débrancher votre tête, ou des somnifères, l’addiction peut rapidement s’installer. Le fonctionnement cognitif est souvent froid et exigeant. Vous pouvez revenir à votre cœur, à ce qui vous donne de la joie ou un sentiment de gratitude, aux « petits bonheurs » du jour. Posez-vous la question tous les soirs : « Qu’est-ce qui m’a touché le cœur aujourd’hui ? ».

  • Faire le vide de vos pensées ? Un sans-issue !

La fonction de notre cœur est de battre, la fonction de notre mental est de penser, réfléchir, planifier. Lorsque vous avez l’impression que vos pensées s’emballent et que vous en perdez le contrôle, il ne s’agit pas de tenter de « faire le vide mental », il s’agit plutôt de ne pas vous accrocher à chaque pensée et/ou de débrancher la prise émotionnelle de certaines situations qui envahissent votre esprit (je capte l’information sans le « son » émotionnel). Vous pouvez cultiver le « désintéressement sélectif ». Vous avez identifié certaines pensées comme inutiles voire même toxiques ; faites comme si vous les connaissiez par cœur, il n’y a rien de nouveau ni d’intéressant à s’y accrocher, vous les voyez et vous les laisser passer !

  • Prudence pour ne pas vous disperser

Votre curiosité insatiable et la peur de vous ennuyer sont les pièges qui régulièrement vous font faire des choix qui risquent de vous surcharger sur un moyen terme et votre potentiel est vaste. Lorsque de nouveaux projets se présentent, il peut être utile d’avoir une stratégie pour discerner ce qui vous est essentiel. Un filtre personnel pour dire non vous sera utile. Accordez-vous un instant pour vous donner l’occasion d’apprivoiser le sentiment d’ennui sans forcément passer tout de suite à du nouveau. Le rien, le vide et l’ennui peuvent donner accès à une disponibilité plus profonde, terrain propice pour cultiver votre vie intérieure et vos idées créatives.

  • Cultivez la « sensation » de confiance en soi

Le manque de confiance en soi est très fréquent pour une personne HPI. Tenter d’améliorer la confiance par des solutions mentales comme les pensées positives est moins efficace que de construire une « sensation de confiance » : vous la renforcerez, par exemple, dans une posture physique stable et enracinée qui favorisera une attitude intérieure plus sûre.

Le « syndrome de l’imposteur » pris à la lettre en vous remettant en question à chaque fois est un désastre pour la confiance en vous. Lorsque vous avez l’impression que les autres vont se rendre compte que vous n’êtes pas si formidable, considérez cet orage de doutes comme un baromètre : « Ce climat intérieur m’alerte que je suis en déséquilibre, c’est le moment de revenir à moi et à mes besoins ».

  • Votre méthode de mise en action des mesures de prévention

Inutile de développer davantage de savoir sur la prévention. Le grand challenge pour préserver ou rétablir votre équilibre de santé est d’agir : expérimenter, explorer, faire des essais et des erreurs, ajuster le tir, répéter et intégrer les bonnes mesures de prévention dans votre quotidien. Le cerveau prend du temps pour sortir des habitudes de penser (d’une semaine à 28 jours), l’important est de garder le cap du changement souhaité, persévérer dans le temps, mettre en place des rappels réguliers. Imaginez ce qu’il se passerait si vous mettiez votre intelligence au service de votre équilibre de santé, si vous activiez votre curiosité et votre créativité afin d’explorer les différentes façons de répondre à vos besoins quotidiens, à appliquer les bonnes mesures de prévention, à renforcer votre équilibre. Cela vous permettrait de changer avec intelligence et de façon durable !

  • Revenez au réel humblement

Les HPI sont simplement hors norme, ni moins bons ni meilleurs ! Etre HPI n’est pas la bonne excuse pour subir passivement la frustration et l’incompréhension du monde comme une fatalité. Et à l’inverse, la vivacité d’esprit, le potentiel qui se déploie, le côté extra-terrestre sont parfois interprétés comme de l’arrogance : à côté d’un HPI les autres peuvent se sentir rabaissés. Vous pouvez trouver votre propre voie, révéler le potentiel qui vous habite tout en restant humble dans votre ambition, accepter les limites du réel et de votre entourage (différent de la vision idéalisée et illimitée du mental !).

 

Le message essentiel à retenir pour vous préserver est que mis à part la période de « lune de miel » d’un nouvel emploi, le travail n’est jamais extraordinaire, il peut être intéressant mais il ne suffira jamais à vous satisfaire entièrement car il ne vous sollicitera pas suffisamment dans tout votre potentiel intellectuel et créatif. Cultivez et nourrissez votre vivacité cognitive indépendamment des défis professionnels, ne misez pas tout sur votre sphère professionnelle !

Pour celles et ceux qui ont besoin d’aller plus loin, participez à une démarche active de prévention du burn-out spécifiques aux HPI (suivez ce lien).

Article de blog précédent : les HPI en danger de burn-out

Catherine Vasey

Catherine Vasey, psychologue et gestalt-thérapeute, auteur, spécialiste du burn-out depuis 2000. Elle anime des séminaires de prévention du burn-out en entreprise, donne des conférences, traite les patients en burn-out et accompagne aussi les professionnels de la santé en supervision dans son cabinet à Lausanne, en Suisse. Références : Le site de Catherine Vasey : www.noburnout.ch Publications : « Comment rester vivant au travail ? Guide pour sortir du burn-out », C.Vasey, éd. Dunod 2017 « Burn-out le détecter et le prévenir », C. Vasey, éd. Jouvence 2015 « Vivant au travail », jeu de cartes, C. Vasey, éd. Noburnout 2012

7 réponses à “Mode d’emploi pour les HPI qui se respectent

  1. Voilà un article sur un thème qui n’est pas dans mon domaine: psychologie etc. J’ai voulu comprendre de quoi il s’agissait. L’auteur nous parle de “HPI”, en supposant que tout le monde connait cette expression. Je ne savait pas ce que c’est. Je connais les ONG (organisations nou gouvernementales), la HEP (haute école pédagogique), etc. Mais je sais pas ce que c’est qu’un HPI. Dans tout l’article cela n’est jamais défini. Finalement après avoir lu l’article jusqu’au bout je fais l’hypothèse que c’est de l’anglais et que ça signifie High Potential Individual, ou quelque chose comme ça. En français, ça s’appelle un surdoué, un petit génie. Quand j’étais gamin j’étais une sorte de HPI. Dans mon cas j’ai géré ce fait sans trop de problèmes, j’ai toujours été en avance à l’école et ça m’a permis de me payer le luxe d’être flemmard, ce pour quoi j’ai du payer un prix plus tard, car j’ai eu de la peine à m’astreindre à la discipline de préparer les examens etc. Enfin bref.

    Mlle Vasey, vous avez l’air tout ce qu’il y a de plus charmante dans le genre psychologue, et en plus même pas gauchiste, ce qui est rare dans votre milieu. Mais ne pensez vous pas que ça serait une idée de définir les concepts dont vous traitez dans vos articles? Sinon seuls les initiés pourront lire votre blog.

    Avec les compliments d’un ancien HPI.

    1. Bonjour, Je vous remercie de votre remarque pertinente, vous avez entièrement raison, je viens de corriger sur l’article et j’ai mis les termes exacts de cette abréviation : HPI = haut potentiel intellectuel. Je vous souhaite le meilleur dans votre vie !

  2. …”savais” et non ”savait”… Oupss… Pardonnez svp la faute de frappe. Quelle honte pour un HPI !

    1. Bonjour,

      Je ne vois pas le rapport avec le fait d’être HPI (terme qui ne veut absolument rien dire – une étiquette de plus) et faire une faute d’orthographe. Une pensée en arborescence ne signifie pas être parfait en orthographe… C’est une autre manière de pensée (une différence physique dans le cerveau) peu adaptée à notre société. Le potentiel n’est ni plus haut, ni plus bas. Juste différent…

  3. Si c’était la seule faute de votre texte.

    Pour moi, les HPI n’existent pas; c’est juste un terme politiquement correct pour désigner ceux qui bénéficient du soutien de leur parent 1.

  4. J’apprécie votre initiative de vouloir aider les gens dans ces situations de travail douloureuses.

    Il me semblerait également intéressant de préciser “Burnout” car c’est malheureusement un mot fourre-tout… et qui englobe souvent de la souffrance au travail qui peut revêtir de nombreuses formes et nombreuses causes. Marie France Hirigoyen et Christophe Dejours insiste bien sur le caractère non lié à la personne elle même, que c’est le fonctionnement de l’entreprise/de la société qui écrase, je ne vous rejoins donc pas dans cette stigmatisation qu’il y aurait des profils plus fragiles (les HPIs dans votre cas) – cela stigmatise inutilement selon moi.

    A ma connaissance, les HPIs sont ceux qui consultent le plus les psys et coachs donc c’est un peu normal que vous en ayez plus en consultation “burnout” il me semble. Ils ont aussi un peu plus les moyens financiers que la norme pour consulter.

    Par ailleurs, de par mes lectures sur les HPIs, le mal être des HPIs relève avant tout d’un sentiment d’exclusion. Si l’on parle d’exclusion alors c’est oublié beaucoup de personnes qui se sentent exclues et qui n’ont pas de nom sauf : pauvres, classe populaire, immigrés, … pour qui l’on ne fait à peu près rien.

    C’est il me semble oublié que profondément, chaque être humain est singulier et dois être pris en compte tel qu’il est, je crois que c’est plutôt cela le mal de notre société, qui résulte entre autre dans le besoin d’une classification de plus. La ou nous devrions apprendre à vivre les uns avec les autres avec nos différences, développer notre ouverture.

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