J’ai « perdu mon âme » dans mon travail lorsque…

Extraits de témoignages, recueillis par Catherine Vasey. Un grand merci à toutes les personnes qui ont partagé leur expérience !

J’ai « perdu mon âme » dans mon travail lorsque…

 « Mon collègue ferme les portes arrière de l’ambulance. Je m’assois sur le siège “capitaine” à la tête de la patiente, pour surveiller ses voies aériennes. Elle est en surpoids et il nous est impossible de la mettre en PLS (position latérale de sécurité) sur notre brancard. Soudainement elle commence à s’agiter en tournant la tête à droite et à gauche. Tenant le vomibag de la main gauche, je le plaque avec force sur son visage avec la main droite vers le côté gauche, pour qu’elle ne vomisse pas partout. La jeune patiente très alcoolisée ne remarque rien de mon geste.  Moi, je regarde ma main droite bleue gantée avec effroi et consternation. Ce n’est pas ainsi que je souhaite prendre soin des personnes. Pendant que je relâche la pression, je me souviens avec soulagement que j’ai déjà démissionné de mon poste… »

« Je travaillais dans l’industrie, je dessinais des machines pour trier les carottes et les patates. L’objectif était de construire une machine qui élimine les carottes peu présentables : si ce n’est pas parfait, cela ne se vend pas ! Alors que dans ma vie, j’essaie de construire une vie responsable… au niveau écologique… »

« En tant que jeune médecin, j’avais une idée naïve de ce que mon travail serait. J’ai dû travailler à l’encontre de mes valeurs : un rythme inhumain, coupée du patient pour effectuer du travail administratif. Les procédures administratives et le rendement poussés à l’extrême. Si tu veux prendre du temps pour soigner vraiment les gens, tu dois faire du bénévolat ! »

« Dans le rural, on accorde au vétérinaire 15’ minutes montre en main pour voir l’animal et encaisser la consultation auprès du paysan ! »

« Je me dis que parfois un vétérinaire travaille mieux qu’un médecin : Avant d’administrer un antibiotique, le vétérinaire fait une culture afin de choisir le bon antibiotique, un médecin n’a plus le temps de faire une culture, il administre l’antibiotique à un enfant sans tester. La vache à un rendement économique, l’enfant n’en a pas ! »

« On me dit : Dégages cette poubelle ! Tout le monde se parle mal dans ce fast-food ! Alors je n’ai plus envie d’y aller. Je dois créer des raisons pour continuer d’y aller. Je dois développer cette attitude à créer mes bonnes raisons de travailler. »

« Quand tu es fonctionnaire dans un service publique, le patron c’est qui ? Nous sommes au service de la population mais tout le monde s’en fout ! »

« Je travaillais en librairie, on me demandait de vendre au moins 4 à 5 cartes de crédit par mois, mais sans s’assurer que le client soit solvable.  Je ne pouvais accepter l’idée que je puisse participer à cet endettement !!! J’ai alors négocié avec mon employeur, il a accepté que je ne vende que les cartes de fidélité. »

« J’ai eu l’impression de vendre mon âme au diable lorsque j’ai mis ma force et mon énergie à vendre des montres de luxe. Vendre un objet inutile, cela n’avait aucun sens finalement !!! »

« Ergothérapeute, travailler dans le « care » n’est pas valorisé, on n’apporte pas une valeur économique à la société, on coûte de l’argent ! On s’occupe de l’autre, ça ne vaut rien… »

« Ma cheffe ne sait même pas où est mon bureau… pour dire que la santé au travail c’est moyennement prioritaire dans notre usine… sauf quand il faut miroiter des chiffres ou la réalisation de projets de prévention durant les visites des grands pontes… »

« Notre entreprise a grandi, nous avons pris des risques en engageant davantage de personnel. Mais j’ai le sentiment que tout peut s’effondrer d’un jour à l’autre, que ce n’est qu’une question de temps, tout est tellement fragile car nous n’avons aucune marge. Je ne peux pas m’empêcher d’anticiper le sentiment de culpabilité et d’échec le jour où tout volera en éclat. Je crains l’avenir. Pas terrible pour un leader qui devrait au contraire donner de la confiance à ses collaborateurs et encourager son associé… Je me sens complètement prisonnier. J’ai parfois envie de tout arrêter parce que j’en ai marre, j’ai fait le tour, j’ai envie de tenter autre chose. Mais j’ai honte de penser que je serais comme le capitaine qui saute du navire et qui laisse les autres sombrer, comme l’architecte qui abandonne un chantier au milieu d’une construction. J’ai honte de penser que j’aurais préféré abandonner plutôt que de me battre jusqu’au bout. J’avais fait le choix d’entreprendre pour répondre à un besoin d’indépendance, de liberté. C’est comme si je me retrouve maintenant prisonnier de ce choix. »

 

 « Gagner ma vie sans y perdre mon âme ? »

« Cela m’évoque l’importance de trouver du sens à mon travail, de me sentir utile, de contribuer à quelque chose. Il me semble que les gens les plus heureux au travail sont ceux qui ont l’impression de bien faire les choses et qui y mettent du cœur et du soin. »

« Nous n’avons pas à « gagner notre vie » car elle coule déjà en nous. Il y a toutefois un parcours intérieur nécessaire pour passer du mode survie dans lequel nous sommes enlisés, à la vie dans son entièreté. Certes, sur le chemin de retour à son âme, les résistances intérieures peuvent être fortes, en lutte tantôt avec l’extérieur, tantôt contre une partie de nous-même. Cette peur de manquer, en l’occurrence d’argent, qui nous pousse à aller jusqu’à l’épuisement, le reniement de soi, de nos aspirations. »

« La notion de « travail » est fausse, dans notre société, travail sous-entend travail-rémunéré. Ingénieur agronome devenue femme de paysan, si je suis à la maison, j’élève mes 4 enfants, je ne travaille donc pas ? Je n’ai rien à répondre à la question : « Que fais-tu dans la vie ? ». Ce n’est pas valorisé dans notre société… »

« Il y a un écart générationnel qui se crée… Les jeunes se posent la question de pourquoi travailler autant ? Avant on travaillait et on pouvait s’offrir des choses, des beaux voyages… Maintenant tu travailles pour payer l’essence pour aller travailler ! »

« On se rend compte qu’on augmente la qualité de vie en diminuant le travail. Finalement, on n’est pas né pour travailler, on est né pour vivre. L’économie devrait servir l’humanité, actuellement c’est l’inverse ! Je donne de la valeur à quoi ? Dans la productivité ? »

« Je me rappelle encore très bien me sentir agressée en tout temps, par le monde extérieur, les devoirs, les tâches à accomplir mais aussi par moi-même, mon intérieur. Pas à pas je découvre, je lâche prise, j’accepte, j’avance et je ME découvre. Le fait d’avoir à peine l’argent pour vivre et de s’en sortir malgré tout m’a enseigné que je n’avais pas besoin d’autant de choses. D’accepter de recevoir sans pouvoir le rendre à cet instant.  D’avoir eu la chance d’avoir été entourée de quelques personnes qui chacun à sa manière m’a beaucoup aidée et que remplie d’une gratitude et d’une reconnaissance sans fond je remerciais. Je n’ai pas encore trouvé ma réponse définitive à la question “comment gagner (financièrement) sa vie sans perdre son âme ?” Mais je continue à suivre mon chemin, sur lequel je découvrirai peut-être une réponse qui sera en accord avec moi. »

« Je pars travailler en gardant en tête que “je suis la priorité ». De ce fait, je respecte mes heures de travail, et les journées au travail sont courtes ! Terminé ou pas, je pars (de toute façon, même avec un pourcentage plus conséquent, je ne parviendrais pas à le réaliser à la hauteur de ce je souhaite !). Aussi j’ai retrouvé du temps en fin de journée à la maison et je l’apprécie !! Cette attitude me permet de prendre davantage de distance avec les éléments qui arrivent et sur lesquels je n’ai pas prise. »

Pour terminer cette série de témoignages, un extrait du discours de départ d’une jeune stagiaire :

« Comme vous le savez, c’est avec grande nostalgie que je quitte mes fonctions de stagiaire-esclave. Je ne sais toujours pas quel nom exact porte le rôle que j’ai pu accomplir (alors un cahier des charges ou des objectifs… n’en parlons pas !) mais après tout ce temps, j’ai compris qu’il n’a jamais été question de tâches, mais de personnes. De tout ce que j’ai pu faire, c’est vous soutenir qui m’a plu le plus ! »

Comment gagner ma vie sans y perdre mon âme ? (1er épisode d’une série d’articles publiés sur ce thème écrits par différents auteurs). N’hésitez-pas à partager vos expériences, questionnements, remarques ou « coups de gueule » en commentaires de ce blog, cela alimentera notre série d’articles sur ce thème…

Catherine Vasey

Insomnie : je me réveille à 3 ou 4 heures du matin…

Le mode de vie moderne est très exigeant, se coucher tard pour profiter de notre temps libre, se lever tôt pour le travail, quelles que soient la saison et la lumière du jour. Alors, lorsque nous nous réveillons la nuit, nous craignons de ne pas dormir suffisamment et d’être trop fatigués pour assumer nos obligations du lendemain. Cette attitude tendue et inquiète nous empêche de nous rendormir !

Se réveiller la nuit est normal !

Interpréter le réveil nocturne comme un trouble du sommeil est récent. L’historien Roger Ekirch nous rappelle que ce que nous considérons comme normal : « dormir d’un bloc continu de huit heures » est apparu à la révolution industrielle, avec l’arrivée de l’éclairage artificiel et des horaires de travail imposés. Les nouvelles exigences de notre société productive ont réduit notre vision de ce qui devrait être un bon sommeil.

En réalité, la physiologie de notre sommeil est diversifiée, colorée et vivante ! Notre organisme profite de l’absence d’activité pour se régénérer et se réparer, le cerveau digère nos émotions, réorganise et consolide nos apprentissages.

Une nuit de sommeil comporte deux grandes phases séparées par un potentiel moment de réveil. Une première tranche de sommeil lent et récupérateur et une seconde partie comportant un sommeil paradoxal activés de rêves. Entre deux, une possibilité de réveil. Ce moment de veille nocturne était utilisé à bon escient par nos ancêtres : entretenir le feu, faire un tour de garde contre d’éventuels prédateurs, boire ou manger quelque chose, nourrir les bébés, prendre soin des animaux, raconter des histoires, prier, vivre un moment d’intimité… Et, grand avantage de notre vie d’autrefois, nous avions l’habitude de vivre dans l’obscurité : un clair de lune, les braises d’un feu, la flamme d’une bougie, la douceur de ces sources de lumière facilitait la relaxation et le rendormissement.

Aujourd’hui, non seulement nous n’interprétons pas le réveil nocturne comme un bénéfice, mais en plus la lumière électrique agresse notre organisme, le smartphone ou tout écran quel qu’il soit déboussole notre horloge biologique. Le rythme circadien (veille-sommeil) est très sensible, un simple coup d’œil à l’heure sur un écran lumineux risque de le dérègler.

Apprivoiser cet espace-temps calme dans l’obscurité

Les études sur le rythme circadien montrent que la nuit nous sommes baignés dans un élixir d’hormones (sérotonine, prolactine, etc.) qui favorise un état de conscience très différent de notre conscience diurne : l’imagination, le rêve, la créativité sont très accessibles, contrairement à la réflexion analytique et rationnelle qui est atténuée. Durant la nuit, nous pouvons bénéficier de cette hyper créativité comme elle peut se retourner contre nous : les ruminations inquiétantes ont tendance à circuler librement dans notre esprit. Nous sommes capables d’imaginer les pires scénarios catastrophes et scènes d’horreur absurdes.

Et si, plutôt que de nous inquiéter, nous considérions ce réveil nocturne comme un accès privilégié à nous-même ? Un accès facilité à une conscience plus profonde, à notre vulnérabilité, nous devenons comme perméables à une sensibilité créative. C’est une chance d’explorer notre vie intérieure autrement, d’imaginer et d’inventer libérés de la censure cognitive !

Nous pouvons préparer à l’avance une activité douce ou créative que nous choisissons de faire si nous avons le temps et l’occasion durant la nuit… (peut-être que nous allons même nous réjouir de nous réveiller la nuit !)

En cas de réveil nocturne, plutôt que de chercher à nous rendormir à tout prix, acceptons d’être réveillés, prenons-le comme une opportunité : la vie nous offre un moment rien que pour nous ! Nous pouvons nous lever et nous installer dans un fauteuil confortable avec une lumière tamisée, dans une activité douce, laissons-nous vivre cette disponibilité intérieure…

Dans cette tranquillité, il est probable qu’un accès au sommeil revienne, comme une fenêtre qui s’ouvre à nouveau, nous nous recouchons tranquillement et repartons pour une nouvelle période de sommeil. Si ce n’est pas le cas, soyons rassurés d’avoir au moins dormi cette première phase de sommeil lent et profond essentielle à notre récupération.

(En complément à cet article, lisez : « Le cercle vicieux de la fatigue »)

Et aussi : “savoir dormir est une compétence”

Comment dire NON à son chef / sa cheffe ?

Si vous faites partie des personnes qui ont l’habitude de dire oui, vous êtes davantage à risque de surcharge. En effet, dans le stress et le rythme accéléré chacun cherche le chemin le plus facile, les demandes pleuvent souvent sur les collaborateurs conciliants. On s’habitue à demander là où c’est plus simple ! Celles et ceux qui posent bien leurs limites et qui n’hésitent pas à dire non seront naturellement moins sollicités !

Le chemin pour dire non à notre hiérarchie est souvent plus ardu que pour poser des limites à nos collègues. En réalité, nous avons appris à obéir à l’autorité depuis tout petit, on ne nous a pas appris à dire non. Quelques stratégies afin de poser des limites de façon adéquate à votre chef.fe:

Incarnez votre motivation à poser vos limites : « Je dis non afin de préserver ma santé, préserver ma vie privée (mes proches en seront contents), et préserver mon travail (j’en serais satisfait) ». Dire non à votre hiérarchie est une prise de risque et un effort important, il faut absolument être déterminé.e et savoir quels en seront les bénéfices pour vous.

Clarifiez vos priorités, votre cahier des charges, le planning de vos tâches en cours. Souvent la hiérarchie n’est pas sur le terrain et ne peut pas se rendre compte précisément de votre charge de travail actuelle. Soyez prêt à le transmettre et à négocier avec votre chef.fe.

Entraînez-vous à dire non progressivement et par degré de difficulté croissante, du plus facile au plus difficile : d’abord dites non dans votre tête (entraînez-vous dans l’imaginaire), puis demandez systématiquement un délai de réponse : « Si j’ai bien compris, vous me demandez de… Je vais réfléchir comment m’organiser pour intégrer cette nouvelle demande dans mon planning, je reviens vers vous dans… (5 minutes, 15 minutes, demain matin… ).

4° Lorsque vous tentez le non effectif : montrez votre volonté de bien faire et votre impossibilité de le faire, lâchez si votre chef.fe n’est visiblement pas conciliant.e. Valorisez ce premier pas même s’il est maladroit, autorisez-vous d’apprendre par essais et erreurs. Dites non dans une ouverture et une négociation : « J’aimerais bien le faire, malheureusement, vu ma charge de travail actuelle, il m’est impossible d’exécuter cette tâche supplémentaire », « Voici ma charge de travail en cours, il m’est impossible de tout faire, qu’est-ce qui est prioritaire ? Quelle tâche vais-je devoir laisser tomber pour respecter mes heures de travail ? »

Vous pouvez aussi dire oui dans un premier temps tout en avertissant comment procéder autrement afin que cela soit plus facile pour vous par la suite : « En principe, je devrais partir maintenant mais j’accepte de rester au travail le temps de terminer cette tâche supplémentaire. Cependant, la prochaine fois, je vous demande de m’avertir plus tôt dans la journée afin que je m’organise et que je puisse partir à l’heure, sinon je serai obligé de vous dire non ». Et si cela se reproduit, vous appliquez ce que vous avez averti !

Dans tous les cas, dire non à sa hiérarchie est une prise de risque : l’autre sera déçu.e, peut-être fâché.e, il.elle pourrait ne plus vous donner de tâches intéressantes ? La hiérarchie par définition a le pouvoir sur vous. Ce qui peut vous aider c’est d’interpréter la réaction de l’autre autrement : « S’il.elle réagit négativement c’est que j’ai réussi à poser mes limites, c’est un succès pour moi ! »

Précautions à prendre lors de demande toxique et abusive : Si vous avez l’impression que les demandes de votre hiérarchie sont injustes, inéquitables ou que la forme ne respecte pas votre intégrité (agressivité, dénigrement, humiliation) :

1° Consignez tout par écrit : date, demande ou comportement irrespectueux, témoins éventuels ? Preuves écrites conservées (mail ou autre).

2° Faites le bilan avec une personne de confiance : constatez l’étendue des abus, est-ce une injustice avérée, est-ce intentionnel, êtes-vous le.la seul.e à subir cela ?

3° Demandez de l’aide : personne de confiance, RH, médiateur, chef de votre chef

4° Préparez un plan B : chercher un travail ailleurs ! Dans ce genre de situation, la solution afin de se préserver est très souvent « courage fuyons ! ».

(davantage de précisions sur cet article de blog)

Rappelez-vous que lorsque vous dites non à l’autre c’est pour vous dire oui à vous-même !

Rubrique radio RTS sur dire non à sa hiérarchie

Le cercle vicieux de la fatigue : un manque cruel de récupération active !

« Je suis fatigué.e, je n’ai pas envie de faire encore un effort… j’ai besoin de me reposer »

Nous avons tous déjà vécu cette réaction, fatigués, quoi de plus naturel que de nous reposer, de chercher le moindre effort ? Mais alors que faisons-nous ? Nous laissons vagabonder nos pensées qui parfois s’avèrent très toxiques, nous nous distrayons sur les écrans sans être nourris de ce qui est important pour nous, nous ne sommes pas vraiment disponibles pour nos proches, et en plus, nous nous inquiétons de tout le travail qui s’accumule ! Petit à petit, à ce régime-là, nous perdons le sens de notre travail, nous manquons ce qui nous est essentiel dans notre vie et nous avons cette impression désagréable que nous nommons : « métro-boulot-dodo ».

Mieux identifier le type de fatigue que nous vivons

La « vraie » bonne fatigue est celle que l’on ressent dans les muscles après un effort ou celle que nous vivons lorsque nous sommes malades et que notre corps fiévreux doit organiser une défense immunitaire très coûteuse en énergie. Cette fatigue physique justifie le besoin d’un réel repos. Notre corps nous signale que des processus de réparation sont en cours, il nous met en quelque sorte temporairement sur le « banc de touche » afin de récupérer et de se renforcer.

La fatigue provoquée par une période de résistance au stress…

Dans notre quotidien, il est finalement plus rare de ressentir cette bonne fatigue physique, le plus souvent nous vivons une « fatigue de tension » :  sous pression, nous avons l’impression de saturation, d’une surcharge mentale, d’une incapacité de nous motiver dans un travail que nous avons pourtant choisi, nous n’avons plus envie de rien, nous avons perdu notre vitalité intérieure. Si nous essayons de nous reposer, c’est difficile car les tensions nous empêchent de nous relaxer et de bénéficier d’un sommeil récupérateur.

La fatigue de tension mentale est due à une hyper sollicitation cognitive, des prises de tête, des interruptions trop fréquentes, une complexité intellectuelle ou multitâches, une surcharge et un rythme trop rapide sans pauses suffisantes.

La fatigue de tension émotionnelle s’installe lorsque nous sommes obligés de contenir nos émotions, nous n’avons pas eu assez de temps ni de disponibilité intérieure pour digérer émotionnellement, nous avons fait face à trop de souffrance, trop de critiques, des situations conflictuelles, des plaintes collectives, parfois nous avons été « contaminés » par une mauvaise ambiance d’équipe.

La fatigue de tension sociale va être provoquée par un trop-plein de situations où nous nous sommes mis à disposition des autres, nous manquons alors de retour à nous-mêmes, à notre vie intérieure, nous avons eu trop de distractions extérieures et de sollicitations sociales qui ne permettent pas de répondre à des besoins personnels plus profonds.

Récupération active, comment nous revitaliser ?

Pour notre organisme, récupérer signifie un arrêt pour se régénérer et se préparer à la prochaine sollicitation. Autrement dit : nous mettre à l’abri afin de recharger nos batteries. Concernant la fatigue de tension la récupération va se traduire par un changement bienvenu qui va nous permettre de nous revitaliser :

Notre MENTAL a besoin d’être sollicité autrement que d’habitude :  nous pouvons faire des activités qui éveillent notre curiosité intellectuelle naturelle. Tout ce qui nous permet de solliciter nos compétences cognitives autrement qu’au travail : jardinage, bricolage, créativité, jeux de mémoire, chant, musique… ? Le but est de canaliser l’énergie mentale sur des tâches qui nous font du bien et qui renouvellent notre mode de penser.

Notre CORPS a besoin de changer de posture, d’attitude, de dynamique, d’environnement, de revenir à un rythme naturel, de se régénérer dans la nature, parfois auprès des animaux… Comme nous sommes de plus en plus sédentaires au travail, nous avons souvent besoin de nous « fatiguer physiquement » afin de nous défatiguer des tensions physiques accumulées.

Nos EMOTIONS ont besoin d’être identifiées, entendues, exprimées, renouvelées : parfois nous avons besoin de « vider notre sac », de nous défouler, de digérer émotionnellement de façon cadrée, afin d’éviter que nos humeurs chargées d’émotions toxiques envahissent notre vie privée. Nous avons aussi besoin de recevoir de l’affection, de la chaleur humaine, de la bienveillance, de préserver une disponibilité pour notre vie intérieure, nos valeurs ou nos inspirations personnelles.

Au niveau SOCIAL, nous avons besoin de changer de rôle relationnel, de mode d’interaction avec les autres. Si, par exemple, nous travaillons dans la relation d’aide, nous avons peut-être besoin, à notre tour, d’être soutenu, entendu, de pouvoir nous reposer sur l’épaule d’un de nos proches, nous avons peut-être besoin d’être en contact avec des personnes qui vont bien tout simplement. Si nous travaillons dans le commercial ou l’industrie, nous avons besoin peut-être de revenir à des relations authentiques, sans objectif ni efficacité et performance. Parfois, si nous travaillons seul, nous aurons peut-être besoin d’être en contact avec d’autres ; ou si dans notre travail nous côtoyons beaucoup de gens, nous avons peut-être besoin de solitude ?

Pour effacer la fatigue de tension, il est donc conseillé non pas de nous reposer passivement mais plutôt d’opter pour une activité adaptée qui nous permettra de bien récupérer. Il nous sera plus facile de nous éloigner du travail si nous sommes persuadés que couper complètement les ponts avec les préoccupations professionnelles nous permettra de travailler plus efficacement au retour et surtout de durer sur un moyen à long terme.

L’essentiel est d’effectuer très régulièrement une coupure franche avec notre vie professionnelle afin de changer d’état d’esprit, de climat intérieur, de mode mental et d’activités, de nous libérer des préoccupations, changer de contexte, sortir du rôle professionnel et de ses contraintes et de revenir à nous.

Ne perdons pas une occasion de nous revitaliser activement et de créer chaque jour la qualité de vie que nous souhaitons vivre !

Pour compléter cet article, lisez : Insomnie, je me réveille à 3-4 heures du matin

Et aussi : “savoir dormir est une compétence”

Les 5 regrets au seuil de la mort…

Actuellement, beaucoup d’entre nous vivons une sensation de saturation dans les activités quotidiennes, cela s’exprime avec l’impression : « je n’ai pas assez de temps pour moi » ou « je passe à côté de ce qui m’est vraiment important » ou « lorsque j’aurais terminé toutes ces obligations, je pourrais enfin être libre de… ».

Nous sommes immergés dans un environnement qui, si nous n’y prenons pas garde, risque de nous distraire de l’essentiel, à devoir effectuer des tâches et des activités qui nous prennent du temps, de l’énergie mais qui ne nous nourrissent pas !

La perspective de la mort nous éveille à être vivants… Les personnes mourantes expriment une sorte de lucidité et de conscience de ce qui leur aurait été réellement important… Sagesse pour nous qui sommes vivants, il n’est pas trop tard…

 

Les 5 regrets au seuil de la mort… *

(*Bronnie Ware, infirmière australienne en soins palliatifs, a consigné les paroles des mourants dans un livre : « The Top Five Regrets of the Dying »)

  1. J’aurais aimé avoir le courage de vivre en accord avec moi-même au lieu de mener la vie qu’on attendait de moi. *

Oui, nous réalisons que notre chemin de vie est unique et que l’existence nous offre des opportunités et un potentiel à explorer. Qu’est-ce qu’il faudrait que nous ayons vécu pour nous dire à notre mort : « J’ai fait une belle vie » ? Et comment nous rapprocher de cette aspiration intérieure dans les actions de notre quotidien ? Quels choix ou changements avons-nous à faire dès maintenant ?

  1. Si seulement je n’avais pas travaillé autant. *

Ce regret nous pose la question de l’équilibre de vie que nous souhaitons réellement vivre. Si nous ne choisissons pas, la sphère professionnelle (ou les devoirs à accomplir) risque bien de prendre le pouvoir en nous absorbant entièrement… Tout l’investissement d’énergie, de temps et d’attention dans le travail se fait toujours au détriment des autres sphères de notre vie (notre couple, nos enfants, notre famille, nos loisirs, notre disponibilité intérieure).

  1. Si seulement j’avais eu le courage d’exprimer mes sentiments. *

Nous développons des stratégies et des contraintes émotionnelles par peur de décevoir, de fâcher ou pour apaiser les relations avec les autres. Nous réagissons, nous nous contrôlons ou nous adaptons, nous faisons des compromis avec nous-mêmes afin d’entrer dans le moule des attentes sociales. Mais finalement, exprimons-nous l’entier de notre potentiel de vie ? Ou étouffons-nous certains sentiments ou ce qui nous est important par peur de déranger les autres ? Exprimer nos sentiments nous demande du courage car cela nous expose davantage que de tout garder pour soi ou d’anesthésier nos émotions.

  1. Si seulement j’avais gardé le contact avec mes amis. *

« Les gens expriment souvent d’amers regrets de ne pas avoir consacré aux amitiés le temps et les efforts qu’elles méritaient. Ils se sont laissé prendre dans l’engrenage de la vie et, avec les années, ont laissé filer des amitiés en or ». *

Parfois notre quotidien nous donne l’impression d’être bien entourés car nous ne sommes pas en contact avec ceux qui manquent : (sur)investis dans la carrière professionnelle, nous ne souffrons pas de moins voir notre famille ou nos amis ; vivre dans une relation de couple fusionnelle et se combler mutuellement ne donne plus envie de cultiver des liens amicaux ou de passer du temps avec les collègues…  Comment cultivons-nous des liens nourrissants avec les personnes importantes à nos yeux, nos proches, notre famille, nos amis, nos voisins, nos collègues ? Quelle espace-temps accordons-nous afin de développer de nouveaux liens ?

  1. Si seulement je m’étais autorisé à être plus heureux. *

« De nombreuses personnes ne comprennent pas jusqu’au dernier moment que le bonheur est un choix. Elles se sont obstinées à suivre une logique dépassée et leurs vieilles habitudes. » *

Être vraiment heureux nous demande de prendre des risques, de sortir de notre zone de confort, nous pouvons nous sentir dans une vie sécure et satisfaisante mais est-ce vraiment suffisant pour nous sentir heureux ? Quelle place donnons-nous au déraisonnable dans notre vie ? Un bébé apprend à marcher en prenant le risque à chaque pas de tomber, et quel bonheur de vivre il démontre !

 

Je vous souhaite une vie animée par ce qui vous est essentiel… ce qui vous touche le cœur… sans distraction et sans compromis !

 

Mode d’emploi pour les HPI qui se respectent

 Efficacité de penser, curiosité intellectuelle, soif d’apprendre, hypersensibilité émotionnelle permettent une vie riche et passionnante. Ce fonctionnement original des HPI (=haut potentiel intellectuel) peut aussi créer des difficultés au quotidien et être la source d’une réelle souffrance au travail (voir article précédant). Dans ce cas, il n’existe aucun médicament ni aucune méthode miracle ! Pour retrouver et maintenir l’équilibre de santé et un climat intérieur serein, vous pouvez développer une stratégie construite sur mesure, en respectant certaines règles :

  • Cultivez votre originalité et préservez-vous du regard des autres !

La définition du HPI est d’avoir une intelligence « hors norme », cela signifie que les autres ne fonctionnent pas de la même façon que vous ! Vous mettre la pression d’être quelqu’un d’autre ou entrer en conflit avec vous-mêmes s’avèrent enfermant et stressant. Autorisez-vous de faire des choix de vie opposés aux attentes sociales. Le piège serait de vous sur adapter constamment, d’essayer de correspondre à un moule social ou à ce qu’on attend de vous et d’être à l’envers de vos propres besoins. Entraînez-vous à vous accepter tel-le que vous êtes !

Le jugement des autres ou le regard critique de votre entourage risquent de contaminer votre climat intérieur. Préservez-vous de toute comparaison intempestive, car cela peut éroder la confiance en vous. Dans certaines situations ou dans certains milieux, il peut être utile de porter une « tenue de camouflage », c’est-à-dire de ne pas dévoiler le fond de votre réflexion afin de vous préserver de conséquences relationnelles négatives (incompréhensions, rivalités, résistances, conflits). Fuyez les situations d’injustice ou détournez le regard (votre attention) si ce n’est pas possible de réellement fuir.

  • Revenez au corps le plus souvent possible !

Le plus grand danger pour les HPI est de surinvestir le niveau intellectuel au détriment du corps. Lorsque vous travaillez plusieurs heures d’affilée sans mouvements physiques, le risque de « dérapage cognitif » (les pensées s’accélèrent, s’emballent et deviennent ingérables) apparaît, d’autant plus lorsque votre mental est passionné ! Lorsque vous revenez aux sensations corporelles par des exercices d’équilibre, d’activités manuelles ou d’intensité physique et de décharge de stress, vous désamorcez un éventuel surinvestissement cognitif. Soyez très prudent si vous utilisez des béquilles comme l’alcool ou d’éventuelles drogues pour débrancher votre tête, ou des somnifères, l’addiction peut rapidement s’installer. Le fonctionnement cognitif est souvent froid et exigeant. Vous pouvez revenir à votre cœur, à ce qui vous donne de la joie ou un sentiment de gratitude, aux « petits bonheurs » du jour. Posez-vous la question tous les soirs : « Qu’est-ce qui m’a touché le cœur aujourd’hui ? ».

  • Faire le vide de vos pensées ? Un sans-issue !

La fonction de notre cœur est de battre, la fonction de notre mental est de penser, réfléchir, planifier. Lorsque vous avez l’impression que vos pensées s’emballent et que vous en perdez le contrôle, il ne s’agit pas de tenter de « faire le vide mental », il s’agit plutôt de ne pas vous accrocher à chaque pensée et/ou de débrancher la prise émotionnelle de certaines situations qui envahissent votre esprit (je capte l’information sans le « son » émotionnel). Vous pouvez cultiver le « désintéressement sélectif ». Vous avez identifié certaines pensées comme inutiles voire même toxiques ; faites comme si vous les connaissiez par cœur, il n’y a rien de nouveau ni d’intéressant à s’y accrocher, vous les voyez et vous les laisser passer !

  • Prudence pour ne pas vous disperser

Votre curiosité insatiable et la peur de vous ennuyer sont les pièges qui régulièrement vous font faire des choix qui risquent de vous surcharger sur un moyen terme et votre potentiel est vaste. Lorsque de nouveaux projets se présentent, il peut être utile d’avoir une stratégie pour discerner ce qui vous est essentiel. Un filtre personnel pour dire non vous sera utile. Accordez-vous un instant pour vous donner l’occasion d’apprivoiser le sentiment d’ennui sans forcément passer tout de suite à du nouveau. Le rien, le vide et l’ennui peuvent donner accès à une disponibilité plus profonde, terrain propice pour cultiver votre vie intérieure et vos idées créatives.

  • Cultivez la « sensation » de confiance en soi

Le manque de confiance en soi est très fréquent pour une personne HPI. Tenter d’améliorer la confiance par des solutions mentales comme les pensées positives est moins efficace que de construire une « sensation de confiance » : vous la renforcerez, par exemple, dans une posture physique stable et enracinée qui favorisera une attitude intérieure plus sûre.

Le « syndrome de l’imposteur » pris à la lettre en vous remettant en question à chaque fois est un désastre pour la confiance en vous. Lorsque vous avez l’impression que les autres vont se rendre compte que vous n’êtes pas si formidable, considérez cet orage de doutes comme un baromètre : « Ce climat intérieur m’alerte que je suis en déséquilibre, c’est le moment de revenir à moi et à mes besoins ».

  • Votre méthode de mise en action des mesures de prévention

Inutile de développer davantage de savoir sur la prévention. Le grand challenge pour préserver ou rétablir votre équilibre de santé est d’agir : expérimenter, explorer, faire des essais et des erreurs, ajuster le tir, répéter et intégrer les bonnes mesures de prévention dans votre quotidien. Le cerveau prend du temps pour sortir des habitudes de penser (d’une semaine à 28 jours), l’important est de garder le cap du changement souhaité, persévérer dans le temps, mettre en place des rappels réguliers. Imaginez ce qu’il se passerait si vous mettiez votre intelligence au service de votre équilibre de santé, si vous activiez votre curiosité et votre créativité afin d’explorer les différentes façons de répondre à vos besoins quotidiens, à appliquer les bonnes mesures de prévention, à renforcer votre équilibre. Cela vous permettrait de changer avec intelligence et de façon durable !

  • Revenez au réel humblement

Les HPI sont simplement hors norme, ni moins bons ni meilleurs ! Etre HPI n’est pas la bonne excuse pour subir passivement la frustration et l’incompréhension du monde comme une fatalité. Et à l’inverse, la vivacité d’esprit, le potentiel qui se déploie, le côté extra-terrestre sont parfois interprétés comme de l’arrogance : à côté d’un HPI les autres peuvent se sentir rabaissés. Vous pouvez trouver votre propre voie, révéler le potentiel qui vous habite tout en restant humble dans votre ambition, accepter les limites du réel et de votre entourage (différent de la vision idéalisée et illimitée du mental !).

 

Le message essentiel à retenir pour vous préserver est que mis à part la période de « lune de miel » d’un nouvel emploi, le travail n’est jamais extraordinaire, il peut être intéressant mais il ne suffira jamais à vous satisfaire entièrement car il ne vous sollicitera pas suffisamment dans tout votre potentiel intellectuel et créatif. Cultivez et nourrissez votre vivacité cognitive indépendamment des défis professionnels, ne misez pas tout sur votre sphère professionnelle !

Pour celles et ceux qui ont besoin d’aller plus loin, participez à une démarche active de prévention du burn-out spécifiques aux HPI (suivez ce lien).

Article de blog précédent : les HPI en danger de burn-out

Harcèlement au travail : comment s’en sortir ?

La vie professionnelle est très exigeante, nous sommes contraints de travailler avec des collègues ou des responsables que nous ne choisissons pas, en cas de difficultés nous ne pouvons pas fuir aisément. Le stress et la surcharge peuvent détériorer les relations professionnelles. Le harcèlement est une forme spécifique de conflit particulièrement destructeur car il vise l’exclusion de l’autre.

 

Qu’est-ce que le harcèlement psychologique (mobbing) ?

C’est un enchaînement de propos et d’actes hostiles, actifs ou passifs qui se répètent à l’encontre d’une personne en particulier. Ces actes hostiles se répètent au moins un par semaine pendant 6 mois. Habituellement, chaque acte pris isolément, peut encore être considéré comme supportable alors que l’ensemble des agissements constitue une déstabilisation de la personnalité, poussée jusqu’à l’élimination professionnelle. (TF 8C_358/2009).

Ces actes hostiles détériorent la possibilité de communiquer de la victime, les relations sociales au travail (l’ignorer, l’exclure, lui attribuer un poste éloigné), la réputation de la victime (propager des rumeurs, se moquer), sa qualité de vie et sa situation professionnelle (tâche absurde ou retrait de responsabilités) et/ou sa santé (mise en situation de travail dangereux). Il est rare que toutes les dimensions d’actes hostiles soient touchées en même temps. Il s’agit d’agissements subtils et non d’un enchaînement aussi « évident ». Chaque acte pris isolément peut paraître supportable mais c’est l’enchaînement de ceux-ci qui a des répercussions sur la santé psychique et physique jusqu’à l’exclusion professionnelle (arrêt de travail pour maladie, démission).

 

Quelques exemples de harcèlement psychologique

Par exemple, ce serait couper fréquemment la parole de la victime, « oublier » de la mettre en copie d’un mail qui la concerne, oublier de la mettre dans la liste des destinataires d’une information. La victime est souvent ignorée (regard, oubli de dire bonjour, elle devient insignifiante), exclue de réunions « parce qu’il n’est pas nécessaire d’y participer » mais toute l’équipe est conviée, exclue de la pause-café (on a oublié d’aller la chercher), exclue d’autres « petits évènements » du quotidien de l’organisation. Elle est rarement moquée en face mais plutôt raillée sur ses réponses, ses propositions (regards complices et rieurs, on lui coupe la parole en lui faisant comprendre que son intervention est stupide…), cela peut concerner sa manière de s’habiller, son mode de vie à une frontière très fine avec des rumeurs qui seraient lancées dans son dos (également considérées comme agissements hostiles). Il s’agit de lui retirer des responsabilités, des projets et/ ou donner des tâches absurdes, en dessous de son niveau de compétences ou alors très en dessus comme ça il est fort probable qu’elle n’y arrive pas, ce qui montre bien à tout le monde son « incompétence ».

 

Le harcèlement sexuel.

Toute référence dévalorisante liée au sexe est considérée comme harcèlement sexuel. Il s’agit en particulier de paroles, d’actes ou de gestes sexistes, homophobes ou à connotation sexuelle, non désirés et provoquant l’inconfort auprès de la victime ou empoisonnant le climat de travail. Les plaisanteries déplacées, propos obscènes et sexistes, remarques concernant les qualités ou défauts physiques, présentation de matériel pornographique en sont quelques exemples. Le harcèlement sexuel se produit dans un rapport de travail y compris cafétéria, place de travail à domicile, locaux externes où sont organisés des rencontres avec la clientèle ou repas de Noël du personnel. À la différence du mobbing, il est habituellement admis qu’un seul incident peut suffire s’il présente un certain degré de gravité.

 

Le harcèlement peut provoquer de graves atteintes à la santé

Être exposé de façon répétée à des attitudes hostiles qui durent dans le temps peut engendrer des séquelles physiques et psychologiques importantes. L’équilibre émotionnel se détériore progressivement : sentiment d’injustice, de méfiance, de frustration, d’impuissance, d’agacement ou de découragement, impression d’être humilié. Cette souffrance crée de nombreuses tensions physiques et peut s’aggraver vers une perte totale d’envie et d’intérêt pour le quotidien. L’usure devient constante car il est difficile de ne pas être envahi par ces émotions lourdes. Petit à petit la victime plonge dans une détresse indicible. Elle perd contact avec ses proches et avec la réalité, dans une telle aggravation, le risque suicidaire est présent.

Un contexte d’absence de soutien social ou d’isolement aggrave les risques d’atteinte à la santé : être ignoré par le reste du groupe devient encore plus douloureux. Non seulement la victime perd l’aide et le soutien dont elle a cruellement besoin mais il est plus difficile de dénoncer ou de se défendre du « rien » plutôt que de se protéger d’une agression ouverte et directe.

Que les facteurs toxiques soient réellement existants ou jugés comme réels dans l’esprit de l’employé ne fait pas de différence sur l’atteinte à la santé. Les mauvaises relations peuvent engendrer un syndrome de méfiance : la victime développe une susceptibilité croissante et aura tendance à interpréter les comportements ou évènements comme agressifs ou dégradants de façon systématique.

La victime est à ce stade fréquemment présentée comme « collaborateur difficile ». Sa conduite résulte du processus de destruction et constitue le plus souvent une réaction de défense désespérée et vaine. La victime agace et le harcèlement trouve sa justification.

 

Que faire contre un.e collègue ou chef.fe rabaissant.e ou harcelant.e ?

Dans un premier temps, tenter de désamorcer la tension en revenant sur le ou les évènements, en exprimant leur impact. Si cette première stratégie échoue et que de nouveaux actes hostiles surviennent, il convient de les consigner par écrit et d’activer des voies plus formelles telles que la Personne de Confiance en Entreprise, le service de santé au travail, les RH ou le syndicat pour obtenir des mesures visant à protéger son intégrité personnelle.

Compte tenu des conséquences possibles, il est important de comprendre rapidement ce qui est en train de se produire et activer les bons leviers (structures d’aide) pour neutraliser la situation avant que les rôles ne soient polarisés victime-agresseur et que le cercle vicieux ne se soit installé.  Il est possible d’adopter une stratégie de recadrage intérieur en changeant sa manière de voir la situation : cesser de culpabiliser, espérer le meilleur tout en s’attendant au pire, développer le détachement émotionnel et l’indifférence. Il est inutile de lutter contre des forces supérieures aux siennes au risque de s’épuiser physiquement et mentalement. Puis, il est nécessaire de capitaliser sur tous les moyens de reprendre une once de contrôle sur la situation et sentir qu’il est possible d’influer sur des aspects même mineurs de la vie professionnelle, par exemple en cherchant du soutien auprès de collègues d’autres services, en s’exposant le moins possible et en pratiquant la désescalade. Dans tous les cas, lorsque les situations sont durablement humiliantes, il devient indispensable de fuir car les conséquences sur la santé psychique peuvent perdurer des années et polluer de futures relations de travail.

 

Article écrit avec la précieuse collaboration de Julie Zumbühl, psychologue du Travail www.cliniquedutravail.ch

« Mon entreprise se meurt, que faire ? »

  • Il s’agit d’un arrêt total de mon activité, mais pas d’un simple ralentissement !
  • Mon entreprise était saine, patiemment développée et construite, elle est maintenant dévastée !
  • J’aimerais pouvoir tenir la tête hors de l’eau grâce à l’aide gouvernementale.
  • J’essaie de survivre tout simplement, je trie les factures pour payer celles qui sont prioritaires. Je navigue en eaux troubles, je n’ai plus de revenus et aucune indemnité.
  • Je suis passé à côté de tellement de choses ces dernières années, je me disais que je n’avais pas le temps, j’étais toujours pressé d’aller de l’avant. Maintenant je ne peux plus rien prévoir, je n’ai plus aucune visibilité.

Le choc est terrible pour les petites et moyennes entreprises ainsi que pour les indépendants; certains (-es) entrepreneurs (-ses) ont perdu des mandats si chèrement acquis ou ont été obligés d’annuler des évènements professionnels importants… D’autres n’ont plus aucune rentrée de cash depuis plusieurs semaines ou n’ont, au mieux, que quelques mois de réserves devant eux. Cela provoque inquiétudes, déception, découragement, sentiment d’injustice (cette crise ruine des années d’efforts sans avoir commis d’erreur), de la tristesse, une désillusion, une chute de motivation professionnelle ou même l’incapacité à sentir toute envie personnelle. Des chantiers émotionnels intérieurs s’ouvrent…

La crise sanitaire du Covid19 a donné un coup de frein massif à l’économie. Avant de se préparer à redémarrer (ce qui sera un gros effort), de nombreux professionnels vivent un processus de deuil : accepter de délier et défaire le passé afin de pouvoir se réinventer, se créer un nouvel avenir, différent. Tout changement irréversible implique de quitter ce qui a été et de s’adapter à ce qui vient.

C’est définitivement fini, terminé !  Revenir à soi pour digérer le choc.

L’entrepreneur(-se) a besoin d’intégrer ce qu’il (-elle) perd et de soigner ses blessures intérieures : accepter de sentir l’impuissance, ce goût d’inachevé, se délier des projets avortés, de ses espoirs mis entre parenthèse, des constructions passées, de tous les efforts et sacrifices inaboutis. Il y a une différence importante à faire entre accepter et se résigner (ou se soumettre). L’acceptation n’est pas un concept ni une méthode à s’imposer par la volonté. « Bon maintenant j’ai compris, c’est fait, je me suis assez morfondu, je décide d’aller mieux !». Il s’agit plutôt d’une expérience à pratiquer avec les ressources du jour, d’être en chemin. Le corps avance à son rythme et prendra le temps qui lui est nécessaire pour intégrer la perte. Elle réveille tous les moments de deuil passés de notre parcours de vie. Oui, il y a une crise majeure et ce moment de vie est particulièrement douloureux. Cela veut dire qu’il faut s’accorder du temps et de l’énergie pour le traverser. Se traiter soi-même avec bienveillance, avec patience, ne pas s’infliger l’obligation de faire « comme si de rien n’était », de tout poursuivre comme avant, voire de redoubler d’exigence vis-à-vis de soi-même pour éviter de sentir toute vulnérabilité de peur de ne pas pouvoir assumer.

Quelque chose de nouveau se met en place dans cette catastrophe. Qu’est-ce qui se révèle ?

Peut-être que cela sera moins bien après qu’avant, il est difficile et douloureux de constater ce qui est impacté à l’intérieur de soi mais le résultat du processus de perte en vaut la peine : « Je vais apprendre des choses sur moi, j’ai déjà vécu cela. Ce que j’y gagne c’est d’enrichir mon humanitude, ma capacité de m’attacher et d’évoluer ».

La période terrible que nous traversons a obligé une majorité d’entrepreneurs à appuyer sur « pause » et à regarder leur vie en face. Cette crise interroge sur ce qui devra être réinventé, sur ce qu’il faudra avoir le courage de remettre en question, il est nécessaire de renouveler l’attitude intérieure. Il en résultera un enrichissement humain, probablement de nouvelles priorités de vie.

 

Avancer dans le sens de la vague.

Il n’y aura probablement pas de retour « à la normale » de l’activité économique. Chaque professionnel est amené à observer de l’intérieur le nouveau paysage même s’il est dévasté, le nouvel horizon qui se dévoile. Faire face au réel afin de pouvoir créer un nouvel avenir ou un nouvel équilibre de vie. Le piège serait de croire que tout va reprendre comme avant. Il s’agit plutôt d’être à l’écoute des émergences et des nouvelles tendances de la population qui a été secouée elle aussi, d’anticiper le changement de société qui se révèlera dans les prochains mois.

« Je n’arrive pas y croire ?!? » Comment vivre le sentiment de stupeur ?

« Il fait beau, j’ai du temps et pourtant je sens un danger ?!? ». Depuis quelques semaines, nous vivons une sorte de « tsunami émotionnel ». Nous nous sommes sentis effarés, abasourdis, abattus, consternés, agités… avec une sensation d’irréalité, de choc ou de confusion intérieure… Le virus est invisible, le danger peut être partout et tout devient alors inquiétant. Notre cerveau est à l’affut de la moindre nouvelle, notre attention se focalise sur les sources potentielles de danger. Cette réaction de peur est rationnelle dans le contexte actuel, elle nous permet de nous protéger ou de combattre ce qui menace notre intégrité.

“Nous ne sommes pas du tout habitués à réfléchir en termes de ressources limitées en Suisse, c’est un concept qu’on découvre avec cette épidémie. Par contre, c’est un concept très familier en Afrique. L’épidémie de coronavirus est déstabilisante. Elle a mis à terre une partie de notre système, on ne s’y attendait pas. Nous devons être très humbles pour essayer de comprendre ce qui se passe.” (Dresse Valérie D’Acremont, spécialiste en médecine tropicale au CHUV, interviewée par la RTS).

La crise du Covid19 bouleverse trois valeurs essentielles de notre équilibre intérieur : notre sécurité, notre santé et nos liens avec les autres. Nos émotions, à plein régime actuellement, influencent nos comportements et nos choix. Nos réactions et celles des autres peuvent être très variées, contrastées, irrationnelles ou archaïques :

  • La stupeur, être tétanisés par les informations qui tombent.
  • Rester focalisés sur les sources de danger potentiel et être à l’affut de la moindre nouvelle.
  • Un climat intérieur de suspicion et de méfiance (la théorie du complot !).
  • Le déni, la minimisation ou la bravade « même pas peur !».
  • La colère, l’hostilité ou le règlement de compte des « responsables » de ce chaos.
  • La panique, le niveau réel de menace n’est pas pris en compte, la réaction est alors compulsive et excessive, le stockage est irrationnel.
  • L’impossibilité de nous amuser ou de relativiser, le mental est suragité par les nouvelles et les préoccupations constantes.
  • Etre dans l’hyperactivité ou la distraction pour ne pas sentir l’angoisse.

Nous nous sentons vulnérables, notre monde s’écroule, nos repères de sécurité disparaissent et le sentiment d’impuissance se développe… attendre chez soi devient difficile. « Qu’est-ce que je dois faire ? » est une réaction mentale normale pour nous protéger de l’angoisse.

Afin d’intégrer cette crise intérieure, nous pourrions nous demander : « Comment être avec moi-même ? ». Quelle attitude intérieure pourrions-nous développer afin de nous accompagner au mieux ? Nos 3 besoins essentiels actuellement :

 Dans la stupeur, nous avons besoin d’intégrer la surprise, la perte de repères, la disparition de notre routine. Nos automatismes ne fonctionnent plus, nous avons besoin de :

  • nous mettre à l’abri ainsi que nos proches.
  • être rassurés et de prendre soin de nous et de notre santé (d’autant plus que la peur et le stress diminuent notre système immunitaire !).
  • reconstruire une routine, un rythme, un cadre conscient dans ce quotidien hors norme.
  • ramener le mental à l’ici et maintenant, ne pas le laisser se perdre dans les scénarios potentiels construits ou reçus des autres, réaliser le monde tel qu’il est et pas tels que nos écrans nous le montrent.
  • Accepter notre irrationalité temporaire et celles des autres.

Nous avons besoin d’accepter de sentir l’impuissance et notre vulnérabilité.

  • accepter ce qui est là, dans une attitude de non-combat…. Même si cela ne nous convient pas ou que nous ne sommes pas d’accord !
  • être présents à nous-mêmes, nous donner l’espace intérieur et le temps nécessaire pour intégrer les changements profonds ultra rapides ; revenir à nous humblement, nous poser dans le calme pour sentir l’impact intérieur.
  • Petit à petit nous pouvons intégrer ce que nous perdons, en nous déliant de nos projets avortés, de nos espoirs mis entre parenthèse, nos constructions, nos efforts inaboutis.

 Nous avons besoin de donner un sens intérieur à cette crise.

La réalité est telle qu’elle est, nous ne pouvons pas la changer, par contre, nous pouvons choisir avec quelle attitude nous vivons ces évènements.

  • absorber cette situation difficile et en faire une expérience constructive, réinventer notre attitude, notre regard sur ces bouleversements.
  • l’apaisement nous permet de retrouver une forme de liberté intérieure et de créativité. L’absence de routine nous donne l’occasion de vitaliser, de révéler notre curiosité naturelle.
  • nous relier aux autres, cultiver notre sentiment d’appartenance en étant solidaires et au service des autres ou de notre clan, notre société, notre pays…

 

Prenez soin de vous et de vos proches avec bienveillance…

Catherine Vasey

Protéger la santé du personnel sanitaire de la crise du covid-19

“Nous nous organisons pour faire tourner la maternité avec du personnel parti en renfort ailleurs mais nous allons quand même essayer d’éviter les semaines de 60 heures sachant que les horaires sont déjà sur 13h/24h, histoire de pouvoir survivre sur la durée” (parole d’une infirmière sage-femme dans un hôpital de zone de la région lémanique, 22.03.2020).

Les soignants, médecins et professionnels de santé sont au front pour faire face à la pandémie. Comment s’engager “corps et âme” pendant des mois tout en préservant sa santé ?

Le Conseil Fédéral a ordonné un blocage partiel de la loi sur le travail alors que ces règles garantissent une protection essentielle : le droit aux pauses et les périodes de repos sauvegarde le temps de récupération indispensable. Voir les informations du Syndicat des services publics.

Cette période de crise extrême va durer de longs mois pour le personnel de santé, les périodes de repos et les mesures de protection de la santé au travail doivent être respectées afin de garantir un système de santé durable…

Chaque professionnel a une responsabilité personnelle pour se préserver au mieux. Voir mon article qui apporte quelques “modestes éclairages” de mesures individuelles pour récupérer.

Chaque institution hospitalière s’organise afin de préserver la santé de ses collaborateurs :

“Nos plans d’urgence élaborés avec tous nos professionnels solidaires font que les normes légales sont dépassées, les lever est nécessaire pour éviter encore que l’on se fasse taper sur les doigts parce que nous nous sommes organisés pour tenir la route. Ayez aussi confiance que les managers ne sont pas tous des affreux et que nous sommes aussi au front à réorganiser pour que nos équipes tiennent dans la durée. Malgré le nombre d’heures qui s’accumulent, nous faisons en sorte que chacun ait des soupapes et tentons de prévenir tout épuisement. La solidarité qui se dégage de toutes les équipes est loin des discours de révolte qui ne vont qu’amener angoisse au sein de nos blouses blanches. Un peu de confiance et de calme les amis on en a besoin sur les lignes de front !” (Précisions d’une infirmière cadre en milieu hospitalier dans le canton de Vaud, 22.03.2020).

Dans cette crise de pandémie, notre pays doit absolument prendre toutes les mesures pour préserver nos professionnels du domaine sanitaire.

Mais sur un long terme, lorsque le danger sera dépassé, engageons-nous à soutenir notre système de santé. Notre gratitude et nos remerciements chaleureux envers le personnel hospitalier devront évoluer à l’avenir vers des conditions de travail qui respectent réellement l’intégrité et la santé du personnel ainsi qu’une revalorisation fondamentale du secteur sanitaire en Suisse.