Commémorations de Verdun ou comment se perdre en polémique inutile

Quelle plus belle façon de commémorer le passé qu’à travers la jeunesse réunie de deux anciens ennemis? C'est ce que l'on aurait dû retenir de la cérémonie qui s'est déroulée à Verdun en ce 29 mai 2016 pour le centenaire de l’une des batailles les plus sanglantes de la Première Guerre mondiale. Retenir les discours émouvants et l'accent mis sur l'importance de l'Europe – l'importance de porter une ambition européenne et de ne pas céder aux nationalismes afin que l'Histoire ne se répète pas.

Car les mots prononcés aujourd’hui ne sont pas de ceux qu’on oublie: «(…) Reconnaissons lucidement que l’Europe est fragile. La France et l’Allemagne ont des responsabilités particulières. Celle de porter une ambition européenne. De donner les moyens à l’Europe d’agir dans le monde. De mettre fin à des conflits qui sont à nos portes», a notamment déclaré François Hollande. Et Jean-Claude Juncker d’ajouter: «Ceux qui ont des doutes sur l’Europe devraient visiter nos cimetières de guerre. L'Europe est née du «plus que jamais ça» de Verdun et plus que jamais l'Europe doit rester unie.» Et Angela Merkel de conclure: «Le souvenir est omniprésent et nous devons préserver cette mémoire. Seuls ceux qui connaissent le passé peuvent en tirer des leçons et forger un bel avenir».

Malgré la solennité des discours qui invitaient à la réflexion sur l’avenir de notre continent, nombreux sont ceux – le Front National (FN) en tête – qui se sont perdus en futilité et en polémique inutile autour de la mise en scène qui a eu lieu durant la cérémonie. Au cours de celle-ci, 3400 jeunes Français et Allemands ont évoqué les combattants de la Grande Guerre, en surgissant de la forêt au son de la Marche héroïque, avant de venir s'effondrer au pied de l'ossuaire au rythme des Tambours du Bronx, fauchée par la Mort juchée sur des échasses. Une belle image dans laquelle les mécontents ont vu un manque de respect aux morts dont les jeunes ont foulé la tombe en courant.

Pour ma part, je trouve le symbole de cette mise en scène très fort. Parce que dans ces tombes reposent des soldats qui avaient peut-être le même âge que les jeunes présents ce dimanche à Verdun. Parce que les commémorations servent à penser à avant pour mieux réussir l’après. Parce que ce sont les jeunes d'aujourd'hui qui construiront l'Europe de demain et qui devront faire en sorte que les soldats d'hier ne soient pas morts en vain. Parce que ce sont 3400 jeunes qui n'oublieront pas ce 29 mai 2016 et que, pour eux, l'Europe signifiera quelque chose désormais. Et, enfin, parce qu’un peu de dynamisme et de couleur sont porteurs d’espoir sous la pluie battante d’un nationalisme grandissant.

Caroline Iberg

Caroline Iberg a travaillé entre 2013 et 2017 au Nouveau mouvement européen Suisse (Nomes). Elle est désormais chargée de communication à Strasbourg.