La peur de l’habitude et l’envie d’ouverture

Le 14 novembre 2015, c’est toute l’Europe qui s’était réveillée sonnée, révoltée, bouleversée, interdite face aux attentats qui avaient frappé la capitale française la veille au soir. Ce matin, deux ans et demi et une dizaine d’événements similaires plus tard, c’est contre une forme d’habitude qu’il faut désormais lutter. On ne s’étonne plus de l’attentat en soi, on s’interroge sur le lieu visé, était-ce au camion bélier ou à la bombe? Était-ce contre des familles ou des jeunes gens? A-t-on déjà eu une revendication? Le constat est sans appel: nous nous sommes habitués. Nous ne sommes plus Londres ni Manchester alors que nous étions tous Paris pendant des mois.

Toutefois, malgré cette triste habitude, c’est tout un continent qui a été renforcé. Quand l’enfance britannique est touchée, c’est toute l’Europe qui se relève. Quand le continent fait face à plusieurs actes très meurtriers, ce sont des candidats proeuropéens que la France, les Pays-Bas et l’Autriche élisent, bientôt suivis par l’Allemagne, faisant fi des promesses illusoires et isolationnistes des partis nationalistes. Alors, certes, le Brexit a eu lieu. Certes, les réformes nécessaires au sein de l’UE le sont plus que jamais. Mais je crois que nous pouvons, en ce jour de juin 2017, être fiers d’être Européens: oui, nous nous sommes malheureusement habitués à une actualité meurtrière, mais nous avons appris à y répondre avec ouverture et vision d’avenir. Et pour une fois, la Suisse n’est pas en reste: l’UDC n’a jamais enregistré autant d’échecs que ces derniers mois.

Et si l’Europe était en train de redevenir européenne?

Caroline Iberg

Caroline Iberg a travaillé entre 2013 et 2017 au Nouveau mouvement européen Suisse (Nomes). Elle est désormais chargée de communication à Strasbourg.