Inscrire la protection du climat dans la Constitution cantonale vaudoise

Je publie ici un texte initialement prévu pour la rubrique “réflexions” d’un quotidien romand. Le ton y est donc un peu différent de ce que j’écris normalement. J’espère que les lectrices et lecteurs “habitué-e-s” ne s’en offusqueront point 😉 

 

Le climat, on en parle beaucoup, trop selon d’aucuns. C’est que l’urgence est là, et les phénomènes climatiques aussi extrêmes qu’inédits qui se succèdent accélèrent une prise de conscience bienvenue. Le débat politique s’est fort heureusement déplacé des querelles pour savoir si la planète se réchauffe ou non à celles sur les mesures à prendre pour enrayer ce phénomène. On cause, on cause, mais on agit peu, et il est malheureusement possible – voire probable – que nombre de consciences environnementales révélées en campagne électorale disparaissent une fois que les citoyens auront glissé leur bulletin dans l’urne.

Le temps n’est pourtant plus aux palabres ou aux vœux pieux, mais à l’action. Nous pouvons bien entendu modifier certains de nos comportements et les rendre plus respectueux de l’environnement, mais si cela est nécessaire, ce n’est pas suffisant, et c’est aussi aux pouvoirs publics d’agir.

Les Vert-e-s vaudois-es ont ainsi lancé une initiative populaire cantonale qui vise à ancrer dans la Constitution de notre canton la protection du climat et de la biodiversité parmi les buts de l’Etat. La protection de l’environnement ne doit plus être une politique parmi d’autres, souvent qui plus est l’un des parents pauvres de l’action étatique, mais un objectif prioritaire et se traduisant dans tous les secteurs.

Concrètement, l’initiative demande à ce que canton et communes prennent les mesures nécessaires pour atteindre la neutralité carbone dans l’exercice de leurs tâches d’ici à 2050 au plus tard, et respecter ainsi les engagements pris par la Suisse lorsqu’elle a signé les accords de Paris.

Le texte prévoit également que les sociétés détenues tout ou partiellement par l’Etat ou les communes, et tout particulièrement les caisses de pension (CPEV, CIP etc.), adoptent des stratégies en matière d’investissements responsables et respectueux du climat. Aujourd’hui, la place financière Suisse est responsable de vingt fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que celles générées sur notre territoire national. Il est donc essentiel d’agir à ce niveau également !

Les milliards détenus par les caisses de pension seraient plus utiles pour servir la nécessaire transition énergétique, et ils y seraient qui plus est mieux investis, puisque de nombreuses études montrent que l’argent placé dans les énergies renouvelables a un meilleur rendement que celui servant à financer l’extraction d’hydrocarbures.

La protection du climat et de la biodiversité figurent parmi les principaux défis de notre époque. Nous devons – pour notre qualité de vie comme pour celle des générations futures – nous donner les moyens de les relever avec succès. Cette initiative cantonale est un outil important pour y parvenir.

 

Alberto Mocchi

Alberto Mocchi est député vert au Grand Conseil vaudois et Syndic de la commune de Daillens, dans le Gros de Vaud. À travers son blog, il souhaite participer au débat sur les inévitables évolutions de notre société à l'heure de l'urgence écologique.