Fly me to the moon… et ramasse ton caca!

Il y a 50 ans jour pour jour (et à la même minute, soit 2h56 du matin, vous pouvez vérifier), Neil Amstrong laissait la première empreinte de pas humain sur la Lune. Cinquante ans après cet exploit qui a fait rêver la planète entière et inspiré Frank Sinatra, ce qu’ont laissé les astronautes sur place y est toujours. Ils ont pris la Lune pour une poubelle, des égoûts, un dépottoir. Comme toutes les missions spatiales qui leur ont succédé depuis.

Au début de ma carrière professionnelle, notre équipe avait expérimenté un exercice de détermination des valeurs qui nous animent. Chacun de nous avait du dire quelle personnalité il ou elle admirait profondément et pour quelle raison. Mon tour venu, j’avais répondu: “Neil Amstrong, pour son courage et son audace à aller là où aucun humain ni animal n’est allé avant”.

Quelques années ont passé depuis. J’admire toujours autant le courage qu’ont eu les gars de la NASA – Amstrong, Aldrin et Collins – de s’asseoir sur une gigantesque bombe pleine à rabord de carburant. Mais mon admiration a baissé d’un sacré cran, pour une toute autre raison, que je viens de découvrir.

Une photo vaut mille mots:

Buzz Aldrin sur la Lune. Photo prise par Neil Amstrong. Qu’est-ce qu’on voit tout à gauche sur la photo?… © MARY EVANS – SIPA

Tout à gauche sur la photo, ce petit objet blanc, c’est… un sac à ordures. Et pas n’importe lesquelles : ce sont les étrons de nos chers héros, comme nous l’apprend le magazine Nouvo de la RTS sur Facebook.

Le tout premier geste de Neil Amstrong n’est pas de prendre la célèbre photo de son empreinte de pas dans la poussière lunaire. C’est de jeter ses cacas sur une planète qu’il n’a pas encore foulée de son pied historique! Un petit pas pour l’Homme, un bon de géant pour l’Humanité… Vraiment ?

Mais pourquoi n’ont-ils pas repris leur chenis pour le vol du retour? Pourquoi n’ont-ils pas appliqué une leçon très certainement reçue de leurs parents (on est dans les années 30) de ne pas laisser traîner leur papier de chewing gum par terre ? Parce qu’il fallait alléger le module lunaire au maximum pour le décolage. Donc on laisse tout sur place. Pensant peut-être qu’un jour, un voyage sera organisé pour nettoyer tout ça? Car rien ne se décompose tout seul sur la Lune. L’année passée, la RTS nous apprenait qu’au total, 220 tonnes de déchets jonchent la lune. C’est la NASA elle-même qui en a dressé la liste…

Il est bien là, le sac à ordures jeté par les premiers humains sur la lune! Il y est toujours!

Ce geste en dit long sur la façon dont notre société “civilisée” et “évoluée” s’envisage ici sur Terre et dans le vaste univers. Ce que nous apprenons enfants (enfin, pour les familles où ce genre de choses s’enseigne encore!), nous l’oublions bien vite au nom de la science et du progrès. C’est une posture à mon avis infantile et incompréhensible. Quand on quitte le lieu de son pic-nic, la plage où on pris du bon temps, ou la planète qu’on visite, on ne laisse rien derrière soi, pas même un mégot de cigarette, pas même une pétole. C’est une règle qui doit être appliquée par nous tous devenus adultes.

Notre économie ne prend jamais en compte les “externalités négatives”  – comme la gestion correcte des déchets, la pollution qui s’accumule – dans le calcul du prix des biens et des services. La théorie économique telle qu’on nous l’inculque dans les Universités est dépassée, fausse, à réinventer. Une croissance infinie dans un monde aux limites et aux ressources finies est une bêtise que n’importe quel enfant de cinq ans peut comprendre.  A quand l’exigence mondiale pour une économie circulaire, où les déchets n’existent tout simplement pas ?

Une seule chose me rassure quelque peu, à moitié il est vrai : à l’avenir, cette mentalité partagée par toutes les nations qui prétendent être à la pointe aux plans scientifiques et technologiques et qui sont si fières de faire partie du club de celles qui sont capables d’envoyer un engin dans l’espace, eh bien cette mentalité, comme un retour de boomerang, va conduire à l’impossibilité de continuer.

Une image vaut toujours mille mots…

(c) esa – Space debris around Earth

Cette image provient de l’Agence spatiale européenne. Ces débris, provenant d’anciens satellites, de parties de fusées larguées et autres sacs à ordures des vols habités, ne sont pas tous immobiles. Ils sont en rotation à des vitesses folles. Vous avez vu le film “Gravity“? Cela donne une idée sans doute assez proche de ce qui attend les futures expéditions dans l’espace…

Quel-le dirigeant-e va donc avoir enfin les “cojones” pour fédérer toutes les nations et amener tou-te-s les scientifiques à n’avoir désormais qu’un seul prochain objectif commun : nettoyer l’espace et la lune de ce que l’humanité y a laissé traîner? Et tant qu’à faire, à quand une résolution de l’ONU pour faire de même sur Terre?

Faut-il attendre un sauveur privé ? J’ai arrêté de croire au Père Noël depuis longtemps. Ce n’est pas Elon Musk qui va me contredire, lui qui a mis en orbite elliptique « la chose la plus idiote que nous puissions imaginer » (selon ses mots): une voiture! Si, depuis le 6 février 2018, une voiture avec un mannequin tourne autour du soleil, dans aucun but autre que … publicitaire. Et un gros déchet en plus, un!

La chose la plus stupide mise en orbite: une voiture. Merci Elon Musk! Un déchet de plus…

Triste humanité.

Je rêve que la formation dispensée par les agences spatiales NASA, ESA, CNSA, Roscosmos, CSA ASC, ISA et consoeurs à leurs futur-e-s astronautes comprendra un module incontournable intitulé: “Ramasse ton caca”… Car quand même, rester dans les mémoires comme étant les premiers humains à avoir jeté un sac à ordures sur une planète inconnue, ce n’est pas glamour du tout.

Je me console en écoutant la voix douce comme un doudou de Frank…

“Fly me to the moon
Let me play among the stars
Let me see what spring is like
On Jupiter and Mars…”

Zut, j’ai oublié mon déo (zéro déchet)!

Que faire quand on est pris-e au dépourvu et qu’il manque un produit cosmétique basique comme le déodorant dans sa trousse de toilette? On court en acheter un à la pharmacie encore ouverte à une heure tardive. Et on se retrouve plongée dans un abîme de perplexité devant cet étalage presque indécent d’innombrables flacons. Il faut choisir pourtant. Quid de celui-ci? Il est indiqué que son emballage est composé de plastique recyclé pour 70%. C’est bon? Je peux?

Depuis plusieurs années, je confectionne mes produits cosmétiques de base. Savons artisanaux en SAF (“saponification à froid” pour les novices!) et parfois en SAFOUR (“saponification à froid et cuisson au four”), shampoing solide, gel douche à base de lait d’avoine onctueux, crème hydratante, dentifrice en poudre, tout y passe. Comme j’aime bien cuisiner et bricoler, la confection de produits cosmétiques était une suite assez logique dans ma démarche de chasse aux déchets. Car je réutilise les mêmes pots et flacons, encore et encore, et ne jette rien, que les emballages des produits de base. Ceux-ci, heureusement, s’achètent parfois aussi en épicerie vrac ou en droguerie, à remplir. Tout n’est pas encore parfait, mais on fait mieux à chaque fois.

Je réalise régulièrement, soit tous les six mois environ, deux à trois pots de crème déodorante maison, à base d’huile de coco et de beurre de karité (tant-pour-tant), de bicarbonate de soude (la qualité alimentaire, sinon bonjour les irritations cutanées!) et de fécule (l’arrow-root, c’est bien mieux que la maïzena!). Une tombée d’huile essentielle de palmarosa, de lavande ou de sauge scarlée et voilà mon stock reconstitué pour un moment. C’est vite fait, économique, zéro déchet (ou presque) et surtout, très efficace. Ma p’tite recette est ici.

Le vertige du choix

L’autre jour, patatras, voilà que j’ai oublié mon petit pot de déodorant maison. De passage en ville de Genève, j’avais une soirée professionnelle assez stressante en vue et je venais de prendre une douche à l’hôtel avant de m’y rendre. Je n’ai pas eu le choix: je devais impérativement aller acheter de quoi sentir bon pour ne pas incommoder mon entourage par une odeur de “vieux cornichon” (petit nom donné à l’acide 3-méthyl-2-hexénoïque (MHA), responsable des effluves pas folichones de transpiration). Passage obligé en pharmacie, le seul magasin encore ouvert à cette heure tardive.

J’ai eu le même vertige que lorsque j’ai mis les pieds pour la première fois dans un supermarché américain: des étalages à perte de vue de produits inconnus. Cela faisait si longtemps que je n’avais pas visité un tel rayon cosmétique, m’en voilà du coup toute perdue. Ma perplexité s’est transformée en stress assez intense car l’heure tournait. Et je devais en choisir un. Oui, mais lequel?

Perturbateurs endocriniens et autres cochonneries néfastes

Comme je sais lire les étiquettes (ce qui veut dire comprendre le language INCI, pour International Nomenclature of Cosmetic Ingredients, une langue assez tordue dont le vocabulaire s’enrichit chaque jour ou presque), cela me prend du temps.

 

Parce que je refuse de me tartiner de n’importe quel produit chimique. Je dois, pour faire mon choix, chausser mes lunettes, puisque le législateur autorise des saletés comme le silopentasiloxane, silicone d’origine chimique réputée être un perturbateur endocrinien, l’Aluminum Zirconium Tetrachlorohydrex GLY – un sel d’aluminium susceptible de pénétrer dans les tissus de l’organisme, ou encore le BHT, un antioxydant aussi classé perturbateur endocrinien.

Image Herborist.fr

La tâche n’est pas facile. Finalement, mon choix s’est porté sur une marque suisse assez connue de produits cosmétiques en général acceptables. Ce déo est estampillé du label “Natrue” pour International Natural and Organic Cosmetics Association, un label assez sévère auquel on peut se fier les yeux fermés. Ce qui m’a bien arrangée, car la liste des ingrédients de la composition est assez longue.

De retour chez moi, j’ai vérifié, grâce au site www.laveritesurlescosmetiques.com, que mon produit était bien inoffensif pour ma santé. Ce site est une référence. A l’origine, c’est un livre, de la journaliste allemande Rita Stiens, qui a provoqué une véritable prise de conscience chez moi. Prise de conscience que je devais prendre en main ma santé moi-même face à l’incurie, l’arrogance, l’appât du gain, le cynisme coupable (et j’en passe) de l’industrie cosmétique, qui recycle de véritables cochonneries dans ses produits. Depuis, heureusement, beaucoup ont ouvert les yeux.

Parce que quand même, les aisselles, ce sont des concentrés de glandes, de ganglions, de nerfs sur lesquels on ne met pas n’importe quoi.

La composition du déodorant choisi, dans les détails.

C’est bon, tous les voyants sont au vert! Sauf l’ingrédient du “parfum”, une mention nouvellement autorisée aux fabricants pour leur éviter de devoir détailler la liste des huiles essentielles utilisées, respect du secret industriel oblige. Sauf que des fois, le parfum en question n’a rien de naturel, d’où le voyant orange.

Du plastique recyclé, c’est quand même un déchet

Une petite mention sur l’emballage a attiré mon attention. Il est noté que l’emballage de plastique est composé à 70% de plastique recyclé. Bon, il est précisé aussi, dans un souci de transparence totale, qu’on ne parle que de la bouteille, et pas de la bille, ni du bouchon.

Faut-il faire confiance à cette allégation?

Chat échaudé craint l’eau froide: c’est aussi ce que déclare Coca-Cola qui prétend beaucoup et ne fait pas grand-chose. Marketing, greenwashing, blablabla de communiquants, la main sur le coeur… on connaît la chanson.

Pourtant, c’est marrant comme j’ai eu un petit soulagement à l’idée que pour fabriquer ce flacon, on a quand même réutilisé du plastique, ce fléau de nos rivières, de nos lacs, de nos océans (et de tout ce qui y vit). C’est un peu du même ordre que quand je regarde mon sac à main fabriqué avec une vieille bâche de camion: une certaine satisfaction. Ce qu’il advient après du dit-flacon, c’est une autre chanson: c’est un déchet plastique dont il faut se débarrasser en usine d’incinération. Point barre. C’est en fait du down-cycling, on n’est pas (encore) dans l’économie circulaire qui ne produit aucun déchet.

En l’occurrence, ce qui a vraiment compté dans mon achat, c’est finalement la composition du produit. Pour moi, la mention du plastique recyclé dans la composition de l’emballage n’est pas convaincant. Même s’il est d’un vert un peu moins pâle que chez Coca, cet argument, c’est un peu du greenwashing quand même…

Morale de l’histoire: pré-pa-ra-tion!

La morale de cette histoire? Se voir contraint-e d’acheter du plastique, c’est ce qui arrive tout le temps quand on ne se prépare pas assez bien à vivre une heure, une journée ou une nuit hors de chez soi. Si on souhaite produire un minimum de déchets, il est impératif d’avoir toujours avec soi cabas pliable, gourde à remplir, voire même tasse de café, couverts en métal et serviette en tissu ou brosse à dent de voyage.

Mais aussi quelques produits cosmétiques de base, à commencer par un mini pot d’huile de coco et un autre de bicarbonate de soude. Avec ces deux ingrédients de base, on arrive se confectionner – à la minute – un dentifrice, un déodorant, une crème à tout faire, un peeling…

On apprend tous les jours!

Le fragile équilibre des associations

L’argent, nerf de la guerre. Pour les associations à but non lucratif qui oeuvrent pour le bien commun, l’origine de leur financement change. Leur volonté de survie peut les mener à des compromissions coupables. Des règles éthiques solides posées dès le départ et régulièrement interrogées sont indispensables si elles veulent rester des acteurs incontournables à long terme.

Dans la chasse aux emballages inutiles ainsi qu’aux inadmissibles gaspillages des ressources , personne ne sera étonné que je snobe les étals qui proposent des fraises en janvier, des tomates en hiver ou des asperges qui ont 18 heures d’avion dans les pattes. J’attends donc sagement que ces produits soient “de saison” et qu’ils ne soient pas cultivés chez nous sous serre chauffée.

C’est donc très docilement que j’ai suivi les conseils du vénérable et respecté World Wildlife Fund: j’ai téléchargé leur app sur mon téléphone intelligent, au cas où je ne me souviendrais plus de la saison des épinards (printemps + automne!) ou des haricots (été).

Calculateur en ligne

Pour me faire peur, je calcule de temps à autre mon empreinte écologique sur le site du WWF. Là, mon comportement reste indéniablement coupable. Gourmande comme je suis, je mange toujours trop souvent du fromage et me régale de viande (produite localement). Si je passais d’une consommation de fromages de 4 à 6 fois par semaine à 1 à 3 fois seulement, je réduirais ma production indirecte de CO2 de 7 sacs poubelles de 35 litres chaque année. Vade retro caseus! On n’est pas petite-fille de laitier pour rien!

Bon, sans tricher, mon empreinte est un tiers moins élevée que celle de la moyenne suisse, mais d’un gros quart de plus que la moyenne mondiale. Si tout le monde vivait comme moi, il faudrait quand même plus de deux planètes. Pas de quoi être fière, donc.

Le WWF, ce grand frère tant admiré…

Pour moi, le WWF, cela a toujours été l’incarnation du bien absolu, l’exemple à suivre, l’engagement de longue durée pour la nature, les animaux sauvages, la biodiversité. Le WWF m’a accompagnée depuis que je sais lire, c’est un compagnon fidèle, crédible, fiable, dont la mission est des plus nobles.

Le poster des poissons qui tournoient dans le grand bleu m’hypnotise toujours autant. Son slogan (We can protect life on our planet) a sûrement dû inspirer le fameux “Yes we can” d’un certain Barack Obama…

Quelle ne fut donc pas ma surprise de voir estampillées parle WWF des fraises espagnoles vendues hors saison. Et même pas bio, en plus !

Et un logo de plus, un! Migros en rajoute dans la jungle des labels…

Alors quoi? Je peux désormais – l’esprit tranquille – consommer des fraises cultivées sous serre en Espagne, cueillies par des Marocaines exploitées comme des esclaves sexuelles (comme le rapportait The Guardian le mois passé) puis transportées par camion vers la Suisse ? Pour me tranquilliser, Migros et WWF ont fait un bel exercice commun de communication. Il y aurait 74 mesures prises dans la gestion de l’eau, des produits phytosanitaires, de la gestion des sols…

Critères sociaux plancher

Au plan des aspects sociaux, on trouve ce qui paraît tout à fait normal chez nous en Suisse. Soit “l’instauration d’un dialogue avec les travailleurs sur place sous forme de tables rondes avec les syndicats locaux” , “la nécessité de définir des conditions de travail non seulement conformes aux exigences légales, mais aussi exemplaires du point de vue de tous les groupes d’intérêt, en enfin “la gestion des réclamations efficace, sécurité au travail et protection de la santé (contrôles sanitaires et vêtements de protection), égalité des sexes, hébergement adapté en matière d’hygiène et d’accès à l’eau potable“.

Wouah! Un accès garanti à l’eau potable.. mais quelle progrès !

Je me demande si quelqu’un a bien relu ce communiqué, vraiment.

Photograph: Ofelia de Pablo and Javier Zurita/The Guardian. Article en ligne.

Ces règles appellent immanquablement quelques questions:

  • les ouvriers et les ouvrières sont-ils et sont-elles autorisé-e-s à être syndiqués ? Parce que les tables rondes, on connaît bien. On invite tout le monde et on discute. Rien ne change, mais on a discuté, et on le crie haut et fort, la conscience tranquille. On sait bien le faire en Suisse…
  • que veut dire “la nécessité de définir des conditions de travail…”? Ces conditions de travail ne sont visiblement pas encore définies. Les exigences légales en Espagne, je demande à voir. Surtout quand on sait que l’Espagne a passé un accord avec le Maroc, qui fournit la main d’oeuvre féminine selon des critères discutables (ce sont des mères d’enfants en bas âge, ainsi est-on sûr qu’elles retournent au pays après la saison des fraises… étrange libre circulation des personnes).
  • Au final, les intérêts des travailleurs ne sont-ils pas foncièrement opposés aux intérêts des exploitants, des intermédiaires et des grossistes ? Et finalement des consommateurs qui achètent ces fraises hors saison à très (trop) bas prix ?

C’est la journaliste Leïla Rölli qui a révélé la première cet exemple consternant de greenwashing de la Migros, mais aussi de la compromission du WWF. Son article sur son blog en vert et contre tout vaut la lecture. Elle démonte un à un tous les arguments et démontre la supercherie avec précision et humour.

www.envertetcontretout.ch

Résignation ?

Reste posée la seule et unique question intéressante: mais pourquoi le WWF s’est-il ainsi compromis, au risque de contredire tout son discours passé ? Car sur son site, on peut toujours lire ceci:

“En règle générale, mieux vaut acheter des produits de saison cultivés localement pour être sûr qu’ils n’ont pas été transportés par avion ni ne proviennent de serres à chauffage conventionnel.”

Et arrive à se contorsionner de manière subtile en présentant son projet de partenariat avec la Migros:

“La saison des fraises commence fin mai (voir le calendrier de saison). Mais, dans la mesure où certaines personnes ne souhaitent pas attendre si longtemps, le WWF a lancé, en partenariat avec Migros, le projet «fraises» afin que la culture de ce fruit telle que pratiquée en Espagne revête un caractère plus écologique et socialement acceptable.

Le WWF n’entend pas de cette manière cautionner le marketing de Migros concernant la fraise espagnole, mais protéger le parc national Coto de Doñana menacé par la pénurie d’eau.”

En gros, ce qui compte plus que tout, c’est le parc national. On a visiblement baissé les bras face au comportement coupable et décourageant des consommateurs-trices en Suisse.

Ce ne serait que de la résignation, alors ? Je n’ai pas la réponse exacte. Mais j’ai ma petite idée. La véritable origine de cette compromission, ce sont les sous, le nerf de la guerre, et surtout le problème de leur origine.

Difficultés de financement ?

En ces temps de libéralisme effréné, il est devenu très difficile d’obtenir un soutien financier de la part des pouvoirs publics. Les ressources publiques provenant de l’impôt, par nature redistributif des richesses, baissent régulièrement. Selon le principe des vases communicants, ce que ne paient plus les entreprises au titre de l’impôt reste dans leurs caisses. Il se produit donc un grand transfert du financement des activités menées par les associations pour le bien commun, activités que ne peuvent pas entreprendre les services étatiques, ni les financer non plus.

Il est tout autant difficile de recruter des membres individuels, traditionnellement première source de financement des associations. Le public est maintenant malheureusement imprégné de la méfiance généralisée envers tout ce qui est institutionnel, étatique ou ONG: les particuliers ne financent plus que des projets précis (par exemple via des actions éclairs de crowdfunding qui reposent sur l’émotionnel et l’affect), mais ne sont plus d’accord s’engager à long terme pour soutenir, par une cotisation annuelle, une infrastructure de base qui assure un fonctionnement permanent.

Comment faire alors pour survivre quand on est une association à but non lucratif qui a de grandes ambitions et de nombreux projets ? On s’allie aux entreprises, les seules qui ont de plus en plus de moyens (vu la baisse constante de l’imposition). Et on se “fait une raison”, comme le WWF:

“La saison des fraises commence fin mai (voir le calendrier de saison). Mais, dans la mesure où certaines personnes ne souhaitent pas attendre si longtemps… “

Quel aveu de faiblesse ! Quelle tristesse!

Être membre d’une association, un véritable soutien à long terme

Une première solution: soutenir les associations aux règles éthiques claires et au comportement irréprochable, en devenir membre et payer sa cotisation ! Pour ma part, la FRC, Pro Natura, Birdlife Suisse, Demain La Broye, Handicap International et transfair, entre autres, reçoivent mon soutien. Tant que je suis convaincue qu’elles travaillent selon des principes éthiques solides.

Cela vaut pour les ONG qui travaillent pour la sauvegarde de l’environnement, des animaux, de la biodiversité, mais cela vaut aussi pour d’autres organisations comme celles qui défendent les consommateurs ou les syndicats, qui défendent les droits des personnes qui travaillent, ici et ailleurs.

La recherche de fonds est tellement tendue et difficile qu’elle mène souvent à de basses compromissions. Comme cette jeune association suisse oeuvrant contre la production de déchets et du gaspillage qui fait de la publicité – entre autres produits – pour des filets à lessive qui retiendraient les microfibres des vêtements. Ces filets sont fabriqués en polyamide 6.6 dont on ne connaît pas quelle durée de vie ils ont ni s’ils peuvent être recyclés en Suisse.

L’entreprise en question a certainement payé une cotisation de membre collectif à l’association. En contre-partie, elle obtient un label “zéro déchet” commercialement bien utile (c’est tendance). Le problème est ailleurs : grâce à ce filet en plastique, les consommateurs ont le sentiment de pouvoir avoir la conscience tranquille. Ils se dédouanent d’acheter et de laver leurs habits en fibres plastiques, au lieu de miser sur des fibres naturelles qui ne relâchent pas de microfibres polluantes dans la nature (la laine mérinos par exemple).

Ayez les yeux bien ouverts et recherchez les critères retenus et affichés par l’association que vous voulez soutenir, critères qu’elle se doit d’avoir si elle fait de la publicité de marques, de produits et d’entreprises!

Vous n’en trouvez pas ? Passez votre chemin !

 

 

“Rendons à César…” De la responsabilité des déchets

Le transfert de la responsabilité du fabricant sur le dos des consommateurs est un enfumage bien connu du lobbyisme économico-politique, qui fonctionne depuis des décennies!  Il a court en matière de déchets (surtout plastiques), et avant cela, dans celui des aliments trop sucrés, trop gras et trop salés. Le même principe était à la base des actions du lobby du tabac. Dernier avatar: le domaine de la santé. Récapitulons…

Res-pon-sa-bi-li-ser! C’est le leitmotiv, le mantra qui viendra à bout de tous les problèmes! Car c’est dit: si on a des problèmes en ce bas monde (de santé, d’environnement, de budget…), c’est de notre faute en tant qu’individus! Les entreprises veulent bien vous coacher pour vous aider dans votre tâche, comme le dit si élégamment la directrice du groupe d’assurance maladie CSS, Philomena Colatrella. Grâce à des apps qui vont siphonner vos données et lever le voile sur tous les détails de votre vie privée. C’est tout bénéfice pour les entreprises puisqu’au passage, les assurances auront gagné gratuitement des millions de “data” qui valent très chères…

Dans un monde économique qui fonctionne bien, le producteur d’un bien est responsable de la qualité de ce qu’il produit. Cette responsabilité ne se limite pas à la qualité du produit qui sort de ses usines: elle s’étend aussi aux effets sur ses consommateurs. Elle devrait être étendue au delà encore. Notamment en ce qui concerne les effets sur l’environnement de son élimination (ou de sa réutilisation).

L’industrie est la seule responsable de ses produits et de leurs effets

C’est en raison de ce principe que l’on exige de l’industrie pharmaceutique des études sur les effets directs et secondaires de ses médicaments. Ou que le législateur a inscrit une étude d’impact obligatoire pour tout projet relevant de la Loi sur l’environnement. Ou bien encore que les marques de cosmétiques doivent fournir une “évaluation de sécurité”, qui tienne compte “de l’usage auquel le produit cosmétique est destiné ainsi que de l’exposition systémique attendue aux différents ingrédients dans la formulation finale.”, comme le stipule l’ordonnance sur les cosmétiques révisée en 2016 (OCos, art. 4 al. 2).

Quand on découvre que les effets de l’amiante, du tabac ou du sucre à longue échéance sont invalidants et souvent mortels pour les êtres humains qui y ont été exposés (activement, comme passivement), les choses se corsent. La logique voudrait que les fabricants, quand ils ont connaissance de ces effets délétères et/ou mortels, soient tenus pour responsables des coûts de traitement ou des décès que leurs produits ont engendrés. Dans le cas du tabac, il a été démontré que l’industrie connaissait parfaitement, depuis des décennies, les effets dévastateurs de leur produit sur la santé de leurs consommateurs réguliers, ainsi que des personnes soumises à l’exposition de la fumée du tabac de manière passive.

L’enfumage de l’industrie de l’emballage

Devinez quoi! En matière de déchets, la responsabilité du fabricant n’est jamais engagée. Jamais ! Ou alors elle s’arrête dès que son produit est entre les mains du consommateur. Les effets sur l’environnement? Tant qu’elle n’a pas à en assumer les frais, elle les ignore et les fait payer à d’autres.

Ainsi il est démontré que l’entreprise Coca-Cola sait depuis les années 70 que la bouteille en verre consignée et réutilisée est la meilleure en termes d’impact sur l’environnement que toute autre matière (verre perdu, plastique, PET…). Elle a donc troqué son système de bouteilles en verre consignées par des bouteilles en plastique. C’est bien moins cher pour elle! Les coûts à charge de l’environnement seront payés par Mère Nature ou par l’argent du contribuable.

La bouteille Contour de Coca-Cola telle qu’elle a été créée par la Root Glass Company en 1915. (c) www.processalimentaire.com

L’industrie du tabac a montré la voie, suivie de près par l’industrie alimentaire et des produits sucrés (dans laquelle la première a bien vite investi quand elle a senti le vent tourner pour elle). Le poids de la responsabilité, pour ces industries, repose clairement sur le consommateur. Selon leur communication, seul le comportement individuel est à même de mettre un frein et un terme à l’épidémie d’obésité, de diabète de type II et autres maladies liées au syndrome métabolique. Il est si simple d’être rai-son-nables! “Si vous êtes malades, c’est de votre faute, c’est que vous avez manqué de volonté!” Voilà le message que ces industries ont réussi à faire passer. En oubliant au passage que les produits du tabac sont addictifs (à cause de la nicotine) et que le sucre l’est tout autant. Or, une addiction ne se combat pas avec de la seule volonté, interrogez n’importe quel-le spécialiste de santé publique!

En matière de déchets, c’est pareil. Si tant d’emballages et de plastiques étouffent les rivières, les lacs, les mers et les océans, si la faune aquatique meurt d’en ingérer au quotidien, si au final nous les mangeons aussi en retour sous forme de microparticules, c’est de notre faute! Si nous n’avions pas jeté à tout vent tous ces emballages, il n’y aurait pas de problèmes environnementaux, notre santé ne serait pas mise en danger.

Cet albatros a été retrouvé la panse remplie de déchets plastiques…

Bons princes, les industriels de l’emballage – au lieu de se remettre en question – lancent de gigantesques opérations de nettoyage des plages… et de leur conscience.

Ainsi, Pack2Go Europe – les professionnels de l’emballage alimentaire – martèle que tout est question d’éducation. L’industrie de l’emballage a lancé l’association “Clean Europe Network”, qui nous organise des journées “Clean Up” où les stupides et seuls responsables – les consommateurs bien sûr – vont ramasser les déchets ici, là ou ailleurs. Pack2Gp Europe et Clean Europe Network sont logés à la même adresse à Bruxelles, et leurs sites internets sont quasiment identiques. L’enquête de Cash investigation de France 2 sur le plastique (“Plastique: la grande intox“) a découvert le pot aux roses.

Cette stratégie est celle du prestidigitateur: “regardez ma main droite!” pendant que le tour de magie s’opère dans la main gauche. “Aidons le consommateur à prendre ses responsabilités, et ainsi détournons le regard sur une autre cible que nous-mêmes!”. Voilà le message !

Avatar suisse du réseau “écolo” de l’industrie de l’emballage : IGSU

En Suisse, c’est aussi le message délivré par l’association IGSU ou Communauté d’intérêts Monde propre, un membre du réseau mis sur pied par l’industrie de l’emballage Clean Europe Network !

C’est simple: au lieu de participer à l’un de leurs prochains “Clean Up Day”, je préfère ramasser au jour le jour ce que je vois traîner sur la voie publique. Je fais ainsi ma part sans offrir un coup de pub gratuit et indirect à l’industrie de l’emballage qui s’achète une bonne conscience au passage. Car il est démontré qu’un déchet attire d’autres déchets. Voir un truc qui traîne nous “autorise” à jeter le nôtre en se disant: “bah, puisqu’il y en a déjà un…!”. Le film “Fenêtre sur déchets” du cinéaste italien Salvo Manzone, récemment projeté durant le Festival du Film Vert, l’a bien mis en images: à Palerme ou à Naples, il suffit d’un premier sac de détritus pour qu’une décharge sauvage se constitue très vite. En ramassant ce que vous voyez, vous êtes bien plus efficaces que de participer à ces actions de bonne conscience de l’industrie.

Mais bon, si le coeur vous dit de participer à une action collective et de sensibilisation, ce qui peut être sympa avec les enfants, préférez les actions “Coup de balai” que la Cosedec (Coopérative romande de sensibilisation à la gestion des déchets) organise avec votre commune.

Parce que finalement, qui donc les produit ces emballages plastiques? Ce n’est pas le consommateur! Le consommateur consomme le produit. Il ne peut être tenu responsable de son emballage. Si sa salade lui est vendue dans un emballage réutilisable, recyclable ou biodégradable, il va la consommer pareil que si elle est vendue en barquette plastique.

Rendez à César…

“Rendez à César ce qui appartient à César… et à Dieu ce qui est à Dieu!” a répondu un certain Jésus, que les Pharisiens avaient voulu piéger avec une question portant sur la conformité à la loi juive le fait de payer des impôts romains.

Une pièce de monnaie romaine à l’effigie de César

Pour paraphraser cet immense révolutionnaire à l’origine de notre culture judéo-chrétienne (dont les propos m’épatent à chaque fois que je les lis!), on peut dire aujourd’hui: “Rendez à l’industrie du plastique et de l’emballage la responsabilité de tous les ennuis que ces matières ont engendrés!”

Et fichons la paix aux consommateurs!

L’effet papillon de mon chocolat

“Pourquoi tu manges encore du chocolat ?” questionnait mon fils l’autre soir. “Je n’achète plus d’avocat!” m’a confié ma collègue. Aïe, les deux ont raison: ni le cacao ni l’avocat ne poussent en Suisse! Dois-je y renoncer pour autant ? Mes choix de consommation courante sont devenus cornéliens. C’est parti pour un exercice de “triture-méninges”…

Nous avons tous des faiblesses. Je l’avoue, je craque pour le bon chocolat! Désolée pour le traditionnel chocolat au lait suisse, mais celui qui me plaît affiche au minimum 75% de cacao, avec un mimimum d’ingrédients dans sa composition. A l’heure du café après le repas familial du soir, la discussion a porté sur nos choix en matière d’aliments. Que peut-on encore acheter le coeur léger, quand on se soucie (dans l’ordre de mes priorités): pas d’emballages inutiles, de production locale, en production respectueuse de l’environnement et des humains (donc bio et de commerce équitable), naturel (donc sans hypertransformation), sans (trop de) sucre ajouté et abordables pour mon porte-monnaie ?

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Le rôle majeur des communes dans l’incitation à réduire les déchets

Une fois que j’ai mis mon sac à ordures dans la benne, qui s’en occupe ? Ce sont bien sûr les services de la commune où j’habite. Selon les communes, différents systèmes ont été adoptés pour gérer la montagne de déchets produite par ses habitants. Certains sont efficaces, d’autres vont dans le mur. L’action de citoyens engagés est alors indispensable. Revue non exhaustive.

Petit rappel: en Suisse, chaque habitant produit en moyenne 702 kg de déchets, dont une moitié est incinérée et l’autre moitié part dans des filières dites de “recyclage”. La Suisse figure au palmarès des pays les plus producteurs en matière de déchets. Mais c’est aussi un pays où on a l’illusion d’être de bons élèves, car “on trie et on recycle” beaucoup.

Le tri, c’est bien. Mais ce n’est qu’un début de réponse au problème des déchets.

Depuis 2016, l’ordonnance sur les déchets révisée est entrée en vigueur. Son titre complet est “Ordonnance sur la limitation et l’élimination des déchets (OLED)”. Bien souvent, on ne retient que le mot “élimination”, et on oublie que le premier but est la “limitation”, donc la réduction des déchets.

C’est là que le rôle des communes est primordial. Certes, elles doivent exécuter les prescriptions fédérales et cantonales. Et notamment elles doivent couvrir les frais qu’occasionnent la gestion et l’élimination des déchets avec des taxes, selon le principe du pollueur-payeur inscrit dans la loi fédérale sur la protection de l’environnement (LPE, art. 2). Pour cela, elles adoptent des règlements sur diverses taxes. Il en existe de deux sortes (incitatives et fiscales) et les communes doivent recourir aux deux. Voyons comment…

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Comment l’homo-consommatus est devenu un être fractionné

La segmentation est une technique marketing bien connue… et très aliénante. On ne va pas vendre du vernis à ongle à une mécanicienne sur auto (quoique…!) ou un anti-histaminique à quelqu’un en pleine forme. Pour vendre, il est nécessaire d’adapter son discours à son public, pour mieux l’atteindre. Le principe est simple à comprendre. Là où le bât blesse, c’est quand la segmentation conduit à la fragmentation de tout et de tous, à l’infini. A contrario, le mode de vie qui vise à réduire ses déchets passe automatiquement par un exercice permanent de simplification quant à la façon de consommer. En soi, le mode de vie Zero Waste s’oppose à la fragmentation et engendre une réunification de l’homo/femina consommatus (ou homo-femina-economicus).

La segmentation du marché, cela s’applique à deux concepts: diviser le marché et ses consommateurs en segments, afin de mieux définir le public auquel on destine un produit et ainsi, affiner sa façon de s’adresser à lui afin qu’il se sente concerné… et achète le produit en question. Le second concept consiste à diviser une catégorie de produits (prenons l’exemple d’une crème cosmétique pour la peau) en sous-groupes spécifiques (crème pour les mains, crème pour le corps, etc.).

L’une comme l’autre sont problématiques. Voyons pourquoi. (suite…)

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Ce petit mégot de rien du tout…

Une si jolie plage au sud du Lac de Neuchâtel

L’autre jour à la plage, je me dorais la pilule au soleil couchant de fin d’après-midi quand une odeur de tabac fumé est venu titiller mon odorat, qui lui jamais ne s’assoupit. A l’air libre, la fumée se dissipe pourtant assez facilement. Est-ce mon passé d’ado fumeuse qui a laissé des traces ? Je détecte très rapidement l’odeur d’une cigarette à des dizaines de mètres à la ronde. Dire que cela me gêne, c’est peu dire. Une trentaine d’années après ce passage débile (au sens latin du terme: manquant singulièrement de courage pour dire non aux copains de l’époque!), une volute tabagique m’insupporte aussi sûrement que le crissement d’un ongle sur une surface lisse.

Mais comme je me trouvais à l’extérieur, je me suis donc résolue à prendre mon mal en patience. Hélas, ma voisine de serviette de plage n’était pas seule et elle avait pas mal de munition. C’était l’heure de l’apéro et le petit groupe de joyeux baigneurs dégustait une bouteille de rosé, accompagné de quelques chips et autres amandes salées. Son paquet de cigarettes était tout neuf. Une demi-douzaine de cigarettes ont été réduites durant la collation.

La fin du jour étant longue et chaude, une fois la bouteille terminée, le petit groupe a résolu d’aller manger du plus solide. Les quatre jeunes adultes ont tout ramassé et rien laissé derrière eux, ou presque. La plage étant privée et les picnics y étant interdits, les poubelles étant situées juste à côté du débit de boissons, chacun a intérêt à être discret et à ne rien laisser derrière soi. Rien… sauf les mégots de cigarettes.

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Eco-conception, responsabilité et priorités

L’éco-conception de tout emballage devrait aller de soi, devrait même être rendue obligatoire. Mais cette étape ne devrait-elle pas être que transitoire sur le chemin de la réduction de la production de nos déchets ? Tout dépend de l’objectif et de la logique que l’on poursuit.
Récemment, Le Temps a publié une interview de Julien Boucher, chercheur à la HEIG-VD et fondateur du Pôle éco-conception suisse. Le titre me dérange quelque peu… “Emballages. Il n’existe pas encore de matière miracle”. De même que la notion de “paradoxe de l’emballage”, qui dit que si l’emballage est un déchet, il a aussi son utilité. Comme si on ne pouvait pas se passer d’emballages, qui plus est, d’emballages plastiques. Il existerait donc des emballages plastiques justifiés, vertueux… Vraiment ? Je pose la question, car il me semble que le cadre de réflexion n’est pas le bon.
(c) photka, sur le site www.actu-environnement.com
L’éco-conception, c’est bien et c’est nécessaire. Pas un-e industriel-le ne devrait avoir le droit de produire quoi que ce soit sans s’être soucié-e au préalable des déchets que son produit produira pendant sa production, sa distribution, en fin de vie ou de consommation. Tous les matériaux utilisés pour le fabriquer, le conditionner, le transporter, le vendre devraient avoir été analysés dans l’optique d’une économie circulaire où rien n’est jeté, détruit ou brûlé, mais où tout est réutilisé, recyclé, composté, méthanisé, etc.
Avec une telle contrainte, nous n’aurions plus beaucoup gadgets “made in China” ou de fast fashion dans nos magasins… Celui ou celle qui utiliserait encore le concept d’obsolescence programmée dans la conception et la production de ses produits serait soumis à de fortes pénalités et aurait l’obligation de changer sa pratique rapidement. Les gyres ou vortex de plastiques qui tournent dans nos océans verraient leurs nombreuses sources taries rapidement (voir l’illustration de www.raceforwater.com, une fondation qui a pour but de préserver l’eau. Leur nouvel odyssée 2017-2021 est partie de Lorient le 7 avril dernier. A suivre ici).
(c) www.raceforwater.com

Pour réussir à vraiment éliminer les emballages, très souvent du plastique qui finit sa vie dans les océans, il doit être question de transfert de responsabilités. Le producteur est responsable de ses produits et de ses emballages jusqu’au bout (c’est lui le pollueur, pas le consommateur), tandis que le consommateur est seulement responsable de la propreté des contenants qu’il ré-utilise et amène au magasin.

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Emballages, justifications et communicants

Pas une entreprise d’envergure qui n’aie pas son équipe de communicants! Comme pour les pommes bio, ils (et elles) nous emballent avec leurs discours et leurs justifications. Petites omissions, arguments douteux, tout est permis pour vendre. Y compris de raconter des salades…

La stratégie commerciale ne connaît qu’une logique: celle de vendre toujours plus. Sans respecter aucune éthique, aucune autre valeur que celle qui s’inscrit en noir avec de nombreux zéros au bilan. Cela vaut aussi quand la clientèle devient regardante sur la qualité, la provenance et le mode de production des denrées qu’elle achète. A ce moment-là, les grands distributeurs ne s’en sortent qu’en engageant une flopée de communicants très doués.

C’est le cas de nos deux géants orange du duopôle “Migroop”. Les deux ont senti, puis suivi la tendance avec les produits bio. Avec grand succès. Les deux proposent une gamme de produits estampillés Bio Suisse pour l’un (le bourgeon) et Migros Bio pour l’autre. Chacun produit des lignes de produits bio “maison”: Alnatura pour l’un, Oecoplan, Naturaline pour l’autre.

D’autres tendances ont été récupérées: le très bon marché “générique”, les produits vegan, etc. Récupérer les tendances du moment et proposer des produits qui y répondent, ce n’est rien d’autre que de la segmentation de marché. L’objectif général est d’occuper le terrain et de conserver sa clientèle qui serait tentée d’aller voir ailleurs.

Labels: en veux-tu? en voilà!

Les attentes de la clientèle sont très diverses et souvent s’opposent. Certains ne veulent que du bon marché, sans aucune considération sur la qualité ou la provenance des aliments. D’autres, et ils sont toujours plus nombreux, ont d’autres exigences. Ils veulent des produits de qualité, issu de l’agriculture locale, durable, voire bio. Ils veulent du bon et du bien. Voici venu le temps des labels et des certifications. On les voit fleurir comme les pâquerettes au printemps. Ils sont si nombreux qu’il faut un guide pour savoir ce qu’ils recouvrent (ouf, la FRC en propose un!).

Que ces labels existent, c’est une bonne chose! Mais la démarche des grands distributeurs ne doit tromper personne. Seule la logique du marché et la volonté de vendre toujours plus sont à l’origine de toutes leurs actions. En soi, rien de plus normal pour un commerçant, me direz-vous. Juste! Sauf quand le dit-commerçant commence à surfer sur les valeurs qui sous-tendent les attentes de leurs clients et à en jouer. Sauf quand il mène sa clientèle en bateau. Il y a alors un décalage entre le discours et les faits qui est très mal perçu par le public.

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