Trop cher pour moi ! Vraiment ?

Quand je parle du mode de vie Zéro Déchet et de mes achats en vrac, j’entends souvent la critique qui est de dire: “c’est trop cher d’acheter en vrac, c’est pas dans mes moyens! “.

Est-ce si cher que ça de refuser les produits emballés ? Pourtant, les différents ouvrages traitant de la question promettent des économies à la clé en réduisant ses déchets. J’aime particulièrement le livre de la Famille (presque) Zéro Déchet: chapitre après chapitre, on découvre des “battles” avant/après présentées en mode bande dessinée.

Famille presque Zéro Déchet – Ze guide. 2016, Thierry Souccar Editions.

Alors, comment se fait-il qu’on ait l’impression de devoir payer plus nos choix de consommateurs responsables ?

Aux Etats-Unis, où la vente en vrac existe depuis les années 70, les volumes écoulés dans les supermarchés spécialisés (par exemple les magasins de la chaîne Whole Foods Market) permettent de proposer les produits sans emballages moins chers à la vente. L’emballage à lui seul est responsable d’une plue-value du produit d’environ 30% en moyenne (entre 15 et 40% selon les produits). Logiquement, sans emballage, tout produit devrait être vendu moins cher. C’est vrai, mais à la condition que ce type de vente ne soit plus une pratique de niche.

En Suisse, la vente en vrac n’est pas encore assez répandue. Quand les grands distributeurs s’y mettront (et je n’ai aucun doute qu’ils s’y mettront très bientôt), les choses changeront. Aujourd’hui, une trentaine d’épiceries dédiées à la vente en vrac a vu le jour dans notre pays. Ce sont de petites structures, qui jouent à fond la carte “locale”, parfois “bio”, et se fournissent auprès des producteurs de leur région. Les volumes de marchandises achetés et vendus ne sont pas comparables à ceux que négocient les grands distributeurs: ces derniers ne négocient d’ailleurs plus, ils imposent bien souvent leurs prix. Ce qui révolte régulièrement certaines filières, comme celle du lait par exemple. Ce qui révolte aussi tout aussi régulièrement les consommateurs, dindons de la farce, qui ne voient que trop rarement se répercuter les baisses de prix obtenus sur les produits finaux à l’étalage.

Alors c’est vrai, le prix des amandes bio que j’achète à l’épicerie locale est plus élevé que celui des amandes conventionnelles vendues en sachet en supermarché, malgré le fait qu’il n’y ait pas d’emballage. Le pot de yaourt ou le litre de lait est deux fois plus élevé et il y a une consigne sur le verre. Mais il faut aussi comparer ce qui est comparable. L’épicerie où je fais mes courses a misé sur des produits 100% bio, la qualité est au rendez-vous. Ce choix a un prix. Mais ma santé n’en a pas.

Pourtant, mon budget consacré aux courses n’a pas changé malgré le prix plus élevé de certains produits alimentaires. C’est donc que j’ai réalisé quelques économies quelque part…?! Vous le verrez, la réponse à la question est d’une simplicité confondante !

Valérie Sandoz

Valérie est engagée sur la réduction des déchets à titre privé depuis des années. Elle est l'auteur de plusieurs guides, donne des conférences, des cours et anime des ateliers. Géographe et ethnologue de formation, elle interroge notre façon de consommer et partage ses découvertes. Adepte du «fait maison» (conserves alimentaires, lacto-fermentation, cosmétiques, produits de nettoyage, etc.), Valérie anime un blog personnel consacré à la cuisine sans gluten, à la réduction des déchets et du gaspillage et à un mode de vie simple et joyeux.

22 réponses à “Trop cher pour moi ! Vraiment ?

  1. Bonjour Madame,
    Oui il reste beaucoup à faire pour satisfaire à vos propositions de
    Consommatrices et consommateurs avisés ! Le marketing en est le premier obstacle et la législation sur ces denrées s accommode très favorablement à cette situation : taxes TVA , stockage , energie,carburants, déchets, taxes personnelles, surtaxes , Impots sur le CA des entreprises d’emballages et dechetteries, etc .
    Ceci ne prend pas en compte la valeur ajoutée entre le lieu de production et la commercialisation , laquelle inclut une part majeure de la valeur détruite dans les dechets : au final , c’est le consommateur qui est captif et qui paie la totalité .

    1. Sans doute, mais je n’y vois point de fatalité. Un jour, on ouvre les yeux sur les mécanismes à l’œuvre. Au détour d’un article, d’un livre, d’une conférence, on apprend comment fonctionnent les ficelles du marketing, du commerce de la grande distribution. Et surtout, on comprend les conséquences que notre hyper consommation ont sur notre environnement. Et comme nous dépendons de notre environnement, c’est bien de notre survie qu’il s’agit.
      La législation retarde toujours d’une guerre! Elle ne précède jamais les pratiques. Elle va donc s’adapter aux problématiques actuels, inévitablement. Quand nos élu-e-s auront fait le même cheminement dans leur réflexion et saisi les véritables enjeux. Encore faut-il choisir les bonnes personnes, qui réfléchissent au delà du clientélisme et des gains à court terme…! Cela risque de durer encore un bon bout de temps.
      Agir, chacun de nous peut agir, sans attendre que d’autres interviennent à notre place. Cela commence par de tout petits gestes, comme celui de choisir d’utiliser une cuillère en métal qui se lave et se réutiliser indéfiniment. Nos choix de consommateurs ont des impacts énormes si nous nous y mettons tous.
      Cette vidéo retrace l’histoire d’une cuillère en plastique. Pensez-y la prochaine fois que vous serez tentée d’acheter ou d’utiliser des couverts jetables !
      https://youtu.be/JhwXQA5w1MI

    2. Très bon article mais qui ferait rire nos grands parents ayant créé les premières épicerie pu tout se vendait au détail
      Ils diraient tous qu’il faut supprimer la voiture responsable elle aussi de nombreuses montagnes d’achats et de déchets
      Sans voiture ,le résultat ne se ferait pas attendre Mais nous sommes en 2018 et ceux qui disaient aux vieux croulants que nous sommes ,faut vivre avec son temps ont semble ‘il de nombreuses difficultés à s’adapter au leur

      1. Comme vous avez raison, Marguerite!
        La démocratisation de la voiture et la construction des routes et autoroutes est à l’origine du développement de la grande distribution, des super- et hypermarchés, où l’emballage est roi. Pas de route et pas d’autos: pas de supermarché. Ils se sont en effet implantés en périphérie des villes, là où le terrain était abondant et peu cher.
        Autre idée: pour faire ses courses, on devrait supprimer le caddie, la petite voiture roulante que l’on pousse et que l’on remplit sans efforts. La taille des caddies ne cesse d’augmenter, vous l’avez remarqué aussi ? De quoi céder aux tentations superflues à chaque gondole…
        Je vous l’assure: faire ses courses avec un simple panier à porté à bout de bras limite considérablement les achats spontanés! Le nécessaire est déjà bien assez lourd à porter dans le dédale des allées…! Quand je dois aller au supermarché (eh oui, j’y suis bien obligée parfois, quand le boucher ou l’épicerie sont fermés), c’est ce que je fais. Du coup, c’est une séance de sport (lever de poids) gratuite…!

    1. A comprendre comme une critique ou un compliment ? Merci de m’avoir lue, en tous les cas !
      Blague à part, c’est tellement humain de coller une étiquette: on est tous très tentés à un moment ou à un autre, je l’ai aussi fait, je le fais encore parfois… quand je me laisse aller, que je suis fatiguée. Juger, classifier, passer et penser à autre chose… Grâce à une étiquette vite attribuée, on arrive à placer un propos et son auteure dans une case de sa géographie personnelle, cela rassure certainement, cela permet de penser à autre chose.
      Et si, au lieu d’une étiquette, on échangeait sur le fond du discours ? Qu’est-ce que mes propos provoquent en vous exactement ? Je vous invite au débat, chère Francine…

  2. Super article qui reprend très bien le cheminement de notre foyer, passé zéro déchet depuis maintenant 2ans. Et que de bonheur et de soulagement ! Reste plus qu’à continuer de disséminer nos bonnes pensées pour faire de nouveaux adeptes à ce mode vie si reposant et pourtant si enrichissant !

  3. Très bel article Valérie!

    Il faut se motiver et s’encourager lorsque l’on souhaite être responsable dans nos choix alimentaires.
    Je fais partie de la fameuse génération Y ou Millennials comme on aime à nous appeler, et je suis ravi de pouvoir bientôt faire partie de cet nouvel élan que représente les épiceries bio, locales, éthiques, que l’on voit bourgeonner un peu partout!

  4. Merci pour l’article! Je suis de Barcelone et maintenant j’habite à Lausanne. Je trouve qu’ici j’ai de la pein à trouver des produits en vrac. Est-ce que vous avez des adresses?
    Merci beaucoup!
    Eva

    1. Chère Eva, Bienvenue en Suisse tout d’abord! Pour trouver des adresses, je vous recommande de consulter le site de l’association ZeroWaste Switzerland. Il y a une carte qui montre les bonnes adresses signalées par nos membres ou par d’autres personnes. http://www.zerowasteswitzerland.ch. On sera bien content si vous nous signalez celles que vous allez aussi découvrir par vous-même. Pensez au “bouche-à-oreille”, toujours assez efficace!
      La Fédération romande des consommateurs FRC met aussi des adresses à disposition (mais elles sont moins nombreuses que sur ZWS). https://www.frc.ch/vente-en-vrac-a-vos-adresses/
      Pour Lausanne, le site http://www.lausanne-envrac.ch est bien utile aussi. Il y a aussi une page Facebook @lausanneenvrac.
      Sur Facebook, je vous signale aussi le groupe @zerodechetvaud.
      Bonne chasse!

  5. Article intéressant, mais à mon avis trompeur :
    L’exemple que vous donnez de Whole Foods Market aux USA est plutôt un contre-exemple, car il s’agit d’une chaîne de supermarchés qui vent des produits “haut de gamme”, beaucoup plus cher que la moyenne. Pour se donner une idée, Whole Foods est un peu l’équivalent de Globus en Suisse. Pas sûr qu’en allant faire vos courses dans cette enseigne chaque semaine, vous économisiez par rapport à Coop ou Migros.
    L’utilisation d’une liste de course est certainement une bonne façon de maitriser ses dépenses, mais cela fonctionne tout aussi bien dans un supermarché que dans l’épicerie en vrac du coin. Les personnes qui ne parvienne pas à s’en tenir à une liste pendant leurs courses dans une grande enseigne ne feront pas mieux dans une épicerie locale (il y a des “tentations” partout !).
    Concernant le bio et le local, on en trouve un assortiment déjà très large dans les supermarchés, mais il faut effectivement prendre le temps de choisir et bien lire les étiquettes.
    A mon avis, il y a cependant un avantage collectif certain à faire ses courses dans un petit magasin vendant en vrac/local/bio : cela met la pression sur les chaines de supermarchés pour justement étoffer leur assortiment en vrac/local/bio, et donc toucher la plus grande partie de la population avec ces produits. Mais prétendre que ça coûte moins cher, c’est à mon avis prendre les consommateurs pour des c… et donc s’en aliéner une partie dans la lutte contre la réduction des déchets et des emballages.

    1. Bonjour Peter,
      L’exemple de Whole Foods n’est peut-être pas le meilleur, vous avez raison. Il existe aussi des coopératives où la nourriture est plutôt bon marché, parce que les coopérateurs s’y engagent plusieurs heures par mois. Le vrac y a cours depuis longtemps. Mais ce genre de coopérative n’existe pas partout non plus…
      Je ne crois pas que de dire que le mode de vie Zéro Déchet permet d’économiser, c’est prendre les gens pour des … (je vous laisse le mot). Mais l’avantage principal d’acheter en vrac/local et éventuellement bio, c’est avant tout une question de préservation de l’environnement et, dans le cas du bio, de sa santé en plus. C’est cela qui motive beaucoup les personnes qui réfléchissent à leur façon de consommer. Les économies ne sont pas visibles immédiatement, mais seulement à moyen terme. Les 40% d’économies fièrement affichés par une Bea Johnson sont plutôt le résultat d’un mode de vie minimaliste. C’est d’ailleurs ce qu’elle dit aussi. Sa famille a mis plus de 4 ans avant de n’avoir qu’un bocal de déchets d’un litre pour 4 personnes, en une année entière.
      Chez nous, cela n’est pas autant sans doute, mais il y a quand même des économies à la clé. Difficile de les chiffrer, tant les habitudes de chaque ménage diffèrent.
      L’important, n’est-ce pas chaque geste qui va dans la bonne direction, même tout petit ? n’est-ce pas de se poser les bonnes questions et d’abandonner l’insouciance (l’inconscience?!) du consommateur compulsif ? … Car comme le dit la sagesse populaire, les petits ruisseaux font les grandes rivières !

      1. Vous répondez à côté, dommage… Votre article et mon message parlent du coût des achats en vrac, pas des économies réalisées par un mode de vie minimaliste (en achetant moins, on dépense moins, qui l’aurait crû ?).
        Bea Johnson vit dans une région (San Francisco Bay Area) où la conscience écologique est grande et les enseignes “bio”, “en vrac”, etc sont présentes. Mais il s’agit aussi de la région des USA où le coût de la vie est le plus élevé (exception faite de NYC, éventuellement). Elle n’est pas du tout représentative de la moyenne américaine.
        Réduire la quantité de déchets que l’on produit est un objectif louable et nécessaire. La démarche de Bea Johnson (et la vôtre) est inspirante, mais elle pèche par son élitisme, car elle est accessible uniquement aux ménages plus aisés (les ménages où les 2 parents – ou le seul parent – travaillent à 100% par nécessité économique n’ont pas forcément le temps de faire leur pain ou leur pâte à gâteau maison, ou de se rendre dans plusieurs magasins différents pour faire leurs courses, sans même parler de la différence de prix entre Aldi et une épicerie en vrac).
        Mon message est donc de rendre la réduction des déchets plus accessible, mais sans prétendre que c’est moins cher quand ça ne l’est pas, ou que c’est facile quand c’est en fait difficile. Est-ce que ça vous semble raisonnable ?

        1. Mais qu’est-ce qui vous amène à penser que le mode de vie Zéro Déchet est élitiste?
          Je ne sais pas encore si notre association a recensé les données économiques des familles qui se sont engagées dans la démarche à la suite des workshops organisés par elle (pour le nombre de kilos de poubelles, oui!). Par contre, ce que je peux vous dire, c’est que la ville de Roubaix a convaincu des centaines de familles, dont de nombreuses de modeste niveau socio-économique, à participer à l’aventure. Au delà des raisons environnementales, la question du pouvoir d’achat est aussi au centre des préoccupations. La ville a réellement rendu du pouvoir d’achat à ces familles. A tel point que le bouche à oreille fonctionne bien et d’autres familles s’y mettent, en dehors du cercles qui ont été “recrutées” pour la 4ème année consécutive.
          Découvrez-les ici: http://www.roubaixzerodechet.fr/category/portrait-de-famille/

          Dans d’autres pays aussi, les autorités arrivent sans peine à convaincre les gens à réduire leurs déchets (visitez le site zerowasteeurope.eu). Si ce n’était qu’un effet de mode, cela ne durerait pas.

          Vous n’envisagez ce mode de vie que par le petit bout de la lorgnette: celui des courses. Produire moins de déchets voire les éliminer engage bien plus que le seul panier de commissions. Il s’agit d’arrêter de gaspiller déjà. Est-il plus économique d’acheter des produits alimentaires à bas prix (et donc souvent de très mauvaise qualité nutritionnelle, j’en des exemples à la pelle, mais ce n’est pas le sujet), de ne pas pouvoir les consommer à temps parce que trop nombreux, oubliés au fond du frigo ou des armoires, et de devoir les finalement les jeter ?

          Réduire ses déchets est facile, et cela permet de faire des économies: je continue de l’affirmer haut et fort, car c’est ce que je vis, ce que des milliers de familles vivent et je ne passe pas mes journées en course ni en cuisine. J’ai un travail très prenant, je ne fais mes courses que deux fois par semaine, cela ne me prend pas plus de temps de me rendre dans plusieurs magasins au lieu de déambuller dans un grande surface qui fait tout pour me retenir et retenir mon attention (comme de changer ses rayons et ses articles de place, sans cesse!).
          Mais c’est vrai, j’ai cette chance que j’aime cuisiner, que j’ai appris à l’école à gérer au mieux un budget (la fameuse “économie ménagère”), que je suis plutôt adroite de mes dix doigts et que je sais faire des conserves. Mais je crois que c’est à la portée de n’importe qui: demandez à vos parents ou vos grands-parents quelques conseils.

          Essayez, vous verrez bien! Si vous avez un marché près de chez vous et des magasins d’alimentation normaux (boucherie, droguerie, laiterie…), vous pouvez adopter le mode de vie zéro déchet, sans même visiter les épiceries en vrac parfois un peu plus chères.
          Devenez donc membre de l’association ZeroWaste Switzerland: vous bénéficierez d’une heure de conseils gratuite, et vous aurez l’occasion de vous inscrire à des workshops pour vous débrouiller comme un chef!

          1. Vous supposez que je ne pratique pas le zéro déchet, mais si je me permet de formuler des réserves et des critiques, c’est justement parce que ma famille est dans cette démarche depuis déjà des mois.
            Si votre seule réponse aux personnes comme moi est de dire que le zéro déchet est de toutes façons facile et moins cher, sans prendre en compte les difficultés ou les critiques de chacun, vous pouvez vous attendre à d’autre commentaires comme celui de Francine ci-dessus.

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