Une semaine après que les lampions se soient éteints sur la coupe du monde de football au Qatar, l’heure est au bilan. La compétition, remportée par l’Argentine aux dépens de la France, championne sortante, a fait parler d’elle dans le monde entier de différentes manières. Nous allons tenter, à travers cette analyse, de donner notre avis, subjectif, sur ce mondial décidément pas comme les autres.
Pour rappel, La Fifa a attribué la Coupe du monde au Qatar, le 10 décembre 2010, donc il y a plus de 10 ans. Parmi toutes les candidatures en lice, plusieurs observateurs avertis avaient critiqué le choix du Qatar, estimant que les États-Unis, candidat tout puissant, avaient un meilleur dossier. Le Qatar, avec cette attribution, venait de remporter sa 1ère grande victoire diplomatique face à des géants de ce monde qui étaient loin de s’imaginer que la force de frappe de ce petit état du golfe pouvait être autant destructrice. Disposant de moyens financiers illimités, le Qatar, et plus globalement le monde arabo-musulman n’avait aucun doute que cette coupe du monde allait être un succès total. Du Maghreb, en passant par l’Afrique noire jusqu’aux pays du Golfe, tous les férus de football attendaient avec impatience le début de la compétition, première du genre, faut-il le rappeler, à être organisé par un pays arabe. Ces pays nourrissaient de grandes ambitions pour leurs représentants face aux ogres européens et sud-américains, habitués à truster, à tour de rôle, les trophée réservé au vainqueur de l’épreuve.
Des victoires arabo-africaines historiques
Si le pays hôte, le Qatar, ne se faisait pas beaucoup d’illusions sur le sort de sa sélection nationale, et pour cause, puisqu’il disputé 3 matchs et les a tout simplement tous perdus, les autres équipes représentant l‘Afrique et le monde arabe nourrissaient quant à elles de réelles ambitions de créer quelques surprises. Et il y’en a eu et d’énormes. L’Arabie saoudite qui terrasse d’entrée de jeu l’Argentine de Lionel Messi, future championne du monde. La Tunisie qui surprend une équipe de France, certes remaniée, mais tout de même détentrice du titre. Les Lions du Cameroun qui domptent le Brésil de Neymar, grand favori du tournoi. Restent le Sénégal et le Maroc que beaucoup d’Africains voyaient dans le dernier carré. Si les Lions du Sénégal ont réussi une coupe du monde honorable, en passant le 1er tour, ils auraient sans doute pu faire beaucoup mieux si leur principal atout, en l’occurrence la star planétaire, Sadio Mané, blessé à la veille de la compétition, avait pu prendre part à la compétition. Que dire de la prestation gigantesque des Lions de l’Atlas du Maroc, 1ère nation arabe et africaine à avoir le privilège de se hisser parmi les 4 meilleures équipes mondiales après un parcours à bien des égards fabuleux. Sortir la grande Espagne avec toutes ses stars et ensuite le Portugal de Ronaldo, il fallait le faire. Jouant sans complexe, donnant même parfois des leçons de discipline et de rigueur tactique à des techniciens européens qui ont souvent reproché aux joueurs africains d’être moins bons sur ce plan que leurs homologues européens ou sud-américains.
Faire confiance à l’expertise locale
Le maître Walid Regragui, coach du Maroc, arrivé sur le banc des Lions de l’Atlas seulement 3 mois avant le début des joutes, a réussi son pari d’atteindre le dernier carré, montrant par la même occasion que l’expertise locale devait être désormais considérée comme tout à fait capable de hisser les drapeaux africains et arabes au firmament du football mondial. D’ailleurs les 5 équipes africaines engagées dans l’épreuve étaient toutes dirigées par des coachs nationaux. Résultat, elles ont toutes gagné au moins 1 match au 1er tour, faisant de la participation africaine la plus réussie de tous les temps. Avec en apothéose cette place de demi-finaliste obtenue par le Maroc qui jouait pratiquement « à domicile » à chaque rencontre, tellement les coéquipiers du fantastique Sofyan Amrabat ont réussi à fédérer autour d’eux une grande sympathie. Sur le plan sportif, de l’avis général, le bilan de la participation arabo-africaine est globalement largement positif.
Sur le plan organisationnel, on peut, sans prendre beaucoup de risques, dire que le Qatar a été largement à la hauteur de son événement, comme on peut le voir avec les chiffres et faits suivants :
- Plus de 3,27 millions de spectateurs ont assisté aux matchs au Qatar.
- Cette édition a vu pour la 1ère fois une femme, Mme Stéphanie Frappart, officier lors d’une rencontre de coupe du monde
- Nous avons constaté une atmosphère de paix et de joie inégalée jusqu’ici, mêlant des supporters de différentes cultures sans aucun incident majeur
- Le Qatar, petit pays de 11 000 kilomètres carrés, a réussi à gérer des centaines de milliers de visiteurs grâce à des milliers de volontaires et des moyens techniques et financiers exceptionnels
- Les conditions de déplacements des supporters étaient également très satisfaisantes avec un réseau de métro ultra-moderne mis en service en 2019,
- Plusieurs médias ont battu des records d’audience. Par exemple, la chaîne française TF1 a connu une audience exceptionnelle de plus de 24 millions de téléspectateurs en moyenne entre 16h et 19h le jour de la finale. Historique.
On pourra toujours revenir sur la question des violations des droits de l’homme antérieures au déroulement de la compétition. Tout en condamnant le non-respect de ceux-ci, doit-on minimiser la performance du Qatar en termes d’organisation d’un événement de dimension mondiale ? Non.
Rendons à ce petit pays ce qui lui appartient. Il a démontré que les pays arabo-africains pouvaient désormais prétendre organiser de grands raouts, sportifs ou autres. Précurseur, le Qatar est rentré dans l’histoire. Le Maroc aussi. Le président de la FIFA n’a d’ailleurs pas manqué de qualifier cette coupe du monde de «la meilleure Coupe du monde de tous les temps ».