Le mois passé, une nouvelle initiative populaire fédérale a été lancée en Suisse proposant le versement d’un revenu de base inconditionnel à l’ensemble de la population résidente, lui permettant «de mener une existence digne en famille et en société, de participer à la vie publique et d’agir pour le bien commun».
Le sujet n’est pas nouveau, vu que le peuple suisse avait déjà été appelé aux urnes en 2016 afin de s’exprimer sur une initiative semblable, qui toutefois était plus générique et n’indiquait pas certains éléments importants pour convaincre le peuple à l’approuver à cette époque-là.
Or, à la lumière des conséquences dramatiques induites par la pandémie de la Covid-19 et surtout des choix publics inefficaces tant sur le plan sanitaire qu’au niveau économique, il est désormais évident qu’un revenu de base inconditionnel pourrait résoudre plusieurs questions ouvertes dans l’économie et dans la société d’une nation comme la Suisse, où la forte concentration du revenu et de la richesse au sommet de la pyramide sociale représente un problème d’ordre socio-économique qui nécessite un changement de paradigme afin d’être traité correctement.
Le texte de la nouvelle initiative populaire pour un revenu de base inconditionnel indique que celui-ci doit être conçu «de manière à contribuer à la préservation et au développement des assurances sociales». Cela signifie qu’il faudra assurer «la coordination du revenu de base inconditionnel avec les prestations des assurances sociales existantes ainsi que les éventuelles adaptations de ces prestations», pour éviter de faire double emploi. Contrairement au texte de l’initiative refusée par le peuple suisse en 2016, cette nouvelle initiative populaire précise que tous les secteurs économiques contribuent de manière solidaire au financement de ce revenu de base. «Il s’agit notamment d’imposer de manière adéquate le secteur financier et les entreprises technologiques et d’alléger les charges grevant l’activité lucrative».
À l’instar de l’initiative soumise au vote populaire en 2016, le comité de cette nouvelle initiative n’indique pas le montant du revenu de base, ni la méthode de calcul pour ce faire, demandant qu’une loi fédérale s’en charge le moment venu – et qui devrait tenir compte de l’évolution du coût de la vie en Suisse.
Les initiants, toutefois, demandent que le financement du revenu de base soit assuré aussi par une imposition fiscale correcte des revenus du capital ainsi que des transactions financières. En l’état, les personnes (physiques ou morales) qui gagnent des revenus du capital très élevés ou qui effectuent des transactions financières (à haute fréquence) contribuent aux finances publiques de manière moins que proportionnelle par rapport à ce que font les personnes qui gagnent des revenus du travail équivalents.
Il est dès lors urgent et nécessaire de rétablir une certaine équité fiscale, contribuant à soutenir les activités économiques afin d’accroître la cohésion sociale. L’ensemble des parties prenantes pourra alors en bénéficier dans l’intérêt général de l’économie et de la société.
Tout à fait d’accord! Merci pour cet article qui fait du bien, au milieu d’autres malheureusement bien sombres.
Cette idée a également l’avantage de proposer une vraie vision d’avenir et de réfléchir à construire, plutôt que de réagir sans cesse à l’urgence.
Malheureusement j’entends bien peu de personnes prêtes à se définir par autre chose que leur travail, comme si en l’absence de ce dernier, l’existence ne serait que vide. Et même des jeunes s’accrochent à cette identité « je suis ce que je produis ».
En tout cas, je pense que notre société aurait énormément à y gagner en qualités humaines et en vraie existence !
Tyler Durden disait « vous n’êtes pas votre travail »! Il est temps de réfléchir à ce que nous sommes vraiment 🙂
Aucune chance. Quand on veut prendre aux riches, ça fait peur aux pauvres… Bizarre, mais cela explique le résultat de moults votations passées.
J’y vois une raison principale “Demain, JE serai ce 1% ou ce 1‰”. Elle est encore plus criante dans le contexte étasunien du fameux “American Dream”, théoriquement accessible à tous pour peu que l’on s’en donne la peine. Avec ces deux corollaires: la première évidente “Comme je serai ce 1%, je ne veux pas qu’on corrige les failles actuelles” et l’autre: “Le problème n’est pas que certains ne paient pas leur juste part, le problème est que des plus pauvres que moi bénéficient d’aides”.
Vous ne devriez pas projeter sur autrui votre propre misanthropie.
Les pauvres sont souvent bien plus généreux que les riches.
Si j’étais misanthrope, je me réjouirais de cet état de fait, et en tirerait profit.
Misantrhope: “Personne qui a une mauvaise opinion du genre humain”.
Personne ne dit que vous en tirez un avantage.
Mais la vision que vous en avez n’est pas forcément la réalité.
En somme, le concept de redistribution se résume à : prendre l’argent sur le revenu qui se génère sans travailler pour offrir un revenu à ceux qui ne veulent pas travailler.
C’est assez ironique quand même.
Bref, cette initiative vise exactement la même chose que l’initiative 99% (prendre l’argent aux riches pour le donner aux pauvres) mais en employant d’autres mots.
Et comme d’habitude, elle ne répond pas à la question élémentaire : quel impact sur le pouvoir d’achat de la classe moyenne ?
Bonjour N. Besson,
À mon sens, l’ironie réside plutôt au fait que la “grande Bête”, c’est-à-dire le “peuple” selon la vision d’Emerson, n’est plus à même à réfléchir par lui-même sur des enjeux de sociétés pourtant élémentaires.
Si vous le souhaitez, vous pouvez toujours observer les graphs ci-dessous et commencer par raisonner. Trop difficile? Un peu de sérieux, svp.
Raymond le 30.09.2021 à 20 h 43min
https://blogs.letemps.ch/sergio-rossi/2021/09/27/alleger-les-impots-sur-les-salaires-imposer-equitablement-le-capital/
Bonjour Raymond,
J’ai lu vos développements et ils sont particulièrement indigestes et incompréhensibles. Et il n’y a aucun doute que vous le fassiez exprès, car votre but n’est pas de chercher à convaincre les autres lecteurs (où dans ce cas, vous auriez usé de votre “intelligence” pour vulgariser et rendre accessible vos arguments), mais de leur dire qu’ils sont trop ignorants pour qu’ils aient une place dans le débat. Méthode classique chez les personnes de l’extrême gauche.
Quant aux graphiques dont vous faites référence, oui, ils indiquent bel et bien un dysfonctionnement dans le système capitaliste. Cela ne veut pas dire que ce n’est pas corrigeable, et ne démontre pas que le RBI puisse résoudre cela. D’ailleurs, vous ne répondez même pas à ma question élémentaire.
En clair, votre ton condescendant ne me donne en tout cas pas envie de poursuivre les échanges avec vous. J’ai déjà perdu trop temps.
Faute d’arguments plausibles, “quand l’on veut tuer son chien, on l’accuse d’avoir la rage”, n’est-ce pas? Ensuite, je vous le concède, vous perdez votre temps avec moi mais soyez tout de même remercié pour nous avoir – par votre réaction – illustré à merveille la finalité de la théorie de Pavlov.
Bien à vous
C’est bien triste d’avoir une telle intelligence et de telles connaissances, mais de ne pas savoir mieux faire que d’asseoir sa supériorité tout en rabaissant ses interlocuteurs.
Au moins vous avez répondu à ma question : vu votre mépris pour les “êtres inférieurs” qui font la classe moyenne, il n’y a nulle doute que le RBI détériora leur condition de vie.
Vous voyez, il n’y a pas toujours besoin de connaître à fond un sujet pour se forger une opinion. Il suffit parfois d’apprendre un peu du profil de ceux “qui savent”. Tout compte fait, vous m’avez fait gagner du temps. Soyez vous-même également remercié !
À la lecture de l’article, il n’apparaît pas clairement si l’auteur est partisan ou pas de cette mesure insensée. On a l’impression qu’il en est plutôt partisan, mais ce n’est pas dit clairement.
Le RBI est une idée lancée au départ par des marxistes d’extrême gauche dans le but d’instaurer une société communiste par la bande. Cela se heurte à une forte résistance en Suisse, pays où l’on pense que chacun doit gagner sa vie et où on a l’expérience que le plein emploi et la prospérité pour tous sont des objectifs atteignables.
C’est la raison pour laquelle les forces mondialistes qui ont pour but, on le sait, depuis l’invention du socialisme fabien, d’opérer une sorte de fusion entre le communisme et une économie de marché libérale, ont décidé de lancer une énorme opération mondiale de paupérisation pour que le maximum de gens, pour ne pas crever, acceptent ce virage communiste. C’est pourquoi des gouvernements traîtres ont systématiquement détruit l’économie en poussant impitoyablement tous les indépendants, artisans, cafetiers restaurateurs, etc. dans le désespoir et la faillite.
La Suisse tient le coup, pour le moment, car beaucoup de gens ont accumulé une épargne dans les 50 dernières années. De fait, ils vivent actuellement de leur épargne, qui fond comme neige au soleil. Parmi les lecteurs, combien vivent cela dans leur propre famille ? Beaucoup sans doute.
C’est le but de cette opération monstrueuse et cynique: détruire tous les groupes sociaux ayant encore une épargne, les ruiner, les acculer à la misère, pour qu’ils n’aient pas le choix et soient contraints d’accepter une pitance misérable appelée RBI et vivre comme des esclaves, ou crever la bouche ouverte.
Un autre aspect, corollaire du RBI, sera la suppression des transactions en espèces, et la digitalisation de tout, pour que l’individu soit transparent face au pouvoir bancaire et fiscal qui contrôlera jusqu’à son intimité. Ainsi la liberté humaine sera anéantie, créant une masse d’esclaves dominés psr les Jeff Bezos et Bill Gates de ce monde.
Maintenant, les ennemis du genre humain pensent que les choses en sont déjà au point où, même en Suisse, l’idée inhunaine du RBI a une chance d’être acceptée en votation.
Que personne ne se fasse la moindre illusion sur la générosité du système proposé. Ce sera juste le minimum vital pour ne pas mourir de faim.
C’est écoeurant que le professeur Sergio Rossi ne dénonce pas clairement, en bloc et sans concessions, une idée aussi abjecte.
Faisons donc appel aux traditions suisses, abolissont immédiatement les mesures liberticides de ceux qui veulent détruire nos emplois et notre économie et recréons une économie suisse du plein emploi et de la prospérité dans la liberté.
Bonjour Helveticus,
Sauf votre respect, c’est surtout votre ignorance clivante qui reste écoeurante: “Le RBI est une idée lancée au départ par des marxistes d’extrême gauche dans le but d’instaurer une société communiste par la bande”. Merci pour ce moment vaudevillesque!
Lisez donc mon développement sur le RBI (vers la fin du fil) vous aurez déjà gagné un peu plus en terme de connaissance…
https://blogs.letemps.ch/sergio-rossi/2021/10/11/quand-le-salaire-minimum-est-redoutable/#comments
Si le monde d’aujourd’hui apparaît comme le résultat de plusieurs générations formatées à la “servitude volontaire” (mais néanmoins inconsciente pour beaucoup), il est désormais établi que les “grands Timoniers” du pouvoir et “les élites” ont substitué le pluralisme des pensées au profit de la technocratie (inféconde pour une majorité) issue du consensus de Washington. Fondé sur le néolibéralisme et le fanatisme du marché, non seulement ces ayatollahs d’un nouveau Libéralisme n’ont contribué à la stabilité financière internationale (établie grâce au leurre de l’efficience), pas plus qu’à l’éradication de la paupérisation (suffit-t-il à constater l’accroissement des inégalités sur plusieurs décennies), mais ils ont aussi aggravé la situation dangereuse dans laquelle le monde est aujourd’hui plongé. Et cela parce que les règles du jeu à l’échelle internationale furent ancrées à l’aide de certitudes; qui plus est, fondées par les pays dominants (les ploutocraties par analogie à la théorie des choix publics), les entreprises multinationales (pouvoirs patrimoniaux et sociaux de l’actionnariat), les “Big Techs” – dont la “BRI” (la banque centrale des banques centrales) a récemment publiée une note (Regulating big tech in finance) pointant “l’entrée des big techs dans les services financiers (qui) augmente les défis autour d’une concentration envahissante, leur pouvoir de marché et la gouvernance des données” – et les grandes banques (too big to fail) en fonction de leurs propres intérêts (et non l’Intérêt général).
Dans le contexte de cette nouvelle initiative sur le Revenu de Base Inconditionnel – d’une nécessité absolue aujourd’hui – il est désormais vital que l’océan de serfs comprenne enfin l’oeuvre du professeur émérite de Princeton qui pourrait se résumer par une phrase : “nous nous trompons bien plus que nous ne le pensons”. Pionnier de l’économie comportementale, il s’opposa à une théorie économie dominante postulant que les agents économiques seraient parfaitement rationnels, Daniel Kahneman reste le pape des biais cognitifs et des heuristiques, ces mécanismes qui nous font commettre des raisonnements erronés.
Cette traque des failles de notre cerveau, Kahneman l’a commencée durant son service militaire. Chargé d’évaluer les recrues de l’armée israélienne, notamment les futurs pilotes, à une époque où les avions sont précieux pour la jeune nation, le diplômé de psychologie comprend que l'”effet de halo” joue à fond, c’est-à-dire que la première impression détermine la perception future d’une personne (il en va de même avec les clivages de la politique politicienne). En ce sens, croyant agir pour ses intérêts et en toute rationalité, le bulletin de vote de bien des agents économiques peut se laisser guider par des biais cognitifs irrationnels, donc contreproductifs (pour ce qui a trait à la servitude volontaire). Qui peut donc raisonnablement croire que la finance – aujourd’hui encore – n’est pas devenu un poids quasi-mort qui tire la société vers le bas? Rappelons-nous seulement de l’exemple sordide de la compagnie aérienne Boeing, qui a dépensé les trois-quarts de ses liquidités à racheter en bourse ses propres actions, et dont l’hyperfragilisation subséquente en temps de forte crise est devenu un problème global. A l’heure où les destinées de nombre d’entreprises à travers le monde sont aux mains de mégalomanes ayant largement privilégié l’ingénierie financière à la création de richesses (but ultime de la finance censé profiter la collectivité), les sociétés cotées les plus importantes au monde se sont endettées durant cette dernière décennie à hauteur de 13.500 milliards de milliards de $ (Oui vous avez bien lu! 13.500 milliards de milliards de $) pour racheter leurs propres actions au lieu d’investir dans l’outil de production et dans la formation de leurs salariés. Des exemples tout aussi choquants sont pourtant légion…
Effectivement, le Revenu de Base Inconditionnel n’est plus à envisager comme une option temporaire, car il s’inscrit au même titre qu’une révolution sociétale comme le fut le consensus de Washington (ou le machinisme, plus éloigné dans l’espace temps).
Je propose que le RBI soit au niveau du salaire de Sergio Rossi.
Voilà une proposition vraiment pour la “cohésion sociétale”.
Écrit en 2015: “L’Homme a bien-sûr toujours dû travailler pour assurer sa subsistance. Cependant, sous sa forme actuelle, le travail est un concept très récent dans l’histoire humaine. Jusqu’à la fin de la Renaissance ayant vu en 1602 l’avènement de la société par action, l’Homme avait en effet travaillé pour lui même. Artisans créateurs d’objets ou agriculteurs et éleveurs, les hommes échangeaient leurs marchandises contre d’autres biens ou services. C’est à l’avènement de l’ère industrielle que l’on doit l’apparition du travailleur peu qualifié et facilement remplaçable. Les percées techniques fulgurantes inaugurèrent donc un monde nouveau dominé par une production plus rapide, mais surtout moins chère.
Aujourd’hui à l’ère digitale, l’histoire se répète car les objectifs poursuivis sont toujours identiques, à savoir tirer parti des toutes dernières technologies pour augmenter l’efficience et la productivité avec toujours moins de capital humain, dans le but d’optimiser le capital matériel. Nous faisons, par exemple, 25% moins appel aujourd’hui à la poste qu’il y a seulement quatre ans, optant de plus en plus pour les envois et pour les paiements électroniques. Si l’ordinateur remplace aisément l’Homme en 2015, il accomplit en outre bien plus rapidement et de manière autrement plus fiable les tâches ordinairement confiées à l’humain. Sans charges sociales ni assurance maladie… Depuis l’apparition de la machine, depuis l’avènement de l’ordinateur et – aujourd’hui – à la faveur de l’émergence du robot, l’Homme pense naïvement qu’il sera logiquement conduit à accomplir des tâches plus nobles et plus intellectuelles. En tout état de cause, qu’il assumera en définitive un travail consistant à contrôler et à réparer ces machines.
La réalité est pourtant fort différente car la sophistication de la technologie démontre sans équivoque que l’économie a besoin de moins en moins de capital humain pour gérer un parc robotique toujours plus important. Bref, les progrès – le progrès – tue le travail…précisément à l’heure où l’emploi est la préoccupation majeure de l’Occident. En effet, les économistes keynésiens (dont je fais partie) appellent de leurs vœux des politiques publiques de grands travaux afin de résorber le chômage. Les responsables politiques – qui fondent tous leurs espoirs de ré élection sur la baisse du chômage – font de l’emploi leur priorité absolue. Par ailleurs, les entreprises du secteur privé sont stigmatisées pour ne pas jouer le jeu et ne pas privilégier l’embauche. Mais en fait: à quoi sert la technologie, et pourquoi se réjouir des avancées fulgurantes si nous n’en profitons même pas ?
Nous avons en effet totalement oublié le but premier de ces percées technologiques qui fut de remplacer l’Homme par la machine. Aujourd’hui, nos sociétés occidentales sont devenues tellement productives, et nous croulons sous tant d’abondance que nous pourrions loger, nourrir, éduquer et soigner toute notre population avec le travail d’une petite quantité d’hommes et de femmes. Parallèlement, l’organisation de nos sociétés s’avère de nos jours caduque car la question cruciale qui nous tourmente n’est pas tant de savoir si nous disposons d’assez de biens et de produits. Elle consiste à savoir comment va-t-on bien pouvoir procurer du travail à chacun afin qu’il mérite une partie des immenses quantités des biens dont dispose la société. Selon cet ordre établi qui relève d’un autre temps, celui qui ne bénéficie pas d’un travail est condamné à toutes les privations, et à toutes les brimades.
Eh quoi: est-ce tout ce dont nos sociétés modernes sont capables à l’heure digitale et de la robotisation massive, alors que nous n’avons plus besoin comme au Moyen-Age de fabriquer des marchandises pour vivre ? Ne devient-il pas impératif de restructurer nos sociétés autour d’une autre valeur que l’emploi rendu progressivement – mais inéluctablement – obsolète par la fulgurance de la technologie ?” M.S, macro économiste et spécialiste des marchés financiers et des banques centrales.
Là, vous parlez en tant que professeur et orateur de l’Université de Fribourg ou à titre personnel ?
Et dans vos cours, vous enseignez les mêmes thèmes?
Juste pour savoir.
Beaucoup de théorie et peu de pratique, le diable est dans les détails. Pour vivre à peine décemment à Genève il faut 4000 francs par mois. Le salaire d’un caissier est égal ou un peu supérieur à 4000. Comment ça marche? l’ouvrier peut rester chez lui en cas d’un revenu de base, pourquoi travailler? ça aurait marché on y allant crescendo, par exemple en annulant d’abord les primes de l’assurance maladie pour une couverture de base et créer son financement (63 milliards par an) par les outils préconisés pour le projet global soumis au peuple, mais à faibles doses. La gauche n’ose pas s’aventurer et de se dévoiler, car son projet n’est pas bien ficelé comme toujours. Son seul vrai objectif est de niveler vers le bas la situation financière du pays pour nous embarquer dans l’océan de dettes dans lequel certains de nos voisins du Sud pataugent depuis toujours.
Bonjour FK,
Comme vous posez une donnée pour raisonner sur la base du revenu du caissier de Genève, je vais en imaginer une autre (donnée) pour illustrer la réponse à la question d’un interlocuteur de ce blog au sujet du “seul” pouvoir d’achat.
Rappel: “Le revenu de base, encore appelé revenu universel ou allocation universelle, est une somme d’argent versée par une communauté politique à tous ses membres, sur une base individuelle, sans conditions de ressources ni obligation ou absence de travail” (Source Wikipédia par souci de simplicité)
– Imaginons à présent un RBI (Revenu de Base Inconditionnel) doté d’un socle à 3’000 francs (par ex.)
– Revenu de l’activité lucrative du caissier célibataire de 4’000 francs (selon votre donnée)
Développement des plus simplistes:
Le caissier souhaite poursuivre son travail comme il le faisait avant? Il perçevra ainsi le “RBI” auquel s’ajoutera le revenu de son activité lucrative. Réponse? 7’000 francs.
Le caissier souhaite pour des raisons personnelles réduire son activité professionnelle de 50%? Il perçevra le “RBI” auquel s’ajoutera le revenu de son activité lucrative réduit proportionnellement. Réponse? 5’000 francs.
Le caissier – au fait de la disruption de nos économies – est conscient que son modèle de travail va disparaître au profit de la technologie qui le remplacera. Au lieu de privilégier l’oisiveté, il occupera progressivement son gain de temps (le 50%) à se former. Réponse? 5’000 francs (4’000 francs correspondant à son revenu antérieur à taux plein additionné d’un gain de 1’000 francs par mois qu’il peut allouer au financement de sa formation). Le temps d’opérer progressivement la transition.
Le caissier perd son travail et touche au titre des allocations chômage le 70% de son dernier revenu, soit 2’800 francs? Nous pourrions imaginer que la coordination avec cette assurance sociale fasse qu’elle cesse de verser les allocations de 2’800 francs, puisque le caissier sans-emploi perçoit déjà le “RBI” de 3’000 francs (approche “Win-Win” pour l’État, donc pour l’ensemble des contribuables, et évidemment pour le chercheur d’emploi au chômage).
Alors qu’aujourd’hui seulement 1/3 des Suisses touche une rente maximale à l’AVS, soit 2’390 francs (c’est-à-dire qu’il faut totaliser en moyenne plus de 84’600 francs par an durant 44 ans de cotisations); l’on peut alors sans hésiter affirmer qu’un autre caissier – celui-ci en fin de carrière – aurait un meilleur pouvoir d’achat avec le seul “RBI”, même si sa rente AVS était supprimée à 100% (par le truchement d’une coordination coercitive). Si sa rente AVS était réduite à 50% (un coût), son pouvoir d’achat exploserait néanmoins. Ou alors, ce “coût d’opportunité” pourrait lui laisser entrevoir l’anticipation de son départ en retraite (effet Win-Win pour toutes les parties prenantes).
Etc, etc, puisque les déclinaisons sont nombreuses.
Le cadre qui perçoit 15’000 francs à titre de revenu d’activité lucrative se verra doté du “RBI” également (ex. 3’000 francs). Réponse? 18’000 francs.
Ce cadre cinquantenaire pourrait envisager – par convention avec son employeur – de réduire son activité lucrative de 50% (donc avec un nouveau revenu) pour laisser plus d’opportunités à la génération suivante. Réponse? Pour le cadre: 10’500 franxs (NR+RBI+Gain de temps, donc de richesse). L’employeur connaît déjà la réponse liée à son profit, puisqu’il en use et abuse déjà (à ceci près qu’il réduira significativement son risque entrepreneurial lié à l’absentéisme, au conflictuel, et à la baisse de productivité au travail. Approche Win-Win).
Etc, etc.
Simple? Je vous l’accorde, mais un adepte des clivages réducteurs m’a demandé de faire une démonstration simpliste. Ceci étant dit, il nous faut garder à l’esprit qu’un nouveau phénomène est apparu aux USA, et accéléré par le facteur pandémique. À savoir qu’un tournant majeur s’opère dans le monde du travail: “The Great Resignation”.
Bien à vous
Franchement le meilleur moyen de combattre l’initiative est d’afficher votre commentaire et le tapisser sur les murs, mais c’est une catastrophe que vous annoncez là Monsieur Raymond. Réduire l’activité à 50% signifie l’engagement d’une personne venue récemment de très loin pour accomplir la tâche (les autres 50%). Le pain de 400 gr. passera de 2,80 francs actuellement à 5 francs minimum. Au fait, les 35 heures à la française ne suffisent plus à la gauche suisse, vous envisagez les 21 heures par semaine comme solution!!! Mr. Raymond, cher ami, vous me décevez beaucoup, j’ai toujours lu vos commentaires encyclopédiques avec intérêt, parfois je les trouvais même bien, dommage!
Pour vous rendre service, FK, “l’ami” que vous voyez en moi par arrogance vous répondrait avec la bienveillance qui le caractérise: “Ne faîtes pas comme le fils d’Éole et d’Énarété, car votre existence sera bien terne. Rappelez-vous le Charmide de Platon avec l’un des préceptes gravés au temple de Delphes – Gnothi seauton! J’entends bien vos complaintes, ce chant du Cygne, et sachez que je compatis à l’instar de Sophocle qui nous dit que: – Tout est bruit pour qui a peur!”
Bon vent!
Ce RBI peut fonctionner à une seule condition: empêcher quiconque de venir résider en Suisse sauf s’il y a impératif du genre “unique spécialiste dans son domaine” et contraindre tout le monde à travailler pour ne pas donner l’impression aux travailleurs qu’ils bossent aussi pour d’autres glandeurs. Et par la suite, une fois que le chômage (y compris les bénéficiaires de l’assistance sociale) résorbé complétement, d’ouvrir les frontières au compte-goutte. Si l’initiative sera accepté, au moins 3 millions de nos voisins (je n’exagère absolument pas) voudront venir habiter chez nous avant la mise en place de la loi d’application. De toute façon si cette fois l’initiative ne passera pas, dans 10 ans elle sera acceptée, puisque les partis politiques “bruxelistes”, antisuisses et mondialistes ont le vent en poupe. Même des personnes intelligentes adhérent à leurs idées, dingue !
Extraits d’un ouvrage fort intéressant, même si je n’en partage pas toutes le conclusions : « FUCK WORK! (pour une vie sans travail)» de James Livingston, Préface de Paul Jorion (aux éditions « Champs actuel » 2016)
« En disant « Fuck work », je veux dire que la corrélation travail / revenu étant déjà en elle-même incompréhensible et injustifiable, nous devons les découpler, en suivant la leçon que nous ont donné les prestations sociales, les allocations, les bonus de Wall Street, et, dans la vraie vie, l’expérience de travailler pour un salaire garanti, à savoir : que, pour le meilleur ou pour le pire, recevoir quelque chose pour rien n’a pas d’effet mesurable sur la personnalité des récipiendaires.
Ce fait empirique nous propulse dans un univers moral où le travail ne peut rien nous apprendre à votre sujet. Si ce n’est que, comme moi, vous être obligé de travailler. (…) »
« Les économistes d’Oxford qui étudient les tendances du marché de l’emploi nous disent que, dans les vingt ans à venir, l’informatisation risque de faire disparaître les deux tiers des jobs existants, y compris les « tâches cognitives non-routinières » (non-routine cognitive tasks) – vous savez, penser par exemple. (…) les types de la Silicon Valley qui donnent des conférences TED ont commencé à parler des «humains en surplus» qui résulteront de ce processus – la production cybernétique. « Rise of the Robots » («L’Ascension des robots»), le titre du livre qui cite ces sources, est de la science sociale, pas de la science-fiction.
Bref, la crise que nous vivons est une crise morale, tout autant qu’une catastrophe économique. On pourrait même dire que c’est une impasse spirituelle, car elle nous oblige à nous demander quel échafaudage social autre que le travail permettra la construction de la personnalité – ou encore si la personnalité elle-même est quelque chose à quoi nous devons aspirer. Mais c’est aussi pourquoi c’est une opportunité intellectuelle : elle nous force à imaginer un monde où ce n’est plus le travail qui construit notre caractère, décide de nos revenus, et gouverne nos vie au jour le jour. (…)
Que feriez-vous si vous n’aviez plus besoin de travailler pour percevoir un revenu ?
Et à quoi ressemblerait la société et la civilisation si nous n’avions plus à gagner notre vie – si le loisir, au lieu d’être notre choix, était notre condition ? (…)
Je ne suis pas en train de proposer une expérience mentale. Je pose des questions qui sont aujourd’hui des questions pratiques, parce qu’il n’y a pas suffisamment de jobs. (…)
On a déjà quelques réponses provisoires, car on est déjà tous au chômage, plus ou moins. La part du revenu des ménages qui a le plus augmenté depuis 1959, ce sont les prestations sociales du gouvernement. Au début XXIème siècle, 20% des tous les revenus provenaient de cette source – qu’on parle d’ « Etat providence » ou d’ « allocations ».
« (…) la firme était bâtie sur la séparation de la propriété et du contrôle. Les capitalistes se sont ainsi condamnés eux-mêmes à la mort sociale, en confiant des décisions de base, concernant la production et la distribution, à des dirigeants salariés qui n’étaient pas propriétaires des biens de l’entreprise – exactement comme leurs prédécesseurs aristocrates avaient loué leurs terres à de simple paysans quand ils avaient dû affronter le crise sociale de la fin de la féodalité, et s’étaient ainsi condamnés eux-mêmes à une lente mort sociale.
Ces managers salariés agissent au nom du capitalisme, mais ne sont pas eux-mêmes des capitalistes. Ces sont des employés, des serviteurs, des courtisans, qui feront tout ce que leurs maîtres invisibles décrèteront, parce qu’ils n’ont pas de dessein autonome, à part de plus gros bonus. (…)
La fin du capitalisme tel que nous l’avons connu est déjà là parmi nous. Le nombre de gens qui bénéficient de la façon dont nous organisons la production et la distribution a chuté : il s’agit aujourd’hui d’une petite minorité choyée, les 1% comme on dit. Nous n’avons pas besoin d’eux et ils le savent. C’est pourquoi leurs courtisans et leurs laquais essaient maintenant de protéger leurs privilèges par tous les moyens législatifs possibles (…) »
Sincèrement je me réjouis que le RBI revienne dans le débat en Suisse. Il y a cinq ans j’ai formulé des critiques à l’encontre de ce projet pour de multiples raisons dont les plus importantes peuvent être résumées comme suit: 1) le projet était mal ficelé et je savais qu’il prêtait le flanc aux critiques virulentes et donc aux nuisances des milieux économiques dominés par les thèses néo-libérales et foncièrement hostiles à toute innovation sociale susceptible de promouvoir le bien commun. 2) Dans sa version initiale le RBI affichait son ambition de se substituer à l’assurance sociale en s’appuyant sur le postulat de la disparition du salariat. Cette idée a été accueillie avec réticence par les syndicats et les milieux progressistes, notamment les hommes et les femmes de gauche. 3) Le RBI réservait un traitement égal aux inégaux. C’est difficile de lutter contre la pauvreté dans ces conditions si l’on ne prend pas en considération la diversité des situations individuelles en termes de revenus et de patrimoines. Au lieu d’arroser tout le monde comme le fait la prime inflation mise récemment en place en France et destinée à lutter contre la cherté de la vie, il eût été souhaitable de cibler le revenu de base sur les catégories qui en ont le plus besoin. En effet, un franc n’a pas la même utilité selon qu’il est distribué à un pauvre ou à un riche. C’est pourquoi, il fallait délester le revenu de base des lettres I ou U qu’il trainait comme un boulet, et partant elles nuisaient au message de générosité qu’il véhiculait dans un souci d’efficacité économique et d’équité. 4) Le texte ne semblait pas prêter attention au mécanisme d’incitation auquel les individus sont censés réagir et tout particulièrement le délicat équilibre à trouver entre incitation et assurance. Sans parler de l’idée selon laquelle si on garantit un minimum vital à l’individu on risque non seulement de l’enfermer dans une trappe à pauvreté ad vitam aternam, mais aussi de le priver d’une activité ou du lien social au travers duquel il pourrait donner un sens à sa vie. C’est pourquoi, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Méme si le travail salarié est améné à se raréfier sous l’impulsion de la révolution numérique et de la généralisation de la robotisation, la société fondée sur le travail est condamnée à fournir un revenu de substitution aux individus afin qu’ils s’investissent dans la réalisation d’un projet personnel dont la rencontre avec l’intérêt général pourrait donner un sens à leur vie. Enfin, si j’ai bien compris, la nouvelle version du RBI ne fixe aucun montant. Celui-ci devrait être au moins égal au salaire minimal en vigueur dans le canton de Genève, car en deça de ce seuil les bénéficiaires encourent le risque de tirer le diable par la queue vu que a Suisse reste un îlot de cherté et un enfer pour les titulaires de bas salaires.
L’idée du revenu de base inconditionnel (RBI) est à la fois généreuse et séduisante. Mais dès lors qu’il s’agit de la concrétiser, elle suscite réserves et méfiance dans sa prétention à lutter contre la pauvreté et l’inégalité.
Ciblée sur des publics les plus fragiles de la société, cette idée pourrait gagner en crédibilité. En effet, les mesures universelles ne semblent pas adaptées au cas particulier de la pauvreté, à moins de supposer que le progrès technique va faire basculer une grande partie de la classe moyenne dans la régression sociale, ce qui est fort improbable.
Par ailleurs, une allocation universelle ne pourrait pas sinon supprimer du moins atténuer les inégalités en matière de revenu et de patrimoine. En effet, en attribuant la même allocation à tout le monde sans tenir compte des données patrimoniales et de la disparité des revenus, on renonce à augmenter le bien-être du pauvre dans la proportion souhaitable, dans le seul souci de susciter l’adhésion du riche à un mécanisme de répartition de la richesse supposé équitable et conçu par-dessus le marché comme une panacée à la raréfaction des emplois. Force est de constater que le texte du RBI réserve un traitement égal à des inégaux.
En conséquence, il serait souhaitable de moduler l’attribution du revenu de base (RB) selon les capacités des individus. En clair, transformer le revenu de base inconditionnel en un revenu de base d’incitation pour les bénéficiaires de l’assurance-chômage et de l’aide sociale, et réserver le RBI dans sa version initiale aux invalides, aux malades en perte d’autonomie et aux personnes âgées avec une petite pension de retraite.
Un revenu de base conditionnel: ce système dual a le mérite de combiner la conditionnalité et l’inconditionnalité de l’assurance selon la situation des ayants droit. Il tolère en outre un certain degré d’inégalité dans un souci d’efficacité économique et sans décourager le travail. Ainsi les chômeurs et les bénéficiaires de l’aide sociale ne jouiraient pas d’une rente à vie, surtout s’ils expriment le désir de rester dans la vie active avec ses aspects certes contraignants mais aussi structurants. Sachant que celle-ci pourrait nuire à leur motivation de s’améliorer par le biais d’une formation afin de rester dans la course à l’emploi. Sachant aussi que celui-ci a plus de chances de changer de forme que de se raréfier ou de disparaître, contrairement à ce qu’annoncent des prévisions pessimistes qui sous-estiment les effets bénéfiques de la dynamique de la destruction créatrice et plus généralement le potentiel de création d’emplois associées au progrès technique.
En clair: le revenu de base d’incitation devrait réaliser un meilleur arbitrage entre assurance et incitation.
Sur le fond, cela revient à améliorer le système actuel de l’assurance-chômage. Il est souhaitable de définir l’allocation de base optimale à l’instar de l’allocation chômage optimale: celle-ci doit tenir compte des facteurs qui exercent des effets contradictoires sur le comportement du demandeur d’emploi. Ainsi, une allocation chômage peut desserrer la contrainte financière pour les personnes disposant de peu d’épargne, mais elle peut également réduire l’effort de recherche d’emploi. Sachant que l’allocation chômage influence positivement la durée moyenne du chômage.
Le problème est donc de trouver le bon contrat qui réalise l’équilibre entre les avantages et les inconvénients associés à l’indemnisation du chômage. L’intérêt d’un tel contrat est de suggérer le sens dans lequel il faut faire évoluer l’allocation chômage. Ainsi, il faut augmenter l’indemnité de chômage si la contrainte financière l’emporte sur l’effet d’aléa moral et la réduire dans le cas contraire. Bref, un dispositif d’assurance censé apporter la sécurité matérielle aux salariés ne devrait négliger ni le versant incitatif ni la contrainte budgétaire de l’assurance-chômage. En effet, l’équilibre financier d’une telle institution ne répond pas seulement à une logique comptable. Il permet de pérenniser et de renforcer un outil de solidarité et donc la mutualisation des risques face à la montée de l’insécurité professionnelle souvent induite par des mutations technologiques.
Par ailleurs, un revenu de base d’incitation présente l’avantage de ne pas développer une mentalité d’assisté chez les victimes du progrès technique et de la mondialisation. Le RBI ainsi relooké nous semble véhiculer une vision dynamique, laquelle pourrait justifier le renforcement du rôle de l’Etat dans la préservation de la cohésion sociale.
Cet objectif peut être réalisé par divers mécanismes d’incitation: par exemple, cumul temporaire d’un revenu d’activité et de l’allocation-chômage, bonus pour la formation, suivi personnalisé des chômeurs, prime à la reprise de l’emploi, mécanismes de surveillance accompagnés de pédagogie. Concrètement, il s’agit de trouver le bon niveau d’assurance-chômage. Un tel niveau d’allocation-chômage devra procurer les ressources aux chômeurs afin d’éviter une trop forte dégradation de leur niveau de vie, et dans le même temps il devra éviter les effets pervers d’une indemnisation trop généreuse sur la recherche active d’un emploi.
Les sources de financement: quant au financement de ce système dual, il ne nécessite pas le démantèlement de l’Etat social actuel, dans la mesure où le revenu de base d’incitation peut être financé par les cotisations salariales et patronales, et sans doute par la fiscalité sur le capital ou les actionnaires en cas de déséquilibre. En revanche, le RBI spécifique pourrait être financé par une taxe sur les transactions financières électroniques, par une taxe sur les plus-values mobilières et immobilières. La liste des mesures de financement n’est bien sûr pas limitative.
Enfin, last but not least, le RB pourrait être une solution alternative temporaire à l’échec des mesures non conventionnelles des banques centrales: la Banque nationale suisse mène une lutte contre la force du franc qui menace d’asphyxier l’industrie exportatrice et la Banque centrale européenne peine à faire boire un âne qui n’a pas soif. Le RB serait le bon substitut à la manne céleste qui consiste à faire tomber la «monnaie hélicoptère» sur la population pour la forcer à dépenser, dans l’espoir d’éloigner le spectre de la déflation.
Cependant, dans le cas de la Suisse, on pourrait se passer de ces deux options dans la mesure où la relance budgétaire via des dépenses publiques dans les infrastructures, le soutien public à la formation, à l’innovation et à la recherche fondamentale, est une alternative, compte tenu du bon état des finances publiques au niveau confédéral et de la flexibilité autorisée par la Constitution.
En résumé, le RBI est une utopie. Comme toujours, les utopies sont plus utiles par les actions réformatrices qu’elles inspirent plutôt que par leur concrétisation proprement dite. Quel que soit le sort que le souverain réservera à l’initiative populaire pour le RBI, celle-ci a au moins le mérite de susciter un vrai débat.
Elle invite à la réflexion sur la nécessité d’adapter et de moderniser le système de protection sociale actuel, afin de mieux gérer les conséquences sociales que provoque le bouleversement du monde économique, et donc de rendre les ajustements nécessaires le moins douloureux possible pour le plus grand nombre.
Bonsoir cher NOEL,
Lorsque vous écrivez: “Force est de constater que le texte du RBI réserve un traitement égal à des inégaux”, je vous réponds heureusement car personne ne souhaite une version 2.0 du communisme, ni hériter des travers de l’État providence à la française, respectueusement parlant. Pas plus que ce revenu de base universel ne doit tomber dans un mille-feuille administratif infernal et contre productif. Le RBI n’a pas vocation d’assistanat ou d’oisiveté comme je le comprends au travers de vos propos, ni pour but de créer d’autres inégalités par une distribution choisie sur l’autel de la politique politicienne. Sur le plan des savoirs, des connaissances construites, des formations suivies, des expériences vécues, des efforts fournis à l’emploi et/ou du temps investit à nous élever intellectuellement (…) nous sommes tous par essence inégaux, et ceci demeure une forme de richesse. Mais aujourd’hui, hélas, nous ne vivons plus dans un capitalisme voulu par les pairs; nous avons plongé dans un extrémisme de connivence (Crony capitalism). Savez-vous seulement, NOEL, qu’une forme de “RB” existe déjà depuis le dernier ordre monétaire, financier, économique et sociétal – post 1970/80 – et il reste financé (sournoisement) grâce à l’ignorance des connaissances du domaine (au sens non péjoratif) par une grande majorité au profit d’une petite minorité (j’inclus les politiques)? Certes, les rentes de situation et les rentes du capital et des patrimoines ne portent pas l’acronyme de “RB”. À ce titre, comme “whistleblower” de la crise du subprime, ancien spécialiste des marchés financiers et manager de formation en la matière, économiste hétérodoxe franco/suisse (et très très jeune préretraité), permettez-moi de vous rappeler l’élément fondamental reposant sur le fait incontestable que le Capital – par le jeu de l’ingénierie financière – peut se reproduire de lui-même grâce à sa vélocité de circulation en occultant le facteur Travail pour créer du Capital neuf. Et ce depuis très longtemps. Dans ce contexte – et celui d’une disruption phénoménale de nos économies – il n’est dès lors pas inintéressant de (re) constater la répartition de plus en plus inégale entre les revenus du travail par rapport à la croissance de la productivité…
https://i0.wp.com/michelsanti.fr/wp-content/uploads/2018/10/%C3%A9cart-productivit%C3%A9-salaires.png?resize=538%2C305&ssl=1
… alors que la croissance (intrinsèque) de la productivité décline depuis les années 1960…
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… Tandis que le phénomène de financiarisation s’exacerbe au fil des décennies comme celui des richesses déconnectées de l’économie réelle…
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Conclusion: Cet enchaînement de “chart” permet de se faire une petite idée du phénomène de transfert des richesses de la base de la pyramide vers son sommet. Donc l’antithèse de la “Trickle down theory” chère aux néolibéraux. Si, vu de l’hexagone, le “RBI” est utopique, les Suisses ont néanmoins les cartes en main par votation populaire (à contrario de la France), ce qui reste un atout de taille au peuple pour reprendre son destin en main.
Bien à vous
Je pense qu’à choisir impérativement entre un système égalitaire à 100% et celui, sans tête ni queue, introduisant un “revenu de base garanti”, je choisis le communisme éclairé sans hésiter, car il aurait plus de succès aujourd’hui qu’au premier tiers du siècle dernier, en tenant compte de la grande circulation des informations, puisque les tricheurs tricheraient moins forcément, et la démocratie fonctionnerait mieux!
Après la crucifixion de l’Intérêt général, il a toujours peine à ressusciter!
John Maynard Keynes (1883-1946) était l’un des économistes hétérodoxes les plus brillants et les plus influents du XXe siècle. Ses analyses précises et ses conseils éclairés en matière de politique économique ont marqué l’évolution de l’économie internationale jusqu’à la révolution des monétaristes (orthodoxes) à partir des années 1970. Dans un article publié en 1930 – “Economic possibilities for our grandchildren” – Keynes se projette dans l’avenir pour imaginer le monde et l’économie 100 ans plus tard et, selon ses prévisions, une semaine de 15 heures de travail suffirait amplement à chacun en 2030 pour satisfaire ses besoins. Autrement dit, les pays développés connaîtraient un âge d’abondance qui, avec l’aide du progrès, permettrait aux travailleurs de réduire leur temps consacré au labeur. À ceci près qu’en 1930, Keynes n’imaginait cette emprise des monétaristes sur les “sciences économiques” qui détournera peu à peu les grosses parts du gâteau pour une infime minorité en ne laissant plus que les miettes aux générations futures.
Or, qui se souvent encore que dans les années 1975, le cabinet d’études McKinsey s’attaqua à un problème d’envergure : les intérêts des investisseurs et des dirigeants des grosses entreprises n’étaient pas alignés : d’une certaine manière ce que les uns obtenaient dans le partage des bénéfices, les autres en étaient privés. Cet antagonisme bénéficiait aux salariés selon la perception des monétaristes (les orthodoxes). Il y avait donc là un problème urgent à résoudre pour eux ! Et McKinsey & Co le résolut. Les dirigeants des entreprises se verraient attribuer des options sur l’achat d’actions de leur compagnie au cours du jour où ces “stock-options” leur seraient attribuées. Si le cours de l’action grimpait, ils bénéficieraient de la hausse en fonction du nombre de leurs options. Les dirigeants, tout comme les actionnaires, auraient dorénavant les yeux fixés sur le cours des actions de l’entreprise (spéculation), s’efforçant de booster son bilan de trimestre en trimestre par tous les moyens possibles et par la “comptabilité créative (imaginative !)” en particulier. Une opportunité qui réjouit le monde de la finance, suffit-il à regarder en arrière avec les effets désastreux produits par les dossiers d’Enron et la transaction (hors bilan) “repo105” de Lehman Brothers, par exemple.
Le court-termisme était désormais inscrit dans l’économie : McKinsey avait réussi son pari! L’AVENIR avait été entièrement sacrifié au PRÉSENT, ce que Keynes sous-estimait en 1930.
C’est un peu injuste de prendre un “morceau choisi” des théories de Keynes et d’essayer de nous rouler dans une farine destructrice du “Monde Libre”. Keynes était très patriotique, sa production intellectuelle était en faveur d’un commerce juste entre les nations pour empêcher LE CHÔMAGE, les déséquilibres commerciaux et éviter la CONCURRENCE ENTRE NATIONS et par conséquent éviter la guerre. Il avait concédé aux américains le libre échangisme dans les négociations de Bretton Woods à contrecœur. Son idée était de créer un système monétaire capable de compenser les forces et les faiblesses du commerce des Nations. S’il avait prévu de travailler 15 heures par semaine en 2030, que je découvre dans votre commentaire, c’est probablement parce qu’il n’avait pas imaginé la grande mobilité d’aujourd’hui et la libre circulation génocidaire des emplois en Occident. Il voulait taxer les importations de 10% et subventionner les exportations de 10% pour ne pas tomber dans les excès d’aujourd’hui et pour ne pas fermer les usines chez nous. D’après lui les actions en bourse ne devraient être achetées que par les résidents, il est vrai qu’il détestait ceux qui vivaient d’une rente, ok. Keynes est de loin, le plus grand économiste qui n’a jamais vécu sur terre. Vous ne pourriez pas le réduire de la sorte pour faire matcher ses idées avec les vôtres ! Soyons honnête.
“Soyons honnêtes”? Quel lapsus. Vous dites : “Il (Keynes) avait concédé aux américains le libre échangisme dans les négociations de Bretton Woods (1944) à contrecœur”? Conjecture. Ensuite, vous aggravez votre cas, déjà pas brillant, par supposition sans connaître Keynes: “S’il avait prévu de travailler 15 heures par semaine en 2030, que je découvre dans votre commentaire, c’est probablement parce qu’il n’avait pas imaginé la grande mobilité d’aujourd’hui et la libre circulation génocidaire des emplois en Occident”.
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Droit de réponse: Keynes est convaincu des bienfaits du libre-échange en Angleterre comme il le notera lui-même, dans “Suis-je un libéral?”, adressé aux membres du Parti libéral en août 1925. Dans un article de 1923 du Manchester Guardian Commercial, Keynes ajoute, toujours au sujet du libre-échange que : “nous devons nous y agripper même si nous ne recevons pas de traitement réciproque et même dans les rares cas où en l’enfreignant nous puissions obtenir un avantage économique direct” CQFD
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Cet article ci-dessous montre l’évolution de sa pensée et son pragmatisme. En tout cas s’il devait renaître en Suisse il sera UDC et non-pas de l’extrême gauche, c’est sûr.
https://www.erudit.org/fr/revues/ae/2010-v86-n1-ae3990/045556ar/
Je laisse tomber les échanges avec vous pour m’avoir manqué de respect. Un peu d’humour c’est gratuit et ça nous fait du bien. L’initiative est mort-née, ne vous y attachez pas trop.
Quand Maurer (UDC) – avec une fonction à haute responsabilité au CF – ignore les fondamentaux de Keynes…(voir aussi le commentaire du Prof. Cédric Tille)
https://bonpourlatete.com/analyse/ueli-maurer-endette-nous-pour-notre-bien
Bonjour Raymond,
Effectivement Keynes était un ardent défenseur du libre-échange et n’a jamais remis en cause la théorie de l’avantage comparatif héritée de Ricardo; même si, il est vrai, les auteurs classiques britanniques n’étaient pas en odeur de sainteté auprès de lui, comme en témoignent certains passages de son oeuvre maîtresse “La Théorie Générale…”. En effet, Il reprochait aux économistes élevés dans cette tradition de l’économie politique anglaise de raisonner comme des géomètres euclidiens qui ne pouvaient pas comprendre que les droites parallèles peuvent se rencontrer, dés l’instant qu’on adopte une géométrie non-euclidienne.” En vérité, il n’y a pas d’autre remède que de rejeter le postulatum d’Euclide et de construire une géométrie non-euclidienne. Une opération de ce genre est aujourd’hui nécessaire dans le domaine de la science économique”. +
C’est pourquoi Keynes peut être considéré à juste titre comme le père de la macroéconomie moderne qui admet la possibilité logique de déséquilibres, et donc le défaut de coordination des décisions décentralisées qui était masqué par la fiction de l’information centralisée héritée de l’Ecole de Lausanne ( Walras et Pareto). En période de crises, les meilleures recettes de politique économique se trouvent, semble-t-il, dans la vieille littérature où les oeuvres de Keynes sont des classiques incontournables.
Par ailleurs, notons que le principe de l’avantage comparatif qui suggère aux individus tout comme aux nations de se spécialiser dans le métier ou l’activité où ils sont doués, demeure au coeur des nouvelles théories du commerce international développées par des auteurs comme Paul Krugman, Elhanan Helpman et autres, mais enrichies par la prise en compte des économies d’échelle. Cependant il importe de remarquer que la spécialisation n’a pas que des avantages, elle a aussi son revers de la médaille. Car elle ignore le risque ou les aléas de la fortune qu’on peut réduire au travers d’une stratégie de diversification. Par exemple une entreprise qui fabrique des maillots de bain et des parapluies a plus de chances de tirer son épingle du jeu que celle qui est spécialisée dans la production l’un ou l’autre biens en question. De même un individu a intérêt à se doter d’une formation initiale solide afin de faire face à l’insécurité professionnelle en minimisant les coûts d’adaptation aux exigences du marché de l’emploi. A cet égard la Suisse comme l’Autriche dispose d’un excellent systéme d’apprentissage que de nombreux patrons français rêvent de transposer à l’Hexagone. Certes une économie a besoin d’une main-d’oeuvre spécialisée, mais cette spécialisation ne semble pas incompatible avec le développement de l’enseignement des humanités dans les écoles d’apprentissage, surtout si celles-ci contribuent à former non seulement de bons techniciens aussi précis que les horlogers suisses, mais aussi de bons citoyens éclairés pour éviter la manipulation et donc ne pas faire des choix contraires à leurs intérêts, notamment lors de votations ( égalité des hommes et des femmes en matière de salaires, l’instauration d’un salaire minimal au niveau confédéral, réduction de la durée de travail en raison des gains de productivité, etc ). Comme on peut le remarquer la spécialisation peut avoir des inconvénients tant au plan économique et professionnel qu’au plan culturel.
Après cette digression, revenons à Keynes. Celui-ci était hostile à la guerre des monnaies et à l’or ( relique barbare). Aujourd’hui l’euro a remplacé l’or comme instrument monétaire, mais l’Europe s’est trouvée confrontée aux mêmes problèmes des années 1930 avec leurs dévaluations compétitives, notamment lors de la crise des dettes souveraines au sein de la zone euro. Sans doute nous devrions nous attendre à ce que le problème des dettes publiques accumulées pendant la gestion de la pandémie, surgisse, à nouveau, avec acuité dans l’après-covid, tant que la zone euro continue à fonctionner selon le schéma actuel, en l’occurrence la décentralisation de la politique économique : un pouvoir monétaire unique face à 19 pouvoirs budgétaires indépendants. En outre, compte tenu de la montée des revendications de certains pays de donner la primauté aux lois votées par les parlements nationaux sur les lois européennes, parions que l’intégration budgétaire et donc politique n’est pas pour demain la veille.
Lors de la conférence de Bretton Woods en 1944, Keynes conduisant la délégation britannique avait souligné un point essentiel qui semble toujours d’actualité dans la zone euro : les déséquilibres de balances des paiements ne sont pas symétriques : le pays endetté est beaucoup plus vulnérable que le pays prêteur. C’est le pays en déficit qui doit réduire son train de vie, sans que le pays en excédent soit obligé de faire l’effort symétrique d’accroître ses propres dépenses. Or, une telle asymétrie est un facteur de récession : si l’un dépense moins sans que l’autre desserre les cordons de sa bourse, la dépense globale baisse nécessairement et le chômage augmente. Notons que Paul Krugman a décrit de manière magistrale ce scénario de l’austérité dans son livre ” Sortez-nous de cette crise …MAINTENANT!” Car, par un paradoxe étonnant, lors de la crise des dettes souveraines, l’euro s’est transformé en une nouvelle prison dorée, obligeant les pays européens au même régime d’austérité que celui des années trente.
Les purges budgétaires sévères imposées par l’Allemagne à ses partenaires afin de retrouver leur crédibilité auprès des marchés financiers, ont déclenché une spirale vicieuse et dangereuse pour la monnaie unique : réduire les déficits au risque de casser la croissance, puis de combler le manque à gagner dû à la récession par de nouvelles mesures d’austérité. Cette vision germanique qui consiste à traiter le contexte de récession par une potion d’austérité budgétaire dans le souci d’adoucir la tyrannie des marchés financiers, a failli mettre un terme à l’aventure de la construction de l’union monétaire de l’Europe. A ce propos, il est frappant de noter la similitude des méthodes utilisées pour traiter la question des dettes souveraines au sein de la zone euro et celles employées par le chancelier allemand Brüning de 1930 à 1932 : voulant rassurer les marchés financiers sur sa crédibilité l’Allemagne a mené une politique d’austérité qui fit grimper le taux de chômage à des niveaux stratosphériques, supérieur à 25% de la population. Comme chacun sait, une telle politique avait conduit à la radicalisation de la vie politique et confié les clés de la maison Allemagne aux Nazis. C’est pourquoi il n’est pas excessif d’affirmer que l’austérité porte potentiellement en germes l’autoritarisme comme la nuée porte l’orage.
Comme on peut le constater la pensée de Keynes aujourd’hui comme hier n’est pas déconnectée des problèmes économiques des individus en chair et en os et elle suggère des actions collectives pour améliorer leur sort, pourvu que les autorités en charge de la politique macroéconomique établissent un bon diagnostic au préalable. Ainsi Keynes en esthète de l’analyse économique n’a jamais recommandé de combattre le chômage structurel par exemple, par une politique budgétaire ou une politique monétaire expansionniste. Il était également soucieux d’améliorer l’efficacité des institutions. Ainsi il avait prôné la création d’une monnaie supranationale qu’il proposait de baptiser le” bancor “pour remplacer la relique barbare (l’or) . Cette monnaie était censée répondre aux besoins de liquidité des pays en déficit, mais elle s’est heurtée à l’hostilité des Américains, pour lesquels la monnaie mondiale était de facto le dollar. Mais l’idée a survécu en Europe et elle a été défendue par l’économiste belge Robert Triffin. Ce dernier était convaincu que seule l’adoption d’une monnaie unique pouvait éviter aux Européens la tyrannie des marchés de changes. Mais il me semble qu’il a sous-estimé la capacité de nuisance et de déstabilisation des marchés financiers. Certes, la monnaie unique a mis fin aux attaques spéculatives qui étaient récurrentes au sein du Système monétaire européen (SME) avec plusieurs monnaies, mais malheureusement elle n’immunise pas totalement contre la spéculation, un peu à l’instar du vaccin Pfizer vis-à-vis du covid-19; car même avec la monnaie unique les pays membres continuent à être la cible des attaques spéculatives, tout particulièrement lorsque leurs finances publiques se dégradent (accumulation des déficits et donc envolée de la dette publique). Le remède à cet état de fait réside sans doute dans l’intégration politique à laquelle les partisans de l’Europe des nations sont farouchement opposés. Par les temps qui courent, Budapest est devenue la Mecque de tous leaders nationalistes anti-UE en quête de visibilité et de respectabilité internationales que M. Orban va sans doute finir par faire monnayer, lui qui aime les chèques de l’UE mais pas ses normes démocratiques.
Enfin, Keynes soutient certains principes mercantilistes et dénonce la vision classique qui réduit les véritables causes de la prospérité d’une nation à des marchandises, à la population et à des institutions. Au contraire, Il attire l’attention sur les éléments de politique économique qui peuvent contribuer à la promotion du plein emploi que le libre-échange laissé aux seules forces du marché ne serait pas en mesure de réaliser en toutes circonstances. Ainsi l’offre de monnaie, la balance commerciale et les taux d’intérêt jouent un rôle majeur dans une économie. Néanmoins force est de reconnaître que la postérité du mercantilisme reste sans doute plus influente dans la pratique politique que dans la théorie économique, comme en témoignent le protectionnisme intelligent et le patriotisme économique ( le Made in France par exemple) qui plaide en faveur d’une politique industrielle et des subventions pour soutenir les entreprises exportatrices. En revanche, certains économistes comme Paul Krugman ont prôné un mercantilisme éclairé qui ne cherche pas à promouvoir les principes du libre- échange, mais à favoriser les concessions mutuellement avantageuses : par exemple les pays riches devraient accepter de libéraliser le secteur textile en échange d’avantages concédés en matière de services financiers par les pays en voie de développement.
On peut s’interroger sur le mercantilisme industriel de l’Allemagne qui réalise l’essentiel de son commerce extérieur au sein de l’UE. Ce pays comme d’ailleurs la Suisse ou la Japon, a réussi à préserver son emploi industriel, et donc une part notable de la production industrielle dans le PIB, grâce notamment au dynamisme de ses exportations. Ainsi l’Allemagne illustre le paradoxe industriel dans la mesure où la protection de l’emploi dans ce secteur est impossible dans le cadre d’une économie fermée. Repliée sur son seul marché intérieur, l’industrie allemande sera privée de débouchés, la loi de productivité croissante conduit inévitablement à la contraction de l’emploi. C’est pourquoi l’industrie ne peut survivre à la seule condition de pouvoir exporter ses excédents. Autrement dit le pays le plus agressif à l’exportation peut imposer aux autres une désindustrialisation.
Selon l’analyse ricardienne, il suffit que les travailleurs du secteur en déclin migrent vers le secteur en expansion pour que tout le monde y gagne que l’on soit importateur ou exportateur de biens industriels. Une telle explication souffre d’un défaut majeur, à mon sens, car elle surestime la capacité d’embauche des secteurs exportateurs. D’autre part elle passe sous silence le fait que les échanges jouent au travers du phénomène d’élimination des plus faibles et d’expansion des plus forts. En conséquence le commerce international fonctionne selon une logique darwinienne : il détruit les entreprises les moins efficaces et les entreprises survivantes réputées efficaces ne seraient pas en mesure de fournir un emploi à tous les perdants de la mondialisation.
Bonjour très cher NOEL,
Merci beaucoup pour ce vent de fraîcheur et sachez que je lis toujours avec assiduité vos réactions. Je suis en accord avec cette analyse.
Lorsque vous écrivez : ” l’Europe s’est trouvée confrontée aux mêmes problèmes des années 1930 avec leurs dévaluations compétitives, notamment lors de la crise des dettes souveraines au sein de la zone euro”. Je préciserai, certes, puisque les excédents des uns ont pour corollaire le déficit des autres, et le déséquilibre des balances commerciales exacerbe le phénomène dans une “ZMO” non optimale selon les critères de Robert Mundell. La zone euro fut mal construite dès son début et, ce, pour intégrer le mirage économique de la “locomotive allemande”
Bien à vous
Les politiques adorent Keynes parce qu’ils ne connaissent pas sa rigueur. Les prétendus keynésiens ne prennent qu’un morceau de ses théories qui consiste à ce que les pouvoirs publics s’endettent pour relancer l’économie. Oui c’est vrai, s’endetter pour faire des grands travaux pas pour payer les salaires des fonctionnaires. S’il lisent vraiment toutes ses théories, ils trouveront que quand l’économie va bien ils doivent rembourser la dette, ah oui, ce n’est pas dimanche tous les jours !!! Au fait, le cycle économique comprend impérativement une phase de récession et le soutien par l’endettement budgétaire ne doit se faire que pendant cette période de crise. La France dépense environ 1400 milliards par an pour une recette fiscale de 1300 milliards. Au lieu de dire que le budget est 7,6% déficitaire, les as de la communication rapporte les déficits au PIB et le bât dans ce cas blesse moins selon les accords de Maastricht.
Il est urgent et nécessaire de rétablir une certaine équité dans le travail, contribuant à soutenir les activités économiques afin d’accroître la cohésion sociale. L’ensemble des parties prenantes pourra alors en bénéficier dans l’intérêt général de l’économie et de la société.
Je lance l’initiative: Vivre avec dignité – Je touche l’aide sociale, je m’engage pour la collectivité !
La Constitution est modifiée comme suit:
Art. 110a Engagement au profit de la collectivité
1 La Confédération garantit que toute personne établie en Suisse qui perçoit des prestations d’assistance publique consacre son temps au profit de la collectivité. Cette activité doit permettre de mener une existence digne en famille et en société, de participer à la vie publique et d’agir pour le bien commun.
2 L’activité au profit de la collectivité est conçue de manière à contribuer à la préservation et au développement du lien social. Il s’agira notamment d’activités de soutien aux familles (garde des enfants, …), aux écoles (soutien ou accompagnement scolaire), à l’écologie, au parcours d’intégration des personnes issues de la migration, etc.
3 La loi règle l’activité et son financement. Elle veillera à ce que cette activité nécessite de se lever tôt le matin afin de continuer à préserver un rythme de vie digne et d’agir pour le bien commun.
4 Nul ne peut toucher une prestation d’assistance publique sans mener une activité au sens de l’al. 2 d’au moins 40 heures par semaine. La loi règle les exceptions, notamment pour les personnes atteintes dans leur santé.
J’ouvre le comité d’initiative. Écrivez-moi.
@ZIGNETTE
Je ne sais pas si vous en êtes consciente mais ce que vous proposez est en fait le rétablissement du servage et de la corvée. Ni plus ni moins.
Un serf est un être privé de liberté, qui vit dans la dépendance de l’autorité publique. À l’époque c’était la seigneurie, aujourd’hui c’est l’Etat. Le serf avait besoin de la protection du seigneur qui lui donnait une assiette de soupe pour manger et une paillasse pour dormir. En échange de cette protection, le serf était tenu à la corvée. C’est à dire toutes sortes de travaux d’intérêt général dans l’intérêt du seigneur et de sa seigneurie. Aujourd’hui, le revenu de base inconditionnel proposé par M. Rossi, c’est l’assiette de soupe et la paillasse concédée au serf moderne. En échange vous exigez que le serf moderne accomplisse un travail d’intérêt général. C’est la corvée moderne.
Je ne dis pas que vous ayez tout à fait tort. À partir du moment où les contribuables qui bossent, paient ce revenu de base, il est juste qu’existe une certaine contre-prestation. Mais c’est une nouvelle forme de corvée pour les serfs modernes.
Je fais une autre proposition: pas de revenu de base, pas de servage, pas de corvée. On garde une société de liberté en visant le plein emploi. On favorise la création d’entreprises par une politique de droite pro-business. Quand les gens tombent dans le chômage on les aide à retrouver un emploi et on maintient un filet social.
Ce qui est horrible avec le revenu inconditionnel c’est que c’est une idée de gauchistes visant à instaurer une forme socialiste de servage, parce que ça arrange le “gréât reset” voulu par les exploiteurs du forum de Davos.
FK, je vous ai donné un conseil plus haut sur le fil, pour votre bien, suivez-le.
Savez-vous ce qu’est “le protectionnisme circonstanciel” au moins? Et lorsqu’il faut rappeler à l’UDC – fixé sur l’orthodoxie budgétaire – ce qu’est une “politique de relance budgétaire” (de type keynésienne), vous insultez Keynes, post mortem. Voici donc, FK, un extrait d’une réponse faite à un même individu que vous, c-à-d noyé sous les préjugés et les couleurs politiques, faute à une inculture patente pour réfléchir par lui même. Un Comportement pavlovien !
Posté ici-même RAYMOND 17 mars 2020 à 12 h 39 min
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En 1944, Friedrich Hayek reçut une lettre d’un client de l’hôtel Claridge d’Atlantic City, dans le New Jersey. Il félicitait l’économiste, né en Autriche, pour son « grand » livre, ‘The Road to Serfdom‘ (La route de la servitude) dans lequel Hayek défendait l’idée que la planification économique constituait une menace pour la liberté. « Moralement et philosophiquement, je me retrouve profondément en accord avec vous », disait la lettre. Le correspondant de Friedrich Hayek était John Maynard Keynes, en route pour la conférence de Bretton Woods, dans le New Hampshire, où il allait participer à l’élaboration du nouvel ordre économique de l’après-guerre. La chaleur des louanges surprendra ceux qui considèrent Friedrich Hayek comme le parrain intellectuel du thatcherisme, et Keynes comme le saint patron d’un capitalisme très dirigiste.
Mais Keynes, contrairement à ses disciples, n’était pas un homme de gauche. « La guerre des classes me trouvera du côté de la bourgeoisie éclairée » avait-il écrit dans son essai de 1925, « Suis-je un libéral ? » Plus tard, il décrivit les syndicalistes comme des « tyrans, dont les prétentions égoïstes et partisanes doivent être combattues avec bravoure ». Il accusa les dirigeants du parti travailliste britannique d’agir comme des « embrigadés d’un credo dépassé », des « demi-semi-marxistes fabianistes marmonnants et rongés de mousse ». Keynes, contrairement à ses disciples, n’était pas un homme de gauche. « La guerre des classes me trouvera du côté de la bourgeoisie éclairée » avait-il écrit dans son essai de 1925, « Suis-je un libéral ? »
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Enfin, le respect se mérite mon garçon!
Le gauchisme aveugle et fait sortir parfois ses adeptes de leurs gonds ! Le seul qui pouvait m’appeler “mon garçon” est décédé depuis fort longtemps !
« Il suffit parfois de changer de perspective pour y voir clair.” A. de St- Exupéry
Avec à partager: de la matière à penser, =>
1) GOUVERNER AUTREMENT
http://www.la-croix.com/Culture/Le-Roi-decu-Marie-Laure-Durand-gouverner-autrement-lecole-levangile-2021-10-22-1201181816
2) POUR UNE RÉSISTANCE OISIVE: NE RIEN FAIRE AU 21E SIÈCLE
http://www.librairie-gallimard.com/livre/9782492596339-pour-une-resistance-oisive-ne-rien-faire-au-21eme-siecle-jenny-odell/
http://www.youtube.com/watch?v=dveUrpp6vs8
Sur le même sujet : i
http://www.nouvelobs.com/debat/20181010.OBS3738/rester-au-lit-a-ne-rien-faire-est-noble-juste-et-productif.html
http://www.letemps.ch/societe/lart-ne-rien-faire
http://www.huffingtonpost.fr/entry/le-meilleur-moyen-de-lutter-contre-le-stress-et-lanxiete-ne-rien-faire-blog_fr_60411924c5b601179ec3470e
http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/05/30/oblomov-ou-l-eloge-de-l-oisivete_3420649_3246.html
3) « Travailler. La grande affaire de l’humanité » : vers un autre travail »
http://www.lemonde.fr/emploi/article/2021/09/30/travailler-la-grande-affaire-de-l-humanite-vers-un-autre-travail_6096541_1698637.html
4) TRAVAILLER POUR QUOI FAIRE ?
http://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/travailler-pour-quoi-faire
5) La « fable » du mérite
http://www.rts.ch/audio-podcast/2021/audio/le-merite-25772419.html
http://www.philomag.com/articles/michael-j-sandel-la-tyrannie-du-merite-est-lorigine-de-la-revolte-populiste
6) LA FIN DE LA MÉGAMACHINE
http://www.seuil.com/ouvrage/la-fin-de-la-megamachine-fabian-scheidler/9782021445602
http://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/stop-a-la-megamachine-guide-pratique-pour-eviter-leffrondrement
Egalement fort réflexif =>
1) “(…) Sans attendre, nous devons être force de propositions innovantes pour forger un avenir vraiment différent. Ensuite, l’humain doit reprendre une place plus participative et respectable dans les organisations. En finir avec cette posture d’exécutant sans implication et libérer cette colère du mal-être. Enfin, chacun de nous se responsabilisera au quotidien avec des choix vers plus de valeurs de proximité et simplement utiles. Un équilibre social devra être retrouvé rapidement, afin de partager cette Terre et son ordinaire en bonne intelligence et avec responsabilité pour un demain éclairé.”
Eric Davalle, 24H, 21.06.21
2) “Le paradigme politique et idéologique actuel est dans une impasse. Avec érudition et clarté, Pierre de Lauzun nous explique pourquoi et comment en sortir. Il montre notamment les limites de la pensée moderne qui nous y ont conduits et convoque la pensée classique pour fournir aux politiques les principes et les outils d’un renouveau. Ce faisant, il propose une grille de lecture des grands courants politiques et un dépassement des clivages périmés : droite-gauche, conservatisme-progressisme, etc. Il propose alors une vision politique réellement dédiée à la quête du bien commun, qui passe par un grand retournement de la pensée et de l’action politiques.”
http://www.payot.ch/Detail/pour_un_grand_retournement_politique-pierre_de_lauzun-9782855541532?cId=0
3) “L’économie politique nous apprend que la plupart des politiques ne se demandent pas en premier lieu ce qui est bon pour la société, mais avant tout ce qui est bon pour eux-mêmes. La politique appliquée pour lutter contre la pandémie l’a une fois de plus montré claire-ment: l’action politique n’est pas guidée par ce qui serait sensé, raisonnable ou scientifique. Au contraire, on fait ce qui est politiquement faisable, ce qui garantit sa propre réélection, son pouvoir et les revenus correspondant.”
Olivier Kessler (LT, 22.06.21, http://www.letemps.ch/economie/lillusion-risque-zero)
4) “Or, les tensions entre ceux qui l’ont compris et ceux qui s’évertuent à prétendre qu’on pourra changer sans rien changer ne fait que se tendre. Je vous livre ici mon intuition: ça va péter. Ca va péter entre les générations, ça va péter entre les manifestants et les gouvernements et ça va péter entre ceux qui veulent que ça change maintenant et ceux qui continuent à nier les lois de la physique. Ce ne sera pas la faute des jeunes, des écolos, ou des scientifiques, mais bien la conséquence de la non-action de tous les autres.”
Marc Muller, devant les actionnaires du Groupe E
http://www.youtube.com/watch?v=HR-sZlRqpPk
5) « Alors que le décalage entre les gouvernements et les peuples se creuse de plus en plus, une rupture pourrait amener dans le pire des scénarios possibles à un soulèvement massif et sans précédent. »
extrait du Rapport de la CIA sur l’état du monde en 2040
http://www.vice.com/fr/article/dyvvky/on-a-vraiment-lu-le-rapport-de-la-cia-sur-letat-du-monde-en-2040
http://www.francetvinfo.fr/monde/usa/video-le-monde-en-2040-vu-par-la-cia-un-rapport-de-l-agence-americaine-de-renseignement-detaille-les-defis-a-venir-dans-un-horizon-qui-s-annonce-extremement-complexe_4613053.html
Toujours pour changer de perspective:
1) TRAVAILLER 5 HEURES PAR SEMAINE:
http://www.welcometothejungle.com/fr/articles/travail-cinq-heures-par-jour-temoignages
2) LE BNB, https://www.letemps.ch/economie/mesurer-bonheur-national
3) L’ADDICTION AUX CERTITUDES. Ce qu’elle nous coûte et comment en sortir
https://www.payot.ch/Detail/laddiction_aux_certitudes-daniel_favre-9782364290464
En parlant du “RBI”, il est fou de constater à quel point une majorité populaire reste clouée à un obscurantisme irrationnel, à l’instar du Clergé qui poussa Galilée – en son temps – vers un procès pour hérésie parce que ses travaux contredisaient le dogme de l’immobilité de la Terre. Heureusement que l’Église a reprit quelque peu ses esprits; mais cette fois le temps joue la montre contre les peuples puisque la guerre économique perpétuelle s’est accélérée post 2008.
La jeune économiste franco-américaine Esther Duflo, qui fut co-lauréate du “Prix Nobel d’économie” en 2019 pour ses travaux portant sur l’analyse de terrain de la pauvreté, en rupture sur le fond et la forme avec les théories économiques dominantes (favorables au marché et à la mondialisation), n’a-t-elle pas récemment rompu la langue de bois avec son constat? “Les inégalités croissantes deviennent tellement fortes qu’elles ne sont plus soutenables, comme on le voit aux États-Unis (“American Dream”?), où une fraction aussi importante de la population, y compris chez les Blancs, est paupérisée au point de vouloir tout casser; les responsables politiques finissent par s’en soucier car cela menace la survie du capitalisme lui-même”. Trop tard alors que les États-Unis sont à présent confrontés au phénomène de la “Grande Démission”?
Esther Duflo reconnaîtra récemment, bien après le constat de l’OCDE et du FMI en 2014/2015, que la théorie du “ruissellement” – selon laquelle la fortune des plus riches apporterait des retombées positives pour tous – est un leurre. Pourtant, rien de bien nouveau que les hétérodoxes ne savent déjà! “On n’a jamais vu aucun signe que cette théorie fonctionne” affirmera-t-elle, avant de souligner cet élément clé: “les gens l’ont longtemps acceptée car cela alimente l’espoir”, et ce n’est pas le milliardaire Kevin O’Leary qui douchera ce constat, lui, qui affirmait que les inégalités sont une “nouvelle fantastique”, car elles motivent “le pauvre à regarder en haut vers les 1% et à se dire: je veux faire partie de ces gens”. Esther Duflo concluera que cet optimisme a permis aux hommes politiques de continuer à appliquer jusque là des politiques inégalitaires, parce qu’il y avait toujours une chance de se retrouver parmi les gagnants”.
Les obscurantistes se souviennent-ils seulement – alors que l’alignement des multiples bulles se place aujourd’hui dans la configuration d’une destruction de richesses sans précédent – qu’en 2006 (soit avant la crise financière de 2008) Warren Buffet ne plaisantait pas lorsqu’il disait dans une interview du “New York Times” (26.11.2006) que les riches étaient en train de gagner une guerre (des classes) qu’ils avaient déclaré. Avant de confirmer dans “Business Wire” (15.11.2011) que cette guerre avait bel et bien été gagnée. Les faits lui auront donnés raison. Après plus de douze années de crises ininterrompues (subprime, dettes souveraines, sanitaire…), il me semble inutile de revenir sur les propos du secrétaire général des Nations Unies (07.2020) qui appelait de ses vœux la création d’un Revenu de Base Universel.
Ni sur le rôle de l’Église au travers de l’ouvrage du pape François (“Un temps pour changer”; paru en décembre de la même année) dans lequel il demande “d’explorer le concept d’un Revenu de Base Universel”.
Il y a un temps pour tout, disent les Écritures, n’est-il pas le temps de changer?
Le RBI est justement le susucre proposé par les ultra-riches, pour consacrer la soumission définitive des pauvres. Donc, oui, l’American dream était une illusion. Le RBI en est la conclusion (écrite par les mêmes).
C’est votre propre vision. La mienne pourrait se résumer de la sorte: “heureux sont ceux qui ont l’esprit simple car le royaume des cieux leur appartient”.
Ceci conclu mes interventions (analyses) plus sérieuses et largement fournies sur le “RBI”.
@ Raymond
Oui, au royaume des borgne. Mais aussi: si un aveugle conduit un aveugle, tous les deux finiront dans un trou.
C’est exactement le RBI, le surendettement, etc.
C’est votre vision, celle qui est à la mode.
En Suisse, je ne crois pas que cette vision s’imposera (référendum oblige). Mais elle est déjà préconisée à de nombreux niveaux et fera beaucoup de dégâts ces prochaines années.
A écouter de toute urgence, les réflexions fécondes et constats éclairants =>
a) d’un économiste, spécialiste en économie mathématique et également père jésuite, Gaël Giraud
http://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-leco/entendez-vous-leco-emission-du-mercredi-23-juin-2021
b) d’un physicien & philosophe, Etienne Klein
http://www.youtube.com/watch?v=nuJKHXjvXF0
https://www.youtube.com/watch?v=uT7ykZYoMcQ
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https://www.epflpress.org/produit/726/9782889153633/la-crise-permanente
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😉
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https://www.illustre.ch/magazine/bns-aspire-lepargne-suisses
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Merci pour ces références. A propos de l”économie mathématique, j’avoue que j’ai toujours eu une répulsion et une attraction à l’égard cette approche. Parfois, force est de constater qu’elle nous noie dans des équations de haut vol pour montrer par exemple que le chômage révélé par les statistiques est volontaire et que les politiques destinées à le combattre sont destabilisantes dans la mesure où elles perturbent la fonction du signal des marchés.
En revanche, l’économie mathématique devient sympathique quand elle produit des modèles dont les conclusions suggèrent des mesures concrètes afin d’accélérer les processus d’ajustement et donc d’éviter les pertes à la société et la souffrance aux sans-emplois. Par exemple l’autorité budgétaire ou la banque centrale ne devrait pas s’abstenir d’exploiter l’information nouvellement acquise sur l’économie dans un souci de stabilisation, sachant que les hommes et les femmes politiques ne sont pas des anges. Par conséquent, la monnaie et le budget sont des instruments neutres et ressemblent beaucoup aux langues d’Esope, tout particulièrement quand ils peuvent être utilisés à des fins qui n’ont rien à voir avec le bien-être des citoyens. D’autre part, les méthodes mathématiques comme le contrôle optimal dictent aux responsables politiques un comportement de trichérie dans des domaines variés comme la taxation des bénéfices des sociétés ou bien la protection des innovateurs par le truchement des brevets.
Enfin quelques mots à propos d’Etienne Klein. Celui-ci n’est pas seulement un physicien, un philosophe des sciences ou un excellent vulgarisateur, mais aussi un alpiniste chevronné. Ainsi il nous apprend que gravir les parois est une manière d’étudier une notion physique, mais aussi métaphysique: le vide. A ce propos, M. Klein nous dit que le vide n’est pas vide et qu’il n’est pas non plus le néant. Ainsi, en mécanique quantique, si l’on enlève toutes les particules de l’univers, il reste l’espace, le temps et les champs quantiques des particules à l’état de plus basse énergie. Autrement dit, ces particules existent à l’état virtuel et il suffit que les physiciens du CERN de Genève leur fournissent de l’énergie pour réveiller ces belles au bois dormant qui sont là depuis des milliards d’années. C’est pourquoi le boson de Higgs qui était prédit par les équations mathématiques depuis les années 1960 est une particule extraite du vide et elle ne doit son existence qu'”à son interaction avec le vide qui lui confére une masse.”
Enfin, Etienne Klein nous fait part de ses impressions quand il gravit une montagne dans son livre publié en 2020 (Psychisme ascensionnel): “certains herborisaient même à la maniére de Rousseau, ce qui n’était pas exactement ma pente du moment.J ‘avais moi l’impression d’être tiré vers le haut, comme sous l’emprise d’une force antigravitatonnelle”. Il serait souhaitable que M. Klein construise une théorie antigravitationnelle, car en économie nous avons une théorie qui fonctionne à rebours de celle de Newton: la richesse ruisselle de la base vers le sommet et l’augmentation des inégalités confirme cette loi antigravitationnelle.
Enfin, un frondeur du “quatrième pouvoir mainstream” (les médias) ose poser des mots qui n’ont aucunes équivoques:
“L’explosion des inégalités aux États-Unis: Un ruissellement à l’envers”
Publié le 04.11.2021: “De récents travaux d’économistes ont montré que l’endettement des ménages les plus pauvres aux Etats-Unis était largement financé par l’accumulation d’épargne des plus aisés. Un phénomène qui enferme l’économie américaine dans le cercle vicieux d’une croissance molle, explique Frédéric Cherbonnier (professeur à Sciences Po Toulouse et chercheur à Toulouse School of Economics). L’explosion des inégalités aux Etats-Unis est particulièrement flagrante lorsque l’on regarde l’évolution du revenu de la population américaine depuis les années 1980. Selon les économistes Emmanuel Saez (économiste français naturalisé américain, professeur à l’université de Californie à Berkeley. Spécialiste de la théorie de la taxation optimale) et Gabriel Zucman (économiste français, ancien enseignant en économie à la London School of Economics. Il est professeur associé à l’université de Californie à Berkeley depuis 2019), les 90 % les moins aisés ont vu leur revenu stagner, alors que celui des 1 % les plus riches a triplé pour représenter aujourd’hui près d’un cinquième du revenu national. Le prix Nobel en économie Joseph Stiglitz (nouvelle économie keynésienne – “NEK”) avait essayé d’expliquer en 2012, à travers son livre “The Price of Inequality”, que ces inégalités extrêmes pénalisent la croissance” CQFD
https://www.telos-eu.com/fr/revenu-de-base-universel-une-percee-sans-lendemain.html
Deux observations à propos de l’article de la chercheuse polonaise.
1) L’instauration d’un revenu de base inconditionnel peine à se concrétiser dans les sociétés vieillissantes qui semblent réticentes aux innovations sociales, ce qui est le cas de la société suisse dont la proportion des séniors augmente et celle des jeunes décline. En tout cas, c’est une hypothèse à creuser. Naturellement cela n’interdit pas de poursuivre parallélement la réflexion sur les points faibles ou handicaps du RBI afin d’en faire un outil de politique publique destiné à neutraliser les consésquences sociales des chocs aléatoires et de la polarisation du marché du travail.
2) La chercheuse semble sousestimer la puissance de feu des milieux économiques et médiatiques contre le RBI, lesquels exagèrent les défauts de celui-ci au point d’en faire un repoussoir, surtout dans les sociétés où le travail et le mérite sont érigés en valeurs cardinales, et ce même quand le travail se raréfie temporairement par suite de la révolution numérique par exemple. Quoi qu’il en soit, le revenu de base a de fortes chances de s’imposer dans nos sociétés allergiques à la distribution des revenus sans contreparties, sous une forme sans faute modifiée. Par exemple les pouvoirs publics devraient assurer un revenu de base de crise en complément du système de protection actuel aux personnes en situation d’handicaps ou de précarité sur le marché de travail. Par exemple un tel outil de politique publique pourrait être actionné en fonction d’une série d’indicateurs économiques et sociaux: taux de chômage, taux de croissance, taux de pauvreté, seuil de salaire ou taux de change du franc.
Bonjour cher NOEL,
Votre intervention très pertinente me pousse à revenir commenter le thème qui nous occupe et soyez en remercié. Je rejoins votre point (1) et apporte mon analyse pour le point (2).
Le Revenu de Base Inconditionnel est une chasse aux sorcières 2.0. Au-delà des obscurantismes, tout d’abord, nous devons bien comprendre que le formatage des biais cognitifs ne date pas d’hier lorsqu’on aborde les phénomènes de changement de paradigme. Ceci peut débuter à l’école pour mettre la “grande Bête” en cage, à tout le moins, la préparer à apprécier sa servitude volontaire : “Si vous ne les éduquez pas, ce qu’on appelle l’éducation, ils (les masses populaires) vont prendre le contrôle – à juste titre, puisque plus la société devient libre, plus dangereuse devient la “grande Bête” et plus vous devez faire attention pour la mettre en cage d’une manière ou d’une autre”. Ce constat fut aussi bien compris d’Alexander Hamilton (père fondateur des États-Unis) que d’Adam Smith (La Richesse des nations) qui faisait état des efforts nécessaires pour arriver à rendre les gens “aussi stupide et ignorant qu’il est possible de l’être pour un humain”. En décalage – et pour cause – au modèle éducatif humaniste d’après la pensée de Bertrand Russel (puisant les valeurs du siècle des Lumières) “selon laquelle le rôle de l’éducation vise principalement à stimuler et à fortifier les impulsions créatrices propres à chacun”. Dans son ouvrage Public Opinion, paru en 1922, Walter Lippmann (1889-1974) n’a-t-il pas étudié le concept de “fabrique du consentement” en remarquant que notre expérience du “monde réel” n’est que très limitée et que notre vision de la réalité se fonde avant tout sur ce que le “quatrième pouvoir” nous en montrent? Le même Walter Lippmann qui organisa à Paris – du 26 au 30 août 1938 – un cercle d’influence (colloque) auquel participeront 26 économistes, entre autres, Hayek, Mises, Rueff, Rüstow, Röpke…et des intellectuels “libéraux”. S’il y fut discuté de la capacité du libéralisme à faire face aux problèmes de l’époque, c’est aussi une des premières fois où les participants s’interrogèrent pour savoir s’il convenait de conserver le mot “libéralisme” (selon le concept des Lumières) ou bien d’adopter celui de “néo-libéralisme”. Cette étape ouvrira la voie à la création du Temple néolibéral (1947) plus connu sous le nom de “Société du Mont-Pélerin”. Lors de la réunion d’avril 1947, trois importantes publications des Etats-Unis (Fortune , Newsweek et The Reader’s Digest) y ont envoyé des délégués. Le Reader’s Digest venait d’ailleurs de publier une version résumée d’une œuvre clé de Hayek, “La route de la servitude” où l’on y trouve un rayonnant passage: “C’est la soumission de l’homme aux forces impersonnelles du marché qui, dans le passé, a rendu possible le développement d’une civilisation qui sans cela n’aurait pu se développer ; c’est par la soumission que nous participons quotidiennement à construire quelque chose de plus grand que ce que nous tous pouvons comprendre pleinement”. Le modèle Keynésien (Libéralisme modéré) pouvait dès lors décompter sa survie au profit d’un extrémisme à l’aube des années 1970 (changement de paradigme). Tout comme les modèles éducatifs humanistes se devaient d’être progressivement rangés au placard par des modèles plus “autoritaires”, à l’instar, par exemple, du programme éducatif américain – “No child left behind / 2001” – qui ne privilégient plus la compréhension, le talent, la créativité, la réflexion, mais vise avant tout à enseigner pour réussir un examen. L’évolution du monde professionnel n’échappera non plus à ces errements pilotés – ce conditionnement – les multiples directives s’étant substituées aux biais cognitifs de la force productive.
Les travaux d’Ivan Pavlov, en 1903, et la publication de son livre “Conditioned Reflexes: an Investigation of the Psysiological Activity of the Cerebral Cortex”, en 1927, nous permettent de mieux appréhender à quel point le conditionnement de “la grande Bête” est opérant. À cet égard, inutile de préciser que la finance comportementale (FC) et l’économie comportementale (EC) maîtrisent toutes les arcanes depuis plusieurs décennies, bien qu’un des outils des sciences comportementales – le “nudging” – se soit révélé récemment au grand public par le facteur pandémique. Et si l’expression de Milton Friedman – “nous sommes tous keynésiens aujourd’hui!” – publiée dans le Time le 31 décembre 1965 put paraître anodine à cette époque, alors que les théories keynésiennes demeuraient encore dominantes; il faudra attendre un erratum de Friedman dans le Time du 04 février 1966 précisant le fond de sa pensée: “la citation est juste, mais elle a été sortie de son contexte. Si je me rappelle bien, ce que je (M.F) voulais dire était que, dans un sens, nous sommes tous keynésiens. Dans un autre, plus personne n’est keynésien. La deuxième partie de la phrase est aussi importante que la première!”. Et pour cause puisqu’une cinquième colonne s’organisait à démolir le Libéralisme issu des Lumières dans les coulisses. Quoi de mieux alors, dans l’inconscient des foules à être manipulées, que Friedman s’inspire de l’expression popularisée du controversé Libéral britannique, William Vernon Harcourt, en 1888: “nous sommes tous socialistes aujourd’hui!”. Des biais cognitifs populaires ainsi capturés par la peur d’un marxisme-léninisme.
Aujourd’hui, plus que jamais, les clivages et les préjugés demeurent des armes redoutables au service de l’injonction paradoxale et de la doctrine néolibérale. Si le monde affronte un nouveau changement de paradigme – majeur celui-là – encore faut-il que les masses populaires puissent l’intégrer.
Bien à vous