L’austérité touche à ses limites politiques

La crainte de voir Angela Merkel quitter la Chancellerie allemande lors des élections législatives du 22 septembre prochain commence à faire sortir du bois les faucons des mesures d’austérité dans les pays «sous perfusion» par la «Troïka» (formée par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international).

Le succès foudroyant du nouveau parti «Alternative für Deutschland», qui a déjà obtenu plus que 10 000 adhésions durant ses deux premiers mois d’existence (suite à ses velléités de réintroduire le Deutschemark en Allemagne), a en effet poussé les représentants de la «Troïka» à lancer tout récemment plusieurs signaux afin d’atténuer la sévérité et prolonger les délais des programmes d’austérité dont les dégâts sont désormais évidents, notamment en Grèce, Espagne, Italie et au Portugal.

Le Président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a reconnu que la politique d’austérité «a atteint ses limites» et que cette politique, pour réussir, «doit bénéficier aussi d’un minimum de soutien politique et social» – ce qu’elle n’a visiblement pas dans la réalité des faits.

Olli Rehn, le Commissaire aux affaires économiques et monétaires de l’Union européenne, a, pour sa part, remarqué que «la crédibilité étant restaurée à court terme, cela nous donne la possibilité de relâcher le processus d’ajustement budgétaire à moyen terme».

De leur côté, les hautes instances du Fonds monétaire international ne cessent de répéter (depuis la publication d’une étude par l’économiste en chef du FMI) que les conséquences négatives de l’austérité ont été sous-estimées dans les pays membres de l’Euroland. La communauté scientifique a également découvert de graves erreurs dans un papier de deux économistes acclamés, qui avaient cautionné les programmes d’austérité en publiant leur analyse dans l’une des revues scientifiques que les partisans du néolibéralisme considèrent comme étant l’une des meilleures en «sciences économiques» au niveau mondial.

Si donc les programmes d’austérité sont édulcorés, cela ne sera pas à cause de leurs effets socio–économiques dramatiques, mais plutôt par peur de voir trébucher Angela Merkel lors du vote populaire du mois de septembre prochain.

Sergio Rossi

Sergio Rossi est professeur ordinaire à l’Université de Fribourg, où il dirige la Chaire de macroéconomie et d’économie monétaire, et Senior Research Associate à l’International Economic Policy Institute de la Laurentian University au Canada.