« Les violences sexuelles sont de graves atteintes aux droits, à la dignité et à l’intégrité physique et mentale des victimes, aux conséquences dévastatrices sur leur vie. » Muriel Salmona.
Selon l’ONU, un tiers des femmes et des filles dans le monde subissent des violences physiques ou sexuelles au cours de leur vie. Toutefois, les hommes sont aussi victimes d’agressions sexuelles, et c’est seulement au cours des années 1980 qu’on a reconnu que des garçons étaient aussi victimes d’agressions sexuelles. D’après les enquêtes de Gfs.Bern :
22% des femmes vivant en Suisse ont déclaré avoir subi des actes sexuels non consentis. 12% des femmes interrogées ont subi un rapport sexuel contre leur volonté. En extrapolant à la population féminine totale de Suisse âgée de 16 ans et plus (environ 3,6 millions d’après l’OFS), cela correspond à environ 430’000 femmes, soit à peu près la population de la ville de Zurich.
Les viols sont particulièrement terrorisants, ils créent chez les victimes une effraction psychique qui provoque un gel mental, la sidération, amenant la victime à ne pas pouvoir bouger, ni crier.
Aujourd’hui en France, comme le souligne le Midi Libre, avec une moyenne de plus de 67 viols chaque jour en France, on dénombrerait trois viols toutes les heures.
Si ce phénomène touche « toutes les classes et toutes les races » (Pizzey, 1974 : 40), La position sociale de l’auteur joue pour beaucoup dans l’issue de la procédure : « un homme de vile condition sera jugé plus sévèrement qu’un homme bien né » (Beauvallet, 2010 : 55).
La méconnaissance des troubles psychotraumatiques et de leurs mécanismes est à l’origine d’une profonde incompréhension et d’un manque de reconnaissance de ce que vivent les victimes, de leurs souffrances, du danger qu’elles courent et de l’emprise qu’elles subissent.
Les violences sexuelles font partie, avec les tortures, des pires traumas ; la quasi-totalité des victimes de viols, vont développer de graves troubles à court moyen et long terme quels que soient leur âge, leur sexe, leur personnalité, leur histoire, leurs antécédents (Rodriguez, 1997).
Il sied de préciser que l’impact des violences sexuelles, qui ont été commises durant l’enfance ont des conséquences immenses et mettent du temps pour se reconstruire. Les conséquences sur la santé sont à l’aune des violences et des souffrances subies.
Il existe dans le monde, des millions de femmes qui, non par manque de courage ou de volonté ne porteront jamais plainte. Le dépôt de plaintes représente un nombre infime. Dès lors, il s’écoule des années, parfois des décennies entre le moment où un enfant subit une violence sexuelle et celui où la femme ou l’homme qu’il est devenu, ose en parler.
Le parcours des victimes de viols, reste un chemin de croix.
Pour rappel, le viol était qualifié de rapt du latin rapere qui signifie « enlever de force ». D’ailleurs en anglais viol se dit rape.
Au XVIe siècle, Saint François de Sales, a pu écrire : « Quiconque vient louer votre beauté et votre grâce vous doit être suspect, car quiconque loue une marchandise qu’il ne peut acheter, est pour l’ordinaire grandement tenté de le dérober. » Cela relève d’un système social appelé le « patriarcat »
Le viol est assimilé à un vol et donc la femme à un objet. Le questionnement sur le consentement de la victime aboutit à la suspicion à l’égard de la victime.
Au XVIIe siècle, ce n’est ni la contrainte, ni la violence d’un acte sexuel qui constitue le crime mais le ravissement de l’honneur perdu d’une fille ou d’une femme, crime qui nécessite réparation.
Sous l’Ancien Régime, la violence sexuelle est faiblement condamnée surtout si elle est perpétrée par les puissants.
Mais c’est seulement au XVIIIe siècle avec la Révolution française que nous assistons à une reconnaissance du viol mais sans définition claire.
En 1857, l’arrêt Dubas prend en compte la violence morale exercée sur une femme adulte comme constitutive du viol qui consiste à abuser d’une personne contre sa volonté. La femme émerge comme sujet de droit. Le viol conjugal est reconnu très tardivement.
Ce n’est qu’en 1990 que la Cour de cassation a reconnu pour la première fois le crime de viol entre époux durant le mariage. En France, pour la justice du XXIe siècle, avoir des relations sexuelles avec son mari reste un devoir, refuser, une faute.
Au cours des siècles, la connaissance a progressé, les lois ont été améliorées, mais les obstacles tiennent encore aux rapports de domination des hommes sur les femmes qui persistent, à la représentation de la violence sexuelle et à la difficile crédibilité accordée à la parole de la victime.
Elle y affirme que le viol s’est jusque-là basé sur une définition faite par les hommes plutôt que par les femmes, permettant d’en limiter la portée et d’assurer une forme de domination masculine.
Aussi, il est indubitable que le consentement positif est mieux à même de protéger l’intégrité sexuelle des victimes. Le principe du consentement est déjà en vigueur dans 12 pays européens.
Le viol, un crime de guerre.
Arme de guerre « collatérale », les viols massifs perpétrés en parallèle de chaque conflit ont anéanti des générations entières de femmes, d’hommes et d’enfants. Les soldats de l’armée rouge n’ont pas été les seuls à violer des femmes allemandes en 1945. Selon l’historienne Miriam Gebhardt, des GI’s auraient, eux, commis 190 000 violences sexuelles. Selon Miriam Gebhardt, ce sont 860 000 Allemandes qui ont été violées. 590 000 par les troupes soviétiques et 270 000 par les troupes occidentales. Dont 190 000 par des soldats américains, 50 000 par des soldats français et 30 000 par des soldats britanniques.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, des milliers de jeunes femmes asiatiques, désignées sous l’euphémisme « femmes de réconfort », sont réduites à l’état d’esclaves sexuelles par l’armée impériale du Japon pour satisfaire ses soldats
En 1944, pendant la campagne d’Italie, des soldats du corps expéditionnaire français – dont on a préféré retenir, là aussi, les seuls actes de bravoure – s’attaquent aux femmes, aux petites filles et aux petits garçons.
Durant les années 1990, dans plusieurs conflits, le viol est même devenu une arme stratégique à visée d’épuration et d’extermination : mutilations sexuelles massives en République démocratique du Congo, transmission volontaire et organisée du sida au Rwanda. C’est le drame de la Bosnie, au cœur de l’Europe, qui a constitué une prise de conscience de l’usage de la violence sexuelle comme arme de guerre durant la guerre de 1992-1995 en Bosnie-Herzégovine.
Une logique de destruction.
Comme le souligne l’experte en droit pénal Anna Coninx, même dans les cas les plus graves, les agresseurs sont généralement condamnés à quatre ans de prison en Suisse.
Comment est-il possible que presque toutes les victimes soient condamnées dans cette société à errer seules, dans le déni à l’égard des violences en se réfugiant dans des sentiments de honte et de culpabilité alors qu’à l’heure actuelle, leurs agresseurs qui sont des assassins en puissance, bénéficient parfois d’une certaine clémence au regard des actes qu’ils ont commis, ce qui laisse perplexe. Il est important que les violeurs soient punis proportionnellement à l’infamie de leur crime. Ce n’est pas une question propre au féminisme, mais plutôt un élément fondamental du respect de la dignité humaine, et ce, quel que soit le genre concerné.
Reste en définitive le principe cardinal du droit pénal, à savoir que l’accusé est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie et qu’il appartient à l’accusation de prouver et démontrer la culpabilité.
En effet, c’est précisément à partir de ces violences impunies et tacites qu’une telle stratégie politico-militaire en temps de guerre peut être construite.
En complément:
https://www.letemps.ch/suisse/realite-judiciaire-viol-suisse
Mme Coninx inclut (sans l’exposer clairement) les tentatives dans son évaluation de la durée moyenne de la peine.
https://www.watson.ch/fr/suisse/viol/541871769-les-viols-sont-punis-de-maniere-trop-legere-en-suisse
“Proportionnelle à l’infamie”
Ca veut dire combien d’années de prison ?
Toutes agressions, sexuelle ou pas entraînent des traumatismes. Une attaque armé ou un tabassage pour un motif futile laissent des marquent à vie. La justice semble faire son travail avec un viol sous menace.
La difficulté c’est lorsque la femme se laisse entraînée et décide ensuite qu’en fait qu’elles ne voulait pas. Est-ce un viol ? La femme peut le voir comme une agression après coup. La théorie du oui est un oui n’y changerait rien parce qu’il faut avoir la force de dire non. L’humain peut dire le contraire de ce qu’il souhaite si il est sous influence de quelqu’un ou d’une situation.
Il y a un problème d’éducation de chaque côté.
Il y manque une pudeur dans ce monde du tout, tout de suite. La pudeur protège de ce type de viol où la victime se laisse dépasser par les événements.
Entre se réserver pour le mariage, ou se laisser entraîner au premier rencard il y a de la place pour autre chose. Je pense que l’éducation doit remettre la pudeur comme une normalité.
Bref, juger un viol n’est pas évident si il n’y a pas menace. Le retour généralisé de la pudeur chez les hommes et femmes seraient bénéfique pour éviter des viols sans menace avérée, mais comment y arriver. L’église fut le moteur d’une morale parfois excessive, mais elle est hors-jeu et maintenant les partis dit moralistes (gauche ) sont plutôt à l’opposé de ce retour en arrière vers la relation dans la pudeur, c’est l’émancipation sans complexe qui est vu comme la normalité.
L’éducation du respect de l’autre, c’est bien, mais c’est insuffisant pour éviter des drames.
Message type d’un boomer.
Papi, le monde a changé.
Non, c’est non ! La violence est une circonstance aggravante, pas la condition nécessaire pour qu’il y ait viol.