Bulle, victime d’une bétonisation frénétique

Depuis quelques temps, les automobilistes s’arrachent les cheveux pour traverser la ville de Bulle. Qui plus est, depuis le 13 juin, la fermeture de la route de contournement (H189) en plus des nombreux chantiers aux abords de la ville de Bulle, a engendré d’importantes perturbations. Face à une telle surcharge, les carrefours impactés n’ont pas la capacité d’écouler les véhicules assez vite pour maintenir la fluidité du trafic.

 

Une ville victime de son ambition ; une destruction d’un patrimoine

 

De 10 000 habitants dans les années 1980, Bulle, le chef-lieu gruérien compte plus de 26000 habitants en 2023.
L’architecture détermine particulièrement l’identité d’une ville. Bulle perdrait de son âme dans une bétonisation effrénée.

Un sacrifice de la nature « sur l’autel du business ». Portée par l’illusion d’une croissance infinie, la ville de Bulle ressemble depuis quelques années à un vaste chantier permanent. Le choix de la densification maximale est en train de supprimer tous les îlots de respiration avec des bâtiments hauts et sans âme.

Ce projet d’hyperdensification est inadapté tant sur le plan du bâti que sur le plan de l’humain et des capacités de circulation de la ville de Bulle. Il est également inadapté au réchauffement climatique et dénature la cohérence architecturale de la ville.

L’artificialisation des sols -qui dérègle le cycle de l’eau et donc le climat, entrainent une perte de services écosystémiques- donc l’étalement urbain, pour répondre à la demande démographique, avance donc inexorablement, par petites touches goudronnées. Les arguments des édiles peinent de plus en plus à convaincre.

Les méfaits du trafic automobile sont pourtant désormais bien connus, en premier lieu la pollution atmosphérique, l’émission de gaz à effet de serre et la bétonisation induite par l’expansion des routes.

On bétonne et on s’étonne

Face à l’urgence climatique, l’augmentation démographique ne doit pas être le prétexte de céder à la pression immobilière et l’appât du gain que recherchent les promoteurs au détriment des territoires. Ainsi, limiter l’artificialisation des sols doit rester le centre des préoccupations de nos élus.

Le recul des espaces naturels met en péril le fonctionnement du cycle local de l’eau : une bétonisation qui vient aggraver et amplifier les inondations et ses dégâts.

Son dérèglement entraine des conséquences directes sur le climat mais également sur la capacité de résilience de ces territoires face aux épisodes climatiques extrêmes.

 

Serge Kurschat

Historien diplômé de l'Université de Franche-Comté, multientrepreneur, chroniqueur sur le blog du journal Le Temps.

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