Guide pour s’y retrouver dans le labyrinthe des assurances sociales

Il est aujourd’hui facile de trouver toutes les données de base sur notre système d’assurances sociales, en consultant le site du Centre d’information AVS/AI, ainsi que celui de l’OFAS, dont les explications se complètent et se chevauchent souvent. Mais ces recherches peuvent parfois s’avérer un peu longues si l’on veut obtenir immédiatement une réponse précise. Il faut par exemple télécharger les mémentos du Centre d’Information de l’AVS/AI, qui sont très bien faits et très détaillés. Peut-être trop lorsqu’on est un peu pressé…

Onze assurances sociales

Dans cette perspective, on peut saluer la publication d’un petit guide des assurances sociales* (132 pages) par la Fédération des Entreprises Romandes. Cet ouvrage traite ainsi chacune des onze assurances sociales touchant au monde du travail en autant de chapitres distincts, selon la même systématique. C’est ainsi que quatre questions sont posées pour chaque assurance, à savoir : Qui est assuré ? Quel est l’objet de l’assurance ? Quelles sont les prestations d’assurance ? Comment l’assurance est-elle financée ?

Illustrations de Pierre Wasem

Le procédé est simple mais s’avère efficace, d’autant plus que le texte est plutôt fluide. On peut ainsi très rapidement se rafraîchir la mémoire et comparer les réponses aux quatre questions de base. À cet égard, c’est un document qui s’avère utile, même si l’on peut regretter une mise en page sévère. Heureusement que les illustrations humoristiques de Pierre Wasem viennent rafraîchir des propos, par définition, un peu arides.

*Guide pratique des assurances sociales, Roxane Zappella et Ignace Jeannerat, Collection 98 Saint-Jean, Fédération des Entreprises Romandes, Genève, 2021

En vente sur le site de la FER Genève

 

 

Prévoyance 2020 pour les nuls

Pour ceux qui cherchaient à comprendre le sens des mesures prises dans le cadre de Prévoyance 2020, ils sont servis ! En effet, dans la perspective de la votation populaire du 24 septembre prochain qui décidera de son avenir, l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) a produit une volumineuse documentation sur ce projet complexe disponible sur son site, en accompagnement du matériel d’explications qui sera envoyé prochainement à tous les citoyen(ne)s.

Il faut le dire sans ambages, ces documents constituent une excellente base pour comprendre la démarche et la manière dont ces changements sont censées produire leurs effets sur différentes catégories de la population, avec de multiples projections chiffrées. L’argumentaire est ainsi très clairement présenté et bien illustré.

Un système toujours plus compliqué

Mais, comme on dit, à l’impossible nul n’est tenu. Car quel que soit l’avis que l’on partage sur le contenu de cette réforme, on s’accordera sur un constat implacable : d’un système déjà extrêmement compliqué, il deviendrait encore plus inaccessible, même si l’on est quelque peu familier avec sa structure et son organisation. Il faut dire que certains des mécanismes mis en œuvre laissent perplexe, comme la compensation de la baisse du taux de conversion dans le 2e pilier – système par capitalisation – de 6,8% à 6% sur quatre ans par une augmentation uniforme de la rente AVS – système par répartition – de 70 francs pour tous les nouveaux assurés et le passage de 150% à 155% de la rente maximale individuelle pour les couples.

Le lien de cause à effet paraît difficile à établir de manière nette. Surtout si l’on songe qu’une grande partie des affiliés aux caisses de pensions est également assurée dans un régime surobligatoire, donnant lieu à un taux de conversion global largement en deçà des 6% prévus pour 2022. Dans ce cas, il s’agirait donc d’une sorte de rattrapage, si l’on comprend bien.

Compensation intégrale

Pour justifier le relèvement de l’AVS sous la forme d’un montant unique (en pourcentage pour les couples), l’OFAS met également en avant la possibilité offerte à un grand nombre de femmes de partir en retraite à 64 ans, soit avec une année d’anticipation sur la loi soumise en votation, en percevant la même rente AVS qu’aujourd’hui.

À l’appui de cette affirmation, l’OFAS part d’une rente AVS mensuelle d’environ 1’700 francs, soit pour un revenu annuel moyen de 39’000 francs, qui est le niveau salarial de près de la moitié des femmes actives : «La réduction pour perception anticipée sera de 70 francs environ, de sorte que le supplément de rente AVS compensera cette baisse.» On fait confiance à nos autorités pour la justesse des chiffres.

Mais on ne peut s’empêcher de se demander si c’était vraiment très judicieux de proposer ce relèvement de l’âge de la retraite. Pourquoi prendre le risque de faire capoter l’ensemble de la réforme si l’on pouvait le compenser intégralement de manière aussi aisée pour celles qui désireraient cesser leur activité professionnelle au même âge qu’auparavant ?

Génération privilégiée

Autre point qui laisse un peu songeur, c’est la création de plusieurs catégories de rentiers. En effet, toutes les personnes déjà retraitées ne pourront bénéficier de l’amélioration de leurs rentes AVS. Cette solution ne paraît pas absurde puisqu’ils ne seront affectés par les effets de la réforme que par la hausse de la TVA, qui touche tout consommateur.

Mais là où le bât blesse, c’est que les prochains rentiers – la génération des 45-65 ans – vont non seulement recevoir ces augmentations de rentes AVS mais conserver leurs droits acquis dans le 2e pilier ! Les moins de 45 ans apprécieront…