Denrées alimentaires et produits de base toujours disponibles, sauf si…

 

Dans cette période anxiogène, Swiss Retail Federation, l’association des commerces de détail de taille moyenne (stationnaires et en ligne) en Suisse et IG Detailhandel, qui « intègre les intérêts communs des entreprises suisses Migros, Coop, Manor et Denner dans le processus de formation des opinions politiques », ont publié un communiqué de presse quant à l’approvisionnement national, qui est « assuré en permanence et qu’il y a suffisamment de denrées alimentaires et de produits de base disponibles pour tout le monde ».

Razzia sur les pâtes et le papier toilette

Cette prise de position paraît d’autant plus pertinente que certains biens de base telles les pâtes et autres rouleaux de papier toilette ont été pris d’assaut au cours de ces derniers jours. Quant aux principaux services de commerce alimentaires en ligne, comme LeShop.ch, Coop@home ou Farmy.ch, le temps de commande et de livraison se sont fortement allongés, comme s’en est fait aujourd’hui l’écho la Tribune de Genève. Par exemple, en jetant un œil sur le site de LeShop.ch il y a quelques minutes, on pouvait constater que le délai de livraison était reporté jusqu’au 1er avril !

Réserves nécessaires

Selon son état d’esprit, on peut ricaner sur ces réactions de quasi-panique qui saisissent une partie de nos concitoyens, puisqu’on nous répète à l’envi qu’il n’y aura pas de pénurie en Suisse. Toutefois, la situation est sérieuse et présente beaucoup de problèmes pratiques. Il aurait donc été très surprenant que chacun continue à faire ses courses comme si de rien n’était sans prévoir quelques réserves. D’autant que la vague épidémique de coronavirus va continuer à monter au cours de ces prochaines semaines. Chercher à réduire ses déplacements pour éviter de se rendre dans des lieux confinés paraît très raisonnable. Ce qui explique d’autant la saturation des sites de commandes en ligne.

Effets pervers

Mais, comme toute mesure de précaution, celle-ci peut produire des effets pervers, surtout en cas d’exagération, comme mettent en garde les auteurs du communiqué de presse : « Nous comprenons votre inquiétude, mais si vous achetez plus que nécessaire pour constituer des réserves, vous risquez de laisser les suivants les mains vides et de surcharger notre personnel, en cette période déjà difficile pour lui. Si chacun y met du sien dans un esprit de solidarité, il y aura assez de tout pour tout le monde. »

Rationnement ?

On espère que le message sera entendu. À moins que cette annonce n’affole ceux qui craignent de faire partie des « suivants les mains vides » et contribue à accroître les achats de précaution de manière démesurée. Dans ce scénario, il existe heureusement un moyen simple : établir un rationnement pour l’achat de certains produits, pour que chacun puisse s’approvisionner selon ses besoins, jusqu’à la sortie de la crise.

 

 

Pierre Novello

Pierre Novello est journaliste économique indépendant et auteur d’ouvrages de vulgarisation dans le domaine de la prévoyance, de l’investissement sur les marchés financiers ou encore pour l’accession à la propriété de son logement. Avant d’embrasser la carrière journalistique en entrant au Journal de Genève et Gazette de Lausanne, il a été formé comme analyste financier pour la gestion de fortune.

13 réponses à “Denrées alimentaires et produits de base toujours disponibles, sauf si…

  1. Bonsoir,
    Je ne sais que penser … pays civilisé? Un manque certain de vision, et de respect flagrant! … je n’ose penser qu’après cette épidémie, l’autre grand danger à notre porte est le changement climatique avec ses famines / sécheresses à venir… et là, ce sera encore plus dur et douloureux… et pour plus longtemps! Le shop en ligne n’y aidera pas.

    1. Bonjour,

      Merci pour votre commentaire.
      Effectivement, on peut s’inquiéter pour l’avenir. On espère que cette grave crise permette d’éveiller les consciences pour essayer d’échapper au pire sur cet autre front.
      Mais, même si je ne suis pas psychologue, je crois qu’il faut éviter de trop charger le bateau sur le plan émotionnel en ce moment, car la situation est déjà suffisamment déprimante, entre la peur et le confinement.
      Sans sombrer dans l’optimisme béat, on peut d’ailleurs se réjouir de tous les efforts entrepris pour lutter contre ce fléau, et de l’attitude généralement très positive de la population pour protéger les personnes les plus vulnérables.

      Bonne journée

  2. Bonjour,
    Oui, la période est émotionnellement chargée. Les réseaux d’entraide se mettent en place et c’est réjouissant, personne à risque, l’on m’a proposé de l’aide et je trouve cette démarche noble. Je suis certain que l’humanité sortira changée de cette période et j’espère pour le meilleur.
    Prenez soin de vous, bonne journée

  3. Les gens sont stupide de dévaliser les supermarchés et autre. Tout le monde est à la même enseigne, donc ça ne rime à rien. La peur n’évite pas le danger, car si tout le monde se rue en masse c’est là que les gens vont être contaminés et contaminer les autres
    Alors ne soyez pas stupide à ce point et réfléchissez un peu si vous avez encore de la cervelle.

  4. Quelqu’un peut-il me dire pourquoi cette razzia sur le papier toilette??? Ça ne se mange pas que je sache??? Je sais on est tous dans la mouise pour ne pas dire autre chose mais… chez soi si plus de pq on peut toujours se laver…
    ah peut-être que le pq va devenir la nouvelle monnaie internationale ????

      1. Bonjour,
        une rumeur anglo-saxonne court que le PQ est fabriqué en Chine, que la production est a l’arrêt
        et qu’il y a risque de pénurie .
        Beaucoup de personnes ont le syndrome du lemming ….

      2. Nos ancêtres les Romains avaient déjà intégré le pq dans la devise SPQR (Senatus populusque romanus), emblême de la République puis de l’Empire. Depuis, comme la valeur de la monnaie, elle se traduit plutôt par “Si Peu Que Rien”.

  5. Vous espérez que le message sera entendu? Comme les précédents messages sur les actions que la population aurait du entreprendre d’elle-même pour freiner ou enrayer la contagion qui est devenue une épidémie?

    Ne le prenez pas mal mais vous êtes naïf. Le système agro-alimentaire suisse ou mondial n’a pas été conçu pour absorber en l’espace de quelques jours ou semaines des fluctuations de la demande de 50%, 100% ou 300%.

    Plus de 50% de l’alimentation suisse est importée mais pour certains produits comme les céréales, les fruits, graisses végétales ou poissons, c’est respectivement 55%, 75%, 80% et 98%. Nous sommes à peine auto-suffisants sur le lait et les graisses animales… même les oeufs qui est un produit assez courant dépend à 50% des importations.

    L’Etat et même les magasins doivent limiter des produits par consommateur et ce, dès maintenant. D’autres pays ont opté pour ce système car faire preuve d’optimisme comme vous le faite ne va pas nous aider à traverser cette période critique.

    Et ne comptez pas sur les gens pour être raisonnables à l’image de cette imbécile travaillant pour les RH de ma boîte que je croise dans l’ascenseur et qui me dit hilare que son mari vient de mettre la main sur 80 oeufs. Interloqué, je lui demande combien ils sont à la maison et elle me répond en montant d’une octave: mais on est trois personnes!

    En quatre jours, je n’ai pas trouvé d’oeufs frais dans deux Coop autour de chez moi… ce n’est pas encore un problème mais ça reflète à la perfection la fragilité du système et si la filière de la distribution décroche (maladie, chômage, etc.), vous verrez comment le communiqué de la branche paraîtra ridicule! Je ne parle même pas de nos voisins qui sont dans la même galère. Et que pensez-vous que vont faire les pays qui n’auront pas suffisamment de denrées alimentaires pour les mêmes raisons?

    Encore une fois, aucun système agroalimentaire ne peut supporter un accroissement de la consommation aussi brutal et dans un délai aussi court. Il faut agir et ne pas attendre que les gens gagnent en maturité ou en intelligence, ces articles ne se trouvent pas en magasin!

    1. Bonjour,

      Merci pour votre commentaire détaillé. L’exemple de votre collègue qui a accumulé 80 oeufs est effectivement assez troublant. Toutefois, même si l’offre n’est pas extensible à l’infini, la demande non plus. On peut imaginer que tout le monde ne va pas suivre le même chemin, à moins d’une rupture de stock avérée pour tel ou tel produit, comme c’est déjà le cas pour les masques et le gel hydro-alcoolique.
      Mais il est vrai que l’ensemble de notre système économique et social est soumis à rude épreuve, comme on peut également le constater en matière de télécommunications, comme je viens de l’expérimenter. Je viens ainsi de réécrire ces quelques lignes que j’avais perdues en raison d’une interruption de connexion, qui a duré plusieurs minutes. Je me dépêche de poster ce texte avant de le perdre à nouveau…

      1. Vous n’avez pas compris le fond de mon intervention. Le problème n’est pas de savoir si la demande va être extensible à l’infini ou non mais à quel point le système s’écroule si X% de la population achète de manière compulsive tout ce qui se trouve en stock dès que les rayons sont remplis?

        A l’image des hôpitaux, la saturation est atteinte très rapidement et si demain vous faites un malaise cardiaque, une embolie ou un AVC (je passe sous silence les centaines de maladie qui peuvent vous conduire dans un hôpital), vous ne serez pas pris en charge.

        Les autorités et les magasins doivent mettre en place un système de rationalisation des achats pour éviter que tous les imbéciles ne fassent des semaines ou mois de stock alors que le voisin de palier sera peut être en manque de vivre.

        Je signale que cette action a déjà été entreprise dans d’autres pays et comme on fait tout en retard, je suggère de le faire dès à présent chez nous aussi.

        1. Re-bonjour,

          Merci pour vos précisions. Je croyais avoir plus ou moins compris votre point de vue puisque je suggérais dans mon billet le rationnement en cas de dérapage. Dérapage qui est possible, et qui vous donnerait alors raison. Mais on diffère sans doute dans l’analyse de la composante demande. Je suis absolument d’accord qu’une partie de la forte augmentation des achats s’explique par la panique, mais qu’une autre partie se justifie par des achats de réserve pour limiter ses mouvements dans les centres commerciaux au cours de ces prochaines semaines. Dans cette perspective, la demande doit en principe baisser au fil de la propagation de l’épidémie, et permettre de regarnir les étalages des produits victimes de leur succès. Dans l’hypothèse bien entendu que la situation ne se dégrade pas au point que la chaîne de production et de distribution des produits de base ne tiennent pas le coup. Comme je l’ai dit précédemment, l’avenir très proche nous le dira.
          Bonne fin de journée.

  6. Comme vous nous l’expliquez très bien, c’est une affaire de raison : ne pas se précipiter sur toutes les denrées disponibles par peur de manquer relève du bon sens.
    On trouve désormais beaucoup d’offres de livraison à domicile pour n’importe quel produit de n’importe quelle entreprise, que ce soit des fleurs, de l’alcool, du pain ou bien des masques, le réseau de distribution de proximité s’est considérablement développé…
    Merci pour votre article !

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