Les cinq étapes de notre deuil collectif

(Article paru dans le dernier numéro d‘Écho Magazine)

Hausse des températures moyennes et récurrence des chaleurs extrêmes, fonte des glaciers et de la banquise, sécheresses, destruction d’écosystèmes rares et précieux, hausse du niveau de la mer, désoxygénation et acidification des océans, etc. : les alertes de la communauté scientifique se multiplient.

Face à cette situation qui pourrait sonner le glas de l’espèce humaine, nous vivons les cinq phases de deuil par lesquelles passent les personnes qui apprennent leur mort prochaine ou celle d’un être cher. Selon la psychiatre helvético-américaine Elisabeth Kübler-Ross qui les a identifiées, ces étapes se succèdent plus ou moins, selon les personnes. Concernant l’état de la planète, j’observe qu’elles se produisent simultanément, selon notre niveau de conscience:

  • Le déni: le malade se dit que ce n’est pas possible, qu’il y a erreur médicale. C’est aussi l’attitude de tous ceux qui nient encore l’origine humaine du réchauffement climatique. Le président américain Donald Trump en est un illustre représentant.
  • La colère: le malade trouve injuste d’être ainsi touché. «Pourquoi moi?». Cette colère est par exemple exprimée par les victimes (et leurs représentants) de pollutions industrielles massives dans le pays du Sud déclenchées par des entreprises du Nord irresponsables qui n’en subissent pas les effets.
  • Le marchandage: Le malade est prêt à faire tout ce que l’on veut si on peut le faire vivre quelques années de plus. Le mécanisme de la compensation carbone, qui entend contrebalancer des émissions de gaz à effet de serre par le financement de projets technologiques qui réduisent d’autres émissions comparables ailleurs dans le monde, est un bel exemple de ce marchandage à l’efficacité fort contestable.
  • La dépression: Le malade se sentant mourir s’isole et sombre dans le désespoir. Une telle dépression peut être ressentie par certains des premiers réfugiés climatiques qui ont vu disparaître tous leurs biens sous les eaux.
  • L’acceptation: Le malade attend désormais son dernier souffle avec sérénité. Peut-être pressent-il qu’une autre forme de vie s’offre à lui? C’est aussi dans cet état d’esprit que se trouvent tous ceux, et notamment les jeunes, qui jettent les bases d’un autre monde où la croissance sans limite d’une économie pillant les ressources de la planète sera remplacée par un nouveau modèle de «sobriété heureuse» comme le décrit Pierre Rabhi. Un monde où l’on ne parlera plus de concurrence mais de coopération et d’alliance avec la nature vivante.

Philippe Le Bé

Désormais auteur, Philippe Le Bé a précédemment été journaliste à l’ATS, Radio Suisse internationale, la Tribune de Genève, Bilan, la RTS, L'Hebdo, et Le Temps. Il a publié trois romans: «Du vin d’ici à l’au-delà » (L’Aire),« 2025: La situation est certes désespérée mais ce n’est pas grave » (Edilivre) et "Jésus revient...en Suisse" (Cabédita)

4 réponses à “Les cinq étapes de notre deuil collectif

  1. voilà bien un diagnostic digne du malade imaginaire :
    pour ceux qui garde la tête froide , la température n’est montée que de 1°C (ou Kelvin pour les scientifiques qui savent de quoi on parle ) depuis 1850, soit avant que le CO2 commence à augmenter, par rapport aux 10° après la fin de l’ère glaciaire.
    Les variations de 1 degré ne sont pas extraordinaires pendant l’holocène pour ceux qui se donnent la peine de lire les données .
    La montée du niveau de la mer se mesure à 3 mm par an , par rapport aux 20 mm pendant 6000 ans pour augmenter de 120 mètres de la même période citée avant .
    Vous feriez une jolie tête si on vous prédisait un tel changement aujourd’hui , mais la grande partie des glaces ayant fondu, ce n’est plus possible !
    Bien sur que les 400 ppm de CO2 représentent une concentration qui amène environ 2 watts/m2 par rapport aux 390 watts/m2 que dégagent la Terre, mais ces informations vous dépassent complètement .
    (…)
    On ne peut pas attendre d’un journaliste qu’il tienne un discours logique , il se contente de répéter comme un perroquet sans comprendre ce que certains voudraient faire croire en dépit des données incomplètes ou contradictoires !

    1. Le perroquet, comme vous écrivez avec un parfait mépris qui en dit long sur votre état d’esprit, ne fait que souligner ce que décrivent les plus sérieux climatologues ayant collaboré au GIEC, comme Hervé Le Treut, pour ne citer que lui…

    2. Ce commentaire ne s’adresse pas à l’excellent article de Philippe Le Be, mais au premier commentateur. Qu’est-ce qui vous autorise Monsieur à insulter l’auteur du blog si ce n’est une prétention qui n’ à d’egale que votre ignorance crasse du sujet ?
      Réponse inutile.

  2. Très subtil et poétique, mais hélas, on voit toujours, les indécrottables se manifester et jouer aux climato-fosse-sceptiques (tel autre parlerait d’idées de giottes).

    Je me demande toujours, si ces oiseaux de mauvais augure, sortent parfois de leur cage pour respirer autre chose que la climatisation de leur gourbi, ou s’ils passent leur temps à regarder la météo de leur clavier?

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