Carmen Tanner: “Le patois fait notre identité”

 

 

A l’occasion de la fête de patoisants dimanche 24 septembre 2017, Carmen Tanner, municipale en charge du département de la Culture et de l’Agenda 21 à Yverdon-les-Bains, a fait l’éloge du patois, notamment comme contrepoids à la mondialisation. Voici un large extrait de son allocution :

(…)

« Pour moi le patois n’est pas, ne doit pas être une langue du passé, figée dans le temps. Bien sûr, comme je vous le disais je suis bien incapable de la parler, d’où mon paradoxe, pourtant j’utilise des mots issus du patois et cela tous les jours :

 

  • tous les jours je me dis que boire un thé ça rapicolle, quand même
  • tous les jours je cherche mon sixtus,
  • tous les jours je n’utilise pas la fameuse panosse (à tort ou pas ?)
  • Par contre, tous les jours je me dis qu’il y a un sacré fourbi sur mon bureau

 

Pour moi le patois est bien vivant dans la vie de tous les jours, même dans cette vie de facebook et d’internet. Il résiste en égrainant ces mots ici ou là.

 

Et pourquoi le patois doit rester dans le présent ? J’y vois au tout cas 2 raisons :

 

  1. Le patois doit rester dans le présent parce qu’il fait notre identité. Il nous définit. Je viens du canton de Vaud, toi de Neuchâtel, vous de Fribourg, etc. L’appartenance et l’identité sont des notions clés pour toute civilisation. Et de ce point découle le suivant…

 

  1. …le patois est le remède, comme toutes les formes de patrimoine immatériel, à dompter la mondialisation. Les diversités culturelles, le pluralisme sont des richesses qui ne doivent être bradées sur le compte de la simplification et du profit, mais au contraire enrichie…du quechua au swahili, ou encore au provençal.

 

Bien évidemment il ne faut pas tomber non plus dans l’extrême inverse, soit le communautarisme. Au contraire, nos particularités doivent nous ouvrir aux autres. Etre ouvert et curieux de ce qu’il se passe ailleurs. Comme si notre pratique faisait partie d’un tout universel. »

 

Philippe Le Bé

Désormais auteur, Philippe Le Bé a précédemment été journaliste à l’ATS, Radio Suisse internationale, la Tribune de Genève, Bilan, la RTS, L'Hebdo, et Le Temps. Il a publié trois romans: «Du vin d’ici à l’au-delà » (L’Aire),« 2025: La situation est certes désespérée mais ce n’est pas grave » (Edilivre) et "Jésus revient...en Suisse" (Cabédita)