Vente de bois illégal: la Suisse peut vraiment mieux faire

Faire des règlements, c'est bien. Les appliquer, c'est mieux. Entré en vigueur il y a plus d'un an, un règlement de l'Union européenne (UE) qui vise à empêcher la commercialisation de bois et de produits dérivés issus d'une récolte illégale n'est appliqué que par 11 Etats membres. Selon une étude du WWF, les 17 autres Etats de l'UE ainsi que la Suisse n'ont soit encore adopté aucune loi nationale sur ce thème, soit ont posé des jalons qui ne permettent ni contrôles efficaces ni sanctions dissuasives.

Une Suisse permissive.

En Suisse, importer du bois ou des produits dérivés issus d'une récolte illégale n'est toujours pas interdit. En mai 2013, Greenpeace a découvert dans le port d'Anvers une importation de bois illégal provenant de la République démocratique du Congo. Une entreprise lucernoise avait organisé le négoce. Le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) indiquait ne pas pouvoir agir car la Suisse ne participe pas au règlement de l'UE dans le domaine du bois.

Vers des changements à venir.

Heureusement, le  contre-projet du Conseil fédéral à l'initiative pour une économie verte devrait permettre l'introduction du nouveaux articles dans la loi sur la protection de l'environnement. Ils devraient enfin combler ce vide juridique en imposant notamment aux entreprises certains devoirs de diligence (infornations détaillées, analyse de risque dans la chaîne de valeur et mesures pour réduire ces risques).

Les ravages des réseaux du crime organisé.

Selon une étude de la Banque mondiale, une aire forestière de la taille de deux terrains de foot disparaît toutes les deux secondes sur la planète. Le volume d'affaires mondial des commerçants de bois  illégaux est estimé entre 10 et 15 milliards de dollars par an. 

 

 

Philippe Le Bé

Désormais auteur, Philippe Le Bé a précédemment été journaliste à l’ATS, Radio Suisse internationale, la Tribune de Genève, Bilan, la RTS, L'Hebdo, et Le Temps. Il a publié trois romans: «Du vin d’ici à l’au-delà » (L’Aire),« 2025: La situation est certes désespérée mais ce n’est pas grave » (Edilivre) et "Jésus revient...en Suisse" (Cabédita)