Trop d’écologie tue l’économie? Baliverne!

"Trop d'écologie tue l'économie"

C'est la nouvelle ritournelle en vogue parmi ceux qui sont bien décidés à enterrer non seulement l'initiative pour une économie verte mais aussi le contre-projet du Conseil fédéral.

Il y a donc, au sein du Parlement suisse, une majorité d'hommes et de femmes encore convaincus que l'économie est une fin en soi, un objectif à atteindre, et non pas un moyen pour atteindre un  objectif.

Peu importe, à leurs yeux, l'état dans lequel nous-mêmes et nos enfants nous allons vivre, avec une biodiversité en chute libre, un dérèglement climatique qui s'aggrave, des océans source de vie empoisonnés par nos déchets, des matières premières qui s'épuisent. L'important est que l'économie aille bien. Quelle courte vue! Comment parler d'économie à terme si ce qui l'anime est en mauvais état?

L'économie au service de la vie.

Au vrai, l'économie devrait être toute entière au service de la vie, donc de l'écologie. Comme l'a rappelé mardi 16 septembre sur les ondes de la RTS Jean-Christophe Hadorn, directeur exécutif du groupe Pierre Chuard au Mont-sur-Lausanne, la Suisse classée 20ème mondiale dans le solaire thermique et 15ème dans le solaire photovoltaïque ne peut prétendre figurer parmi les meilleurs pays à la conscience écologique aigüe! 

La Suisse qui s'est engagée à réduire de 20% ses émissions de CO2 en 2020 en regard de 1990 n'a réalisé en 2014 que le quart de son objectif. La taxe CO2 sur les combustibles mais qui hélas épargne toujours les carburants n'est sans doute pas étrangère à cette situation regrettable. 

L'économie un moyen, non une fin.

Investir massivement dans les énergies renouvelables, dans l'efficience énergétique, dans la recherche et le développement du stockage de l'énergie solaire, voilà qui ferait tourner l'économie en vue d'un meilleur avenir collectif. Et, parallèlement, apprendre à vivre autrement, plus sobrement (ce qui ne veut pas dire plus tristement) serait assurément bienvenu.

Encore convient-il de nous demander quel monde nous voulons construire avec l'économie comme moyen…et non comme fin.  

 

 

Philippe Le Bé

Désormais auteur, Philippe Le Bé a précédemment été journaliste à l’ATS, Radio Suisse internationale, la Tribune de Genève, Bilan, la RTS, L'Hebdo, et Le Temps. Il a publié trois romans: «Du vin d’ici à l’au-delà » (L’Aire),« 2025: La situation est certes désespérée mais ce n’est pas grave » (Edilivre) et "Jésus revient...en Suisse" (Cabédita)