Un peu moins de naïveté, un peu plus de professionnalisme, svp!

Grande nouvelle: les Américains écoutent et esprionnent l'ensemble de la planète, à commencer par les autorités politiques et administratives de l'Union européenne. Grande nouvelle? Pas vraiment. Une simple recherche à la lecture de cette information nous indique qu'avant PRISM, il y avait ECHELON comme nous l'apprenait le Monde diplomatique de juillet 1999 (Philippe Rivière). Ceux qui s'étonnent aujourd'hui sont-ils de grands naïfs ou de tristes amateurs?

"Avec un budget annuel de 26,7 milliards de dollars — autant que pendant la guerre froide —, les services de renseignement américains sont les mieux dotés de la planète. Des alliances stratégiques et une technologie puissante leur permettent d’espionner de manière routinière téléphone, fax et courrier électronique dans le monde entier." Le même article de 1999 nous apprend que, technologie mise à part, le phénomène n'est pas nouveau: "Déjà la Cour suprême avait imposé, en 1967, l’arrêt du projet « Minaret », fichage de milliers d’organisations et d’individus sur des « listes de surveillance » où figuraient des « dissidents » tels que Martin Luther King, Malcom X, Jane Fonda ou Joan Baez ; en 1975, c’est le directeur de la NSA qui, face au tollé déclenché au Congrès, mettait un terme au projet « Shamrock » de surveillance, avec la complicité des principales compagnies de télégraphe, de tous les messages télégraphiques entrant ou sortant des Etats-Unis…"

La seule question que je me pose aujourd'hui: les services de renseignement suisses et européens sont-ils incapables, depuis 1967, de trouver une parade à cette activité d'espionnage civil? Si nous en sommes incapables, dans l'ensemble de l'Europe, il est grand temps de se poser les bonnes questions en matière de sécurisation des échanges et des transferts de données. Si nous en sommes capables, l'indignation actuelle n'a pas de sens. Si nous en sommes incapables, il est grand temps de faire le ménage au sein du renseignement helvétique et européen!

 

Martine Brunschwig Graf

Martine Brunschwig Graf est une femme politique suisse membre du Parti libéral-radical (PLR). En octobre 2003, elle est élue au Conseil national et intègre la commission de la science, de l'éducation et de la culture. En 2012, elle préside la Commission fédérale contre le racisme.