Intervention militaire au Mali: mieux vaut tard que jamais, mais…

La France s'est enfin décidée. Elle intervient militairement au Mali. Le consensus national est pratiquement acquis pour soutenir cette intervention. Et qui pourrait la contester mis à part les idéologues anti-militaristes comme Jean-Luc Mélenchon?

La seule question que l'on pourrait se poser est : pourquoi si tard? En effet, c'est la menace des islamistes aux portes de Bamako qui a déclenché apparemment l'opération. Mais ce n'est pas d'aujourd'hui que l'extrémisme islamiste menace le pays et c'est tout au long de l'année 2012 que le territoire malien a été progressivement "envahi". Dès lors, et sachant que la décision iniitale d'entamer les préparatifs d'intervention date de septembre 2012, on peut se poser plusieurs questions: Faut-il vraiment 4 mois à l'armée française pour préparer une intervention dont on pouvait prévoir la nécessité bien avant le mois de septembre? Quelles sont les vraies raisons de l'intervention sachant que si celle-ci était prévue dès septembre, Bamako n'était pas encore dans la situation de menace qui justifie aux yeux du gouvernement français l'opération?

Plus fondamentalement, le monde est ainsi fait que le l'Union européenne comme les USA sont de plus en plus confrontés à la question de l'intervention militaire dans deux types de situation: l'appui à des forces d'opposition luttant pour renverser un régime anti-démocratique d'une part, les pays menacés par une déstabilisaton extrémiste d'autre part. Si l'on voit bien le type de situation, on voit moins bien la ligne politique. En effet, pour la France, c'était oui pour la Libye et c'est non pour la Syrie. On se retire d'Afganistan et l'on intervient au Mali…

On le voit, ce qui manque, c'est une vision politique commune aux Etats, qui marque les limites à ne pas dépasser et qui détermine aussi les critères d'intervention et qui prévoit la réserve de forces militaires nécessaires. Sinon, l'incohérence actuelle continuera de faire le lit des dictateurs et des extrémistes…. lesquels peuvent être parfois les mêmes si l'on se réfère à ce qui se passe en Iran!

 

Martine Brunschwig Graf

Martine Brunschwig Graf est une femme politique suisse membre du Parti libéral-radical (PLR). En octobre 2003, elle est élue au Conseil national et intègre la commission de la science, de l'éducation et de la culture. En 2012, elle préside la Commission fédérale contre le racisme.