Patrimoine pillé à Tombouctou: à quoi sert l’Unesco?

La nouvelle est sans doute passée inaperçue en juillet dernier, l'UNESCO décidait de créer un compte spécial pour la sauvegarde du patrimoine mondial au Mali. Bonne décision au premier abord, car Tombouctou possède encore – mais pour combien de temps – des trésors culturels précieux pour l'ensemble de l'humanité. Mais lorsqu'on y réfléchit, était-ce vraiment le plus urgent? Que peut faire le gouvernement malien à qui est destiné ce fond dans une province dont il a été chassé et dont il est actuellement incapable de reprendre la maîtrise? 2012 marque l'anniversaire des 40 ans de la convention sur le patrimoine mondial. Voilà un anniversaire à ne pas fêter cette année. En effet, jamais l'institution onusienne chargée de préserver les biens culturels inscrits au patrimoine mondial n'aura montré autant à quel point elle est impuissante face à la haine et à l'intolérance. Des mausolées profanés, la musique interdite, des manuscrits menacés, Tombouctou n'est certes pas le seul lieu menacé mais c'est sans doute l'un des plus symboliques.

L'UNESCO a pour mission la sauvegarde du patrimoine mondial. Elle en est bien incapable, tout au moins avec les moyens dont elle dispose. On ne peut donc que se réjouir – même si la force armée n'est jamais souhaitable, de voir l'ONU décider d'intervenir au Mali. On ne sait pas bien quand, on ne sait pas bien comment, mais l'ONU a au moins décidé d'intervenir après des mois de tergiversations. Quant à l'UNESCO, peut-être n'est-elle bonne, face à l'immensité de la tâche qu'elle ne peut remplir, qu'à distribuer des labels à son nom dont la Chaux-de-Fonds et le Le Locle ont pu récemment bénéficier! A chacun ses priorités.

Martine Brunschwig Graf

Martine Brunschwig Graf est une femme politique suisse membre du Parti libéral-radical (PLR). En octobre 2003, elle est élue au Conseil national et intègre la commission de la science, de l'éducation et de la culture. En 2012, elle préside la Commission fédérale contre le racisme.