Les super-héros sont fatigants. Ha bon, pourquoi ?!

Les super-héros sont partout : au cinéma, dans nos librairies, sur nos affiches publicitaires, sur les étals de nos magasins ; ils prétendent même s’exposer dans nos musées (New York, Paris, Suisse romande). Omniprésence fatigante et agaçante, à l’instar peut-être du Salon de l’auto, du foot, des salades bio, de Brad Pitt ou des particules fines.

Mais que nous révèle cette avalanche de super-héros quant à l'état de notre imaginaire ou celui de notre société ? On peut certes s'offusquer de leur omniprésence autour de nous, mais le rasoir d'Ockham nous offre une voie plus intéressante : si les super-héros sont si présents, c'est parce qu'ils nous disent quelque chose de fondamental sur la condition humaine actuelle. Or, comme tous les sujets sérieux, les super-héros ne dévoilent pas leur symbolique et leur rôle anthropologique au premier coup d'oeil : nous devons nous arrêter sur eux et nous donner la peine de les penser patiemment.

J'organise dans dix jours à la Maison d'Ailleurs une exposition intitulée "Superman, Batman & Co… mics !", qui offre aux visiteurs la possibilité de faire dialoguer art contemporain, culture populaire et tradition historique du comic book dont sont issus les super-héros que nous connaissons … en partie. En sa qualité de lieu de culture, un des rôles de la Maison d'Ailleurs est d'offrir un point de vue artistique, décalé et singulier sur des phénomènes contemporains ; ce faisant, la Maison d'Ailleurs permet à ses visiteurs d'interroger ce qu'ils n'interrogent pas souvent. En effet, qui parle, aujourd'hui, de la symbolique des super-héros ? Qui se demande pourquoi ils portent un insigne qui, généralement, a partie liée avec leur traumatisme originel ? Qui se questionne sur la créativité artistique à laquelle ils donnent si souvent naissance (nous avons par exemple travaillé avec les étudiants de l'Ecole d'Arts Appliqués de La Chaux-de-Fonds qui se sont emparés avec intelligence et merveille du thème… des super-héros) ? Qui s'interroge sur les rapports se tissant entre ces surhommes fragiles et notre quotidien frénétique ? Et, enfin, pourquoi personne ne semble les étudier en vue de mieux saisir nos plaintes systématiques de "devoir être des super-héros" ?

En un mot comme en cent, il me semble que les super-héros, aujourd'hui, font partie du bien commun, voire du patrimoine culturel, occidental – mais aussi, en raison de leur symbolique… de celui de l'humanité. Oui, dénier cet état de fait, c’est faire fi des mythes qu’ils engendrent. Alors, débarrassons-nous de nos préjugés et commençons à penser les Superman, Batman & Co. Intelligemment. Sérieusement.

Dans tous les cas de figure, et Paris ou New York semblent avoir la même envie, la Maison d'Ailleurs a choisi de les penser avec rigueur et de vous proposer le résultat de son analyse dès le 22 mars 2014 à Yverdon-les-Bains. Et vous, voulez-vous comprendre ce que nous disent véritablement les super-héros ? Voulez-vous comprendre pourquoi nous sommes tous – toujours – si exténués d'essayer d'être, en vain, des super-héros ?

Marc Atallah

Marc Atallah est le Directeur de la Maison d'Ailleurs, musée de la science-fiction, de l'utopie et des voyages extraordinaires à Yverdon-les-Bains, et Maître d'enseignement et de recherche à l'Université de Lausanne. Il vient ici nous parler des frontières de plus en plus floues entre science et fiction.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *