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Initiative pour la protection du climat. De l’abstrait au concret

Le dérèglement climatique occupe nos discussions. Le 18 juin 2023, nous pourrons nous prononcer sur l’attitude à adopter, un privilège rare. Espérons que la participation soit au rendez-vous. En plus de la loi fédérale sur le climat, la population vaudoise s’exprimera aussi sur une initiative cantonale pour la protection du climat.

Des opportunités

L’Accord de Paris de 2015 prévoit d’atteindre la neutralité carbone de zéro émission nette de CO2 en 2050 pour limiter à 1.5° celsius la hausse du réchauffement climatique depuis l’ère pré-industrielle. La Confédération l’a ratifié en 2017. Huit ans après l’adoption de cet accord par 195 Etats (la Libye, la République islamique d’Iran et le Yémen ne l’ont toujours pas ratifié), les réalisations restent encore timides. Dans cette course contre la montre, les Etats ont pris du retard dans la poursuite de cet objectif. Enjeu international par définition, la protection de notre planète implique la participation active de tous les pays. La Suisse n’est pas en reste. Au cours des 150 dernières années, la température moyenne y a déjà augmenté de 2° Celsius, deux fois plus vite que la moyenne internationale. Ce dérèglement a un effet direct sur l’érosion de la biodiversité: un tiers des espèces animales et végétales voient leur habitat menacé. Au plan vaudois, un premier plan climat de CHF 173 millions a été adopté en 2020. Il en faudra d’autres pour renforcer l’effort: un plan climat de deuxième génération est annoncé pour 2024.

Et des actes

L’initiative pour la protection du climat demande d’implémenter cet accord pour l’appliquer au niveau cantonal et communal. Penser global, agir local. En substance, les principaux acteurs doivent passer à l’action pour limiter les conséquences du dérèglement climatique et de l’érosion de la biodiversité. La modification constitutionnelle soumise à votation impose des plans d’action au canton et communes avec des objectifs intermédiaires sur le chemin de la neutralité carbone 2050, pour 2030 et 2040.

Caisses de pension publiques et Banque cantonale vaudoise (BCV)

En moyenne, l’activité de la place financière et des caisses de pension favorisent une hausse de température de 4° à 6° Celsius. L’initiative s’étend aux aux personnes morales avec participation de l’Etat ou des communes. Les caisses de pension grosses émettrices de CO2 sont aussi mises à contribution. Chaque cinq ans, la Caisse de pension de l’Etat de Vaud (14.3 mia d’avoirs sous gestion) et la Caisse intercommunale de pension (CIP; 3.98 mia au bilan) doivent proposer une stratégie en faveur de la neutralité carbone. Quant à la Banque cantonale vaudoise, en cas d’acceptation de l’initiative, elle devrait aussi élaborer des plans d’actions reposant sur des objectifs intermédiaires pour 2030 et 2040. Au Parlement, les tentatives d’élus bourgeois de sortir la BCV du champ d’application de l’initiative n’ont pas abouti. Quant aux entreprises (sans participation publique), l’Etat et les communes veillent à ce qu’elles mènent leurs activités pour contribuer aux engagements de la Suisse en matière de lutte contre le réchauffement climatique et ses dérèglements.

Pour une écologie sociale

L’implication forte des collectivités et des entreprises est déterminante pour des investissements socialement responsables à la hauteur des objectifs dans les énergies renouvelables. Sans cette implication, le combat face au dérèglement climatique est voué à l’échec et les plus fragiles seront les premiers à en subir les effets.
Lancée par les Vert·e·s, l’initiative est soutenue par les Socialistes, les Vert’libéraux, le POP, Ensemble à Gauche, le Centre Vaud, Pro Natura Vaud, WWF Vaud, Actif-trafiC, l’Association « Engagés pour la santé », le Grand Conseil et le Conseil d’Etat. Le PLR laisse la liberté de vote. Pour sa présidente, la priorité « est de réduire les émissions de CO2 plus que de défendre la biodiversité ». Une déclaration qui laisse songeur, sachant la fonction essentielle des espaces animales et végétales dans la régulation des écosystèmes pour lutter contre le dérèglement climatique. Quand à l’UDC, elle s’oppose à l’initiative, une position étonnante pour une formation réputée proche des agriculteurs dont les exploitations sont directement affectées par le réchauffement climatique. Face à cette division, rien ne garantit l’acceptation d’une initiative pourtant centrale pour mettre tous les acteurs à contribution pour combattre le dérèglement climatique. Chaque voix comptera.

Election au Conseil des Etats: 2e tour VD

Complémentarité contre neutralisation : l’enjeu du 2e tour au Conseil des Etats en terres vaudoises

Deux femmes. Un homme. Trois possibilités. Dans dix jours, les Vaudois.es éliront leurs deux représentant.e.s au Conseil des Etats. Sur la ligne de départ, un sortant : Olivier Français (PLR, 64 ans) et deux challengers conseillères nationales : Ada Marra (PS, 46 ans) et Adèle Thorens (Les Vert.e.s, 47 ans). Plus si challengers que ça, puisqu’au 1ertour, les deux candidates totalisaient 19 000 voix d’avance sur Olivier Français (Adèle Thorens et Ada Marra se situant dans un mouchoir de poche, puisque la première ne totalisait que 400 voix d’avance sur sa colistière).

Un coup d’œil sur le profil Smartvote des candidat.e.s livre un aperçu de l’étendue des divergences entre Olivier Français d’une part, et Ada Marra et Adèle Thorens, d’autre part.

Il est pour :

  • l’augmentation de l’âge de la retraite à 67 ans
  • la hausse du montant des franchises d’assurance maladie
  • la libéralisation complète du marché de l’électricité
  • la libéralisation complète des horaires d’ouverture des commerces (sans CCT).

Elles sont opposées à ces mesures, mais sont pour :

  • la construction de logements d’utilité publique
  • l’interdiction de l’exportation de matériel de guerre produit en Suisse
  • le renoncement aux pesticides de synthèse et la limitation de l’utilisation des antibiotiques
  • un salaire minimum de CHF 4000.- bruts pour un 100%

… que lui combat.

Neutralisation ?

Répété à l’envi par les huiles de l’UDC, l’argument d’une « représentation équilibrée » serait le meilleur argument pour inciter son électorat à voter Français au second tour. Mais que pèse cet argument, quand sur la plupart des sujets, une représentation prétendument « équilibrée » aboutirait à ce que les votes contraires des représentant.e.s vaudois.es s’annulent ?

Ou complémentarité ?

Une dynamique est en cours dans le canton de Vaud. Elle repose sur la prise de conscience que l’action collective contre le réchauffement climatique doit redoubler d’intensité et que nos habitudes de consommation doivent être repensées en profondeur pour des raisons écologiques, comme pour notre santé. Ce mouvement repose aussi sur la prise de responsabilités des femmes dans la société dans son ensemble, jusque dans les fonctions politiques les plus en vue. Dans un Parlement majoritairement conservateur, il reste de l’espace pour une représentation vaudoise au Conseil des Etats prête aux changements nécessaires pour relever les défis qui s’imposent à nous pour plus de cohésion sociale et plus d’attention à notre environnement. Dans le canton de Vaud, cette complémentarité est incarnée par Ada Marra par sa fibre sociale et Adèle Thorens pour sa sensibilité écologique.

Jeunes et politique : À vous de jouer (épisode 4/4)

Quelque chose me dit que vous êtes encore nombreux.euses à ne pas avoir voté. Vous avez reçu votre enveloppe de vote depuis plus d’une semaine. Est-elle enfouie sous la pile de votre courrier à traiter ou sous une pile de facture ? Commencez par remettre la main dessus.

Comme Jeunes, vous êtes à la pointe de la mobilisation pour le climat et pour les droits des Femmes*. Voici trois occasions manquées de changer les choses au Conseil national et autant de raisons de voter le 20.10 pour obtenir de nouvelles majorités.

  1. Êtes-vous favorables à l’introduction d’un congé parental ? 60 OUI vs 131 NON (11.09.2019)

Toutes les propositions de congé parental de 28 ou 38 semaines (demandes de Mathias Reynard PS/VS) – la moyenne des pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) est de 54 semaines – ont été rejetées dans les mêmes proportions.

  1. Êtes-vous favorable à l’interdiction du glyphosate au moins jusqu’en 2022 ? 59 OUI vs 119 NON (26.09.2019)

En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classifié le glyphosate comme « cancérigène probable ». L’Allemagne déploie une stratégie de réduction progressive de l’utilisation de glyphosate, avant de l’interdire complètement en 2024. Malgré les propriétés cancérogènes du glyphosate, le Conseil national a rejeté cette motion de Balthasar Glättli (Verts/ZH).

  1. L’Etat doit-il s’engager pour offrir davantage de logements abordables ? 54 OUI vs 143 NON (22.03.2019)

Avec 40% de propriétaires (30% dans le canton de Vaud), les Suisses.esses restent majoritairement des locataires. L’initiative de l’Association suisse des locataires (ASLOCA) demande 10% de logements à loyers abordables (logements d’utilité publique) sur les nouvelles constructions.

Les décisions qui seront prises ces quatre prochaines années seront essentielles pour les employé.e.s, pour le climat ou encore pour le logement. Remettez la main sur votre enveloppe de vote. Faites mentir l’abstention des Jeunes. À vous de jouer !

Ø Pour savoir comment voter, consultez le tutoriel youtube de Ch.ch

Ø Pour en savoir plus, consultez mon Appel aux jeunes sur mon site internet

Ø Vous pouvez aussi (re)lire les épisodes précédents de ma série sur les Jeunes et la politique

Episode 1 du 05.08.2019 « Jeunes et politique : L’éveil »

Episode 2 du 13.08.2019 « Jeunes et politique : Un rendez-vous manqué ? »

Episode 3 du 18.08.2019 « Jeunes et politique: Faire son choix »

Jeunes et politique : Un rendez-vous manqué ? (épisode 2/4)

Pourquoi en Suisse les jeunes ne votent pas ou si peu (autour de 30% pour les moins de 30 ans) ? Quand j’ai adhéré au Parti socialiste, lors de ma première séance, j’ai soulevé cette question. Une quinzaine d’années plus tard, cette préoccupation m’habite toujours.

Le rôle de l’école

Premier élément de réponse. Notre système politique est compliqué. Les élections nous permettent de voter une liste en bloc, de panacher, de la composer de toutes pièces, de doubler des candidat.e.s, d’en biffer d’autres. Nous votons quatre à cinq fois par année sur plusieurs objets. Il faut rendre compréhensible des sujets de prime abord arides (nos impôts ou nos relations avec l’Union européenne) et pourtant essentiels. C’est le rôle de l’école. Dans ce domaine elle doit faire plus et mieux, avec un volume d’enseignement suffisant dédié exclusivement à l’éducation civique. Pour susciter l’adhésion à nos droits populaires, il faut les enseigner. C’est le seul moyen d’éviter la reproduction des inégalités en limitant les futurs électeurs aux enfants des parents qui votent. Aujourd’hui encore, plusieurs jeunes débutent l’Université ou une formation supérieure sans savoir ce qu’est un Parlement ni à quoi sert un référendum. Le droit de vote à 16 ans pourrait aussi s’avérer utile pour que les collégien.ne.s ou apprenti.e.s qui en cours se familiarisent avec notre système politique n’aient pas à attendre deux ans avant d’exercer leur droit de vote.

Clarifier les enjeux

En politique, il faut en permanence adapter son langage à son audience. Les politicien.ne.s ont beaucoup de progrès à faire pour rendre leur message compréhensible et accessible. Les élu.e.s pour la plupart ne sont pas des professionnel.le.s. C’est un avantage pour se confronter à la vie professionnelle et être plus proche de ce que vit la population. Mais ce système de milice implique aussi pour les élu.e.s d’éviter le jargon politique, les abréviations incompréhensible pour les non-initiés et de réfléchir à la manière dont ils s’expriment. Il faut que les élu.e.s s’intéressent aux Conseils d’établissements, aux Parlements de jeunes, Commission de jeunes, à tous ces espaces qui de l’enfance à l’entrée dans l’âge adulte, donne aux plus jeunes le goût du débat d’idées. Il faut que les élu.e.s se rendent disponibles pour se rendre dans les établissements scolaires, les collèges, les écoles professionnels, les gymnases et que les enseignant.e.s les y invitent.

Pas de fatalité

Certain.e.s politologues expliquent parfois que les jeunes ne votent pas avant d’avoir des enfants, ne se sentant pas concernés par les enjeux. Je ne me suis jamais satisfait de cette réponse. Elle est d’ailleurs démentie par la plupart des pays qui nous entourent dans lesquels les jeunes votent dans des proportions beaucoup plus significatives dès l’atteinte de la majorité. À 18 ans, les attentes sont aussi nombreuses que lorsque l’on devient parents. Elles sont simplement différentes. Comment financer mes études ? Quel sera mon premier emploi ? Est-ce que j’y trouverai du sens ? Comment trouver un logement accessible pour quitter le cocon familial ? Et surtout, de plus en plus depuis plusieurs mois : quelle action concrète pour le climat ? C’est aux politiques de répondre à ces questions. La nouvelle génération est consciente des difficultés qui l’attendent. Elle a les pieds sur terre. Elle est curieuse et très concernée par ce monde qui vient. Il n’y a pas de fatalité à voir son taux de participation aux votations et élections stagner autour de 30%. Prenons la peine d’écouter et d’entendre ce que les jeunes ont à nous dire pour apporter des réponses concrètes à leurs préoccupations, voilà sans doute encore le meilleur moyen de combattre l’abstentionnisme ambiant des moins de 30 ans.

À suivre le 18.08.2019 : « Jeunes et politique : Leviers et moyens d’action » (épisode 3/4)

-Pour en savoir plus, consultez mon Appel aux jeunes sur mon site internet

-Vous pouvez aussi (re)lire l’épisode 1 du 05.08.2019 « Jeunes et politique : L’éveil »

Jeunes et politique : l’éveil (épisode 1/4)

Comme rarement auparavant, les jeunes ont été au cœur de la mobilisation depuis plusieurs mois déjà. Les grèves internationales du vendredi pour le climat, cet éveil politique pour des dizaines de milliers d’apprenti.e.s et gymnasien.ne.s, ont rencontré un succès sans précédent, avec ce message simple : « à quoi bon poursuivre mes études, si notre planète ne sera plus viable ? ». La grève féministe a pris le relai avec une envie sans précédent d’en découdre avec les discriminations vertigineuses aux corps des femmes, d’émancipation et de combat contre les assignations de genre au travail, sur son lieu de formation, dans l’espace public et jusque chez soi. Ces deux mouvements ne s’arrêtent pas aux jeunes. Mais la jeunesse en a été à la fois le moteur et un.e acteur.rice incontournable. Rien n’indique que ces mouvements vont s’essouffler. Au contraire, ils génèrent une puissante émulation. Pourtant, les tentatives de le discréditer émergent déjà. En France, un philosophe supposé influent s’est étonné que l’initiatrice des grèves pour le climat, Greta Thunberg lui faisait penser à un robot et qu’elle ne souriait jamais, faisant fi de son autisme et de toutes celles et ceux atteint.e.s de cette maladie. Comme souvent la réaction contre ces deux mouvements d’émancipation pour notre environnement et pour l’égalité femmes-hommes oscilleront entre le mépris et la condescendance. Le rapport de force va se cristalliser de plus en plus autour de ces enjeux : pour ou contre le climat, pour ou contre la cause des femmes.

De l’indignation …

Dans son essai de 2010 « Indignez-vous ! », Stéphane Hessel écrit que l’indignation est le ferrement de l’esprit de résistance. Il est aussi le point de départ de toute prise de conscience et de tout engagement politique. Comment continuer à peser sur le débat d’idées ? Il faudra toute la créativité des animatrices et animateurs de ces mobilisations pour dénoncer le déni trop souvent entendu face à l’urgence climatique ou aux inégalités hommes-femmes, pour identifier les changements à entreprendre et pour conquérir ces nouveaux droits.

… À la participation

Mais nous ne serions pas complets, si nous ignorions la nécessité pour les jeunes de se servir de leurs droits populaires : droit de vote, droit d’élection et d’éligibilité aussi. Naturellement, la démocratie n’est pas l’alpha et l’oméga du champ d’action politique, mais elle en est une des composantes incontournables. En Suisse, aujourd’hui, deux jeunes (moins de 30 ans) sur trois ne participent pas aux élections / votations. Les élu.e.s l’ont parfaitement en-tête. S’adresser aux jeunes ne leur rapporte que peu de voix et ils n’hésitent pas à se détourner de leurs préoccupations. Il n’y a pas pire sourd que celui ou celle qui ne veut pas entendre. Pour peser de tout son poids sur la politique et imposer ses thèmes, environnement et féminisme en-tête, la jeunesse doit prendre toute sa place et cela passe aussi par l’usage de son droit de vote.

À suivre le 13.08.2019 : « Jeunes et politique : un rendez-vous manqué ? » (épisode 2/4)

Pour en savoir plus, consultez mon Appel aux Jeunes sur mon site internet