Le mercredi 11 mars 2015, le lobby des entreprises démontra au Conseil national qui était le maître, du parlement ou de l’économie. L’objet du délit était une motion de la Commission de politique extérieure demandant de fonder légalement la responsabilité des entreprises en matière de droits humains et d’environnement. Cela signifie en pratique ne pas importer les yeux fermés de l’huile de palme récoltée grâce à la déforestation des tropiques ou du textile fabriqué par de la main d’œuvre exploitée.
A 17h17, la motion était adoptée de justesse par 91 voix contre 90. Bien évidemment elle était soutenue par les Verts, les Verts libéraux, les Socialistes ainsi que par 15 PDC sur 29 tandis que 3 PLR s’abstenait. Telle est la composition fragile d'une majorité de centre gauche, capable de tenir tête à la droite classique et extrême. Ce vote alerta les organes de l’économie qui se livrèrent à diverses manœuvres de coulisse, rappelant sans doute à quelques parlementaires idéalistes que l’année des élections est aussi celle des subventions au budget électoral de leurs partis respectifs.
A 18h45, le Conseil national décida de recommencer le vote et la motion fut largement repoussée par 95 votes contre 86. Il avait suffi que le lobby convainque entretemps deux PLR de ne plus s’abstenir et trois PDC de voter contre. Cela fait irrésistiblement songer au maître, qui siffle son chien en train de vagabonder et qui lui remet la laisse. A 17h17 ces parlementaires votaient selon leur conviction, qui était sans doute celle de leurs électeurs. A 18h45, ils changeaient d’opinion sans états d’âme. Mais au fond ont-ils une âme ?